plantes B
LA BARDANE
Voilà bien des années que j'ai joué, comme tous les
enfants des campagnes, avec les têtes florales griffues de la bardane :
c'était un plaisir rare de les voir s'accrocher aux vêtements ou aux
cheveux des jeunes fous qui accompagnaient mes rires...
La bardane a reçu une bonne dizaine de surnoms populaires, et, où
que vous habitiez, vous en reconnaîtrez sûrement un parmi ceux que
voici : bardane officinale, gratte-chat, gratteron, grippe-cheveux; glou-
teron, gratteau, herbe aux teigneux, peignerolle, dogue, grippe-copeau,
oreille d'âne, chou d'âne, oreille de géant, etc. Il s'agit d'une grande
composée bisannuelle, parfois haute de 1,50 à 2 m, avec d'immenses
feuilles vert sombre et des têtes florales brunâtres, plus ou moins tachées
de violet vif à leur extrémité. L'espèce est coutumière des décombres
et des bords de routes, avec une préférence marquée pour les endroits
riches en ammoniaque - c'est-à-dire essentiellement la proximité des
chemins de passage du bétail et des tas de fumier...
Il faut se défier, lorsqu'on veut se soigner par les plantes, d'une cer-
taine littérature à sensation, et plus encore de quelques traditions viva-
ces que rien ne vient étayer. Ainsi les feuilles de bardane étaient répu-
tées guérir les morsures de vipères : je ne recommande à personne
d'essayer. De même, au XVIIIe siècle, I'Anglais J. Hill indiquait la
plante contre la goutte; et il est mort... de la goutte!
Un jour, en revanche, un paysan tout couvert de furoncles vint trouver
mon père; il souffrait affreusement. Mon père le traita pour ainsi dire
entièrement à la bardane, à l’ intérieur à force de décoctions, et à I'exté-
rieur à coups de teintures et de bains; en huit jours, la furonculose était
vaincue... C'est que la bardane constitue le plus merveilleux des dépu-
ratifs: elle se double d'un bon diurétique et d'un sudorifrque efficace.
Les affections de la peau, surtout, lui cèdent parfaitement. qu'il s'agisse
de la disgracieuse acné juvénile, des dartres, de la teigne. des ulcères
ou des brûlures ; elle aide à la guérison des maladies infectieuses à érup-
tions (variole, rougeole, scarlatine, etc.), et peut accélérer la guérison
de la syphilis dans ses phases secondaire et tertiaire; enfin elle agit
efficacement contre la séborrhée, donc contre la chute prématurée des
cheveux.
RECOLTE :
Si l'on a fait un produit de remplacement du café avec
les grosses racines torréfiées de la bardane; si l'on a parfois fumé ses
feuilles en guise de tabac; et si I'on a préparé des succédanés de bettes
avec ses côtes, on ne cultive plus guère la plante. Aussi est-ce dans la
nature qu'il faut aller la chercher : ce n'est pas difficile, on en trouve
partout. Il suffit de la choisir vigoureuse, et le plus loin possible des
endroits habités. On utilise en général ses racines et ses feuilles fraî-
ches, mais ses racines séchées, quoique moins actives, rendent de grands
services. L'arrachage ou la cueillette peuvent intervenir en toute sai-
son, mais j'ai une préférence pour le printemps de la deuxième année
d'existence de la plante. Si l'on veut conserver les racines, il faut les
exposer longuement au soleil, après les avoir nettoyées soigneusement
(la durée de conservation ne saurait excéder quelques mois).
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION ET DÉCOCTION
de plante fraîche (usage interne, contre la furonculose,
l'acné, les éruptions cutanées, les vilaines peaux) : jetez une poignée
de racines coupées en tranches et de feuilles juste cueillies dans un litre
d'eau. (2 à 3 tasses par jour. Il est préférable de combiner ce traitement
avec les applications externes, c'est-à-dire les bains de peau décrits cï
dessous. )
SIROP
de racines fraîches : dans un mélange de 800 g d'eau et de
800 g de sucre, pilez deux poignées de racines. ( Un verre par jour, notam-
ment contre les eczémas.)
TEINTURE
de racines (usage externe) : comptez 10 g de racines
pour 50 g d'alcool.
BAINS DE PEAU :
jetez une poignée et demie de racines (fraîches ou séchées )
et de feuilles par litre d'equ chaude. Recommencez deux ou trois fois
par jour.
LOTION SPÉCIALE
contre la chute des cheveux: dans 1/2 litre de rhum,
pilez deux poignées de racines Jraîches de bardane et une poignée de
racines d'ortie; massez longuement le cuir chevelu avec ce mélange,
LE BASILIC
Vous le connaissez probablement sous le nom de pis-
tou : c'est en effet l'ingrédient de base de la fameuse soupe provençale
qu'on a baptisée de la sorte. D'aucuns préfèrent I'appeler oranger des
savetiers ou herbe royale, mais ce sont des poètes...
Il est originaire de l'Inde, ce joli cousin de la menthe, de la sarriette
et du thym, et c'est sans doute Alexandre le Grand qui nous I'a ramené
de ce lointain terroir. Le basilic était cultivé dans les jardins de la
Rome des Césars, et dans le Midi de la France dès le XIIe siècle.
Rarement végétal a eu plus d'odeur! Il s'agit d'un tout petit buisson
de 15 à 50 cm de hauteur, à feuilles finement dentées et à fleurs blan-
châtres ou rosées, dont chacune présente une corolle à lèvre inférieure
délicatement arrondie et à lèvre supérieure partagée en 4 lobes égaux.
Ce sont les feuilles de la plante que l'on utilise en cuisine, comme
aromate. Pour moi, j'emploie en outre ses fleurs, notamment pour
leurs qualités digestives. Je ne manque jamais également d'indiquer le
basilic aux grands nerveux, aux enfants qui dorment mal. comme aux
adultes qui souffrent de vertiges, de coliques, de toux, d'angine ou de
coqueluche. Les migraines d'origine nerveuse ou gastrique ne lui
résistent pas. Pour une bonne nuit de sommeil, une bonne soupe au
pistou ou une bonne tisane au basilic! J'ai encore découvert deux
autres vertus de I'espèce : celle de stimuler la production de lait chez
les femmes qui en manquent; et celle de guérir les aphtes, lorsqu'on
I'administre en bains de bouche.
RECOLTE :
Si vous avez la chance d'habiter le Midi, je vous invite
vivement à cultiver le basilic au jardin. Semez-le en février-mars pour
le repiquer en mai. Cueillez les feuilles et les fleurs de la plante immé-
diatement avant l'épanouissement (au début de l'été). Sinon, achetez-
les dans une bonne herboristerie; mais assurez-vous de leur fraîcheur
et de leur provenance. Les feuilles pilées destinées à la cuisine, et que
I'on trouve dans les épiceries, sont souvent douteuses, car elles pro-
viennent pour la plupart de cultures intensives, à grands renforts
d'engrais et d'insecticides...
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
contre la nervosité, Ies angoisses, les migraines, la toux,
Ies angines : jetez 20 à 40 pincées de feuilles et de fleurs sèches dans
un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)
DÉCOCTION
stimulante (et propre à acuoître la sécrétion des glandes
mammaires chez les femmes qui allaitent ) : comptez une petite poignée
de plante par litre d'eau. (2 tasses par jour.)
DÉCOCTION CONCENTRÉE
contre les aphtes (en bains de bouche) : comptez deux
poignées de plante par litre d'eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
toniques : comptez une à deux poignées de plante fraî-
che ou semi-fraîche par litre d'eau. (Une fois par semaine.)
LA BERCE
Cassez-en les tiges; faites-les sécher au soleil : vous y
verrez apparaître de petites gouttelettes de sucre figé. C'était l'un de
mes délices, lorsque j'étais enfant, dans la campagne qui entoure
Gavarret.
La berce est une gigantesque cousine de la carotte, haute comme un
homme, avec de grosses tiges sillonnées, creuses, hérissées de poils,
portant de vastes feuilles composées, et de larges ombelles faites
de fleurs minuscules, immaculées. Elle me fait irrésistiblement songer
à l'une de ces plantes monstrueuses des forêts des premiers âges de
la planète, où les insectes géants allaient se perdre... Elle fréquente
les prairies lourdes et les clairières, et elle colonise en une saison
le champ que le paysan laisse en jachère. On la voit s'épanouir
du printemps à I'automne; elle donne des fruits arrondis et aplatis
comme des lentilles, dont les petits oiseaux raffolent et s'empiffrent.
Elle est soit bisannuelle soit vivace (selon les conditions climatiques),
et on la baptise joliment, dans nos campagnes, branche ursine,
branc d'ours, fausse acanthe, acanthe d'Allemagne, herbe du diable,
patte de loup, patte d'ours, panais sauvage ou corne de chèvre...
Son premier nom latin (Heracleum) prouve qu'elle était jadis dédiée
à Hercule, en partie à cause de sa propre puissance, et en partie à
cause de ses vertus toniques.
Je dois reconnaître que les Slaves et les Nordiques connaissent bien
mieux la berce que moi, qui suis un pur Méridional : ils font avec ses
feuilles le bortsch (sorte de soupe acide et reconstituante), et avec la
moelle de ses tiges de délicieuses sucreries. Les suédois estiment
la racine de l'espèce active contre 1'hystérie et l'épilepsie. Les Russes
en tirent un remède contre tous les embarras digestifs (estomacs
paresseux, diarrhées, dysenteries...), et l'utilisent en outre contre les
vers parasites.
C'est pour d'autres raisons que j'insiste pour que vous appreniez
à la connaître. J'ai noté premièrement qu'elle combat énergiquement,
en applications extérieures (feuilles et racines écrasées), les furoncles,
les anthrax, les ulcères, les vilains abcès et les piqûres d'insectes.
J'ai surtout appris de mon père que l’espèce, qu’il appelait patte
d'ours, constitue le meilleur des aphrodisiaques; plus d’un homme
impuissant, plus d'une .femme frigide, a pu (et peut encore grâce à
elle) recouvrer la santé sexuelle - l'indispensable santé sexuelle
sans laquelle le corps et I'esprit tout entiers sont malades…
RECOLTE :
Il vaut mieux cueillir les feuilles de la berce en été,
lorsqu'elles sont bien formées mais n'ont pas encore été trop atta-
quées par les insectes. La période d'arrachage des racines est indif-
férente : j'ai une légère préféqence pour l'automne, car elles contien-
nent alors davantage de principes actifs.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
DECOCTION :
de racines (contre les troubles digestifs) : jetez une petite
poignée de racines fraîches dans un litre d’eau. (2 à 4 tasses par jour)
CATAPLASMES
de feuilles et de racines écrasées (contre les furoncles,
etc.) : renouvelez-les toutes les 10 minutes.
BAINS DE PIEDS ET DE MAINS
pour combattre la frigidité et l’impuissance sexuelle :
jetez deux poignées de feuilles fraîches et de racines coupées en lamelles
par litre d'eau. (2 fois par jour.)
JUS
de berce entière contre l’impuissance et la frigidité :
une cuillerée à café par jour.
LE BLEUET
Rien n'est joli comme cette sentinelle d'azur dans les
blés d'or. Cérès, la déesse grecque des moissons, en avait une fleur
piquée dans la chevelure... Le bleuet vient probablement du Moyen-
Orient; il a suivi I'homme dans le monde entier, en mêlant astucieu-
sement ses semences à celles de céréales : ainsi s'est-il fait planter
et replanter par nos grands-pères - du geste auguste du semeur.
Hélas ! les herbicides et le triage perfectionné des grains le font dis-
paraître progressivement de nos champs...
On l'appelle encore aubifoin, albifoin, bluet, barbeau, blavelle,
blavéole, herbe saint Zacharie, cornailles, chevalot ou casse-lunettes.
C'est une plante à tige mince, à feuilles étroites et élégantes, et dont
la < fleur > (une fausse fleur, à la vérité, comme celle de la margue-
rite), est formée de minuscules fleurs noirâtres au centre, tandis
qu'elle s'orne à la périphérie de superbes < pétales > (fleurs stériles)
à grandes dents pointues.
Outre que I'on peut mêler les fleurs de bleuet à d'autres tisanes pour
leur donner une agréable couleur de ciel pur (l'aspect < psychologique >
du traitement par les plantes n'est pas à dédaigner), l'espèce est en
soi active contre la toux, les bronchites et les maladies de foie; elle
active la sécrétion d'urine en cas d'ædèmes et de paresse des reins;
mais surtout, elle sert à préparer d'excellents collyres contre les inflam-
mations des yeux. Une tradition, qu'il faut probablement rattacher
au vieux courant de pensée moyenâgeux de la < médecine des signa-
tures ), veut que le bleuet ne guérisse que les yeux bleus - les yeux
noirs relevant plutôt du plantain, qui possède des graines du plus bel
anthracite. Tout cela est faux. J'ai vu mon père soigner les yeux les
plus sombres des plus sombres des Méridionaux avec les seules décoc-
tions de I'espèce...
RECOLTE :
Cueillez les bleuets en été, lorsqu'ils viennent juste
d'ouvrir leurs fleurs couleur de ciel; faites-les sécher à I'ombre.
Veillez à ce que le champ dans lequel vous allez les ramasser ne soit
pas de < culture industrielle >, c'est-à-dire régulièrement aspergé
d'insecticides et de fongicides. Les blés, les orges et les seigles < bio-
logiques >, hélas, sont devenus de plus en plus rares... à moins qu'on
n'assiste, à I'heure actuelle, à un renversement complet de la tendance.
J'ose à peine y croire.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
contre la toux, Ies bronchites et les maradies de foie :
ietez une petite poignée de fleurs sèches dans un litre d,eau. (Une tasse
avant les repas.)
BAINS DE PIEDS
contre les oedèmes ; jetez une poignée et demie de fleurs
par litre d'eau. (Deux fois par jour.)
DÉCOCTION
à utiliser comme collyre contre les inflammations des
yeux : jetez une petite poignée de fleurs dans un litre d'eau, laissez
bouillir 5 minutes et reposer une demi-heure.
BAINS COMPLETS :
mêmes proportions que pour les bains de pieds.
LE BOUILLON-BLANC
Chacun connaît cette espèce de cierge gigantesque,
bardé de fleurs d'or, qui se dresse au détour des chemins, sur les
talus inondés de soleil : le bouillon-branc dépasse en hauteur la
taille d'un homme, et c’est un joli spectacle que d’y voir venir se
percher les oiseaux de l'été, ivres de lumière et de chansons…
on appelle encore le bouillon-blanc molène thapsus (c'est son nom
scientifique), bouillon mâle, bouillon ailé, blanc de mai, bonhomme,
herbe à bonhomme, herbe de saint Fiacre ou cierge de Notre-Dame.
Sa taille même en fait un étonnant personnage botanique; mais il
a plus d'une vertu : les médecins grecs, d'Hippocrate à Dioscoride,
avaient déjà découvert ses extraordinaires propriétés adoucissantes.
Les fleurs d'or, et à un moindre degré les vastes feuilles gaufrées de la
plante, ramollissent les tissus et les préparent à la guérison. Les fleurs,
surtout font merveille contre toutes les irritations des voies respira-
toires : elles font partie des fameuses sept fleurs pectorales, avec
la mauve, la guimauve, le pied-de-chat, Îe tussilage, la violette et
le coquelicot. C'est avec raison qu'on les recommande contre les
coups de froid , les angines, les bronchites, les pneumonies, les
congestions pulmonaires et les pleurésies. Mais les vertus adoucis-
santes du bouillon-blanc, qui se doublent d'une action antispasmo-
dique, font encore conseiller I'espèce contre l'asthme, les difficultés
respiratoires, la nervosité, les angoisses, les palpitations, les troubles
du rythme cardiaque, les coliques, les crampes d'estomac et les
névralgies. La décoction de fleurs est utile comme diurétique, aussi
bien que pour provoquer la sueur. on peut aussi user du bouillon-
blanc à l'extérieur, en lavements contre les diarrhées et les infections
de l'intestin, en compresses sur les articulations douloureuses (rhu-
matismes), en pansements sur les ulcères, les plaies, les brûlures et
les hémorroides. La poudre de fleurs et de feuilles séchées exerce
une action favorable sur l'évolution des maladies de la peau; prisée
comme du tabac, elle dégage admirablement les narines en cas de
rhume.
RÉCOLTE :
Les fleurs du bouillon-blanc s'ouvrent les unes après
les autres sur la haute tige qui les porte : il convient de les détacher
au fur et à mesure de leur épanouissement (elles viennent très facile-
ment dans la main), puis de les faire sécher rapidement, enfin de les
conserver à l'abri de la lumière et de l'humidité. Les feuilles doivent
être récoltées en automne, et étalées. Leur action est infiniment
moindre que celle des fleurs.
PRÉ.PARATION ET EMPLOI :
INFUSION
de fleurs : jetez une demi-poignée de fleurs fraîches ou
sèches dans un litre d'eau. Filtrez pour retenir les étamines qui risque-
raient d'irriter les muqueuses. (3 ou 4 tasses par jour,)
DÉCOCTION
de fleurs (et éventuellement de feuilles) pour l'usage
externe (lavements, compresses, pqnsements, etc.) : jetez une bonne
poignée de plante (trois poignées de feuilles) dans un litre d'eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS
de fleurs : comptez une poignée et demie de plante par
litre d'eau.
POUDRE
de fleurs et de feuilles séchées : à étaler sur les zones
de peau malade, ou à « priser » (rhumes).
TEINTURE
de fleurs : dans 1/2 litre d'alcool, faites macérer pendant
une semaine deux poignées de fleurs sèches. (Usage exlerne : contre
Ies rhumatismes ; en frictions sur la poitrine contre les maladies de
l' appareil respiratoire. )
HUILE
de fleurs : dans 1/2 litre d'huile d’olive ou d’amandes
douces, faites macérer pendant une semaine deux poignées de fleurs
sèches. (Mêmes indications que pour la teinture.)
LE BOULEAU
Arbre magique en Inde, arbre magique en Sibérie,
arbre magique encore pour les Indiens d'Amérique, le svelte bouleau
au tronc de satin blanc et à la cime échevelée forme la parure secrète
des forêts humides et des tourbières où le brouillard s'effiloche à
l'aurore... c'est I'arbre de la sagesse (parce que les instituteurs du
Moyen Age en avaient toujours une branche pour punir les cancres),
le boulard, le brel, la biole, le bois à balais, selon la région où vous
habitez. on le reconnaît aisément à son écorce immaculée, parfois
délicieusement teintée de rose ou de vert pâle, et qui se détache en
lanières, laissant voir par places de superbes couronnes couleur
d'anthracite. Ses feuilles ovales et dentées virent à l'or pur en automne.
Au printemps, ses chatons les plus courts (d'abord dressés) portent
des fleurs femelles; ses chatons mâles, jaunâtres et pendants, abandon-
nent au vent follet de véritables nuages de pollen.
Dès le XIe siècle, la grande dame de la médecine par les plantes,
sainte Hildegarde, recommandait les fleurs de bouleau contre les
ulcères et les plaies qui n'en finissent pas de guérir. Le médecin
italien Matthiole, au XVIe siècle, fut le premier à reconnaître les
étonnantes propriétés de I'espèce contre les calculs des reins et de
la vessie : il baptisa le bouleau < arbre néphrétique de l’Europe >.
Mon père n'avait certes pas lu Matthiole lorsqu'il utilisait ce végétal
comme diurétique, exactement dans les mêmes cas de calculs, de
coliques néphrétiques, de rhumatismes, de goutte, d'albuminurie
et de cellulite; les feuilles, les bourgeons, l'écorce, la sève de I'arbre
sont actives, tant absorbées sous forme de tisanes qu'en applications
externes (bains, lotions, compresses). Elles stimulent par ailleurs
la digestion, combattent la grippe, font tomber la f,èvre, désinfectent
les plaies, guérissent la plupart des affections de la peau, protègent
le cuir chevelu (donc ralentissent la chute des cheveux), et donnent
au teint des jeunes filles la couleur de la rose...
RECOLTE :
C'est au printemps, lorsque toute l'énergie du monde
se reconcentre après le sommeil hivernal, qu'il faut demander au
bouleau ses bourgeons, ses feuilles, sa sève, ses chatons et son écorce.
choisissez des bourgeons bien dodus; cueillez les feuilles les plus
tendres; incisez le tronc pour lui faire pleurer des larmes de sève mon-
tante; arrachez les chatons le plus tôt possible, avant que les fleurs
mâles n'aient lâché leur pollen, et avant que les femelles n'aient été
fécondées; détachez l'écorce comme elle se détache naturellement :
par lanières circulaires. on récolte la sève du bouleau en sciant au
printemps une branche de l'arbre. Si elle est de bonne taille, elle peut
fournir 4 à 5 litres de sève par jour.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
diurétique de feuilles : jetez une petite poignée de feuilles
Jraîches dans un litre d'eau. (3 tasses par jour.)
DÉCOCTION
concentrée de bourgeons (diurétique) : jetez quatre
poignées de bourgeons dans un litre d'eau, et faites réduire de moitié.
(2 ou 3 tasses par jour.)
de feuilles et de bourgeons contre la cellulite : jetez
une poignée de mélange dans un litre d'eau. (3 tasses par jour.)
d'écorce contre la fièvre :.jetez une demi-poignée
d'écorce dans un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour. cette préparation
est également active dans les cas de digestions dfficiles.)
BAINS COMPLETS
de bouleau pour maigrir
comptez une demi-poignée de feuilles fraîches par litre d’eau.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :
contre les rhumatismes, la goutte , etc. : jetez 4 à 6 poi-
gnées d'écorce coupée en morceaux dans une cuvette d’eau ; laissez
reposer 1/2 heure; chauffez. (2 fois par jour)
TISANE SPÉCIALE
contre la grippe : jetez 15 pincées de feuilles de bou_
leau et 10 pincées d'un mélange de fleurs de pensée sauvage et de til-
leul dans un litre d'eau. (3 ou 4 tasses par jour.)
COMPRESSES
de feuilles fraîches contre les affections de la peau et
les plaies : à renouveler plusieurs fois par jour.
LOTION
contre Ia chute des cheveux : préparez une décoction
d'écorce; ajoutez-y quelques gouttes de sève fraîche; massez longue-
ment le cuir chevelu.
LABOURDAINE
On n'en finit pas d'apprendre. J'avais déjà derrière moi
des années de pratique phytothérapique, lorsque je reçus un jour la
visite d'un homme affligé d'une constipation tenace; il en était réelle-
ment malade, car depuis des jours il s’ < auto-intoxiquait > dangereu-
sement. Je me préparais à la soigner selon mes méthodes habituelles,
et notamment au fenouil, lorsqu'il me dit avoir entendu, par son grand-
père, que la bourdaine est fort capable de < lâcher le ventre >. Je savais
que cet arbrisseau est précieux pour son écorce; je lui proposai d'essayer
un double traitement, interne et externe, avec des infusions et des bains
de la plante. Il accepta... et il m'écrit encore, après des années, en ne
manquant jamais de me rappeler, sur le mode de la plaisanterie, sa
constipation envolée en deux jours...
La bourdaine, que les botanistes appellent nerprun bourdaine et que
d'autres nomment frangule, bourgène, rhubarbe des paysans, bois
à poudre, bois noir, aune noir, puène ou punajer, est un arbuste fort
commun dans les taillis et les clairières, aux grandes feuilles ovales
qu'on croirait cirées à la face inférieure, et aux petites fleurs jaunâtres
à 5 pétales, qui donnent à I'automne de petites baies rondes' d'abord
rouges puis noirâtres. C'est surtout le célèbre médecin italien Matthiole
qui, au XVIe siècle, en a découvert les vertus.
L'écorce seule du végétal est véritablement active (les baies ne le sont
que très peu) - et encore, pas n'importe quelle écorce : la seconde
écorce, la plus brillante, la plus humide, celle que l'on découvre en
faisant sauter au couteau la première couche brunâtre de tissus végé-
taux. Il faut l'utiliser séchée, car fraîche elle est légèrement toxique'
Je la recommande évidemment en premier lieu contre la constipation,
de quelque nature qu'elle soit (due à des excès alimentaires, à une trop
grosse et trop constante nourriture carnée, ou à un dérèglement géné-
ral de l'appareil digestif). Mais c'est I'ensemble de I'estomac et de
I'intestin que la bourdaine débloque, régularise et remet à neuf; en
cas d'empoisonnement, elle est capable de provoquer des vomisse-
ments salutaires; en cas de paresse digestive, elle stimule les muscles
qui poussent en avant la bouillie alimentaire; elle n'a en outre aucune
action irritante. ce qui permet de la donner même à ceux qui souffrent
d'aigreurs, de ballonnements, d'aérophagie ou d'infections chroniques.
C'est la meilleure plante à indiquer aux femmes enceintes constipées,
car elle les 1ibère sans menacer si peu que ce soit leur santé... et celle
de l'enfant qu'elles portent. A cera, il faut ajouter que la bourdaine
est fort honnêtement vermifuge, qu'elle aide le foie dans son travail,
qu'elle stimule la rate, qu'elle combat les hémorroides et qu'elle fait
disparaître les troubles circulatoires légers. A I'extérieur, elle peut
être utile contre les maladies parasitaires de la peau (abcès, infections,
teigne, gale).
RÉCOLTE :
Allez ramasser votre provision d'écorce de bourdaine
au plein moment de la floraison de l'espèce, de la fin du printemps au
mois d'août. choisissez, pour vos prélèvements, des rameaux de 3 ou
4 ans : ce sont les plus riches en principes actifs. coupez-en de longues
lanières, que vous ferez sécher à I'ombre et dans un courant d’air.
L'écorce que l'on trouve en herboristerie est hélas! souvent falsifiée,
mélangée à de l'écorce de merisier, d'aulne ou de cornouiller.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION :
jetez 5 ou 6 pincées d'écorce hachée dans un litre d’eau.
(2 à 3 tasses par jour, éventuellement dans une tisane composée de
menthe, de fenouil, de sauge ou de guimauve.)
DECOCTION :
jetez 5 ou 6 pincëes d'écorce hachée dans un litre d’eau,
et faites bouillir 1/2 heure; la préparation est plus efficace encore si
vous laissez macérer la plante, après ébullition, pendant une demi-jour-
née. (1 ou 2 tasses le soir.)
pour l'usage externe (compresses, lavements, bains de
siège, etc.) : comptez une demi-poignée d’écorce par litre d,eau.
POUDRE
d'écorce : prenez-en une pincée par jour, dnns du miel,
du lait, etc.
LA BOURRACHE
< La bourrache peut dire, et c'est la vérité :
Je soulage le coeur, j'enfante la gaieté >.
Ces deux vers de l'École de Salerne résument I'usage que les Anciens
faisaient de la plante : ils la disaient propre à chasser la mélancolie.
Mais quelle est-elle, cette gaie luronne?
Des fleurs d'un superbe bleu céleste, au sommet de grosses tiges héris-
sées de poils raides : la bourrache tire son nom du latin burra, étoffe
grossière ; d'aucuns ont cru voir dans < bourrache > une transcrip-
tion de I'arabe abou rash,littéralement « père la sueur » ; cette étymo-
logie est fantaisiste, mais elle a le mérite de faire ressortir les vertus
sudorifiques de la plante.
L'espèce nous vient probablement d'Afrique du Nord, et elle a gagné
toute l'Europe et l'Amérique, tantôt cultivée et tantôt échappée des
jardins. Ses feuilles épaisses et velues la font aussi sûrement reconnaître
que ses fleurs à 5 pétales en étoile d'azùr, et à grosses étamines brun
noir rassemblées en bec d'oiseau.
Au Moyen Age déjà, le Grand Albert la disait génératrice de bon
sang ; dans I'Italie du XVIe siècle, Matthiole la recommandait contre
les défaillances du coeur, pour rafraîchir les fiévreux et pour calmer
leur délire. Mon père, quant à lui, l'appelait la toute-douce , et
c'est bien une délicieuse sensation de douceur qu'elle procure aux
malades frappés de bronchite, de catarrhe, d'infection des membranes
internes (plèvre, péritoine...), de congestion des organes ou de rhuma-
tismes. Je I'ai, pour ma part, utilisée avec le plus de succès en bains de
pieds contre le rhume, et en cataplasmes contre les brûlures et les
crises de goutte.
RECOLTE :
Il est très facile de cultiver la bourrache au jardin - il
lui faut une terre épaisse, bien fumée et bien exposée au soleil. Mettez
les graines en terre en les semant à 1a volée, en automne ou en avril;
éclaircissez quinze jours plus tard : vous aurez rapidement les plus
beaux plants du monde (les besogneuses fourmis, les années suivantes,
se chargeront de propager I'espèce alentour). Cueillez, juste avant
l'épanouissement, soit la plante entière, soit les sommités fleuries, soit
les seules fleurs. Dans les deux premiers cas, faites sécher en petits
bouquets suspendus à un fil. Pour les fleurs seules, si vous voulez en
conserver I'admirable teinte azurée, je vous conseille de les faire sécher
rapidement dans un endroit sec et aéré.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
Dans certoines rëgions, on monge les feuilles de la bourra-
che exaclenrent cotnrne des épinards, et on utilise ses fleurs pour agré-
nlenter les salades. C'est une coulunle qui a toutes mes faveurs.
INFUSION
de plante ou defleurs séckées (sudorifique et calmante) :
jetez une petite poignée de substance dans un litre d'eau; ne laissez
infuser qu'à peine, faute de quoi la tisane perdrait sa belle couleur bleue.
(3 à 4 tasses par jour. )
DECOCTION
adoucissante : mêmes praportions, mêmes doses.
BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :
jetez une demi-poignée de plante fraîche ou sèche par
litre d'eau. ( Deux bains par jour. )
CATAPLASMES :
appliquez, sur les brûlures, un hachis de plante fraîche;
sur les articulations douloureuses des goutteux, qui sont hypersensibles,
ne posez qu'un linge léger, imbibé d'une décoction très concentrée de
fleurs et defeuilles (à la dose de deux poignées par litre d'eau).
SUC
diurétique : exprimez à travers un linge le suc de la plante
soigneusement nettoyée. (Buvez-en un demi-verre par jour, en deux
fois, par exemple dans du lait.)
LA BOURSE A PASTEUR
C'est un nom bizarre que celui de cette modeste cousine
du chou et du colza, que I'on baptise aussi capselle, boursette, bourse
de berger, bourse de capucin, malette ou bourse de Judas... On I'a
compris : le pasteur dont il est ici question n'a rien à voir avec le père
de la microbiologie et du vaccin contre la rage; c'est du simple berger
qu'il s'agit, de celui qui conduit ses ouailles au pré... Mais pourquoi
< bourse > ? A cause de ses fruits, en forme de petits coeurs renversés,
qui font irrésistiblement songer à de petits sacs où précisément à des
bourses, aussi plates que celles des bergers et des moines...
Au Moyen Age, on appelait la bourse à pasteur sanguinaria, parce
qu'on savait déjà qu'elle arrête les saignements comme aucune autre.
Ses capacités antihémorragiques ont été expérimentalement vérifiées
depuis par les pharmaciens. On peut I'employer contre les blessures,
les plaies ouvertes et les crachements de sang; elle est précieuse comme
pansement de première urgence, et les hémophiles ont tout intérêt à
en avoir en permanence sous la main. Mon père, qui n'a certes jamais
lu le moindre manuel de phytothérapie, la donnait contre toutes les
hémorragies, notamment nasales ou utérines. Je la considère comme
souveraine contre les règles trop longues ou trop abondantes. Je la
réserve en particulier aux jeunes filles affiigées de pertes de sang bruta-
les à l'âge de la puberté, et à leurs mères (à la ménopause). Plus d'une
femme me doit ainsi d'avoir recouvré un cycle régulier, c'est-à-dire
l'équilibre, ou d'avoir franchi sans encombre le cap difficile de l'arrêt
déflnitif des règles.
RECOLTE :
La bourse à pasteur, originaire des contrées méditerra-
néennes, a suivi I'homme dans sa conquête du monde; elle aime en
effet les champs cultivés et bien fumés; on la trouve aujourd'hui du
niveau de la mer à plus de 3 000 m d'altitude, sur tous les continents
(seule la Polynésie en manque encore). Il convient de la récolter en
été ou en automne, de préférence lorsqu'une bonne partie des fruits
sont déjà formés, mais qu'il subsiste, au sommet de ia tige, un petit
panache de fleurs non encore fécondées.
PRÉPARATION ET EMPI,OI :
INFUSION
contre toutes les hémorragies : jetez deux poignées de
plante fraîche, ou une poignée de plante sèche, par litre d'eau; laissez
infuser une heure et demie. (4 à 5 tasses par jour : traitement d’attaque
contre les saignements utérins et les règles trop obondantes.)
DÉCOCTION
contre les saignemenîs de nez rëpétës : jetez une petite
poignëe de plante sèche dens un litre d'eau. (3 à 4 tasses par.jour. Une
seule tasse pour les enfants. Il est plus simple, encore,- d'imbiber un
tampon avec la dëcoction, et de le mettre dans le nez.)
SUC
de plante fraîche : exprimez-en un verre, que vous boirez
par toutes petites quantités, d'heure en heure, avec un peu de miel. (Trai-
tement d'attaque contre les hémorragies.) contre les saignements de
nez, vous pouvez également meftre dans les narines quelques gouttes de
SUC.
BAINS DE SIÈGE
pour les femmes qui souffrent de règles trop abondantes :
comptez une poignée de plante sèche ou une poignée et demie de plante
fraîche par litre d'eau.
LA BRUYERE
La bruyère, symbole du souvenir, a été mille fois chan-
tée par les poètes. Victor Hugo a mis sur la tombe de sa fille chérie
< Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur >;
Guillaume Apollinaire a tristement écrit à I'amie disparue :
< Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends >...
Fort heureusement, la bruyère est moins triste quand il s'agit de guérir
les corps plus que les âmes...
Il existe en Europe plus d'une dizaine d'espèces de bruyères, depuis la
très rare bruyère incarnate des Alpes jusqu'à la bruyère arborescente
des contrées méditerranéennes, en passant par la charmante bruyère
cendrée, la mystérieure bruyère des marais, etc. Celle dont je me sers
appartient bien à la même famille des éricacées, mais pas au même
genre : c'est, pour être précis, une callune, la callune vulgaire, dont
les fleurs présentent une toute petite corolle divisée en 4 parties, et
cachée par un grand calice mauve violacé en clochette, lui-même pro-
tégé par un charmant faux calice vert. N'ayez crainte : il s'agit là de
I'espèce la plus abondante; c'est celle qui tapisse amoureusement les
landes granitiques à l'automne.
J'ai reçu un jour la visite d'un homme perclus de rhumatismes, que
rien ne soulageait plus; je I'ai littéralement livré à la bruyère; il en a
pris deux bains par jour pendant trois semaines; et il a guéri... La plante
est en réalité le meilleur des remèdes lorsqu'il s'agit d'éliminer les
excès d'acide urique, soit qu'il y ait mauvais fonctionnement des reins,
soit qu'il y ait calculs, soit même que les articulations se trouvent déjà
prises. Mais outre son action diurétique et dépurative, la bruyère est
efficace dans tous les cas d'infection des voies urinaires (urines lou-
ches, cystites, blennorragies, douleurs, écoulements suspects...).
RÉCOLTE :
Vous trouverez toute la bruyère que vous voudrez au
bord des chemins, à I'orée dès forêts, et dans les étendues sans fin des
landes à I'automne finissant. Cueillez-en les extrémités fleuries lors-
qu'elles ne sont encore qu'en boutons : elles se conservent parfaite-
ment pendant des mois, en petits bouquets pendus au grenier. Vous
pouvez aussi semer les graines de la plante au jardin, dans un terreau
additionné de sable et riche en débris végétaux, qui soit cependant très
léger (mettez les graines en terre au printemps).
PRÉ,PARATION ET EMPLOI :
DECOCTION
contre toutes les infections des voies urinaires, et notam-
ment la cystite : jetez une bonne poignée defleurs dans un litre d'eau;
faites bouillir 5 minutes. (3 tasses par jour.)
INFUSION
diurétique et contre les calculs rénaux : comptez une petite
poignée de bruyère par litre d'eau. ( 2 tasses par jour. )
BAINS
de bruyère contre les rhumatismes : jetez une petite bras-
sée de bruyère dans votre baignoire. (2 fois par jour.)
BAINS DE PIEDS ET DE MAINS
contre les rhumatismes : comptez deux poignées de plante
pour une cuvetle d'eau. (3 fois par jour.)
DÉCOCTION
pour la peau (pour faire pâlir les taches de rousseur,
guérir les dartres, calmer les rougeurs) : comptez 5 pincées de fleurs
pour 1/2 litre d'eau douce.
INFUSION COMPLEXE
pour prëvenir les maladies des voies urinaires et génitales,
et notamment de la prostate : jetez 3 pincëes de fleurs de bruyère, 2 pin-
cées d'écorce de tilleul et 2 pincées de thym dans un grand bol d'eau
bouillente. (Tous les soirs, pendant une semaine.)
LE BUIS
Ce sont des branches de buis que l'on fait bénir le
dimanche des Rameaux.
Tout le monde connaît cet arbuste aux feuilles toujours vertes, qui peu-
ple en vastes colonies enchevêtrées les coteaux secs et les sous-bois
clairs: chaque pied peut atteindre 5 à 6 m de hauteur, et vivre six ou
sept cents ans. Le buis, dont on se sert pour faire de grosses haies
vives, possède un bois très dur, une écorce lisse et grise, des feuilles
ovales, brillantes et coriaces, et de petites fleurs verdâtres. Ses fruits,
en capsules ovoïdes à trois cornes, sont caractéristiques.
C'est un précieux compagnon pour le phytothérapeute, mais c'est
aussi un redoutable individu végétal : une substance (buxine), qu'il
contient dans toutes ses parties, constitue un poison assez dangereux.
N'usez jamais du buis qu'en respectant strictement les doses. Cela dit,
le bois, l'écorce et les feuilles du végétal étaient déjà utilisées au
XIIe siècle, comme elles le sont aujourd'hui, en tant que dépuratifs, pour
activer la sueur et faire tomber la fièvre; je les recommande contre les
accès de paludisme lorsque la quinine n'agit pas bien, et contre toutes
les fièvres rebelles : non seulement ce remède fait disparaître les symp-
tômes (la fièvre elle-même), mais le buis, en épurant le sang, s'attaque
vigoureusement aux causes profondes de la maladie. Il redonne du
tonus au malade, et lui permet de résister victorieusement à I'attaque
des germes infectieux.
RÉCOLTE, :
Coupez le bois, prenez l'écorce et cueillez les feuilles du
buis juste avant la floraison, c'est-à-dire en mars-avril, selon les régions.
Utilisezles immédiatement, ou faites-les sécher à 1'ombre. Ne choi-
sissez, pour votre récolte, que des arbustes ayant poussé loin des villes,
c'est-à-dire loin des sources de pollution de notre univers de fumées
et de poisons en tous genres.
PRÉPARATION ET EMPLOI :
INFUSION
d'écorce, de feuilles et de bois (dépurative) : jetez 5 pin-
cées de plante dans un litre d'eau. (Une tasse par jour, pendànt 3 joirs.)
DECOCTION
(sudorifique et contre les fièvres) d’écorce et de feuilles :
mêmes proportions, mêmes doses.
POUDRE
de feuilles séchées (en cas de très fort accès de fièvre
seulement ) : une petite pincée, avec un peu de miel.
BAINS DE PIEDS ET DE MAINS
de râpure de bois ou de feuilles (dépuratif, sudorifique,
contre Ia fièvre) : comptez une petite poignëe de plante par litre d’eau.
(Je vous recommande tout particulièrement cette recette, parce que ses
effets sont prompts, et parce qu’il n’y a pratiquement pas de danger à se
tromper de doses. )
NOTA :
Si les bains de pieds et de mains n'offrent que des avanta-
ges par contre, les trois préparations précédentes sont dfficilement
supportables par l'estomac. Je vous conseille de n'y avoir recours qu'avec
Ia plus grande prudence, à moins d'être suivi par quelqu'un de compétent.
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