plantes O
L'OIGNON
- L'oignon - la cebo, comme on dit en langue d’oc - est
le cousin germain de I'ail, et comme lui un symbole de vitalite. Regar-
dez-le, ce gros ventru, avec sa tige verte et son large bulbe rose : c'est
l'image même de la terre féconde. Il en est de gros rouges, de jolis
blancs, et de plus petits, croquants, délicieux, parfumés... Certains
paysans en font la base presque exclusive de leur alimeniation (avec
le pain, l'huile d'olive et la tomate) : ils ne me semblent pas s’en por-
ter si mal ! J'ai connu un champion du Tour de France qui se < dopait >
à l'oignon - un doping autorisé et inoffensif, celui-là... Un boxeur,
aussi, m'avouait carburer avec ce légume. Et un noctambule avisé
me disait adorer la soupe à I'oignon... pour le prélude aux longues
nuits de folie qu'elle représentait à ses yàux. oui, l'oignon est aphro-
disiaque, dans la mesure même où il rééquilibre toutés les fonctions
importantes de l'organisme. Il donne le plus joli teint aux femmes -
la couleur des roses et des lis mélangés... A celles qui s'inquiètent de
devoir < sentir l'oignon >, je conseille les même. Trucs que pour
l’ail : une vaporisation à la menthe, quelques gouttes d'essence d'an-
gélique, une pomme râpée, une cuillerée de miel, quelques feuilles
de persil ou de cerfeuil, ou un grain de café à mâcher
L'oignon est probablement originaire de I'Afghanistan et de la Perse,
mais on le récoltait déjà chez les anciens Égyptiens et chez les chaldéens,
des millénaires avant l'ère chrétienne. Les Grecs en consommaient
des quantités considérables, tout comme les Romains et nos aieux
du Moyen Age. Le palmarès de ce légume, au grand concours des
plantes qui guérissent, est digne en tout point de celui de l'ail. Les
oignon. du Midi, qui sont plus doux, conviennent mieux à I'alimen-
tation que ceux du Nord, plus âcres, mais aussi plus efficaces comme
espèces médicinales. Mais où que vous habitiez, mangez de l'oignon
sous .toutes ses formes. Cru, avec du sel ou dans la salade, c'est un
aliment parfaitement sain (les estomacs délicats risquent pourtant
d'en souffrir). cuits, il convient à tous; il conserve merveilleusement
ses vitamines; il stimule l'appareil digestif, il nettoie l’ intestin, il lutte
contre les embarras de matières mal digérées, et par là même, il pré-
vient aussi bien la nervosité excessive, les insomnies, l’artériosclérose
et l'hypertension, que certains cancers.
Mais là ne s'arrête pas l'énoncé des titres du légume. L'oignon est
étonnamment diurétique : il suffit d'en frotter une moitié sur les reins
ou le bas-ventre du patient pour augmenter aussitôt d'un quart la
production d'urine. La cure d'oignon - intensive ou régulière -
convient à merveille à tous ceux qui souffrent de coliques néphrétiques,
de calculs des reins ou de la vessie, d'oedèmes, de rétention d’urine,
d'albuminurie, de goutte ou de rhumatismes. L’oignon est encore
très apte à provoquer l'élimination des toxines par la sudation (ce qui
est particulièrement important en cas de maladie infectieuse). Il est
antiscorbutique, car riche en vitamine C, et antidiabétique, car I'un
de ses principes actifs, la glucoquinine, abaisse le taux des sucres dans
le sang. Il est vermifuge, comme l'ail, et comme I'ail encore il se montre
un très efficace antiseptique : un pansement au jus d'oignon peut évi-
ter l'infection des petites coupures, des petites brûlures, etc. l’oignon
sait en outre fort bien nettoyer la peau : c'est un véritable ami des
belles dames et des adolescents que I'acné désespère. Et il rend leur
appétit sexuel aux plus désespérés. Lorsqu'il est cuit, surtout, il lutte
contre la nervosité, les angoisses, les palpitations; c'est alors un adou-
cissant, un calmant des spasmes (toux, crises d'asthme) et un excel-
lent médicament contre les rhumes et les angines.
Parmi les multiples utilisations annexes de l'oignon, je signale encore
les cataplasmes de ce légume (efficaces contre les maux de tête et capa-
bles d'aider à la guérison des méningites), les applications d'oignon
cru (sur les morsures d'insectes, d'araignées, de chiens), l’oignon chaud
(appliqué sur le cou contre les maux de gorge, ou sur les hémor-
roïdes), I'oignon cuit sous la cendre (frotté sur les engelures, les
crevasses, les abcès, les furoncles, les ulcères), et le suc d,oignon frais
(souverain contre les piqûres d'abeilles ou de guêpes).
RECOLTE :
L'oignon, au jardin, vous donnera le plus grand des
plaisirs : celui de pouvoir le consommer frais, au sel, sans crainte
de vous empoisonner à cause des engrais chimiques et des pesticides
dont on arrose tous les légumes < industriels > ordinaires. vous y trou-
verez aussi mille joies gastronomiques - des salades aux soupes et
aux tartes : je laisse ici I'imagination des maîtresses de maison battre
la campagne; il en résulte toujours des merveilles. Tous les climats
conviennent à ce légume, qui apprécie plus particulièrement les sols
légers et sains. Semez les graines au printemps, ou plantez les bulbes
en automne, à 3 ou 4 crn de profondeur.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
d'oignon frais : jetez deux beaux oignons rouges coupés
en tranches dans un litre d'eau; buvez la totalité du liquide dans la jour-
née. (Cure de printemps, pour éliminer les toxines. Même dose pendant
3 ou 4 iours.)
DÉCOCTION
miellée (pour cure de printemps, ou comme dépuratif,
ou comme vermifuge) : jetez 4 à 5 bulbes d'oignons dans un litre
d'eau; ajoutez du miel à volonté au cours de l'ébullition. (3 à 4 tasses
par jour.)
VIN
d'oignon (diurétique, fortifiant) : écrasez 3 à 4
beaux oignons dans un litre de bon vin blanc additionné de 100 g de
miel; laissez reposer quinze jours ; filtrez. (3 à 4 cuillerées à soupe par
jour. )
d'oignon (vermifuge) : coupez finement un bel oignon
dans 1/2 litre de vin rouge; laissez macérer pendant 48 heures; filtrez.
( Un verre le matin, à jeun. )
TEINTURE
d'oignon : hâchez un oignon cru et faites-le macérer une
semaine dans son poids d'alcool à 90 o; filtrez. (2 cuillerées à cafe par
jour. )
CATAPLASMES
d'oignon cru: contre les migraines et les maux de tête,
à appliquer sur les tempes ; contre la méningite, à appliquer sur Ie som-
met du crâne ; contre les fièvres, et notamment la typhoïde, à appliquer
sur les pieds pendant 8 heures.
d'oignon cuit : à appliquer sur les morsures d'insectes,
de chiens, de chats, d'araignées, etc'
OIGNONS CHAUDS :
à appliquer sur la gorge (angines, bronchites) ou sur
les plaies, où encore, localement, contre les hémorroîdes.
OIGNONS CUITS SOUS LA CENDRE :
fort utiles contre les abcès, les furoncles, les engelures,
les crevasses, etc,
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
(comme diurétique, contre l’acné, la bronchite) : râpez
I ou 2 oignons crus par litre d'eau.
SUC
d'oignon frais : à répandre largement sur les piqûres
d'abeilles ou de guêpes.
ONGUENT DE BEAUTÉ
- à l'oignon : faites cuire trois oignons finement ëcrasés
dans un peu de saindoux, à feu très lent ; mélanger soigneusement ;
ajoutez-y une cuillerée de miel,un petit verre d'eau de rosi et une tasse
de lait. Lorsque l'ensemble est bien homogène, il peut être appliqué sur
les plaques de vilaine peau, Ies zones couperosées, les peaux d’orange
et les rides.
L'ORANGER
Rien n'est plus beau que les fleurs immaculées de I'oran-
ger, dont on tressait des couronnes aux vierges; rapporteztoute cette
blancheur à l'or rouge et au cuivre chaud des fruits supertes de l,hiver,
et vous aurez le plus délicat, le plus merveilleux mariage de pastels
qu'un peintre puisse imaginer... L’orange a toujours eue pour moi la
séduction des fruits de la fête : on n'en mangeait guère qu’à Noël,
dans les campagnes, et le beau fruit mûri au soleil de l'Espagne, du
Maroc ou de I'Italie a toujours été associé dans mon esprit aux cadeaux,
aux chocolats, aux papillotes, à la joie, et aux rires d'anges des enfants
comblés.. oui, comme le chante Gilbert Bécaud :moi qui n'étais
guère comblé, j 'avoue avoir < volé l 'orange du marchand > â l'étalage ;
la douceur infinie du jus sucré qui coulait dans ma bouche se doublait
alors de la saveur toute particulière du < péché >, de la transgression
de l'interdit... Mais après tout, qui aurait la cruauté de punir un enfant
pauvre d'une joie saine?
Une joie saine... Manger de l'orange l'était certainement lorsque j'avais
dix ans. Je n'en dirais plus autant aujourd'hui. La sagesse populaire
veut certes que le jus de ce fruit soit de l'or le matin, de I'argent à midi
et du bronze le soir. Mais la sagesse populaire ne sait rien des insectici-
des dont on asperge les arbres dès les premiers bourgeons du printemps,
ni des conservateurs (diphényle, etc.), prétendument inoffensifs,
dont on arrose abondamment les agrumes (ou même qu'on leur injecte
à la seringue) après la récolte. La pollution chimique des orangers est
telle, à I'heure actuelle, que tout ce que je vais dire des merveilleuses
vertus de ces arbres se trouve sérieusement mis en question par la
folie des hommes - la folie des rendements, la folie de I'asservisse-
ment de la nature (à laquelle mon âms de paysan me dicte bien plutôt
de me plier), la folie de la destruction pour le profit immédiat...
Il existe de nombreuses espèces d'orangers, qui ont toutes leur utilité,
soit pour la production de fruits, soit comme plantes médicinales.
A I'oranger vrai, il faut en effet ajouter l'oranger amer ou bigaradier,
la bergamote (au fruit jaune pâle, très amer et immangeable), et le
pamplemousse (dont le fruit énorme, jaune citron, blanc, rosé ou
rouge, pèse parfois plus de 8 kg). Toutes ces espèces ont des vertus
voisines; on en utilise les feuilles, les fleurs, les fruits, les jus, l'écorce
et l'essence. Plutôt que d'acheter tous ces ingrédients en herboristerie
(fruits évidemment mis à part), où ils proviennent de régions qui souf-
frent de trop d'aspersions d'insecticides (je n'hésiterai pas à dire que
la fleur d'oranger du commerce est maintenant un véritable poison),
essayez, si le climat de votre contrée vous le permet, de planter un oran-
ger dans votre jardin... C'est un régal pour l'oeil... et pour le palais,
si le soleil est au rendez-vous pour mûrir les fruits.
Les feuilles d'oranger (qui devraient être celles du bigaradier, plus
actives, dans les magasins de plantes, mais qui sont souvent mêlées
de feuilles d'oranger vrai ou même de feuilles de citronnier... toutes
polluées, d'ailleurs), se révèlent calmantes et antispasmodiques. Les
nerveux, les angoissés, les asthmatiques, les individus sujets aux migrai-
nes d'origine nerveuse, les neurasthéniques, les insomniaques,les hys-
tériques et les épileptiques auront intérêt à en user largement. Ces
feuilles se montrent encore capables de faire tomber la fièvre (typhoïde,
etc.); elles provoquent la sueur; elles constituent un excellent vermi-
fuge; elles aident le travail de I'estomac; et elles sont toniques.
Les fleurs d'oranger (celles du bigaradier sont là encore les plus acti-
ves), présentent 5 pétales immaculés, criblés de minuscules glandes
sécrétrices, d'où s'exhale un parfum suave. On en tire une eau essen-
tiellement calmante et antispasmodique. C'est même le meilleur cal-
mant que je connaisse : les anxieux, les angoissés, ceux dont le coeur
s'affole à la moindre émotion, ceux qui n'arrivent pas à trouver le
sommeil, les névrosés, les hystériques, les agités, tous ceux-là sont
justiciables de la fleur d'oranger. Quant à l'essence que I'on tire égale-
ment de cette fleur, et qu'on appelle souvent essence de néroli, elle
sert essentiellement en parfumerie. Son nom rappelle celui de la femme
de Flavio Orsini, prince de Neroli. Celle-ci en faisait un usage quasi
immodéré, et elle introduisit la préparation'en France au XVIIe siècle.
L'orange elle-même, ce fruit superbe dans lequel on a vu la pomme
d'or du jardin des Hespérides (cette pomme d'or qui donnait l’ immor-
talité, et qu'Héraclès alla voler aux nymphes au cours de son onzième
< travail > exerce les effets les plus salutaires sur l'organisme. Conve-
nablement pelée (afin d'éliminer au maximum le zeste imprégné de
poisons chimiques), elle apporte à l'organisme son content de vitami-
nes (surtout c et B). Elle convient particulièrement aux enfants, aux
adolescents, aux malades et aux vieillards. Sa faible teneur en sucre la
fait autoriser aux diabétiques.
Le jus d'orange, soit sous forme d'orangeade, soit pur, concentre tous
les principes toniques et anti-infectieux de l'oranger. Je le donne en
quantités massives dans tous les cas de grippes, d'affaiblissements de
l'organisme, de tèvres, d'angines, de troubles digestifs et de maux de
reins ou de vessie. La pulpe cuite du fruit, appliquée en gros emplâtres
sur les ulcères et les abcès, donne les meilleurs résultats.
L'écorce d'orange, qui devrait normalement provenir des fruits du
bigaradier (mais à laquelle on substitue fréquemment le zeste de
I'orange vraie), est tonique, stimulante et excitante; elle aide au travail
de I'estomac, et permet la libération normale des gaz intestinaux dans
tous les cas de constipation; elle est en outre apte à faire tomber la
tèvre, et se comporte comme un bon vermifuge.
Enfin I'essence d'orange vraie, constituée par le liquide volatil qui
s'échappe de l'écorce des fruits lorsqu'on les presse, se montre un
excellent antiseptique, ainsi qu'un calmant efficace des maux de ventre.
Elle sert à préparer I'eau de Cologne, et à ce titre, c'est un liquide de
beauté. L'essence de bergamote désinfecte parfaitement les plaies, les
abcès, les ulcères et les brûlures; il m'est arrivé de l'employer à la place
de la teinture d'iode.
RÉCOLTE :
Ne vous fiez, pour vos préparations médicinales à base
d'oranger, qu'aux plants que vous aurez fait pousser vous-même (si
vous habitez une région suffisamment chaude), ou dont vous aurez la
certitude absolue qu'ils n'ont pas été traités. Dans ce cas, cueillez les
feuilles sur l'arbre même, après la rosée; faites-les sécher à l,ombre
pour éviter qu'elles ne perdent leur belle couleur vsrte; et conservez-
les au sec, à l'abri de la lumière. Récoltez les fleurs encors fermées,
également après la rosée; et faites-les sécher à I'obscurité et au sec.
Quant aux fruits, je vous laisse juge : mais, de grâce, ne préparez
aucune potion à base d'écorce ou d'essence en utilisant des fruits du
commerce; ce serait vous empoisonner à coup sûr.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION PT NÉCOCUON
de feuilles (action calmante) : jetez une demi poignée
de feuilles sèches dans un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)
DÉCOCTTON CONCENTRÉE
de feuilles (en cas d'accidents nerveux graves : hystérie,
épilepsie) : jetez 3 poignées de feuilles sèches dans un litre d'eau. (3 tas-
ses par iour.)
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de feuilles : une poignée de feuilles sèches par litre d'eau,
TISANE
de fleurs : ietez une demi-poignée de fleurs sèches par
litre d'eau. (Une tasse, le soir, au coucher.)
BAINS
de fleurs d'oranger : jetez une poignée de fleurs sèches
par litre d'eau.
CATAPLASMES
de pulpe d'orange cuite : contre les ulcères et les abcès
RATAFIA
(tonique de I'estomac ou de l'appareil digestif) : mélan-
gez 100 g d’écorce d'orange et 100 g d'écorce de citron à un litre d'alcool
à 80 °; laissez macérer pendant une semaine; sucrez avec 1/2 kg de
sucre de canne. (Une cuillerëe à soupe, à l'heure de l'apéritif, une fois
tous les deux jours.)
TEINTURE
d'écorce d'orange : faites macérer pendant une sernaine
100 g d'écorce d'orange dans 1/2 litre d'eau-de-vie; filtez. (Une cuil-
lerée à café avanf les repas, comme stimulant de I'estomac et de l'intes-
tin. )
L'ORTIE
Pourquoi prétend-on les objets devenus inutiles < bons
à jeter aux orties > ? c'est une injustice indigne : j'aurais plutôt ten-
dance à jeter aux orties ce que j'aime! car I'ortie, cette herbe que l’on
dit cruelle parce qu'elle sait se défendre, peut aussi prendre la défense
des autres. J'interdis formellement à mes fermiers de l'arracher, le
long des vieux murs, des mares, des terrains vagues ou des jardins bien
fumés où elle pousse en vagues épaisses; et j'envoie mes ramasseurs
d'herbes en cueillir de grands sacs trois fois par an...
Vous n'aurez évidemment aucune peine à reconnaître cette grande
plante à la tige quadrangulaire et aux feuilles caractéristiques, tout
hérissées de poils urticants : ceux-ci injectent le contenu d'une ampoule
de poison riche en acide formique et en enzymes proches de celles du
venin de serpent. Mais c'est ce liquide irritant qui fait toute la valeur
de la plante. Sachez la cueillir, soit avec des gants, soit en la saisissant
par en dessous, comme me I'a appris mon père, qui avait les gestes
les plus doux avec les végétaux ses amis... Certes, vous pouvez opter
pour la cure préconisée par I'un de mes vieux amis gascons, incorrigi-
ble coureur de jupons, et qui, pour se redonner du coeur à l'ouvrage,
se roulait périodiquement dans un champ d'orties... Il ne faisait en
cela que rejoindre la sagesse populaire, selon laquelle les piqûres du
végétal stimulent l'organisme (on disait aux enfants qui revenaient
les mollets tout piqués d'orties, qu'ils avaient gagné la santé pour la vie,
et qu'en tout cas ils n'auraient jamais plus de rhumatismes). Il ne faisait
en cela, également, que corroborer I'opinion du poète latin Pétrone,
selon lequel, pour redonner leur virilité aux hommes, il convient
de les fouetter avec un bouquet d'orties < au-dessous du nombril,
sur les reins et sur les fesses >. L' urtication , c'est-à-dire la flagella-
tion aux orties, était en outre considérée par les Anciens comme le
meilleur des révulsifs : on I'ordonnait contre les fièvres (typhoïde),
contre les rhumatismes, les crises d'apoplexie et l'absence de règles
chez la femme.
Les orties ont été mangées, soit de la même façon que les épinards,
soit en soupes, depuis les temps les plus reculés. Ce sont en effet
des plantes fort nutritives, riches en éléments métalliques indispensa-
bles à la santé (fer, magnésium, etc.), et qui présentent l'avantage
sur les épinards de n'être pas trop acides, donc parfaitement recom-
mandables aux rhumatisants, aux goutteux et aux arthritiques. Elles
contiennent en outre une substance appelée sécrétine, qui constitue
le meilleur stimulant des glandes digestives de l'estomac, de l'intestin,
du foie, du pancréas et de la vésicule biliaire. Leur fer les rend pré-
cieuses pour la reconstitution des globules rouges, c'est-à-dire pour
la bonne oxygénation des tissus. Mangez de I'ortie : le goût en est
délicieux, lorsque les feuilles sont choisies bien tendres, et vous y
gagnerez en outre la santé. Les orties cuites ne piquent évidemment
plus : au contraire, elles sont douces comme un velours sur la langue...
Du point de vue strictement médicinal, la plante est tout aussi pro-
digieuse. Elle est diurétique (avis aux rhumatisants, à ceux qui souffrent
de goutte, de calculs urinaires, de rétention d'urine). Elle est anti-
diarrhéique : on l'a employée notamment contre les diarrhées catas-
trophiques du choléra. Elle arrête les saignements (saignements
de nez, crachements de sang, hémorragies de toutes sortes) et les
sécrétions intempestives (rhumes de cerveau, embarras des voies
respiratoires). Elle est reconstituante, elle fait venir le lait chez les
femmes qui en manquent, elle régularise les règles ou les fait réappa-
raître si elles se sont interrompues anormalement; elle est dépurative
(une cure d'orties au printemps est la meilleure des choses), elle est
vermifuge et elle est révulsive. A l'extérieur, elle donne les meilleurs
résultats contre les rhumatismes (ceux des hommes comme ceux
des animaux : c'est avec l'ortie, le chou et la chélidoine que je soigne
mes vieux chiens). En gargarismes, elle est souveraine contre les
infections de la bouche, les aphtes, les gingivites et les angines. En
lotions et en compresses, c'est une herbe de beauté : elle nettoie la
peau, fait disparaître loacné et l'eczéma, et combat la chute des
cheveux.
RÉCOLTE :
Ne coupez pas toutes les orties qui poussent dans votre
jardin; ne les traitez surtout pas aux herbicides (ce qui est éminemment
dangereux pour toutes vos autres plantes... et pour votre santé) :
les orties, loin d'être des < mauvaises herbes >, aident bien plutôt
à la croissance des espèces fragiles, et notamment des espèces médi-
cinales que vous aurez plantées tout à côté; une rangée d'orties vous
fournira des soupes, des mets délicieux, des médicaments contre
nombre de troubles, et... renforcera la teneur de vos autres herbes
aromatiques ou médicinales en principes actifs. Récoltez les feuilles,
les sommités fleuries des tiges et les racines en toutes saisons, selon
vos besoins; ne les utilisez que fraîches.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION OU DÉCOCTION
de feuilles : jetez une à deux poignées de feuilles fraîches
dans un litre d'eau. (3 tasses par jour, pour arrêter les hémorragies,
les saignements de nez, diminuer les règles trop importantes.)
de feuilles et de fleurs (pour I'usage externe : garga-
rismes en cas d'angine, pansements, lotions de beauté, shampooings
contre la chute des cheveux, etc.) : jetez 3 poignées de feuilles et de
fleurs fraîches dans un litre d'eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
(contre l'acné, l'urticaire, les règles douloureuses,
e surtout contre les rhumatismes ) : comptez 2 poignées de feuilles
fraîches par litre d'eau.
LOTION SPÉCIALE
contre les rhumatismes : hachez trois poignées de feuilles
d'orties, deux de feuilles et de fleurs de chélidoine, et deux belles feuilles
de chou; faites-les macérer pendant 48 heures dans 2 litres d'eau de
pluie; filtrez. (En applications locales.)
SUC FRAIS
d'orties : prenez-en un grand verre par jour ou utilisez le
à I'extérieur, en compresses, lotions, etc.
DÉCOCTION
de racines (diurétique, dépurative et reconstituante)
jetez une poignée de racines fraîches et soigneusement nettoyées dans
un litre d'eau. (3 tasses par jour.)
L'OSEILLE
Elle possède une saveur aigrelette qui la ferait recon-
naître entre mille : on l'appelle encore surelle, surette, aigrette, vinai-
grette, vinette, etc.; tous ces noms disent très joliment qu'elle pique
délicieusement la langue. C'est à des sels de l'acide oxalique que
l'espèce doit son parfum inimitable : mais si la gastronomie y gagne,
il est des malades qui doivent rigoureusement s'abstenir d'en manger;
je veux parler des rhumatisants, des goutteux, des arthritiques, de
ceux qui souffrent des reins et de la vessie...
Il existe trois espèces d'oseilles (grande, petite, en écusson), qui ont
toutes à peu près les mêmes propriétés... et la même allure, avec
de jolies feuilles vertes ou rougeâtres et forme de fers de lances.
Les Anciens les connaissaient fort bien, et en abusaient même en
cuisine. Certains médecins du xvre et du XVIIe siècle n'étaient pas
loin de les considérer comme de véritables herbes-miracles contre les
infections, les fièvres, le scorbut et les empoisonnements. Je connais
un paysan qui ne se soigna jamais qu'à l'oseille... et je sais moi-même
cette dernière rafraîchissante, diurétique, propre à faire tomber la
fièvre, apéritive, laxative, dépurative, tonique et vermifuge. Je la
recommande contre toutes les insuffisances de l'appareil urinaire et
digestif, contre les embarras de I'estomac et de I'intestin, contre les
hémorroïdes, les ulcërations de la bouche et de I'arrière-bouche,
les pertes d'appétit, l'abattement et les fièvres en général. A I'extérieur,
elle est souveraine contre les maladies de la peau (dartres, acné, etc.),
les abcès et les ulcères. Ses racines et ses graines se montrent plus
particulièrement actives contre les diarrhées, les maux de ventre.
les coliques et les dysenteries.
RECOLTE :
L'oseille, grande, petite ou en écusson, est abondante
dans les prés, les cultures, les bois peu épais, etc. Récoltez-la en été;
mangez-la en légume, en potages, ou faites-en un médicament, comme
vous voudrez... N'oubliez pas d'en cultiver une plate-bande au jar-
din, si vous le pouvez.
PREPARATION ET EMPLOI :
DECOCTION
de feuilles : jetez une poignée de feuilles fraîches dans
un litre d'eau;faites bouillir I0 à 15 mn. (Une tasse par jour.)
de feuilles (pour I'usage externe : maladies de peau, etc. ) :
comptez deux poignées de feuilles par litre d'eau.
de racines et de graines : jetez un petit morceau de
racines et 3 pincées de graines dans un litre d'eau. (Une tasse par jour.)
LE PECHER
Les artistes chinois ont su mieux que les autres peindre
I'admirable floraison rose des pêchers à la fin de I'hiver, lorsque le
pastel délicat des corolles vient orner, comme une mousse immaté-
rielle, les rameaux encore noirs de la morsure des vents glacés...
Pour cette seule couleur, pour ce rose volé aux nuages ou aux ailes
des anges, j'aimerais le pêcher à la folie : ce serait compter sans les
fruits fondants qu'il nous offre, ces délices qui charment la langue
et qui, à peine avalés, semblent adoucir et calmer jusqu'aux moindres
muscles du corps... La pêche est un dessert extraordinairement rafraî-
chissant, riche en sucres assimilables, bien pourvu en vitamines, et,
n'était la < folie insecticide > de notre siècle (qui atteint, hélas! tous
les producteurs de fruits), je vous recommanderais tout simplement
d'en faire des orgies.
Le pêcher, contrairement à ce que suggère son nom français (dérivé
du grec persikon et du latin persicum), n'est pas originaire de Perse,
mais de Chine, où on en cultivait déjà différentes variétés vingt siè-
cles avant l'ère chrétienne. C'est un arbre voisin du prunier, qu'on
a très vite utilisé comme espèce médicinalè en Occident (contre les
vers, l'érysipèle, I'haleine fétide, la surdité, les troubles de l'appareil
urinaire et la goutte), mais dont, paradoxalement, on a longtemps
négligé les fruits (considérés comme suspects). Aujourd'hui que la
pêche a retrouvé la faveur universelle, il n'est pas mauvais de revenir
sur les vertus des fleurs et des feuilles du végétal.
Elles sont calmantes, mais aussi purgatives, diurétiques, vermifuges
et aptes à faire tomber la tèvre. Leur action laxative a été maintes
fois vérifiée, de même que leurs vertus contre la coqueluche, l'asthme,
les coliques néphrétiques, les calculs urinaires et la cystite. Employées
à I'extérieur, en cataplasmes, les feuilles hachées se révèlent efficaces
contre les coliques et les maux de ventre, notamment des enfants -
auxquels elles permettent en outre de se débarrasser de leurs vers
parasites. En compresses, en bains de pieds et de mains, en frictions,
elles sont utiles contre les douleurs, les dartres, les rhumatismes,
les démangeaisons et les inflammations.
RÉCOLTE, :
Ne ramassez que les fleurs et les feuilles des pêchers
dont vous êtes sûr qu'ils sont cultivés sans engrais chimiques ni
pesticides : dans le cas contraire, abstenez-vous. Cueillez les fleurs
encore en boutons, avec leur calice rougeâtre (qui recèlent le plus de
vertus); utilisez les fraîches ou faites-les sécher a I'ombre pour les
conserver; dans ce dernier cas, laissez-les étalées, car en les entassant
vous les briseriez. Pour ce qui est des feuilles, la meilleure époque de
récolte est le début de l'été, avant que les fruits ne soient mûrs; faites-
les sécher à I'ombre ou au soleil, et conservez-les dans des sacs.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
de feuilles fraîches ou sèches (purgative) : jetez 10
feuilles dans un litre d'eau. (Une tasse par jour, Ie matin.)
de fleurs fraîches (purgative et calmante) : jetez 5 pin-
cées de fleurs dans un litre d'eau. (Une demïtasse par jour.)
de fleurs sèches (purgative, laxative, calmante) : jetez
5 à 6 pincées de fleurs dans un litre d'eau. (Une tasse par jour pour
les adultes, deux cuillerées à soupe par jour pour les enfants.) :
DÉCOCTION
de feuilles et de fleurs (usage externe : compresses,
etc.) : comptez une demi-poignée de feuilles et de fleurs mélangées
(sèches ou fraîches) pour un litre d'eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de feuilles et de fleurs : comptez deux poignées de mëlange
pour une cuvette d'eau.
SIROP
de fleurs : comptez une partie de fleurs pour une partie de
sucre et une partie et demie d'eeu bouillante; remuez jusqu'à obtenir
un liquide homogène ; laissez reposer 2 heures ; filtrez. (Une cuillerée
à café par jour pour les enfants, une cuillerée à soupe pour les adultes.)
JUS DE PÊCHE
(laxatif, diurétique, adoucissant, calmant et rafraï
chissant ) : buvez-en un grand verre le matin, à jeun.
NOTA :
Si la pêche n'a que des qualités, les feuilles et les fleurs
du pêcher contiennent, en faibles proportions, de l'acide prussique,
Ce dernier n'est absolument pas dangereux dans toutes les préparations
énumérées ci-dessus, mais il convient de respecter scrupuleusement
les doses indiquées, faute de quoi on s'expose à des accidents. L'amande
contenue dans Ie noyau de lu pêche, quanl à elle, est excessivement
toxique : ne l'utilisez pas en tisane comme le recommandent certains
ouvrages, et prenez garde à ce que vos enfants ne la mangent pas, après
avoir cassé ledit noyau pour s'amuser...
LE PERSIL
Les historiens les plus sérieux rapportent que les Romains
donnaient du persil à manger à leurs gladiateurs avant le combat :
la plante était réputée donner de la force, du réflexe et de la ruse.
Pour la ruse, j'avoue mon ignorance, pour la force et le réflexe,
j'en suis convaincu. Nul, plus que moi, ne regrette la coutume stu-
pide qui veut qu'on mette du persil autour des plats pour .faire joli :
je le voudrais haché menu, afin qu'on le mange! car lé persil est I'une
des herbes les plus riches en vitamine C et en principes rêconstituants :
faites-en des orgies, dans vos salades, dans vos omelettes, dans vos
potages, ou avec vos viandes...
Le persil des jardins (ou persil cultivé, ou persil vulgaire, ou persil
odorant, ou jaubert, ou encore persin), est un cousin du fenouil
et du céleri (sonnom latin, petroselinum, signifie < céleri de roche >),
mais aussi de la redoutable ciguë, à laquelle il ressemble par ses
feuilles finement découpées et ses fleurs disposées en petits parasols.
Différencier les deux espèces dans la nature relève de la roulette russe,
si I'on n'est pas botaniste : je ne saurais trop vous conseiller de vous
contenter du persil de votre potager.
Sous cette réserve, vous trouverez dans la plante une amie sûre.
Le persil est d'abord apéritif, et comme tel, il convient à tous les
anémiques, aux indolents, aux convalescents, à tous ceux qui manquent
d'énergie et de ressort; sa racine est classiquement rangée parmi
les cinq racines apéritives majeures (avec celles du fenouil, du
fragon, de I'ache et de I'asperge). Il est en outre puissamment diuré-
tique et stimulant. Il provoque la sueur, fait tomber la fièvre (d’où
son utilité dans les maladies infectieuses), rétablit les règles chez les
femmes dont le cycle est.irrégulier, et lave l'organisme de ses toxines
(je le recommande, pour cette raison, contre les maladies de foie,
la jaunisse, les eczémas, la cellulite, les rhumatismes, la goutte et les
calculs urinaires). Ses racines et ses feuilles se montrent plus par-
ticulièrement actives contre les oedèmes, les troubles de la circulation,
les mauvaises digestions, les difficultés respiratoires, les affections
de la peau et, pour les femmes, contre les pertes blanches et les règles
douloureuses. Ses graines, en outre, agissent favorablement contre
les fièvres, son jus frais calme les irritations des reins, de la vessie
et des conduits urinaires, et accélère la guérison de la blennorragie.
Appliqué par voie externe, le persil apaise les douleurs diffuses,
et guérit les contusions et les bleus. Il stoppe les infections des yeux et
adoucit la sensation de brûlure des conjonctivites et des inflammations
de l'oeil. Il évite les engorgements laiteux (dans mon pays, les nourrices
avaient l'habitude d'appliquer des cataplasmes de persil haché sur
leurs seins). ll ralentit la chute des cheveux (en lotions, etc.), et il
constitue le premier remède d'urgence contre les piqûres d'insectes.
RÉCOLTE :
Semez le persil au jardin en place, à la volée, de février
à août : il aime les terrains riches en humus. Recouvrez-le de terreau
et d'une fine couche de sciure de bois (les graines ne doivent pas être
enterrées). Récoltez les feuilles au fur et à mesure de la pousse (pour
votre cuisine comme pour votre petite pharmacie naturelle). Si vous
voulez des racines, arrachez-les sur un pied d'un an, à l'automne :
passé ce temps, elles deviennent dures et perdent leurs propriétés.
Si vous préférez les graines, cueillez-les sur des pousses de deux
ans veillez bien, pour toutes vos récoltes, à sentir le végétal que vous
ramenez en froissant une feuille entre vos doigts : un pied de ciguë
peut se glisser dans votre jardin; or le persil possède un arôme carac-
téristique, et la ciguë exhale une odeur désagréable de pipi de chat.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION ET DÉCOCTION
de feuilles : jetez une bonne poignëe de feuilles fraîches
dans un litre d'eau. (2 tasses par jour. Après les repas, facilite la diges-
tion. )
(Ce breuvage n'est pas très agréable au goût : aussi faut-il soit le sucrer
abondamment, soit I'adjoindre à d'autres tisanes plus savoureuses.)
DÉCOCTION
de racines fraîches : comptez une poignée de racines
par litre d'eau. (2 tasses par jour, comme diurétique.)
de graines : jetez l0 pincées de graines dans un litre
d'eau. (2 tasses par jour, comme diurétique, et pour aider le foie.)
Vous pouvez concentrer cette décoction jusqu'à une poignée par litre
d'eau : réseryez-la alors aux femmes mal réglées. ( Une tasse par jour. )
JUS FRAIS :
prenez-en jusqu'à un verre par jour.
POUDRE
de feuilles sèches : 2 pincées par jour.
TISANE
de feuilles pour l'usage externe (compresses, lotion
pour les yeux, shampooings, lotion pour décongestionner la peau et
éclaircir le teint, etc.) : jetez une bonne poignée de feuilles fraîches
dans un litre d'eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de feuilles fraîches : mêmes proportions que pour la
décoction précédente; vous pouvez y adjoindre quelques racines et
une demi-poignée de graines. (Asthme, problèmes de la ménopause,
règles douloureuses, toux.)
CATAPLASMES
de feuilles hachées : conlre les douleurs, les engorgements
laiteux, les piqûres d'insectes, etc.
LA PERVENGHE
Elle ouvre ses fleurs comme de jolis yeux bleus, au
premier printemps, dans la nature en fête. Quelle curiosité la pousse
ainsi à saluer le soleil à peine remonté au-dessus des brouillards
du général hiver ? Je ne sais. En tout cas le regard énigmatique de cette
fleurette amie des grands hêtres a frappé nos ancêtres, la pervenche
a été de tous les sabbats, de tous les philtres de sorcières, de toutes
les histoires d'amour... c'est la charmante cousine rampante du
laurier-rose; son feuillage toujours vert et ses corolles à 5 lobes tordus
comme des hélices, la font aussi sûrement reconnaître que le mauve
pâle ou le bleu ciel dont elle aime à se farder pour plaire... on
en connaît trois espèces très proches, la petite, la moyenne et la grande,
encore appelées bergères, violettes des morts, petits sorciers, buis
bâtards, violettes des sorciers ou violettes des vipères.
Les Anciens recommandaient la pervenche contre les diarrhées, les
maux de dents, les morsures de serpents, les douleurs de I'appareil
génital féminin, les saignements de nez et les hémorragies. Au siècle
de Louis XIV, elle était réputée fort efficace contre les maladies
de la poitrine. Mme de sévigné conseillait chaleureusement à sa
fille < la bonne pervenche, bien verte et bien amère, mais bien spécifique
à vos maux >.
Quoique les fleurs de la pervenche soient ravissantes à voir, ce sont
ses feuilles qui recèlent la prupart de ses vertus. Elles sont toniques.
Elles régénèrent le sang, ce qui les rend précieuses aux anémiqués,
aux déprimés, aux convalescents et aux victimes d'accidents graves.
Elles arrêtent les hémorragies, exercent le meilleur effet sur les crache-
ments de sang et les saignements de nez, et, grâce à leurs qualités
vulnéraires, constituent une médecine majeure pour la cicatrisation
des plaies. Je les utilise encore, avec d'excellents résultats, contre les
diarrhées, les pertes blanches, les embarras de l'appareil respiratoire
et la dysenterie. J'ajoute qu'elles sont antiscorbutiques, diurétiques
et dépuratives : non contentes de régénérer le sang, elles'le nettoient.
A I'extérieur, elles font merveille en lavements contre les diarrhées
et les dysenteries, en lotions pour hâter ra fermeture des plaies, et
en gargarismes contre les angines, les < amygdales >, et les infections
de la bouche.
RÉCOTTE :
Puisque les feuilles de la pervenche restent vertes
pendant toute I'année, vous pouvez les récolter et les utiliser fraîches
en tout temps. vous pouvez aussi les faire sécher, dans un endroit
bien aéré, après les avbir cueillies au printemps, l'époque où elles
ont le maximum de vertus.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION OU DÉCOCTION :
jetez une poignée de feuilles fraîches ou la moitié de
cette dose de feuilles sèches dans un litre d'eau. (2 tasses par jour.)
VIN
de pervenche : jetez 2 poignées de feuilles fraîches (une
poignée de feuilles sèches) dans un litre de vin bouillant, additionné
de 100 g de sucre; Iaissez refroidir doucement. (Un petit verre par
repas. )
MACÉRATION
de pervenche : laissez reposer une semaine deux poignées
de feuilles fraîches dans un litre de vin. (Un petit verue par jour.)
DECOCTION
pour I'usage externe (lotians, compresses, Iavements) :
comptez une poignée de feuilles fraîches ( 1 / 2 poignée de feuilles sèches )
par litre d'eau,
BAINS DE PIEDS ET DE MA]NS :
mêmes proportions que pour la recette précédente ;
vous pouyez y ajouter une poignée de.fleurs.
LE PISSENLIT
Les pissenlits enchantent au printemps des prairies
entières, qu'ils recouvrent d'un tapis d'or; ou bien, en automne,
ils se transforment en une légère brume de fruits à parachutes, que
le vent emporte en tourbillons légers vers les collines bleuissantes
du lointain... Chacun connaît, pour en avoir mangé les feuilles (den-
tées comine tous les lions d'Afrique), ou pour en avoir cueilli les
grosses inflorescences jaunes, ou pour en avoir sucé le suc amer,
ou pour en avoir encore souffé les graines aux quatre points cardinaux,
ce superbe cousin envahissant de la chicoréè et de la marguerite.
Point n'est besoin de s'étendre sur sa puissante racine, grosse comme
un doigt, et qui va chercher très profondément les liquidles nourriciers
de la terre; point n'est besoin de revenir sur la forme étrange de ses
feuilles, ni sur la rigidité de sa hampe florale, ni sur ses fleurs d’or,
on lui a donné une foule de noms vulgaires : dent de lion, liondent,
cochet, chopine, florin d,or, sou d'or, groin de cochon, salade de
taupe, laitue de chien, couronne de moine, etc. L'espèce n'était
guère connue des Grecs et des Latins, ce qui laisse supposer qu'elle
a été ramenée en Europe du Sud-Ouest pui les Barbares.
ce n'est qu'au XVIe siècle que plusieurs médecins lui ont reconnu
les vertus diurétiques auxquelles elle doit sa célébrité... et son nom
ordinaire.
Régalez-vous de pissenlit en salade autant que vous voudrez : vous
vous en porterez à merveille. Mais n'oubliez pas que toute la plante
est active, et notamment sa racine. on peut la faire torréfier, comme
celle de la chicorée, et obtenir ainsi un succédané du cafe (mangez
du pissenlit par la racine, au sens propre, avant d'être obligé de le
faire... au sens argotique de l'expression!). Les jeunes bourgeons
de la plante, traités à la manière des câpres, peuvent en tenir lieu
fort honorablement. Les fleurs épanouies, dans certaines régions,
servent quant à elles à fabriquer un vin de qualité fort acceptable.
Mais usez surtout du pissenlit comme herbe médicinale majeure :
son abondance même, et le fait qu'il fleurit toute l'année ou presque,
le rendent précieux. vous avez une pharmacie d'or dans votre pré...
Le pissenlit exerce une action murtiple et parfaitement harmonisée
sur I'ensemble des organes. Il aide d'abord à la digestion – d’une
part en renforçant le travail mécanique de l’estomac, d’autre part
en stimulant les sécrétions du foie, du pancréas et de I'intestin :
ceux qui souffrent de jaunisses, de coliques hépatiques, d’insuffi-
sances du foie (avec leur cortège d'affections annexes : vilaines peaux,
eczémas, dartres, etc.), ceux dont I'intestin est paresseux, les cons-
tipés, les individus sujets aux coliques, les diabéiiques aussi, auront
intérêt à s'adresser à maître pissenlit. Mais ce dernier ne borne pas
là ses bienfaits : il est tonique, dépuratif, laxatif, stimulant et anti-
scorbutique. Il est évidemment diurétique. Et à I'extérieur, il soigne
admirablement les ulcères, les inflammations et les maladies de la
peau.
RÉCOLTE :
Cueillez 1es feuilles du pissenlit au printemps, pour les
manger : c'est alors qu'elles sont les plus tendres et les plus savoureuses.
Les grandes feuilles de l'été, ainsi que les fleurs, vous seront utiles
pour préparer vos tisanes. Si vous voulez arracher la racine de la
plante, ce que je ne saurais trop vous recommander, munissez-vôus
d’une pioche... et préparez-vous à suer un peu : elles sont étonnam-
ment bien ancrées dans le sol.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION OU DÉCOCTION
de racines, de feuilles ou de mélange : comptez une
bonne poignée de plante fraîche par litre d'eau. (3 tasses par iour.)
CAFÉ
de racinei torréfiées : récoltez de belles racines en automne ;
nettoyez-les soigneusement; torréfiez-les au four après les avoir cou-
pées-en rondelles ; passez-les au moulin à café, ; et préparez-les comme
:un café ordinaire, soit seules, soit, précisément, comme adjuvant à
votre cafe du matin.
SUC
de plante fraîche (digestif, dépuratif, diurétique)
2 à 3 cuillerées à café par jour pour les enfants ; 2 à 3 cuillerées à soupe
pour les adultes.
BAINS DE PIEDS ET DE MAINS :
comptez une bonne poignée de plante entière fraîche
par litre d'eau. ( Arthritisme, bourdonnements d'oreilles')
VIN
de pissenlit (contre les fièvres) : faites macérer deux
belles racines de pissenlit fraîches dans 1/2 litre de vin blanc, pendant
3 jours. (un petit verre, en cas d'accès, à renouveler une heure plus
tard. )
CATAPLASMES
de feutlles et de fleurs hachées : contre les ulcères et
les maladies de la peau.
LE POIRIER
La poire me paraît avoir la forme même du bonheur :
bien assise, large, pleine, elle respire l'harmonie; elle est toute en
courbes, comme une jolie femme; elle a la rondeur des joues d'enfants
rieurs, et le parfum inimitable des fruits de la terre que le soleil a
caressés de ses rayons; sur la langue, elle fond comme un nectar...
Toute description de I'arbre (qu'on appelle parfois aigrin) est évidem-
ment superflue : il me suffira de dire que la plupart des poiriers de
culture sont greffés sur cognassiers, et que les poiriers sauvages
(blossoniers ou blessoniers) sont le plus souvent bardés de longues
épines. On connaît aujourd'hui plus de I 500 variétés différentes
de cette espèce (beurré, bon chrétien, comice, alexandrine, guyot,
william, etc.); toutes ont leurs qualités (goût, rendement, résistance
aux parasites...). Le poirier, que les anciens Égyptiens ignoraient,
était par contre déjà bien connu des populations préhistoriques euro-
péennes, puis des Grecs et des Romains. L'Odyssée d'Homère en
fait mention. Pline, au Ier siècle apr. J.-C., en comptait déjà trente-
six races. Dès cette époque, la poire a servi de dessert, mais également
d'ingrédient essentiel pour la fabrication de boissons fermentées
(poiré) et d'eaux-de-vie.
La poire, comme fruit, est un peu moins digeste que sa cousine ger-
maine la pomme : mais elle est fort rafraîchissante, délicieuse à
croquer, et riche en vitamines; ses sucres ne présentent que peu de
danger pour les diabétiques. Je ne vois aucun inconvénient à ce que
l'on s'en < empiffre >, si I'on en éprouve le besoin... Une seule réserve :
étant donné la < manie insecticide et pesticide > des arboriculteurs
modernes, le fruit doit absolument être pelé. C'est dommage : lorsque
j'étais enfant, j'aimais à attaquer ma poire sans autre forme de procès,
d'un solide coup de dents...
Mais du poirier, vous pourrez également utiliser l'écorce, les jeunes
rameaux, les bourgeons, les feuilles et les fleurs. Comme le fruit
lui-même, ces différentes parties végétales se montrent diurétiques,
un peu laxatives, calmantes, propres à faire tomber les fièvres légères
et la tension trop forte, et capables de resserrer les tissus trop dis-
tendus par les infections ou les agfessions de l'environnement. Utilisez-
les notamment contre la rétention d'urine et les calculs de la vessie.
RÉCOLTE :
Cueillez les poires quand elles sont bien mûres, et
accommodez-les de toutes les façons que vous voudrez (crues, cuites,
en tartes, en compotes, etc.). Toutes les autres parties utiles du poirier
doivent être ramassées au printemps (à la montée de la sève, juste
avant l'épanouissement immaculé des corolles), puis séchées à l'ombre.
PREPARATION ET EMPLOI :
INFUSION OU DÉCOCTION
de feuilles, de jeunes rameaux, d'écorce, de bourgeons
ou de fleurs : jetez deux poignées de ces éléments (ou d'un mélange
de ces élëments) dans un litre d'eau; Iaissez infuser, ou laissez bouillir,
selon le cas, pendant Ï/4 d'heure. (3 tasses par jour, en mangeant
une poire, comme diurétique et contre les affections urinaires.)
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de feuilles et de fleurs : comptez deux poignées de feuilles
et de fleurs fraîches par litre d'eau.
LEPOMMIER
Eve a mangé la pomme, elle l’a donnée à Adam, et
ce fut la fin du Paradis terrestre... En vérité cette pomme-là n,est
que la traduction du latin pomum, qui signifie tout simpiement fruit,
sans autre précision. Mais que le mot pomum ait donné notre pomme
suffit à prouver I'importance (culinaire, économique, culturelle )
de cette sphère végétale - à l'image même de la Terie -, et bourrée
de vertus médicinales. on y trouve des vitamines, des sucres assimi-
lables, des enzymes indispensables au bon équilibre du corps, des
acides essentiels (acide malique), et les minéraux mêmes de la vie
(potassium, sodium, calcium, magnésium, phosphore...). C'est la
peau du fruit qui est incontestablement la plus riche : hélas ! les
méthodes de I'arboriculture moderne, avec leur cortège de pesticides,
obligent à l'ôter...
Le pommier sauvage (quelquefois nommé doucin ou bouquettier)
pousse dans toute I'Europe et jusqu'en Asie centrale (d'où il paraît
ètre originaire). Les peuples de I'Asie Mineure I'ont longtemps ignoré,
mais les Grecs l'avaient déjà domestiqué, et sous I'empereur Auguste,
à Rome, on n'en comptait pas moins de 30 variétés différentes (aujour-
d’hui, plus de 1400...). Du point de vue médicinal, les plus anciens
auteurs vantaient la cure de pommes, comme je la préconise à tous.
Au Moyen Age, sainte Hildegarde ne se limitait pas au fruit de I'arbre :
elle conseillait les fleurs et les feuilles du végétal contre les maladies
des yeux, ses jeunes greffons juste redémarrés contre les crises
de goutte, et ses bourgeons contre de nombreuses affections, notamment
les maux de tête, la jaunisse, les digestions difficiles, les aigreurs
d'estomac, les coliques et la constipation.
L'écorce du pommier est tonique, stimulante, capable de faire tomber
la fièvre, et propre à resserrer les tissus ou les vaisseaux distendus.
Elle constitue un succédané honnête de la quinine. Les feuilles et
les fleurs du végêtal, -ainsi que ses bourgeons, sont largement diuréti-
ques : j'ai soigné, avec un mélange de ces trois parties végétales,
un homme qui présentait une sévère inflammation des reins; on peut
les conseillei également contre les calculs urinaires et les maladies
de la vessie (cystites, notamment). La pomme elle-même se montre
calmante (une bonne pomme avant le coucher : le sommeil vient
plus facilernent), rafraîchissante, propre à libérer les bronches et
le nez des mucosités qui les encombrent, et capable de faire tomber
la fièvre. Elle est diurétique, antidiarrhéique, et surtout laxative.
La célèbre École de Salerne, qui groupait de nombreux médecins,
disait jadis : Post pirum da potum, post pomum vade cacatum , ce
qu'on peut traduire à peu près par : Après la poire, pipi, après la
pomme, caca )... c'est surtout cuite que la pomme est laxative et
calmante; mais, crue ou cuite, elle excelle à purifier le sang; elle aide
le corps à se libérer de ses toxines; elle stimule la digestion, et elle
convient particulièrement bien aux rhumatisants, aux goutteux, aux
malades du foie et des reins, à ceux qui souffrent d'artériosclérose,
d'obésité, d'hémorroïdes, d'eczéma et de maladies de la peau; le
fruit d’Ève, fruit de santé, ne pouvait manquer d'être aussi un fruit
de beauté...
RECOLTE
cueillez les pommes bien mûres : si vous êtes sûr qu’elles
n'ont reçu aucun produit chimique, alors n'en ôtez surtout pas la
peau, vous perdriez le meilleur. Dans le cas contraire, mieux vaut
moins de vitamines et de sels minéraux, mais moins aussi de poisons
pesticides... Ramassez les feuilles, les fleurs et les bourgeons de l’arbre,
et détachez-en l'écorce au printemps. Faites-les séchés à I'ombre.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
CURE DE POMMES :
je ne saurai trop vous recommander une cure annuelle
de pommes ; c'est un capital-santé bien .facire à amasser. choisissez
pour cela des fruits tès mûrs, si possible juste cueillis sur I'arbre ;
ôtez-en le trognon et les pépins, et râpez très finement Ia pulpe et la
peau dans un saladier; ne mangez que cela (sans sucre, en buvant de
l'eau claire) pendant deux jours (l kg à 1,5 kg par jour). Le troisième
jour, recommencez à y mêler quelques aliments légers. votre appareil
digestif, votre foie, vos reins, votre sang seront comme remis à neuf.
Grâce à cette cure, j'ai sauvé un enfant atteint d'entérite aiguë, et j’ai
soulagé nombre de malades affligés de constipation chronique, de dysen-
terie, de diarrhées catastrophiques ou de fièvre typhoide.
INFUSION OU DÉCOCTION
de feuilles, de fleurs, d,écorce ou de bourgeons : jetez
3 poignées de ces éléments, ou de mélange, dans un litre d'eau. (2 à
3 tasses par jour.) L'infusion de fleurs seules est très douce contre
les maux de gorge et la toux.
JUS
de pommes : à volontë, tel quel, ou avec du miel, ou
encore en sirop (à proportion d'une livre de jus pour une livre et demie
de sucre.) Appliqué sur la peau, le jus de pommes raffermit et embellit
les tissus.
CIDRE :
Ie cidre, résultat de Ia fermentation alcoolique du jus
de pommes, ne titre que peu de degrés et constitue une boisson prutôt
saine (à petites doses). A fortes doses, il attaque la paroi de I'estomac
et prédispose aux ulcères. quant à l'alcool de pommes - ou calvados -,
il fait trop de ravages en Bretagne et en Normandie pour que j'insiste
à son sujet.
LE PRUNIER ET LE PRUNELIER
Comme il existe une épine blanche, il existe une épine
noire : la première est l'aubépine, la seconde le prunellier. Est-ce
la forme la plus sauvage du prunier domestique? Les botanistes n'ont
pas encore réussi à le dire. Mais qu'il est joli, ce buisson bardé d'épines
sombres, lorsqu'il fleurit au premier printemps : on jurerait uhe neige
attardée au grand soleil... Le prunellier n'atteint guère que 2 m de
hauteur, et donne de petits fruits bleu-noir, incroyablement âcres
au goût; on I'appelle encore buisson noir, mère du bois, pélossier,
fourdinier, cravichon, caverou ou créquier; il fréquente la lisière
des bois et les clairières, et se plaît en rangs serrés, dans res haies
vives. Son grand cousin < civilisé >, le prunier vrai, encore dit pru-
neautier, a été diversifié par les arboriculteurs en une foule de races
aux fruits délectables (mirabele, reine-claude, etc.) , on en connais-
sait déjà 180 variétés au temps de Louis XIV; aujaurd’hui, c’est par
centaines qu'il faudrait compter
c'est surtout à la forme sauvage du prunier que la phytothérapie
emprunte ses remèdes : je vous expliquerai les vertus de la prune
de culture après celles de I'écorce, des fleurs, des feuilles et des fruits
du prunellier. Les feuilles de ce dernier, en infusion ou en décoction,
se montrent dépuratives. Les fruits (dont on fait I'eau-de-vie de pru-
nelle) doivent à leur âcreté même leurs propriétés astringentes : en
d'autres termes, ils resserrent les capillaires sanguin, (ce qui est utile
dans tous les cas de plaies, de saignements, d’hémorragies), et ils
renforcent I'action des muscles constricteurs des intestins et des canaux
urinaires (ce qui les fait recommander contre les diarrhées, les incon-
tinences d'urine, etc.). Les fleurs se montrent diurétiques, dépuratives
et-laxatives . J’aime à dire que ce sont les plus économiques des laxa-
tifs; elles aident à la guérison des crampes d’estomac, des diarrhées,
des coliques, mais aussi de la toux, des maladies pulmonaires et des
pertes blanches chez les femmes. L'écorce du végétal, enfin, outre
qu'elle est astringente comme les fluits, fait tomber la fièvre et s’utilise
en poudre comme dentifrice.
RECOLTE :
Cueillez les fleurs du prunellier au premier printemps,
avant l'épanouissement, et faites-les sécher en les étalant au soleil.
Lorsque la saison est un peu plus avancée, récoltez les feuilles et
l'écorce du végétal. c'est en hiver seulement que vous pourrez ramas-
ser les prunelles mûres.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION OU DECOCTION
de feuilles : jetez une demi-poignée de feuilles fraîches
ou sèches dans un litre d,eau. (2 tasses par jour.) -
INFUSION OU DECOCTION
de fleurs : jetez une demi-poignée de fleurs sèches dans
un litre d'eau. (2 à 4 tasses par jour.)
DECOCTION
d'écorce : jetez une poignée d'écorce concassée dans
un litre d'eau. (2 tasses par jour)
de prunelles : jetez une demi-poignée de prunelles mîtres
dans un litre d'eau. (Usage interne, contre les diarrhées, les saigne-
ments,l'incontinence d'urine, etc. : 2 tasses par jour.) Jetez une poignée
et demie de prunelles dans un litre d'eau. (Usage externe, en compresses
sur le ventre ou le bas-ventre contre les diarrhées et les infections des
voies urinaires) en gargarismes contre les maux de gorge et les inflam-
mations de la bouche.)
POUDRE
d'écorce : comme dentifrice, directement sur la brosse
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :
comptez une poignée de prunelles et de fleurs de pru-
nellier par litre d'eau.
Le prunier domestique a certes conservé quelques-unes des vertus
de l'espèce sauvage; mais tout se passe comme s'il avait voulu les
concentrer dans ses fruits d'or, d'émeraude, ou d'améthyste... Je
suis né au pays des prunes, et je ne puis que me féliciter de les voir
revenues à la mode : ce sont des délices bourrées d'énergie, tant frais
(prunes) que secs (pruneaux), tant cueillis et mangés sur l'arbre que
transformés en confitures délectables.
Les prunes fraîches doivent être plus particulièrement recommandées
aux rhumatisants, aux goutteux, à ceux qui souffrent de calculs uri-
naires, à ceux qui sont affligés d'artériosclérose, aux constipés et
aux malades du foie; crues, elles sont mal supportées par quelques
estomacs délicats; mais cuites, elles conviennent à tout le monde.
L'amande contenue dans leur noyau, comme celle de la pêche, est
toxique.
Les pruneaux (secs , demi-secs), quant à eux, sont connus depuis
I'Antiquité romaine pour leur richesse en matières énergétiques,
pour l’aide qu'ils apportent au foie, et pour leur activité contre la
constipation ils forment le plus doux des laxatifs que je connaisse
(si les fleurs de prunellier constituent le plus économique). Leur action
n'est pas ponctuelle : elle dure, et elle n'est pas suivie d'une aggrava-
tion du mal, comme c'est trop souvent le cas avec certains médica-
ments chimiques. Il est certes plus agréable de consommer les pruneaux
bien pleins de sucre, bien délicieux, ou leur jus, Ionguement élaboré
au grand soleil; mais les puristes prétendent, non sans raison, que
c'est d'abord la cellulose des fruits qui assure le dégagement de
I'intestin; en conséquence, ils recommandent de faire cuire trois fois
ces fruits dans trois eaux différentes, afin de n’avaler que la bouilli
insipide qui en résulte.
Ajouter un commentaire