Médecine Indien d'Amérique

 



La médecine traditionnelle d'Amérique du Nord

 

 



1. L'univers pour les Natifs d'amérique du Nord:

Je m'appuis sur un livre fondamental: "L'Héritage spirituel des Indiens d'Amérique ; J. E. Brown"

L'Homme intermédiaire entre les dieux (le ciel) et la terre.

"Au centre du cercle, réunissant en un point les quatre
directions de la croix et tous les autres quartiers de
I'Univers, se tient l'homme. Et si celui-ci n'a pas
conscience de porter en lui ce centre sacré, alors il est
vraiment moins qu'humain. C'est donc pour rappeler
I'existence bien réelle de ce centre que les Indiens
célèbrent tant de rites fondés sur la croix à l'intérieur du
cercle."

"il est
rituellement au centre, comme un axe vertical par
rapport à la roue horizontale.
Ce concept d'axe vertical explique le caractère sacré
du nombre sept pour les Indiens, et il est intéressant de
noter à ce sujet que leur interprétation est la même que
celle d'autres grandes religions. En ajoutant les dimen-
sions verticales du ciel et de la terre aux quatre
dimensions horizontales de I'espace, nous en obtenons
six, auxquelles il faut adjoindre le point central où
convergent toutes ces directions.
Pour saisir ce symbole dans sa totalité, nous devons
nous imaginer trois cercles horizontaux dans lesquels est
gravée une croix, tous trois traversés par I'axe vertical de
I'humanité. Car pour les Indiens, l'être humain est un
médiateur entre le ciel et la terre. Ses pieds touchent le
sol et sa tête - ou intellect - le centre du firmament.
Comme I'axe vertical, le disque intermédiaire représente
l'humanité, par le fait qu'en reliant le ciel à la terre, il
n'est ni pur esprit ni matière grossière, mais plutôt une
synthèse des deux.

Ce symbole particulier apparaît chez
les Crows, dans les trois anneaux qu'ils tracent souvent
autour du cotonnier sacré qui se trouve au centre de la
loge circulaire de leur Danse du Soleil. Un de leurs vieux
prêtres ou hommes-médecine m'a expliqué un jour que
ces cercles figurent les trois << mondes > qui composent
l'être humain : le corps, l'âme et I'esprit, ou encore le
monde grossier, le monde subtil et le monde de pureté.
Une fois bien comprises cette conception de I'huma-
nité et la relation de celle-ci avec I'univers, on saisit
mieux la façon dont les Indiens abordaient la nature
vierge qui les entourait et qu'ils connaissaient si parfaite-
ment. Dans la plupart des grandes traditions religieuses
universelles, on a érigé des centres d'adoration sous
forme de cathédrales, d'églises ou de temples; et c'est
dans ces centres, ainsi que dans les nombreuses repré-
sentations symboliques qu'ils contiennent, que I'on a pu
exprimer notre image de I'univers. Certes il nous est
facile, lorsque nous sommes à I'intérieur des cathédrales
médiévales européennes, d'éprouver cet état de pléni-
tude et de se sentir véritablement au centre du monde.
Mais pour les Indiens, c'était le monde même de la
nature qui était leur temple, véritable sanctuaire à
I'intérieur duquel chaque forme, chaque fonction et
chaque pouvoir faisaient I'objet d'un profond respect.
Les Indiens ne sont pas les seuls à tenir pour sacrées
toutes les manifestations de la nature. D'autres tradi-
tions, par exemple le Shinto japonais, vénèrent les
formes de la création comme étant des oeuvres de Dieu.
Mais là où I'attitude des Indiens est unique, c'est que
pour eux le respect de la nature et de la vie se trouve au
coeur même de leur religion : chaque forme du monde
environnant porte en elle tellement de significations et
de valeurs que, considérées toutes ensemble, elles
constituent ce que I'on pourrait appeler leur doc-
trine.

 En raison de leur préoccupation constante à l'égard de
la nature, les Indiens ont souvent été dépeints comme
ayant un comportement religieux panthéiste, idolâtre ou
franchement sauvage. S'il n'est pas nécessaire de relever
les deux derniers termes, en revanche I'accusation
ingénieuse de panthéisme, qui suppose d'assimiler Dieu
aux formes manifestées, mérite des éclaircissements.
Dans les magnifiques mythes de création des Indiens
des Plaines - qui ressemblent étonnement à la Genèse
biblique -, les animaux furent crées avant les êtres
humains, ce qui fait que, par leur antériorité et leur
origine divine, ils sont assez proches du Grand Esprit
(Wakan Tanka chez les Sioux), lequel requiert respect et
vénération. C'est pourquoi les Indiens voient en eux un
reflet des qualités du Grand Esprit, reflet qui joue le
même rôle que les Ecritures révélées pour d'autres
religions. Les animaux sont des messagers ou des liens
entre les hommes et Dieu. Ceci explique non seulement
pourquoi les prières peuvent être adressées directement
au dieu par leur intermédiaire, mais nous permet aussi
de comprendre pourquoi chez les Indiens le contact avec
le Grand Esprit s'établit presque exclusivement à travers
des visions mettant en scène des animaux ou d'autres
formes naturelles. En guise d'exemple, Black Elk reçut
son pouvoir spirituel (cochnagi) de I'aigle, du bison, des
Etres-Tonnerre et des chevaux. On raconte que Crazy
Horse, Ie célèbre chef et saint homme, reçut le sien,
ainsi que son invulnérabilité, des pierres et d'une vision
de l'ombre.
Bien que les manifestations naturelles puissent reflé-
ter le Grand Esprit, et même ne pas être autres que Lui,
elles ne sont cependant pas assimilées à " Celui qui est
sans Parties " et qui, dans Son unité transcendante, se
situe au-dessus de toute forme crée. Ainsi on ne peut pas
taxer les Indiens de panthéisme au sens habituel du
terme. "



Ce qui veut dire que pour contacter le Soi (Wakan Tanka), le Un, l'unité, il faut découvrir sa part animale, l'Ombre, terme de jung, ou encore l'inconscient personnel.
L'homme est constitué du corps (le monde d'en-bas), de l'âme (la conscience, monde du milieu) et de l'Esprit (Inconscient, monde des esprits).



"Black Elk a très bien formulé ce mystère dans la
déclaration suivante :

... Nous regardons tous les êtres créés comme
sacrés et importants : chaque chose possède une
influence - wochanghi qui peut nous-être donnée
et grâce à laquelle nous pouvons acquérir un peu
plus de compréhension si nous sommes attentifs.
Nous devrions bien comprendre que toutes les
choses sont l'oeuvre du Grand Esprit, qu'Il est
présent en chacune : les arbres, les graminées, les
rivières, les montagnes, les quadrupèdes et les
oiseaux. Et plus, nous devrioni comprendre qu'Il
est au-dessus de toutes les choses et de toul ce
monde."



Black Elk explique que le Soi, Wakan Tanka est la source de tout ce qui est créé.
Il est le Créateur.
La conscience ordinaire ne perçoit qu'un monde divisé, dans le Soi, tout est Un.



"Pour plus de précision, notons que dans le langage
sioux (lakota) on se réfère au Grand Esprit en utilisant
soit le nom de Père (Ate), soit celui de Grand-Père
(Tunkashila). Ate définit le Grand Esprit par rapport à
Sa création, c'est-à-dire en tant qu' < Etre existant >,
tandis qlue Tunkashila suggère l'essence non-manifestée,
indépendante des limites de la création. Les théologiens
chrétiens ont exprimé les mêmes nuances par les termes
distincts de Dieu et de Divinité, et les doctrines hindoues
font la différence entre Brahma (la forme manifestée
masculine) et Brahman (la forme neutre non-manifes-
tée).



Tunkashila est Dieu non manifesté, il est source du bonheur (du Soi).
Le Soi, Dieu en l'homme n'est que la partie visible de Dieu.
Le Soi est la source, l'Ordre, la lumière présente partout dans l'univers.
Dieu est ce qui provoque la lumière en l'Homme.
Dieu est l'origine de l'univers, de l'Ordre (Soi).




"Comme I'a dit Black Elk :  La paix de l'âme
vient à celui qui prend conscience de sa relation, de son
identité avec I'univers et avec tous ses pouvoirs, et qui
réalise qu'au centre de I'Univers se tient Wakan Tanka
et que ce centre est partout et en chacun de nous7.
L'Indien croit que cette connaissance ne peut être
atteinte que par une profonde humilité et que si I'on
s'abaisse soi-même devant la création tout entière,
devant la plus petite fourmi, afin de réaliser son propre
néant. C'est seulement en n'étant plus rien que I'indi-
vidu peut devenir tout et comprendre alors sa parenté
fondamentale avec toute forme vivante. Son centre, ou
sa vie, est de même nature que le centre ou la vie de tout
ce qui existe."

"En raison de son caractère total et central, le genre
humain a la fonction quasi divine de gardien du monde
naturel. Lorsqu'il oublie ce rôle ou s'en acquitte mal,
I'homme s'expose à ce que ce soit en fin de compte la
nature qui lui montre lequel est le vainqueur et lequel est
le vaincu. Un autre point de vue consiste à dire
qu'autrefois I'homme devait se défendre contre les
forces de la nature, alors qu'aujourd'hui c'est la nature
qui doit se protéger de lui."

                                           *

LE TEMPS

"Selon les coutumes traditionnelles indiennes, le temps
est vécu davantage comme un phénomène cyclique et
rythmique que comme un phénomène linéaire et tendant
vers un < progrès >"

" Dans son mode de fonctionnement,
le rythme du monde est perçu comme circulaire, au
même titre que la vie de l'être humain ou de toute forme
ou créature manifestée. Les événements et le déroule-
ment des choses transmis par les traditions orales ne sont
pas relatés en termes de temps passé et futur au sens
linéaire. D'ailleurs, la plupart des langues indiennes
n'ont pas de déclinaisons passées et futures; elles
reflètent la réalité éternelle de l'instant. Par exemple, les
récits mythiques de création ne rendent compte d'aucun
passé chronologique, mais plutôt d'un processus qui se
déroule indéfiniment. Les mêmes événements se repro-
duisent aujourd'hui et se reproduiront dans d'autres
cycles à venir.
Etant donné cette qualité d'expérience, qui est soute-
nue par les formes idiomatiques et rendue immédiate
par l'interrelation vécue avec I'environnement naturel
de chaque peuple, il est impossible à la pensée indienne
de concevoir le progrès au sens linéaire occidental, c'est-
à-dire comme un processus cumulatif interprété quanti-
tativement et dans lequel le plus et le nouveau sont
mystérieusement et automatiquement confondus avec le
mieux. "

"Une telle conception du déroulement qualitatif du
temps dans la vie et dans la pensée est toujours
immédiatement observable et expérimentable parmi
toutes les formes, tous les êtres et changements du
monde naturel environnant ; et au centre de tout change-
ment, comme au centre de tous les phénomènes, on
reconnaît la présence intrinsèque du Mystère suprême.
Là où existe ce type de croyance, il s'ensuit inévitable-
ment que toutes les formes et les êtres de la nature sont
tenus comme sacrés et donc traités avec respect. De la
même façon, tandis qu'un être humain, au centre,
possède en lui quelque chose de ce Mystère qui
I'entoure, il ou elle ne fait pas seulement partie de la
création mais est un avec tout ce qui existe. Lorsque ce
sens du sacré est perdu, il reste peu de choses capables
d'endiguer notre gaspillage grandissant des ressources, si
ce n'est cette menace ultime et désespérée,la question
même de notre survie. Car c'est toujours la nature qui
aura le dernier mot.
Le rythme des cycles du cosmos, du soleil et des
saisons retrace le cycle de la vie humaine de la naissance
à la mort. Mais dès lors que ce processus propre à toute
la nature est perçu de manière cyclique traditionnelle, et
non de manière linéaire, la mort rejoint ou retourne
inéluctablement à la vie pour que le cycle puisse
continuer. Les implications de ces croyances sur le plan
eschatologique sont considérables quant à leur significa-
tion spirituelle.
Elles sont importantes aussi face à une quantité de
problèmes gérontologiques. Il y a longtemps, alors que
je vivais dans le Dakota du Sud avec un très vieil Indien
lakota, j'ai pu observer l'étroite complicité qui le liait
aux jeunes enfants. Il ne semblait pas y avoir de
séparation entre eux. Lorsqu'un jour je lui ai demandé
comment il comprenait I'enfant, il répondit :  I'enfant
est quelqu'un qui est tout juste issu du Grand Mysté-
rieux, et moi qui suis un vieil homme, je suis sur le point
de retourner à Lui. Et donc en réalité, nous sommes très
proche l'un de I'autre. "

"Puisque de nombreux peuples tribaux mènent une vie
nomade reposant sur la chasse, la notion de cycle
devient plus important dès lors que l'activité de I'homme
s'intègre aux mouvements périodiques, aux migrations
et aux cycles de vie des animaux. Les hommes assument
la responsabilité sacrée de prendre la vie des êtres
vivants, jouant ainsi le rôle de partenaires, ou d'intermé-
diaires, dans la chaîne cyclique de la vie et de la mort -
afin que la vie puisse recommencer. C'est pour ces
raisons que, dans ces sociétés, la chasse est une activité
éminement sacrée qui donne à l'être humain la possibi-
lité de s'identifier aux modes de fonctionnement cycli-
ques de la nature, et donc à ce Centre qui seul peut
rendre possible le déroulement du cycle.
Il existe un autre aspect particulièrement important
concernant la qualité de vie des chasseurs nomades et de
ceux qui pratiquent la cueillette, qui vivent en contact
immédiat et permanent avec les animaux. Dans son livre
Thinking Animals, Paul Shepard a expliqué combien le
contact avec les animaux est < indispensable à notre
condition d'homme au sens le plus complet du terme >.

Il dit :

Tout être humain, partout, est porté par un
besoin intense et inéluctable vers les ànimaux, une

exigence urgente pour laquelle il n'existe aucun
substitut. Il ne s'agit pas d'un vague désir romanti-
que ou immatériel destiné simplement à faire taire
notre solitude personnelle ou notre nostalgie du
Paradis. Il s'agit de quelque chose d'aussi impitoya-
ble et inévitable que les composés de notre chimie
interne. Quelque chose d'universel et pourtant de
mal connu. C'est l'étrange façon dont les animaux
sont utilisés pour la croissance et le développement
de I'homme, pour ces qualités inestimables que
nous regroupons sous le nom d' esprit.

Aujourd'hui, I'une de nos préoccupations majeures
est de chercher comment parvenir à un principe d'unité à
I'intérieur de la fragmentation généralisée des sciences.
A travers le dialogue entre scientifiques et humanistes-
ou spécialistes des religions -, naît l'espoir que nous ré-
apprendrons peut-être ce que nous avons oublié ou
rejeté : à savoir, que le changement ne peut avoir ni
signification ni objet s'il n'est pas en relation avec
l'immuable; que le monde phénoménal des apparences
ne peut avoir ni réalité ni message à délivrer pour la
réalisation de notre plénitude d'homme s'il n'est pas
considéré par rapport à l'Absolu."

                                                              *

Approche du Divin

La lumière en nous est le Soi..
Dieu est la source du bonheur le plus intense de notre vie.
En sa présence il n'y a ni désir, ni peur, il y a abandon total à l'Amour.
Dieu est à l'origine du Soi.
Le Soi est du divin en toute chose.


"chez les Lakotas de l'Ouest et
les Dakotas de I'Est des Plaines,le terme Wakan-Tanka,
le Grand Mystérieux, est un concept incluant tout
puisqu'il renvoie à un Etre Suprême et à tous les dieux,
esprits et pouvoirs de la création. De telles conceptuali-
sations embrassant en même temps I'unité et la diversité
sont typiques, chez ces peuples, du caractère polysynthé-
tique de leur langage, donc de leur mode de pensée et de
leurs orientations cognitives. Black Elk pouvait affir-
mer : << Wakan-Tanka, tu es tout et pourtant au-dessus
de tout. >> A en croire la quantité de matériaux rap-
portés, il ne fait aucun doute que ce principe fondamen-
tal d'un Etre Suprême existait bien avant I'arrivée des
Blancs et des missionnaires chrétiens, non seulement
chez les Lakotas, mais chez la plupart des peuples
indiens, pour ne pas dire tous. Parlant au nom d'une
culture très différente de celle des Plaines, un artiste
navajo, Carl Gorman, a récemment écrit :

Des spécialistes en matière de religion navajo
ont dit que nous n'avons pas de Dieu Suprême,
parce qu'Il n'est pas nommé. C'est faux. L'Etre
Suprême n'est pas nommé parce qu'Il est incon-
naissable. Il est tout simplement le pouvoir
Inconnu. Nous le vénérons à travers Sa création.
Nous nous sentons trop insignifiants pour appro-
cher directement par la prière ce Grand Pouvoir
qui est incompréhensible pour l'homme. La nature
nourrit I'inspiration de notre âme, et ainsi nous
L'abordons à travers cet aspect de Lui-même qui
nous est proche et que nous pouvons comprendre.
Nous croyons que ce grand pouvoir inconnu est
présent partout dans Sa création. Les nombreuses
formes que prend celle-ci possèdent en elles un peu
de cet esprit... Et puisque chaque forme possède
un peu de l'esprit intelligent du Créateur, nous ne
pouvons que respecter tous les aspects de la
création "

"Par exemple, la différence que nous faisons entre animé et
 inanimé, ou notre classification des animaux, des vêgé-
taux et des minéraux en catégories, n'a pas de sens pour
I'Indien qui considère tout ce qui existe comme étant
animé - chaque forme à sa façon -, en sorte que même
les rochers ont leur propre vie et peuvent dans certains
cas être capables de parler . Les créatures que nous
reléguons au rang d' < animaux > ou d' << oiseaux >>, et
que nous estimons inférieures à I'homme, les Indiens les
mentionnent sous le nom de < peuples >, lesquels d'une
certaine manière ont une supériorité attestée sur les
humains. La croyance la plus répandue veut que, dans
I'ordre de la création, les animaux apparurent avant les
humains; et dans ces cultures, ce qui est antérieur dans
le temps possède une certaine supériorité sur ce qui vient
ensuite. (Cette croyance explique le profond respect que
les Indiens témoignent aux personnes âgées.)



Les animaux correspondent au plan émotionnel, à l'inconscient personnel.
L'inconscient est la mère de la conscience.



"à I'image du vent invisible qui
exerce son mouvement et son pouvoir sur les formes de
la nature, la présence invisible du Grand Esprit donne
vie et anime tout ce qui est. Ce type de conceptualisation
est souvent véhiculé par des expressions mythiques qui
< anthropomorphisent > les quatre vents, les mention-
nent comme autant de frères identifiés aux quatre
directions de I'espace et possédant chacun ses propres
forces et qualités; en définitive, les quatre frères sont
considérés comme les fils d'un père au nom unique.
Cette curieuse famille d'associés, unifiés par le vent ou le
souffle en tant que principe, possède bien sûr d'autres
membres. Et pourtant, ces configurations sont toujours
exprimées en termes de phénomènes naturels directe-
ment expérimentables.










                                           *


2. Nature de la maladie chez les natifs d'Amérique du nord:


Première référence, le livre: Enquête sur les savoirs indigènes; de Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou.


Les navajo ne dissociaient pas la santé de la beauté

la maladie provenait d'une rupture avec l'harmonie et que la chance lui était donnée de reconquérir un équilibre, une beauté intérieure sans lesquels il n'est pas de vraie santé

oui, 20 ans de travail, insista l'homme médecine Sam Begay, si on veut être capable de tracer de mémoire toutes les peintures de sable qui rythment une cérémonie, réciter le nombre très élevé de prières, de versets
la moindre erreur peut être fatale

c'est au prix de ce labeur, uniquement que l'homme médecine peut espérer s'identifier aux Etres Sacrés

la beauté est d'essence divine: voilà la vérité

elle descend des Etres Sacrés, ancêtre du peuple Navajo, qui en a la charge: c'est à lui qu'il revient d'en assurer la présence sur terre
la beauté, l'harmonie qui unissent toutes choses, et jusqu'au ciel et la terre, dépendent de ce peuple
la beauté est d'essence supérieure et la santé l'est aussi

- sacrée, la santé?

oui répondit sam begay
la maladie est la conséquence d'une rupture avec un ordre divin dont les navajo sont les légataires
le malade comprend non seulement que sa santé ne saurait se passer d'un équilibre et d'une beauté intérieurs, mais que celles-ci sont en correspondance, en connivence avec une beauté, une harmonie, plus vastes encore, celles du monde, celles des dieux

la maladie naît d'une rupture avec une harmonie, un équilibre
le virus et le microbe, eux, viennent en second, ils sont la ou les circonstances, non la cause première

il n'y a pas de guérison sans une remise en ordre et un embellissement des relations qui unissent un malade à ses semblables, à son environnement naturel; la maladie est un manquement à cette relation

la maladie n'est pas pour autant une punition
ce ne sont pas les Etres sacrés qui viennent châtier le patient parce qu'il a désobéi à cet ordre créé par eux
il n'y a ni enfer, ni paradis
ni commencement ni fin
le seul responsable c'est le malade
c'est lui et lui seul qui guide ses pas vers la santé ou la maladie
s'il s'écarte c'est son choix

ozho est la beauté-santé

                                                                 *

Deuxième référence, le livre: Guérison chamanique et médecine traditionnelle des indiens d'amérique; de Ake Hultkrantz.

un jour que le jésuite, Paul Le Jeune, en 1830, dû endurer la privation et la faim en hiver parce qu'il n'y avait plus assez de nourriture; les indiens lui recommandaient de ne pas être triste; ils lui conseillaient de se moquer de toutes les adversités

quant il tomba malade, ils lui dirent sévèrement:

" ne soyez pas abattu; sinon votre état empirera
si la maladie augmente, vous mourrez
voyez comme ce pays est beau; aimez-le; si vous l'aimez, vous prendrez plaisir à vous y trouver; si vous y prenez plaisir, vous serez plus enjoué; et si vous êtes plus enjoué, vous vous rétablirez"

la maladie résulte d'avoir commis un crime ou une négligence contre l'ordre établi par les forces surnaturelles

les esprits gardent cet ordre

ils réagissent quand les hommes ne se conduisent pas de façon morale

commettre une cruauté contre les animaux contribu à ce que les maîtres des animaux punissent l'assassin en le rendant malade

ne pas rendre hommage aux esprits en leur faisant des offrandes qu'il convient peut provoquer leur vengeance

dans une société où les esprits peuvent être menaçant, ne pas les prier est certainement considérablement orgueilleux
qui ne respecte pas les ancêtres? Les hommes fous, vaniteux, ...

la perte de l'âme présuppose de croire au dualisme de l'âme

l'âme est souvent considérée comme étant la conscience, perdre une âme implique que la conscience disparaît

l'homme a deux âmes opposés: l'une représente les forces qui maintiennent le corps en activité (conscience) et l'autre , sous sa forme extracorporelle tel qu'il peut en faire expérience en rêve (inconscient personnel, l'Ombre dans le sens entendu par Jung)

l'âme située dans le coeur est capable de voyager hors du corps pendant les rêves (c'est l'Inconscient), tandis qu'une absence prolongée conduit à la maladie (perte du désir momentannée); voir à un stade ultime, à la mort (folie)

l'autre âme, la conscience, peut quitter le corps lorque l'on est saoul
il ne reste alors que le corps et l'ombre dans son sens traditionnel (l'inconscient personnel)

l'ombre d'une personne est une fraction qui peut désirer le contraire de ce que revendique la conscience
dans ce cas, l'homme deviendra un centre de conflit: c'est la névrose

lorsque l'âme (la conscience) de l'apprenti chamane voyage c'est-à-dire qu'elle laisse place aux désirs profonds de l'être, elle se rends d'abord dans le pays des ombres (l'Ombre selon Jung, l'inconscient personnel)

la loi cosmique surnaturelle est connue dans d'autres cultures comme dans le Veda hindou où elle porte le nom de rita et dans la Chine où il est nommé le Tao
la notion de destin n'est pas très éloignée

lorsque Hozho, le sain et paisible monde environnant, gouverne, tout est en harmonie
s'écarter de ce principe, de la beauté, entraîne la maladie et la mort

Hozho est le Soi, la lumière, notre véritable nature
elle est bonheur, ordre et beauté

Hozho est rompue lorque l'homme a peur, rencontre un élément dangereux, ou encore par les pensées négatives

lorsque l'homme est malade, tout l'univers est concerné, en effet le monde est Un en réalité
la vraie nature du monde, de l'univers, est que tout est lié: sans soleil, plus d'hommes, sans animaux, même problème...


3. Exemple de médecin traditionnel ou homme médecine: Sam Begay.

 



Je me sers du livre de Marie-Claude Feltes-Strigler : Moi, Sam Begay, Homme-médecine Navajo.

" Saah negha bike Hozhone est le Créateur de l'univers.

Diné est né de Saah negha bike Hozhone.
Il est sa présence et sa joie "

Autrement dit hozho, l'équilibre, Dieu, est la source de Diné (le Soi), la lumière présente en toute chose


" l'univers est en expansion "

"le créateur a séparé la lumière et l'obscurité qu'il a appelées jour et nuit

Puis il a formé le premier Yei (Etre sacré) et le deuxième Yei avec du maïs blanc, du maïs jaune, du pollen, des insectes

Il a aussi créé toutes sortes d'animaux, d'oiseaux dans les airs, des arbres et des plantes sur Terre

Le Créateur a placé les montagnes, les rivières et les lacs; il les a organisés "


Sam begay a été chrétien c'est pourquoi il n'accepte pas le mythe navajo de la création qui prétend que l'humanité vient de l'Obscurité (de l'Inconscient).


Un jour il entends une voix lui parler alors qu'il fait du jogging.
Il en parle à sa famille.
Sa mère décide de savoir ce qu'il se passe en employant la métode de la main tremblante.
Un homme médecine organise cette cérémonie qui est une sorte de diagnostic.
Il a confirmé que  Sam begay avait entendu un Yei, Premier Dieu qui parle, un Etre sacré.

Il perd alors sa pratique chrétienne.

Pour Sam Begay, il n'y a pas de vie sur une autre planète.

La mort: les navajos croient  qu'ils retournent juste là d'où ils viennent.
En d'autres termes, on sera une de ces étoiles qui brillent dans le ciel, la nuit.

Saah negha bike hozhone et les Etres Sacrés sont tout puissant, omniscients, ils savent tout et sont partout
C'est ce que nous étions avant la création
Maintenant nous avons la vie, nous avons l'amour, nous avons nos clans: nous sommes le monde
Quand nous retournerons d'où nous sommes venus, nous serons omniscients, tout puissants, notre force sera infinie.

Le monde n'est pas destiné à disparaître.

La bible dit: " Au début ..."
mais pour les navajos, il n'y a pas de début, nous avons toujours été là!
Le ciel et la terre ne s'entendaient pas, ils ne cessaient de se quereller et se sont séparés
Il y a eu des météorites, des tempêtes, des déluges de feu
Les volcans entraient en éruption, la terre était déserte, desséchée et désolée

Les êtres sacrés se sont réunis et se sont assis en cercle pour trouver une solution
C'est là qu'ils eurent l'idée de confier cette responsabilité aux Diné
Avant nous étions dans un monde céleste et non dans des mondes inférieurs comme cela a souvent été écrit

L'arc-en-ciel symbolise notre accord de contribuer à l'harmonie entre la terre et le ciel.

Avant le début des temps, seule existait l'Obscurité, avec le Ciel tout en haut et l'Eau tout en bas
Puis le ciel et l'eau se rejoignirent
Il n'y avait aucun être vivant, à part les Nil, chi din'éé, le peuple du vent
Tout flottait dans un océan de brume
Avant la création, tout préexistait sous la forme d'un nuage gazeux
A l'intérieur de ce nuage, habitaient des forces naturelles et l'écho de voix qui donnaient des directives sur la formation de l'univers
Les Diné existaient dans cette brume et établirent les plans de l'univers avec du pollen sacré
Tout était dans l'obscurité, il n'y avait aucune lumière
Le créateur avait juste quelques étoiles, des points lumineux ici et là
Il réunit alors tous les Diné et construisit un hogan à leur intention: les quatre montagnes sacrées

Elles devinrent les piliers de leur demeure
Le créateur appela les diné dans le hogan
Comme il était trop petit il l'agrandit pour donner les San Francisco Peaks, le mount (mont) Blanco, le mount Taylor et le mont Hesperus
Ce n'était toujours pas assez grand mais c'est là que leurs pensées à pris forme
Les diné étaient une multitude en une seule personne
Comme ils se dirent qu'ils ne pouvaient pas vivre dans l'obscurité (ils utilisaient le langage de la création)

Il n'y avait ni lune, ni étoiles, ni univers, ni terre mais dans l'obscurité, il y avait de la vie sous forme de mots, de pensées, de lueurs, d'intention de créer un coeur, un corps, une âme et un esprit

Cette vie était connue sous le nom de saah negha bike hozhone (le créateur)

Ils décidèrent d'avoir de la lumière parce que la lumière est beauté
Ils créèrent à partir du néant la terre (féminine) et le ciel (masculin)

Ils créèrent tout ce qui existe dans l'univers mais tout était immobile

Deux Yei: Premier Dieu qui parle et Second Dieu qui parle décidèrent d'agir

Ils placèrent la création sur quatre arc-en-ciel entrecroisés
Premier dieu qui parle imprima un mouvement d'est en ouest  et second dieu qui parle imprima un mouvement opposé
Toute la création se mit en mouvement
Toutes les choses prirent leurs places dans l'univers

Le ciel et la terre furent ordonnés et autorisés à vivre

Vinrent ensuite les plantes et les arbres, les oiseaux, les poissons, les reptiles, les insectes et les mammifères

Le soleil et les planètes étaient encore immobiles

Ils se mirent à tourner et toutes les graines de la terre s'activèrent

Il y avait une multitude de Yei qui se parlaient et mirent en place l'univers

L'obscurité et la lumière furent créés à égalité

Après le soleil, 12 Yei furent en charge de l'univers.

Comment ne pas songer alors aux 12 signes du zodiaque?

Les éléments de l'univers ont une relation particulière avec ces 12 etres sacrés, comme les enfants avec leur père et leur mère

Quand le soleil se mit à tourner, le temps commença

Tout l'univers a été mis en place en utilisant le Verbe, le mot créateur, que personne ne connait

Un état d'hozhooji régnait dans l'univers, un état d'équilibre, d'harmonie.
Le ciel était celui qui avait le plus de responsabilités car il doit protéger la terre

Une discorde éclata entre eux

Aucun des deux n'avaient conscience qu'ils se complémentaient et s'entraidaient

La dysharmonie provoqua la fin des pluies et l'apparition de météorites, de tremblements de terre, de coulées de lave

Quand on regarde la lune on peut s'imaginer ce qu'était la terre

12 Yei ou Etres Sacrés furent choisis pour réconcilier la terre et le ciel
Il fallait que pour préserver l'univers, la dualité soit maintenue
Et on fit appel à l'humanité, êtres célestes, pour ramener l'harmonie

De même, dorénavant un père et une mère doivent être ensemble pour élever un enfant

Sam Begay insiste: la création est en-haut

Après l'émergence il est dit que les Diné sont arrivés mais il ne s'agissait que d'insectes et d'animaux
Ce n'était pas encore des Diné

Dans chacun de nous, il y a une partie féminine et une partie masculine
La partie masculine est notre côté agressif
C'est la partie mauvaise qui ment, se bat et triche
La partie féminine est celle de l'amour, de la compassion

Comment ne pas songer à la conscience (partie masculine) et à l'Anima (partie féminine)?

 
4. Un autre grand homme médecine: Fools Crow.

 



J'utilise cette fois, le livre de Thomas E. Mails: Fools Crow; Sagesse et pouvoir.

"Longtemps avant que l`écriture ne nous parvienne,
nous apprenions en observant les saisons et la nature, par l'ex-
périence personnelle ou acquise auprès des aînés, et en écou-
tant les Puissances supérieures. Au commencement, elles ensei-
gnerent à nos ancêtres des choses qui devaient être transmises
de génération en génération. Il est rare que nous entendions les
vraies voix de Wakan Tanka et de ses Auxiliaires, bien que cela
m'arrive quand je voyage en esprit et j'ai entendu deux fois sa
voix au cours de visions. Je reçois surtout leurs directives et
leurs conseils en méditant avec l' aide d' “instruments de concen-
tration", et à travers des signes ou des choses que me disent
d'autres personnes. Une fois que je prie et utilise mon bâton
d'Offrande de Soi, je sais que la réponse est en route vers moi
et je suis alors constamment à sa recherche tandis que je pour-
suis mes tãches quotidiennes ou accomplis un rituel."

"Autre chose à connaître à propos de Fools Crow : il lui fut
enseigné que Wakan Tanka a une forme et n'est pas une sorte
de masse immatérielle ou quelque chose d'indéfinissable dont
l'Etre serait uniformément répandu à travers tout l'univers. Pour
que nous aimions le Créateur, croyait Fools Crow, il faut qu'il
ait une forme que nous puissions imaginer ou du moins pres-
sentir, bien que des êtres finis ne puissent savoir avant de mou-
rir à quoi ressemble un Etre infini. Aucune image de Wakan
Tanka ou des Auxiliaires ne doit donc être faite. Ce livre est
émaillé de déclarations liées à ce concept- et les lecteurs vont
peut-être piquer une crise en tentant de concilier certaines
d'entre elles. Par exemple, Fools Crow a déjà fait allusion à ses
voyages en esprit dans des lieux où demeurent les Puissances
supérieures - ne les aurait-il alors pas vues ? Lorsqu'il décrit
ensuite ces expériences plus en détail, il faut se rappeler que les
hommes-médecine se préoccupent rarement de concilier les
données. Elles viennent de Dieu et cela suffit. Ils acceptent avec
simplicité ce qui arrive, baignent dans l'émerveillement du phé-
nomène, puis agissent selon les directives reçues dans cette cir-
constance. "

"Fools Crow était tout disposé à dépendre entièrement de
Wakan Tanka et de ses Auxiliaires. Il n'y voyait rien de dégra-
dant. Il savait que Wakan Tanka, « le Très-Haut et Très-Saint ››,
dote chacun d'un esprit splendide et d'un pouvoir naturel cen-
sés être utilisés durant la vie - mais il reconnaissait aussi que
se remettre sans réserve entre les mains infiniment capables de
Dieu est ce que l'on peut faire de mieux pour son propre bien."

"Fools Crow et Black Elk étaient convaincus que l`Etre
suprême qu'ils vénéraient était le vrai Dieu unique de la Bible
- et c'était une raison encore plus forte de partager les dons avec
tous "

"Black elk disait: j'ai guéri avec le pouvoir qui passait à travers moi
bien sûr ce n'était pas moi qui guérissait
c'était le pouvoir venu de l'autre monde; les visions et les cérémonies avaient
simplement fait de moi un trou à travers lequel le pouvoir  avait la possibilité de parvenir aux deux-jambes
si j'avais pensé que c'était ma propre action, le trou se serait fermé et aucun pouvoir n'aurait pu passer
tout ce que j'aurais fait alors aurait été insensé"

Fools crow pense que Dieu est une trinité.

"- Vous dites Wakan Tanka et Tunkashila. La plupart des
autorités en la matière estiment que ce sont des noms différents
désignant la même Personne.
- Non ! répliqua Fools Crow avec rigueur. Nous avons trois
divinités principales, comme les chrétiens. Wakan Tanka est
comme le Père. Tunkashila est comme le Fils. Les Puissances
et Grand~Mere Terre sont ensemble comme le Saint-Esprit, et
je les appelle tous les cinq les “Auxiliaires de Wakan Tanka'.
Quand je parle de ces sept Etres ensemble, je les nomme par
fois les “Puissances supérieures". Quand je prie avec ma Pipe.
je dirige le tuyau en haut vers Wakan Tanka, puis juste un peu
plus bas vers Tunkashila. Mais Wakan Tanka et Tunkashila pen-

sent, agissent et veillent sur nous comme étant Un. Il n'y a donc
qu'un Dieu unique. Chaque fois que je dis Wakan Tanka, cela
signifie aussi Tunkashila "

"Comment un Sioux devient-il un homme-médecine ?
demandai-je.
- Certains pensent que nous sommes choisis pendant que
nous sommes encore dans le ventre de notre mère. C'est peut-
être vrai, parce que la majorité d'entre nous commençons à le
devenir des notre enfance. Nous avons des sentiments étranges
à ce sujet et nous pensons aux Puissances supérieures plus que
ne le font les autres enfants. Nous jouons moins et faisons moins
les autres choses. Nous nous isolons et examinons ce qui nous
arrive. Tout ceci est bien sûr l' œuvre de Wakan Tanka. Il regarde
en nous et voit ce que nous sommes. En réalité, lui et Tunkashila
nous appellent! "

"Ce qui se passe alors est que nous nous ouvrons
de plus en plus aux Puissances supérieures.
C`est comme si notre corps était couvert de trous à travers lesquels elles entrent
et nous emplissent, tandis que dans l'autre sens, nos prières et
nos désirs sortent pour monter vers elles. Nous sommes égale-
ment prêts à renoncer à un grand nombre des plaisirs ordinaires
de la vie afin de devenir des hommes-médecine. Nous savons
que nous devrons prendre le temps nécessaire pour apprendre
a utiliser le pouvoir que nous recevrons dans le but d' accom-
plir des guérisons physiques et spirituelles et d`aider notre
peuple de toutes les manières qui nous seront possibles. A
mesure que ces phénomènes se produisent, nous subissons un
changement ; jour après jour, nous entrons de plus en plus pro-
fondément dans ce que nous devenons. Cette évolution ne nous
dégage pas de nos responsabilités habituelles. Nous continuons
à partager le travail qui doit être fait à la maison et devons contri-
buer aux besoins de notre communauté. En fait, ce que font les
hommes-médecine, ils le font pour leur communauté et leur
nation. "

"Nous
avons des rêves, des visions et des pensées fantastiques. Cela
commence des notre enfance, et fait que nous sommes toujours
prêts à être emmenés par Wakan Tanka et les Auxiliaires dans
des lieux où ils nous montreront des choses que les autres, à
cause de leur esprit borné, ne verront peut-être jamais. Le pou-
voir que nous recevons est destiné à accomplir des guérisons
physiques et spirituelles, à prophétiser, à résoudre des pro-
blèmes et à retrouver des personnes ou des objets perdus. Il sert
aussi à répandre l`amour, à transformer, à assurer la paix et la
fertilité. Il n"est pas destiné à nous donner du pouvoir sur les
autres parce que la source de pouvoir, ce n`est pas nous. ll vient
en nous et coule en nous, les petits os creux, mais il appartient
à Wakan Tanka et aux Auxiliaires. Ils sont la Source, et c'est à
eux que doit aller toute la gratitude."

"Wakan Tanka peut m'emmener plus haut que
jamais ne le pourra aucune drogue. C'est en raison de cela et
de ma vie spirituelle, que les gens me respectent. Mais l'im-
portant, c'est que je reflète pour eux Wakan Tanka et les
Auxiliaires. Je ne suis ni Wakan Tanka ni les Auxiliaires, mais,
à travers moi et la vie que j`ai menée, les autres voient à quoi
Ils ressemblent. Ma vie a été heureuse et bien remplie. Je ne
sais pas comment elle aurait pu être meilleure. Wakan Tanka ne
m'a pas demandé de renoncer aux choses que je viens de men-
tionner. J'ai simplement pris conscience que j 'aurais une vie
meilleure en m'en passant. Une des raisons pour lesquelles j'ai
eu tant de mal à trouver des personnes à qui transmettre ma
médecine est que bien peu souhaitent mener une vie morale et
frugale. Elles parlent beaucoup de leur désir de le faire mais,
en leur for intérieur, ne veulent pas renoncer aux plaisirs et aux
choses matérielles. "

"Je demandai à Fools Crow s'il avait un conseil à donner à
ceux qui pensaient avoir déjà un pouvoir de guérison ou qui
étaient appelés à l'avoir.
« Ils doivent viser le ciel, répondit-il, et se fixer des normes
et des buts qui, au début, sembleront hors d' atteinte. Mais il leur
faut apprécier les défis de cette entreprise et ne pas rechercher
la perfection. Un jour, ils en seront peut-être proches. Si, au
contraire, ils visent bas, c'est là qu`ils resteront toujours. Même
les échecs apportent quelque chose de positif. Ils nous obligent
à rester humbles, ils nous aident à découvrir nos erreurs et à les
réparer. Les échecs nous montrent aussi qu'il faut pratiquer
davantage, jusqu'à ce qu'on se soit améliore. Rien n`est auto-
matique dans notre relation avec Wakan Tanka. Il veut que l`ex-
périence personnelle nous apprenne à donner notre mesure afin
de pouvoir ressentir pleinement les choses. Abandonner est le
plus grand échec de tous. N'abandonnez pas. Laissez le travail
de côté un certain temps s'il le faut, mais ensuite, reprenez-le.
C' est l'exercice, la pratique, qui nous donnent confiance et nous
préparent à affronter les grandes épreuves quand elles se pré-
senteront."

"« Même si le pouvoir vient en nous et à travers nous, cela ne
change pas le fait que nous sommes des êtres humains, limités.
Les Puissances supérieures doivent œuvrer avec nous tels que
nous sommes ; mais avec le temps, nous nous améliorons et
devenons moins gênants pour elles."

"- Un jour, répondit Fools Crow, je suis allé a une conférence
indienne à Minneapolis. Là,-bas, j`ai rendu visite à un homme-
médecine d' une tribu de l`Etat de Washington. Il vivait à trois
mille kilometres de chez moi. Mais son Dieu avait enseigné à
ses ancêtres qu'Il était la source de tout pouvoir. Cet homme
avait aussi appris que toute chose possède un esprit. Même les
rochers et les plantes ont un esprit. Et il dit que de nombreux
Blancs ne savent pas percevoir qu`il en est ainsi parce qu`ils
n`ont aucune connexion avec les forces spirituelles de Grand-
Mère Terre. Tout cela me fut aussi enseigné."

"- Est-il exact de dire que le pouvoir spirituel est partout pré-
sent ? demandai-Je.
- Non, Wakan Tanka, Tunkashila, Grand-Mère Terre et les
Personnes des quatre Directions détiennent chacun leur propre
pouvoir. Le pouvoir n`est pas présent partout, mais il se trouve
la ou ils sont et, ainsi, il nous entoure. Il est au-dessus, au-des-
sous et des quatre cotes. Un certain pouvoir a aussi été attribué
a chaque chose. dans l' univers quand elle a ete créée : le soleil,
la lune, les etoiles, les rochers, les oiseaux, poissons et autres
animaux, les plantes, les gens, etc. 10
- Le pouvoir est-il présent partout dans l'air ?
- Non, repondit-il en formant un cercle avec ses mains. Il
est Juste autour de nous. "

« Wakan Tanka et Grand-Mere Terre ont donné à toutes
choses la vie. Ceci inclut les pierres, les arbres, l`eau et le sol
sur lequel nous marchons. Et, de même que les gens, les ani-
maux, les oiseaux, les insectes et les créatures de la mer ont en
eux du sang, toutes les autres choses ont des pensées, des sen-
sations, des soucis et des espoirs.

- Que faites-vous pour devenir quelque chose comme une
pierre ?
- Je lui parle comme à une personne, et je laisse la pierre
me parler. Elle me dit d'où elle vient, ce qu'elle a vu, ce qu'elle
a entendu et ce qu'elle ressent. Nous devenons amis. Quand
nous avons fini, j'ai une image toute neuve de cette pierre. Ce
processus élargit mon comportement envers les pierres et envers
les autres créatures, et mon esprit croît. Plus je pratique ce
“devenir', plus ma sagesse sur toute chose augmente. ››

Par la suite, j'allais apprendre que Fools Crow poussait
encore plus loin la pratique du « devenir ››. Chaque fois qu'il
accomplissait un rite, il prenait un objet qu'il utilisait et le pres-
sait contre sa poitrine. Quand je lui demandai pourquoi il agis-
sait ainsi, il répondit qu'il devenait cet objet et s'identifiait à lui
afin d'en faire l'expérience et de le comprendre à fond. En
dehors des implications évidentes de ce geste, ce qui me pas-
sionnait, c`était de savoir que chez les Navajos, ce type de rela-
tion était le principe essentiel de leurs méthodes de thérapies
par les peintures de sable. "

Pensez-vous qu'une pierre ou la terre aient des sensations ?

- Si tout ce qui a été créé est essentiel pour la vie, l`équi-
libre et l'harmonie, alors elles en ont. Cela dépend de votre
manière de penser et de définir la vie. Si vous croyez qu`une
chose a de la vie, alors elle a de la vie. C'est ainsi que Wakan
Tanka nous a enseigné comment penser à la création ; quand
nous le faisons, la vie que toutes les choses possèdent en elles-
mêmes nous devient apparente et nous les traitons en consé-
quence. Nous n'en abusons pas, nous n'en faisons pas un mau-
vais usage. Il est différent de marcher sur une chose que vous
pensez dénuée de vie ou de sensations, et de marcher dessus si
vous pensez qu'elle en a. Chaque jour, je prie pour la santé et
la guérison de toute la création, et pas seulement pour l'huma-
nité. Je demande aussi à Wakan Tanka et aux Auxiliaires de
m'aider à marcher sur Grand-Mere Terre avec compassion et
compréhension pour tout ce qui existe .
- Marchez-vous sur les fourmis
- Pas si je peux l'éviter. Parfois, je ne les aperçois qu'après
eu avoir piétiné quelques-unes.
- Et si elles viennent dans votre maison et s`en prennent à
la nourriture ?
- Je leur mets un peu de nourriture dehors à un autre endroit
et essaie de les faire partir.
- Si elles ignorent cet appât et continuent à venir ?
- Wakan Tanka ne nous donne pas le droit de dominer les
autres créatures et elles n`ont pas le droit de nous dominer.
- Alors vous en tuez quelques-unes ?
- Je fais ce que je dois pour les faire partir de la maison.
- J'ai lu que, sans les fourmis, le reste de la création aurait
de gros ennuis...
- C'est vrai, pour tout, acquiesça Fools Crow en hochant la
tête. Un fait que je n'ai pas mentionné à propos des autres créa-
tures, c'est qu'elles font naturellement ce qu“elles font. Nous,
nous le faisons par choix. Les animaux, oiseaux et autres, tuent
parce que c'est naturel pour eux. Nous, nous tuons la plupart
du temps non parce que nous en avons besoin, mais parce que
nous le voulons. ››

- Les êtres humains sont-ils entièrement responsables de
tous les maux actuels de notre monde ?
« Seuls les hommes ont le pouvoir de déséquilibrer la Terre
et, quand il déséquilibrent la Terre, ils se déséquilibrent eux-
mêmes. C'est comme ce machin que les Aborigènes australiens
lancent et qui leur revient [le boomerang] Wakan Tanka a créé
la Terre de manière à ce qu'elle fasse tout pour prendre soin
d'elle-même. Toute chose a son rôle - les fourmis, les vers, les
vautours, les cailloux, le sable... Quand nous endommageons

l'une d' elles ou la terre même, nous nous endommageons. Nous
ne pouvons les épuiser, les gaspiller ou les détruire sans payer
un prix terrible pour ces actes. Mais c`est ce que font certains,
et cela retombe sur nous tous. Grand-Mère Terre en crie. Elle
secoue le sol [tremblements de terre] de plus en plus pour nous
dire ce qu'elle ressent et attirer notre attention. Wakan Tanka
m` a dit que l'Etre-Tonnerre enverrait de vastes inondations pour
nous montrer le grand nettoyage que les hommes doivent effec-
tuer en eux-mêmes. Nos enfants pleureront pour cela plus que
nous et selon Wakan Tanka leurs pleurs dureront longtemps et
retentiront très fort.

- Vous avez déclaré que Wakan Tanka ne nous punit pas.
Dans ce cas, comment pouvez-vous concevoir que les catas-
trophes naturelles nous enseignent quelque chose ? Pensez-vous
que si tout le monde avait la foi et priait, il n'y aurait plus ni
tremblements de terre ni inondations ? ››

Ma question ne plut pas à Fools Crow et je vis sur son visage
qu`il caressait l' idée de ne pas y répondre. Un moment, je me
demandai si sa position était bien le fruit d' une mûre réflexion.
J 'avais tort. Il avait seulement besoin de temps.

<< Dans le Jardin d`Eden, il n'y avait pas de tremblement de
terre, dit-il, mais Wakan Tanka a changé tout cela. Depuis, il
s'est toujours produit des catastrophes naturelles.
- Alors, quel est le message pour nous ?
- Ne dresse pas ton tipi dans le lit d'une rivière ni sur le
flanc d'un volcan ! ››


L'humanité n'est pas supérieure au reste de la création et ne possède pour la domi-
ner ou en abuser aucun droit inaliénable ou divin. Au contraire,
nous ne représentons qu'une partie d`un gigantesque réseau
arachnéen dont les fils, se soutenant les uns les autres, confè-
rent leur force à l'ensemble. Chaque fil est donc responsable du
reste et envers le reste. Lorsque nous n`assumons pas notre part
du fardeau, ou bien lorsque nous abusons d'une autre partie ou
la détruisons, ces actes blessent, quelquefois irrémédiablement,
toutes les autres parties et, souvent, entraînent un déséquilibre
de la vie totalement inattendu.

"« Je n'ai rien reçu que les autres ne puissent obtenir. Mes
ancêtres savaient tous comment faire des rêves sacrés. Toutes
sortes de choses étranges et belles survenaient dans ces rêves,
des choses qui ne pourraient jamais avoir lieu dans la vie ordi-
naire. Des êtres étranges apparaissaient et des créatures de tout
genre, aux formes impressionnantes, surgissaient. Ces visiteurs
s'adressaient aux rêveurs et leur transmettaient des messages.
Ces demiers apprenaient ainsi qui allaient être leurs Auxiliaires,
ce que Wakan Tanka voulait qu'ils fassent et comment Il les
aiderait à le faire. Ils apprenaient aussi, et c`est peut-être le plus
important, à voir les choses à travers le regard des Puissances
supérieures. C'étaient les personnes-médecine qui faisaient les
rêves les plus forts, les plus impressionnants, et parfois les plus
effrayants.
- Pourquoi pensez-vous que les rêves des personnes-méde-
cine étaient plus puissants que ceux des autres ?
Comme je vous l'ai déjà dit, mais je vais le répéter, par
leur nature et leur mode de vie, ces gens étaient pleinement
ouverts à Wakan Tanka et aux Auxiliaires. lls avaient encore
autre chose de spécial. La plupart de leurs rêves de médecine
ne leur semblaient pas des rêves, mais plutôt des choses qui se
passaient dans la réalité, puisque, souvent, ils ne dormaient pas
quand survenaient les rêves."

"Et je dois vous indiquer aussi
que je donne un autre nom à mes rêves. Je les appelle “voir en
visionnaire', et je vais vous dire comment ils se produisent.
Wakan Tanka et les Auxiliaires m`ont appris à voir avec mon
esprit, à toucher avec mes yeux et à décider avec mon cœur."

"Pourquoi voyez-vous avec votre esprit plutôt qu'avec vos
yeux `? dcmandai-je.
- Parce que, répondit-il, l'esprit peut voir plus loin que l'œiI
physique. Il peut voir ce qu'un appareil photo ne peut voir. ll
peut voir au-delà des barrières physiques et même à l'intérieur
d`une personne. L' œil de l' esprit change notre manière de juger
les choses.
- Comment ?
- Quand nous voyons avec notre esprit, nous ne jugeons pas
les gens ou les situations d'après les apparences. Une personne
peut ne pas être belle extérieurement mais, intérieurement, elle
le sera. "

"nous apprenons à voir les choses sous un jour nou-
veau et magique, à regarder les gens et les situations sous dif-
férents angles. La vue visionnaire, c'est laisser les Puissances
vous montrer les choses à travers leur regard. On se prive de
merveilles en ne sachant pas reconnaître que c'est possible.
- Où avez-vous appris ce mode de vision ?
- Iron Cloud me l'a enseigné, et mon père, Eagle Bear, savait
aussi le faire.
- Voir à travers le regard des Puissances supérieures, en quoi
cela change-t-il les choses pour vous '.?
- Les Puissances n`ont pas nos limites. Elles voient comme
une unité le passé, le présent et l'avenir. Elles savent aussi ce
qui se passe dans l'esprit et le cœur des êtres et, si l'on suit tel
ou tel chemin, où il mènera. Quand nous prions et écoutons,
quand nous utilisons les instruments de concentration, les
Puissances supérieures peuvent nous montrer ces connaissances
et augmenter notre sagesse.
- Pouvez-vous me donner quelques exemples de ce qui se
passe quand vous pratiquez ce “regard' ?
- Wakan Tanka et les Auxiliaires jettent sur les choses une
lumière spirituelle afin que je puisse les voir telles qu'elles sont
réellement. Vous avez déjà remarqué comment le soleil éclaire
la Terre pendant le jour, et comme les choses semblent autres
sous une lumière différente. C'est ce que les Puissances supé-
rieures font pour moi dans le domaine spirituel. Cette lumière
repousse aussi l'obscurité et me montre ce qui est là. Elle m'aide
à marcher autour des choses et à les voir de différents points de

vue - devant, derrière et des deux côtés. Je distingue des cou-
leurs nouvelles et sens ce qui se passe autour de moi. Puis je
ferme les yeux et attends que les images se forment sur mon
écran mental. Je continue jusqu'à ce que toute l`informati0n se
rassemble d'une façon que je puisse utiliser. Ensuite, je me
concentre encore plus fort jusqu'à ce que l'image finale soit
bien imprimée dans ma mémoire. Quelquefois, je pleure devant
la beauté de ces visions. Les choses ordinaires deviennent extra-
ordinaires. Ce qui n'est rien pour une autre personne m'appa-
raît comme une merveille et un chemin passionnant à suivre.
- On dirait que, grâce à cette vue visionnaire, Wakan Tanka
et les Auxiliaires agrandissent votre esprit et le remplissent de
manière prodigieuse.
- Wakan Tanka et les Auxiliaires m'ont aidé à percevoir des
choses que ne peut discerner l'œil physique. Je peux voir et sen-
tir des choses qui échappent a la plupart des autres personnes.
Des images me viennent à l`esprit et, bientôt, je trouve de nou-
velles perspectives pour aborder les situations et des moyens
de tout changer autour de moi. C'est très utile quand j'effectue
des guérisons physiques ou spirituelles. Quand je suis seul la
nuit ou entre les traitements thérapeutiques, la vue visionnaire
est l'une des choses que je pratique. Grâce à cette vision, Wakan
Tanka et les Auxiliaires me rendent capable de surmonter les
obstacles suscités par la maladie ou les pouvoirs maléfiques. Et
Ils me procurent différents moyens de les surmonter. Ainsi, ce
qui serait autrement impossible devient possible.
- C'est donc comme s`Ils inversaient mentalement les
choses pour vous.
- Ils me montrent comment voir les choses selon différentes
perspectives, quel est le moyen le plus efficace dans chaque
situation donnée. En retournant ces infonnations dans ma tête,
je deviens plus créatif, plus fertile. Mais je ne m'investis pas
trop dans les petits détails -je me concentre sur l'image géné-
rale.
- Ainsi, une grande part personnelle entre dans ce que vous
faites."

"Nous répondons tous de
façon différente à Wakan Tanka et agissons selon notre manière
d' entendre et de sentir ses directives. "

"- J'utilise mes yeux pour toucher avec amour et douceur.
Quand je pleure pour quelqu'un, je le touche avec mes yeux.
On peut en savoir beaucoup sur une personne en regardant dans
ses yeux et on peut dire à quelqu°un avec les yeux des choses
qu`on ne peut exprimer avec des mots. Les yeux révèlent la
franchise ou la fausseté. Ils m'apprennent ce que ressent vrai-
ment une personne à mon égard. On peut déceler nombre de
maladies dans les yeux des gens quand on sait regarder. Quand
j`effectue des soins de guérison, je communique ma foi à la per-
sonne en la lui envoyant à travers mon regard. Nous établissons
un contact et, si elle n'a pas encore assez de foi, ce qu'elle voit
en moi au fil des jours deviendra sien. C'est un de mes moyens
pour faire entrer son esprit dans le mien afin qu`elle puisse voir
ce que Wakan Tanka et les Auxiliaires me montrent. Je vous
l'ai déjà dit, c'est la première chose que je dois faire pour réus-
sir à les soigner.
- Les yeux ont-ils encore un autre usage particulier ?
- Ils nous servent à toucher la nature et à apprendre à son
contact en observant les saisons, les cieux, les vents, l'herbe,
les lacs et les rivières. Nous constatons qu'un grand lac n`est
jamais immobile, alors qu' un petit lac devient comme un miroir.
Les nuages prennent des formes diverses, aux multiples res-
semblances, et ils changent sans cesse. Nos ancêtres virent leur
premier tipi dans une feuille de peuplier de Virginie. Nous appli-
quons ces leçons pour comprendre les gens et toute chose.
Même cligner des yeux en regardant une chose changera ce que
nous y voyons. La manière dont les gens se tiennent assis ou
debout, marchent, dansent, peut nous en dire beaucoup sur eux.
Avec les années, j'ai appris à voir avec mon cerveau en com-
prenant mes plus intimes pensées sur Wakan Tanka et les gens,
puis à sentir avec mes yeux et, enfin, à laisser mon cœur me dire
comment être juste et quels chemins suivre.
- Pourquoi décidez-vous avec votre cœur et non avec votre
esprit ?
- Si je décide avec mon esprit, je suis influencé par toutes
sortes de pensées qui se combattent. Si j'essaie de décider avec
mes yeux, même si je vois avec amour, il est difficile de ne pas
être influencé par ce que je vois devant moi - l'apparence des
personnes, leurs actes, leurs réactions. Si je décide avec mon
coeur, mon jugement n'est jamais dur. Mon cœur tient compte
des choses qui ont blessé les gens - ce qu'ils ont dû endurer rien
que pour demeurer en vie et sains d`esprit. Ceci, je suppose,
peut s`appliquer à la majorité des hommes à travers le monde.
Mon coeur pense à l'équité, au bien-être et à l'espoir. C'est
comme le coeur de Wakan Tanka, qui accepte d“agir en nous et
à travers nous en tant qu'os creux, même si aucun de nous ne
mérite un si grand honneur. ››


"« Vous n'avez pas mentionné les oreilles, le nez et la bouche,
fis-je remarquer. Ne jouent-ils aucun rôle important dans votre
vue visionnaire ?
- Si, mais pas de la même manière. Quand la vue vision-
naire se fait avec mon esprit, mes yeux et mon coeur, je vois par
les yeux des Puissances supérieures et non comme le font ceux
qui n'ont que le pouvoir naturel. C'est en général l`inverse de
ce que voient les êtres humains, parce que nous sommes tous
influencés par nos motifs et nos désirs.
- Alors, que fait le nez ?
- À part ce que fait habituellement un nez, par exemple res-
pirer, il réveille nos souvenirs, il agit donc comme une malle au
trésor qui nous relie au passé. A tout ce que nous faisons sont
associées des odeurs. Wakan Tanka en a couvert la Terre et nous
en combinons beaucoup pour en produire davantage : les
suaves, comme celle de la glycérie et de la sauge, sont protec-
trices en ce sens qu'elles écartent le mal, comme lorsqu'elles
sont en contact avec des choses amères. Ainsi nous portons sur
nous de la sauge pendant la danse du Soleil pour attirer les
Puissances supérieures qui aiment cette plante et pour écarter
tout ce qui pourrait nuire à notre action. Les odeurs peuvent
aussi éveiller nos sensations, notre volonté et notre faculté d'in-
vention. Elles apportent une atmosphère de mystères et de
choses anciennes, et elles suscitent nos émotions.
- Et les oreilles ?
- Tout ce qui existe a un son, répondit Fools Crow, et quand
les choses passent à côté les unes des autres, il se crée même
un son entre elles. C'est ainsi que naît la musique. Wakan Tanka,
Grand-Mère Terre et les autres Auxiliaires se servent de sons
pour communiquer avec nous - quelquefois en paroles, mais
plus souvent en poussant notre esprit et notre coeur à penser aux
choses spirituelles. Grand-Mère Terre nous parle à travers le

tambour. Les hochets sont la douce voix de Wakan Tanka qui
envoie sur Terre des pluies de bénédictions. Les flûtes sont les
multiples voix des Personnes aux différents Points Cardinaux.
Le tonnerre est la voix puissante des êtres des nuages. C'est aux
oreilles que les rochers parlent en premier et, à travers les
oreilles, au mental, à l`esprit et au coeur. Tous les beaux sons
qui existent déjà ou qui naissent sont des créations de Wakan
Tanka et, comme pour toutes les autres beautés qu'Il a créées,
ll ne peut pas leur résister : Il ne peut s'empêcher de s'en appro-
cher quand nous les utilisons. Nous savons qu'Il est là et par-
tage avec nous cette sensation. ››


"La bouche, dit Fools Crow, est ce
qui nous permet de goûter, de manger et de communiquer...
mais c'est aussi ce qui nous attire des ennuis ! "

"Comme nous nous entretenions de la loge de purification, je
lui demandai :
« La plupart des Indiens semblent penser que l'intérieur de
la loge représente soit la matrice de Grand-Mère Terre soit l' uni-
vers. Est-ce cela qui vous a été enseigné ?
- Cela, et plus, répondit-il en mettant ses mains paumes
levées. Wakan Tanka m'a enseigné durant une de mes quêtes
de la vision ce qu'est la loge de purification. C'est bien plus
qu'une structure de saule en forme de dôme. Sa véritable forme
est celle d'une boule, dont la moitié inférieure est sous le sol.
Quand la partie au-dessus du sol est terminée et recouverte, et
tout le nécessaire -la sauge et les autres objets que j'utilise -
placé à l`intérieur, la loge devient la demeure de Wakan Tanka
et de Tunkashila au-dessus, de Grand-Mère Terre au-dessous,
et des Personnes dans les quatre Directions. Ainsi, quand j'entre
à l' intérieur et fais mon rite, je suis assis sur le grand plan de la
Terre au centre des Puissances supérieures.
- Cela ressemble beaucoup à votre description du moment
où vous êtes entouré par le pouvoir.
- Oui, répondit-il en traçaiit un diagramme sur le sol pour
mieux exprimer sa pensée, mais à une grosse différence près.
Quand je suis entouré par les Puissances supérieures, j'appelle
en moi leurs pouvoirs. Mais quand je suis dans une enceinte
close avec les Puissances supérieures, je peux me rendre là où
elles sont et aller les voir. "

"En quoi ce que vous faites dans le voyage en esprit est-il
différent d'envoyer ou de recevoir des informations par l`in-
termédiaire de la fumée et de messagers individuels servant les
Personnes de chaque Direction ?
- C'est un face à face. Je les vois.
- Vous les voyez ? fis-je avec surprise en me rappelant que
selon la`Bible, nul ne pouvait regarder Dieu en face sans en
mourir. A quoi ressemblent-Elles ?
- A des lumières, répondit-il placidement, puis il attendit
que ces paroles pénètrent dans mon esprit.
- Des lumières, murmurai-je en me calant dans ma chaise.
Vous m'avez indiqué tout à l'heure que Joe Ashley vous avait
dit à quoi ressemblait Dieu et que cette idée vous convenait.
Est-ce cela que Joe a dit "

"- Joe n'a pas voyagé en esprit, répondit Fools Crow, mais
ce qu'il m'a dit était proche de ce que j'ai vu.
- Toutes les lumières sont-elles de la même couleur ?
- Non. Wakan Tanka est une énorme lumière blanche,
Tunkashila une énorme lumière bleue, et Grand-Mère Terre une
grosse lumière verte. Chaque Personne est de la couleur de son
propre point cardinal"

"- Et comment voyagez-vous de la loge jusqu'au lieu où Elles
sont ?
- Je secoue mon hochet et chante mon chant. Puis je pose
le hochet et presse mes bras, coudes pliés, contre mes flancs.
Les yeux fermés et les mains en coupe, je me concentre le plus
fort possible sur l'idée de mon être s'élevant dans les airs. Je
commence à trembler et je martèle le sol de mes pieds. Bientôt,
je me sens prêt à m'envoler comme un aigle dans l'espace. En
fait, cela ressemble peut-être plutôt au lancement d'une fusée
au moment où elle décolle de sa rampe. Très vite, je sens mon
corps s'effondrer, et je sens et vois mon esprit le quitter. Mon
esprit a la même apparence que moi, exactement comme quand
je suis dans mon corps, et j'ai le même âge. Je m'élève, tou-
jours plus haut, jusqu'au lieu où se trouve la Personne que je
vais voir. Cela ne me prend que quelques secondes pour y arri-

ver, pourtant je me vois dépasser en flèche les oiseaux, puis les
nuages, puis les planètes et les étoiles. Je traverse même ce que
l'homme blanc appelle la Voie lactée."

"- Alors les Personnes, bien qu'Elles vous entourent à l'in-
térieur de la loge, sont cependant à une distance très lointaine ?"

"- Il faut comprendre que, malgré sa petitesse - environ un
mètre vingt de haut et deux mètres cinquante de diamètre -, la
loge devient aussi vaste que l'univers. Je ne me sens pas
enfermé, en fait je n'ai conscience d`aucun mur. C'est comme
si je flottais dans l'espace. C'est une sensation merveilleuse et
j'aimeraís que tout le monde puisse en faire l'expérience. Plus
personne alors ne nierait l'existence de Wakan Tanka !
- Mais à quelle vitesse voyagez-vous... ?
- Je vais plus vite que les fusées. J'ai entendu parler de la
vitesse de la lumière et ce que je fais ressemble davantage à
ça "

"- Êtes-vous conscient du temps quand vous êtes hors de
votre corps ?
- Non.
- Voyez-vous, comme Black Elk quand il voyageait en
esprit, vos ancêtres camper dans une belle région céleste ?
- Non.
- Y a-t-il quelqu'un avec les Puissances quand vous allez
les voir ?
- Non. Tout ce que je vois, ce sont les Lumières. "

"Avec Wakan Tanka, la vie
est une perpétuelle aventure qui nous livre toujours de nouveaux
trésors. Elle ne devient jamais terne et, si elle commence à l'être,
Il nous présente de nouveaux défis et de nouveaux chemins.
C'est pourquoi les gens n'ont pas besoin de drogues pour trou-
ver quelque chose de passionnant. Avec Lui et les Auxiliaires,
il y en a toujours largement assez."

"Le voyage en esprit va sembler un phénomène ahurissant
pour nombre de mes lecteurs. Devrais-je leur dire qu'eux aussi
sont capables de le faire ? demandai-je.
- Bien sûr, répondit-il avec vivacité. Mais ils n'y parvien-
dront sans doute pas avant d'avoir essayé plusieurs fois. Du
moins pas avant que Wakan Tanka et les Auxiliaires ne les trou-
vent prêts. Ciest un don très spécial -je l`ai déjà dit- et il faut
le mériter. Il m' a fallu attendre que je sois un saint homme expé-
rimenté pour qu'il se manifeste enfin en moi."

"Quelquefois, Wakan Tanka m'aide à bien me
regarder.
~ Comment donc ? demandai-je.
- ll peut lire dans mon coeur, mon esprit et mon âme. Il sait
ainsi ce qui se passe en moi et n'ignore pas que j'ai besoin moi
aussi de le savoir, alors ll m'a donné un moyen de l`apprendre.
- L'introspection nécessite-t-elle le voyage en esprit ou les
pierres parlantes ?
- Non. Il m'a donné un chant à chanter tandis que, les yeux
fermés, je pense à moi-même. Quand j'ai fini le chant, j'ouvre
les yeux et vois ma propre image assise de l'autre côté de la
loge, face à moi. La seule lumiere provient des pierres rou-
geoyantes, qui baigne l`image d'une lueur rouge et la rend un
peu floue, comme une ombre. Elle est simplement assise la et
me regarde aussi. Je la fixe, et ce que je vois m'en dit parfois
plus que je ne souhaite savoir et admettre. Je vois si je fais quoi
que ce soit qui risquerait d'entraver l'action de Wakan Tanka
et des Auxiliaires, si je les soutiens, si je suis un bon reflet d`eux
pour les autres. Vous pensez peut-être que cet examen ne m'est
pas nécessaire, mais si. J'ai mes faiblesses humaines comme
tout le monde. Ceux qui s'estiment au-dessus de ce besoin se
trompent et, un jour - peut-être trop tard pour en tirer parti - ils
.seront obligés d'y faire face.
- Comment les autres sont-ils censés le faire ? Doivent-ils
utiliser une loge de purificatiori ?
- C'est le meilleur moyen, mais j'en ai reçu un autre pour
le faire, simplement en traçant une ligne devant moi sur le sol,
puis en mettant [projetant] mon image de l'autre côté, face à
moi. Il faut le faire dans une lumière douce, cependant, et près
des charbons rougeoyants d'un feu."

"Il fut enseigné à Fools Crow que Wakan Tanka se soucie des
besoins des hommes, et non de leur luxe. Si nous voulons du
luxe, il nous a donné à la naissance le pouvoir de travailler pour
l'obtenir. Après que les prêtres lui eurent parlé des récits de la
Genèse, Fools Crow comprit également ceci : l'arbre de la
connaissance du bien et du mal nous avertit que le bien repré-
sente pour nous et notre relation avec Wakan Tanka une menace
aussi grande que le mal.
« Quand la vie est trop bonne, dit Fools Crow, nous avons
une trop haute opinion de nous-mêmes et des bénédictions
reçues. Alors nous décidons que nous sommes les plus sages,
les favorisés, et croyons ne plus avoir besoin de Wakan Tanka
et des Auxiliaires. ››

"Tout le monde ne peut pas
être guéri physiquement, mais tout le monde peut être guéri spi-
rituellement "

"- La guérison physique, répondit-il, est spirituelle, mais pas
de la meme maniere que la guérison spirituelle. Les gens meu-
rent. Tout`le monde n' est pas gueri physiquement. Je n' ai pas
demande a Wakan Tanka pourquoi il en est ainsi. Je sais aussi
qu' ll ne retire pas une personne de ce monde. Cela le rendrait
responsable de toutes les morts, y compris des morts tragiques.
S' il lui semble, quelles que soient ses raisons, qu'une personne
ne peut pas, ou ne devrait pas, etre guérie physiquement. Il déci-
dera peut-etre de ne pas intervenir pour changer la situation. Il
laisse simplement la personne venir à lui. D`autre part, il y a
des circonstances où Il décide effectivement d' intervenir pour
que le patient reste en vie. La mort, cependant, n'est pas une
mauvaise chose, puisque après nous partons demeurer pour tou-
jours avec Wakan Tanka. En fait, c'est ce pour quoi nous
sommes nés, nés pour mourir, car la mort est en réalité le com-
mencement de la grande vie qu`ll nous réserve.

- Vous m' avez déja dit que, dans vos visions, vous avez
appris qu' apres la mort toute personne entre dans l'un ou l' autre
des trois esprits et y demeure jusqu' au jour du jugement demier,
où Wakan Tanka séparera les personnes spirituelles des non spi-
rituelles. Les spirituelles iront dans un lieu heureux et les autres
suivront un chemin où elles souffriront tout le temps "

Qu' en-
tendez-vous par souffrir, qu'est-ce qui vous a été montré à pro-
pos de la souffrance ?

"J' ai dit que les gens s`infligeaient leurs propres punitions
ici sur Terre. Cela pourrait suffire pour satisfaire Wakan Tanka.
Mais je ne le blâmerai pas s` il ferme vraiment la porte devant
eux. Par leur manière de penser et de lui toumer le dos, ils le
méritent.
- Que signifie une porte fermée ?
- l'esprit de la personne morte errera à jamais sans nul lieu
où se poser. De temps à autre, elle passera pres des gens heu-
reux qui sont avec Wakan Tanka et verra ce qu'elle a manqué.
- Cela ressemble un peu à l' idée du purgatoire dans le catho-
lieisme, fis-je remarquer en me demandant si sa conception n' en
venait pas.
Cette idée est plus ancienne que l' arrivée des robes noires,
répondit-il, mais j'espere tout de même que les esprits nerre-
ront pas à jamais. En tout cas, comme les horloges n' existent
pas là-bas, ce sera différent pour eux de ce qui se passe sur Terre.
- Et la guérison spirituelle, qu' est-ce que c'est ?
- La guérison spirituelle est purement spirituelle et sert à
aider une personne à être en ordre avec Wakan Tanka. Si la mort
survient, la personne peut alors mourir paisiblement, sans en
éprouver de colère ou de ressentiment. Elle apprend grace aux
rites de guérison spirituelle à penser en fonction de la qualité
de la vie plutôt que de sa quantité. La guérison spirituelle est
un don inestimable qui peut être offert à quiconque est prêt à
l'accepter.
- On dirait quand même que Wakan Tanka fait un choix, en
ce qui conceme la vie ou la mort d`une personne."

"- Wakan Tanka et Tunkashila, répondit Fools Crow avec
fermeté, se soucient plus de la survie de la nation que de celle
de l'individu. C'est pourquoi, lors des danses du Soleil, nous
mettons la possibilité d'une guérison physique ou spirituelle à
la disposition de tous ceux qui souhaitent la recevoir. "

"- Quelle est l'importance de la foi dans le processus de gué-
rison physique ?
- Sans la foi, elle ne se produira pas pour nous dans sa plus
grande dimension.

Mais des incroyants sont guéris tous les jours, objectai-je.

- Le corps est une chose étonnante, répliqua Fools Crow
avec un accent inébranlable au fond de la voix. Wakan Tanka
l'a fait de telle maniere que la plupart des maladies se gueriront
sans l'aide d'une personne-médecine
si les gens attendaient un peu leurs maladies partieraient toutes seules
mais ils s'impatientent, s'effraient et savent qu'une personne-medecine ou un
médecin blanc peuvent accelerer la guerison en leur donnant quelque chose
qui poussera le corps à faire ce dont il est capable.

Vous a-t-on enseigné que l'esprit est responsable de nombres de nos maladies?

Je sais que la manière de penser d'une personne peut rendre son corps malade
et peut aussi lui redonner la santé
Mais cecie ne vaut pas pour toutes les sortes de maladies...
par exemple pas pour les maladies contagieuses, les os cassés ou les blessures
Telles que les brulures très graves

Elles surviennent malgré ce que nous pensons.

Des Blancs venus me voir ont dit que nous pouvons éviter les rhumes et la pneumonie
rien qu'en les écartant par la force de la pensée
ce moyen peut marcher quelquefois parce que grâce à cette pensée,
ceux qui y croient feront plus attention dans leur vie
mais tôt ou tard ils attraperont un rhume
dans cette réserve beaucoup d'entre nous sont morts de pneumonie
c'est ainsi que j'ai perdu mes enfants"

"L'équilibre également est important pour la santé
si nous gardons l'équilibre en tout , nous sommes en harmonie et en paix avec nous -mêmes
peut-être l'équilibre est ce qu'il y a de mieux au monde pour combattre la maladie

- mieux que Wakan Tanka et les Auxiliaires?

- Non, j'ai dit au monde
ils entourent le monde


Fools Crow rejetait toute suggestion indiquant que les
remèdes employés par les Sioux étaient obtenus par tâtonne-
ments. Pour lui, cela revenait à admettre que le mieux que
Wakan Tanka puisse faire pour les êtres humains, c'est de les
laisser se débrouiller avec leurs propres systèmes, ou que peut-
être, en réalité, il n'y a de toute façon aucune " Puissance " pour
aider les hommes ; c'eût été admettre en somme que Wakan
Tanka existe uniquement dans l'imagination de peuples primi-
tifs et superstitieux. En outre, un processus de tâtonnements
signifierait qu'Il ne se soucie pas assez des êtres qu'Il a créés
pour les guider au cours des siècles, et qu'Il se contente de les
laisser souffrir et mourir jusqu'à ce que les tâtonnements soient
menés à bon terme.

« Accepter pareille idée, disait le vieil homme, ferait des
Puissances supérieures des ogres plutôt que des Etres pleins
d' amour. "

"Wakan Tanka se fait connaître de deux manières : à
travers sa présence réelle et à travers l'expérience de sa pré-
sence
- Oui. Mais Il n'est jamais présent réellement dans le sens
où toute sa personne serait venue auprès de nous. C'est juste un
pouvoir qu'Il envoie pour nous montrer qu'll est avec nous.
- Est-ce par le Soleil et par le feu que la chaleur de sa
Personne vient le plus pres possible de nous ?
- Non. Dans le cristal, elle vient directement à nous et nous
touche. Les cristaux sont des pierres très spéciales. Ils ont reçu
un pouvoir inhabituel. Leur clarté [translucidité] permet à
Wakan Tanka et à ses Auxiliaires de nous envoyer à travers lui
des messages. Ils sont comme les fils qui transportent l'électré-
cité et les conversations téléphoniques.
- Pourquoi pensez-vous que Wakan Tanka a besoin d'un
cristal ? Vous m`avez dit qu'il vous parle quelquefois directe-
ment ››
Fools Crow répondit sans la moindre hésitation :
« Il n'a pas besoin des cristaux, nous en avons besoin. Les
instruments qu'll nous donne contribuent à nous immerger plus
profondément dans la communion avec Lui. Les cristaux nous
sont donnés pour notre bien, pas pour le sien. C`est nous qui
avons besoin du temps et des instruments nécessaires pour
concentrer notre esprit, notre cœur et notre corps quand nous
communions avec Wakan Tanka et les Auxiliaires.
- J 'ai remarqué que vous chauffez toujours votre cristal au
soleil, ou au-dessus d' un feu ou d`une bougie, avant de vous en
servir.
- C`est pour capter la chaleur de Wakan Tanka et des
Auxiliaires et les amener plus près que ne le peut même le feu.
Le cristal peut Les amener tout droit à la personne qui a besoin
d'être éclairée ou guérie sur le plan physique ou spirituel. Vous
avez vu que j'utilise le cristal pour regarder à l'intérieur d'une
personne afin de trouver les causes de sa maladie et de réfléchir
cn elle le pouvoir de guérison. Quand je le fais, je place aussi
le cristal juste sur la peau de la personne. Elle reçoit ainsi de la
force, de l'encouragement et de l'espoir. "

"Mais Stirrup m'avoua qu'il n'ai-
mait pas se battre parce que ce n'était qu'une réponse tempo-
raire à tout problème et que cela rendait ensuite une paix réelle
encore plus difficile à obtenir. "

"Fools Crow dit que le Soleil, le feu et les cris-
taux sont une manière pour Wakan Tanka de se rapprocher de
plus en plus de nous, et même de nous toucher. Nous pouvons
ainsi ressentir merveilleusement sa présence, et cela nous donne
un bon coup de main.
- Fools Crow a dit un bon coup de main ?
- C'est mon expression, répondit Dallas avec un petit mou-
vement de tête triomphal. Je pense qu'elle dit bien ce que ça
veut dire. "





 

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