plantes C

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CAMOMILLE

 

 

 

Quand on parle tisanes, le nom de la camomille vient

 

immédiatement à I'esprit : c'est I'une des herbes favorites de nos

 

grands-mères... et nos grands-mères, avec leurs remèdes de bonnes

 

femmes, savaient parfaitement ce qu'elles faisaient.

 

Bien des cousines blanches à coeur d'or de la marguerite ont été affu-

 

blées du nom de camomilles; certaines ont des feuilles à divisions lar-

 

ges, et font en réalité partie du groupe des chrysanthèmes (comme la

 

marguerite elle-même); d'autres arborent un ieuillage plusieurs fois

 

découpé en fines lanières. en superbe dentelle, et appartiennent soit

 

au groupe des matricaires. soit à celui des anthémis. parmi les pre-

 

mières on range la petite camomille ou camomille allemande, et la

 

matricaire américaine; parmi les secondes, on place la camomille des

 

teinturiers, la camomille puante et la camomille romaine. C’est cette

 

dernière que j'utilise essentiellement et que je vous recommande expres-

 

sément de cultiver au jardin : elle est aussi jolie à regarder qu,elle est

 

utile à soigner.

 

 

 

Il s'agit donc d'une anthémis, encore appelée anthemis noble, qui n’a

 

de romain que le nom, puisqu'elle est bien plutôt originaire des envi-

 

rons de Londres. La race sauvage possède des capitules de fleurs jaunes

 

au centre et blanches sur le pourtour; la race cultivée, dite < à fleurs

 

pleines >, est toute blanche. A la fin de la floraison, les < pétales >

 

blancs (qui sont des fleurs au sens botanique du terme) se rabattent

 

en arrière, et la plante se met à ressembler à une petite comète cheve-

 

lue...

 

 

 

 

 

La camomille, je l'ai dit, est l'exemple parfait de ces remèdes de

 

bonne femme que l'on se plaisait à ridiculiser voici encore une

 

quinzaine d'années, et dont la médecine étonnée redécouvre les

 

vertus...

 

 

 

Ma grand-mère Sophie ne manquait jamais de m'en administrer

 

une bonne infusion chaque fois qu'elle soupçonnait que j'avais

 

des vers; je sais maintenant qu'elle la recommandait aux femmes du

 

village dont les règles étaient douloureuses. Mon père la donnait

 

soit en infusion, soit en bains de ventre et en frictions, aux malades

 

atteints de troubles de l'estomac, de crampes, de coliques, de spasmes

 

de l'intestin; il I'employait encore pour hâter la cicatrisation des plaies

 

bénignes, et pour stopper les suppurations. Quant à moi, j'ai expéri-

 

menté ses vertus contre les névralgies faciales et les migraines : à

 

l'heure où l'on dénonce les dangers de l'aspirine et des autres médi-

 

caments chimiques contre la douleur, je me plais à évoquer le cas

 

de cette malade venue un jour me trouver pour une migraine rebelle

 

à tous les produits pharmaceutiques classiques, que son estomac

 

et ses reins faisaient d'ailleurs souffrir d'avoir trop supporté de drogues,

 

et qui fut soulagée en quinze jours de traitement intensif à la camomille...

 

En lotions ou en compresses, la plante apaise efficacement l’ inflamma-

 

tion des paupières. Sachez aussi que les plus belles blondes du Nord

 

entretiennent les reflets d'or de leur chevelure grâce à de bons sham-

 

pooings à la camomille.

 

 

 

RÉCOTTE, :

 

Si vous n'habitez pas une région au climat trop froid,

 

vous pouvez très bien cultiver la camomille dans votre jardin : elle

 

préfère les terres légères et peu argileuses. Semez-la en automne

 

ou au printemps (race à fleurs simples), ou bouturez-la (race à fleurs

 

pleines). Fumez abondamment, et procédez à plusieurs sarclages

 

légers. Vous pouvez aussi, à l'automne, prélever des éclats de souches

 

sur des pieds sauvages, et les repiquer.

 

Récoltez les fleurs, qu'elles soient sauvages ou cultivées, au mois

 

de juin, le matin, par temps sec et après la rosée - faute de quoi

 

elles noirciraient rapidement. Faitesles sécher à I'ombre.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

DECOCTION

 

 

 

vermifuge : jetez une pincée de fleurs sèches dans un

 

litre d'eau. (Une tasse le matin à jeun.)

 

 

 

 

 

INFUSION

 

 

 

complexe vermifuge : jetez une pincée de fleurs dans un

 

litre d'eau chaude ; faites bouillir deux minutes ; laissez reposer une

 

heure; passez ; ajoutez au liquide une cuillerëe de jus de citron, une

 

cuillerée d'huile d'olive et une cuillerée de miel. (A prendre en deux

 

fois. )

 

contre les maux d'estomac et d'intestin, ou contre les

 

règles douloureuses : jetez 5 fleurs sèches par tasse d'eau bouillante.

 

(Une tasse avant le repas de midi.)

 

 

 

DÉCOCTION

 

 

 

à boire (contre les migraines et les névralgies) ou à

 

prendre en bains de ventre (contre les maux d'estomac et d'intestin) :

 

jetez une poignée de fleurs sèches par litre d'eau. Mêmes proportions

 

pour la lotion cicatrisante et antipurulente. Mêmes proportions pour

 

les bains de mains et de pieds.

 

 

 

INFUSION COMPOSÉE

 

 

 

contre les engorgements du foie : jetez 2 pincées de

 

camomille, 2 pincées d'anis vert et 2 pincées de menthe dans un litre

 

d'eau. (Une tasse par jour.)

 

contre les états dépressifs : jetez 2 pincées de camomille,

 

1 pincée de tilleul et 2 pincées de fleurs d'oranger dans un litre d'eau.

 

(2 tasses par j'our.)

 

 

 

DÉCOCTION

 

 

 

pour l'usage externe (contre les inflammations des pau-

 

pières) : comptez 5 fleurs pour une tasse d'eau.

 

 

 

SHAMPOOING

 

 

 

pour éclaircir les cheveux tout en les fortifant : prépa-

 

rez une décoction à 2 poignées de fleurs de camomille par litre d'eau.

 

 

 

NOTA :

 

La camomille seule, en infusion comme en décoction,

 

est un excellent tonique général, que je recommande à tous les conva-

 

lescents. Néanmoins, il faut s'abstenir d'y avoir recours si l'on prend

 

d'autres médicaments à base de noyer, de quinquina, de gélatine et

 

de sels de mercure, d'argent ou de plomb.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CAPUCINE

 

 

 

Elle est originaire des forêts profondes de l'Amérique

 

du Sud; on I'a décrite pour ra première fois au xvre siècle sous le

 

joli nom de < fleur sanguine du pérou >; on l’appelle encore cresson

 

d'Inde ou cresson du Mexique. parce qu,elle est supposée, à juste

 

raison, semble-t-il, exciter res appétits sexuels, on la baptise souvent

 

fleur d'amour... Elle orne tous les jardins de ses grandes feuilles rondes

 

et de ses lumineuses corolles, rouges, orangéei ou jaunes, selon les

 

variétés...

 

 

 

Ies feuilles de la plante se mangent dans la soupe (avec des pommes

 

de terre) : elles ont un délicieux goût poivré. Elles décorent

 

joliment les salades. ses boutons floraux, conservés dans du vinaigre,

 

étaient autrefois considérés comme supérieurs aux câpres. La capucine

 

est une plante active contre le scorbut (fort heureusement devenu

 

rarissime), les embarras des bronches et des poumons, la paresse

 

des reins et les infections de la vessie. Riche en soufre, elle est à recom-

 

mander aux vieillards et aux convalescents, qu'elle revigore généreu-

 

sement. De plus, légèrement laxative, elle assure la bonne progression

 

du bol alimentaire dans I'intestin. Mon père destinait plus particu-

 

lièrement les pieds de capucine qui poussaient au jardin à deux prépa-

 

rations : l'une, en bains de siège, pour régulariser le cycle menstruel

 

des femmes; l'autre, en lotion, pour préserver la tête des hommes

 

de la calvitie : la capucine retient le cheveu , sans doute en raison

 

de sa forte teneur en soufre.

 

 

 

RECOLTE :

 

 

 

Plantez assez de graines de capucine pour satisfaire

 

à la fois votre goût des belles fleurs et vos exigences de bonne santé.

 

citadins, n'oubliez pas que c'est une des rares plantes médicinales

 

que l'on puisse avoir au balcon! La capucine fleurit entre juin et

 

septembre : cueillez les premiers boutons floraux, les premières

 

fleurs juste ouvertes, éventuellement les premières feuilles pour la

 

soupe, et laissez le reste égayer vos regards...

 

Pour les graines, attendez qu'elles soient bien dodues; réservez-en

 

une partie pour vos semis futurs (la capucine est une espèce annuelle),

 

le principal vous servira quand vous n'aurez plus ni fleurs ni boutons

 

floraux pour vos préparations. N'utilisez surtout pas comme médica-

 

ment les graines que I'on vous vend en sachets : elles ont été traitées.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

 

 

(pectorales,diurétiques,excitantes,aphrodisiaques)

 

comptez une petite poignée de boutons floraux, de fleurs ou de graines

 

par litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)

 

 

 

BAINS DE SIÈGE

 

 

 

régulateur des règles : mêmes proportions.

 

 

 

LOTION CAPILLAIRE :

 

 

 

Hachez 2 poignées de fleurs, dc feuilles fîaîches et

 

de semences de capucine avec une dizaine de feuilles d'ortie et trois

 

feuilles de buis ; laites macérer le tout pendant deux semaines dans

 

un litre d'alcool à 90 o ; filtrez et frictionnez vigoureusement le cuir

 

chevelu avec le liquide ainsi obtenu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CAROTTE CULTIVEE

 

 

 

On dit qu'elle rend aimable - et pourquoi pas, puis-

 

qu'il n'y a pas plus aimable qu'un homme en bonne santé... On

 

dit encore qu'elle rend les femmes belles, et qu'elle leur donne de

 

jolies cuisses - des cuisses de nymphe émue ... Les enfants, en

 

général, I'adorent (souvent davantage crue que cuite)... et c'est fort

 

bien, car nulle plante, mieux que la carotte, n'est capable de stopper

 

les vomissements et les diarrhées du nourrisson.

 

 

 

Il est inutile de s'étendre sur la description de ce légume de tous les

 

jardins, à la grosse racine pivotante orange ou jaune, et infiniment

 

variée quant à la forme (longue, courte, élancée, trapue, conique,

 

cylindrique, quasi sphérique, etc.) Plus profitable est l'étude de

 

ses vertus alimentaires et médicinales.

 

 

 

La carotte est riche en sucre (la substance énergétique par excellence,

 

l'aliment essentiel des enfants, des malades et des vieillards) et en

 

vitamines (B, C, D, E,), ce qui la fait recommander dans tous les

 

cas de faiblesse, d'anémie, de manque de forces et, évidemment

 

de maladie par carence en vitamines (scorbut, rachitisme, etc.);

 

il vaut mieux la manger crue (les vitamines résistent mal à la chaleur),

 

et avec sa peau (c'est là que sont contenues les plus grandes quantités

 

de vitamines). Si vous avez de belles carottes sans engrais au jardin,

 

faites comme ma mère : contentez-vous de les frotter à la brosse,

 

et de les laver.

 

 

 

La carotte regorge surtout de carotène - le pigment orange qui lui

 

donne sa teinte, et qui constitue un précurseur de la vitamine A,

 

la vitamine des yeux; non seulement les aviateurs et les marins,

 

qui ont besoin d'une vue parfaite, mais encore tous les automobilistes

 

ont intérêt à faire la plus large consommation de ce légume; les

 

myopes, particulièrement s'il s'agit d'enfants, y trouveront un bon

 

facteur d'amélioration de leurs performances visuelles.

 

Outre cela. la carotte est diurétique, adoucissante et puissamment

 

vermifuge (autre raison pour qu'on la donne en abondance aux

 

petits). On peut toujours y avoir recours lorsque le foie < fait des

 

siennes >. Sa pulpe fraîche peut exercer une action apaisante et cica-

 

trisante sur les ulcères, les brûlures, les eczémas, les plaies, les abcès.

 

Ne jetez pas les fanes de vos carottes : elles sont très riches en sels

 

minéraux. et améliorent notablement la valeur nutritive des soupes.

 

En outre. en déeoction et en bains de bouche, elles exercent une remar-

 

quahle action antiseptique ) contre les aphtes.

 

 

 

 

 

RÉCOLTE :

 

 

 

Toute les variétés de carotte ont les mêmes vertus;

 

mais bien évidemment, il faut se défier de celles qui ont été culti-

 

vées de façon  industrielle (avec force pesticides) et conservées

 

fraîches  jusqu'au marché à coup de conservateurs chimiques...

 

Si vous avez un potager, faites venir vos carottes de la manière la

 

plus naturelle . N'utilisez pas d'insecticides : vous y perdrez peut-

 

être un peu en quantité, mais vous y gagnerez infiniment en qualité

 

et en... santé.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

Je ne m'étendrai pas sur I'aspect culinaire de la question :

 

je rappellerai simplement que la carotte crue (râpée ou croquëe) a

 

plus de vertus que la carotte cuite, Mais celle-ci, en soupe, légèrement

 

salée, est très efficace pour couper les diarrhées des nourrissons : il

 

faut, pendant quelque temps, remplacer complètement le lait des bibe-

 

rons par cette soupe de carotte, et ne revenir que très progressivement

 

à l'alimentation lactée. D'autres préparations sont possibles :

 

 

 

JUS FRAIS

 

 

 

reconstituant, diurétique et vermifuge : buvez-en un à

 

deux verres par jour. Ayec un peu de miel ou un filet de citron, c’est

 

un excellent remède contre les maux de gorge, et, plus généralement,

 

contre la << baisse de forme >>. (La matin, à jeun, ou avant les repas.)

 

 

 

DECOCTION

 

 

 

râpez deux carottes dans un litre d’eau; sucrez au miel.

 

(2 à 3 tasses par jour, avant les repas.)

 

 

 

SIROP :

 

 

 

comptez par exemple un verre de jus frais pour 2 verres

 

d'eau et 4 de sucre en poudre (Un verre à liqueur par jour.)

 

 

 

CATAPLASMES :

 

 

 

contre les ulcères, Ies brûlures, les eczémas, etc. : écrasez

 

le volume nécessaire de pulpe, et disposez-le sous un linge, à même

 

la lésion; renouvelez l'application plusieurs fois dans la journëe.

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

(mêmes indications que les cataplasmes ) : mettez

 

la pulpe fraîche de 3 carottes réduites en bouillie dans un lirre d'eau;

 

délayez. (2 ou 3 fois par .iour.)

 

 

 

LA CAROTTE SAUVAGE

 

 

 

On a longtemps voulu croire que la carotte domestique

 

dérive de la carotte sauvage, la plus commune que I'on puisse trouver

 

dans tous les prés, Daucus carota. Il n'en est rien; les meilleurs sélec-

 

tionneurs de plantes n'ont jamais pu tirer le moindre légume acceptable

 

de la racine âcre, fibreuse et malodorante de celle qui a choisi la

 

liberté... Du moins nous reste-t-il l'herbe médicinale : mais atten-

 

tion aux contrefaçons : la terrible ciguë tachetée, 1a ciguë de Socrate,

 

I'empoisonneuse. n'est pas loin. Il faut être sûr de ce que I'on cueille;

 

ce n'est pas difficile. pourvu qu,on y prête un peu d’attention. La

 

ciguë aquatique, plante d'eau, parfois semi-flottante, ne pousse

 

pas dans les mêmes conditions que la carotte, qui préfère des terrains

 

moins humides. Mais c'est de la grande ciguë tachetée, tout aussi

 

dangereuse, dont il faut se méfier. En effet, elle est beaucoup plus

 

commune et affectionne, tout comme la carotte, les prairies sèches, les

 

terrains vagues et le bord des chemins. Une première différence se

 

décèle en froissant les plantes : la ciguë dégage une odeur désagréa-

 

ble, tandis que la carotte imprègne les doigts d'une bonne odeur.

 

Puis assurez-vous en apprenant à les reconnaître à leur aspect exté-

 

rieur, et par prudence, attendez que la carotte soit bien épanouie.

 

 

 

La carotte sauvage se distingue de toutes les autres plantes de la

 

même famille par ses groupes de petites fleurs blanches réunies en

 

ombelles qui ressemblent à de charmants nids d'oiseaux, avec à la

 

base un réseau de fausses feuilles (bractées) très longues et très dentelées

 

et avec au centre une fleur stérile pourpre-noir légèrement plus grande.

 

En outre ses fruits sont caractéristiques, ovoïdes et hérissés de nom-

 

breux aiguillons courts rangés sur plusieurs côtes saillantes. On la

 

baptise, en France, panais, faux panais, gauviotte, gaviotte, paste-

 

nade ou gironille...

 

 

 

Elle a les mêmes vertus diurétiques et vermifuges que sa cousine

 

des potagers; sa racine est également riche en vitamines; ses feuilles

 

sont toniques, et ses fruits également.

 

 

 

RÉCOTTE, :

 

Cueillez les feuilles de la carotte sauvage, si vous êtes

 

bien sûr de son identité, juste avant la floraison, qui commence

 

en juin-juillet, selon le lieu et I'avancement de la saison ; sinon, attendez

 

que les ombelles soient bien épanouies. Récoltez les fruits en août-

 

septembre, et arrachez la racine à la même époque.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

SUC DE RACINE

 

vermifuge et diurétique :

 

un demi-verre par jour, avec du miel.

 

 

 

DÉCOCTION

 

de feuilles et de graines (vermifuge, diurëtique, tonique) :

 

comptez une petite poignée de mélange par litre d'eau. (2 tasses

 

par jour.)

 

 

 

BAINS

 

de semences (tonique ) : jetez une poignée de graines

 

fraîches ou séchëes par litre d'eau.  (de temps à autre)

 

 

 

 PULPE ÉCRASEE

 

de racines au miel (très riche en vitamines) : 5 à 6

 

cuillerées à ,soupe avant les repas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CASSIS

 

 

 

A côté de votre plate-bande de fraises, n'oubliez pas

 

de planter la haie de cassis qui fera votre jardin joli, et qui remplira

 

vos étagères de confitures délicieuses. Si vous ne deviez posséder

 

qu'un fruit au jardin ce serait le cassis, le plus riche de tous en vita-

 

mine C.

 

C'est le cousin en habit noir du rouge groseillier à grappes et du gro-

 

seillier à maquereau jaune pâle. On I'appelle encore cassissier,

 

cassier, groseillier noir ou cacis. Son nom commun lui vient proba-

 

blement de ce qu'il a été employé comme succédané de la casse (et

 

non pas, comme on a voulu le soutenir, de la ville de Cassis). On

 

le rencontre à l'état sauvage de l'Angleterre à la Chine du Nord;

 

en France, il est spontané dans les forêts de l'Est et du Sud-Est.

 

Chacun connaît I'odeur forte et aromatique de cet arbrisseau haut

 

de 1 à 2 m, aux feuilles garnies à la face inférieure de petites glandes

 

à parfum, et aux fruits noirs d'encre, un peu âcres au goût, et qui

 

mûrissent en juillet-août, quelque trois mois après la floraison rou-

 

geâtre.

 

 

 

C'est un des grands découvreurs de plantes, Peter Forestus, qui,

 

en 1614, a le premier employé les feuilles du végétal contre la rétention

 

d'urine et les calculs de la vessie. Mais c'est surtout l'abbé Bailly

 

de Montaran, un siècle plus tard, au moment où Dijon devenait

 

la capitale du cassis, qui a su déceler les merveilleuses vertus médici-

 

nales de l'espèce. I1 les a décrites dans un petit livre, Les Propriétés

 

admirables du cassis. Mon père n'avait certes pas lu cette brochure.

 

Imaginez ma stupéfaction lorsque j'en ai pris connaissance : l'abbé

 

et lui, à quelques variantes de détail près, disaient exactement la même

 

chose !

 

 

 

Le cassis est astringent, provoque la sueur et se montre merveilleu-

 

sement tonique. Il facilite l'action de tous les organes du système

 

digestif, stoppe les diarrhées chroniques, calme les coliques et les maux

 

d'estomac, lutte efficacement contre les migraines, fait tomber la

 

flèvre et guérit nombre d'infections de la bouche et de I'arrière-

 

bouche (angines, maux de gorge, inflammations des amygdales,

 

gingivites, etc.). Mais, par-dessus tout, c'est un excellent diurétique

 

et un excellent remède contre les rhumatismes. J'ai soigné des dizaines

 

de rhumatisants chroniques rien qu'avec des bains et des infusions

 

de cassis. Les mêmes médications sont propres à rendre l’usage de

 

leurs reins et de leur vessie aux malheureux qui souffrent de rétention

 

d'urine ou de calculs. Régalez-vous de jus de cassis, cru ou cuit :

 

la fatigue, les maux de foie, l'arthrite, les maladies du système uri-

 

naire ne seront pour vous que de mauvais souvenirs. Les feuilles du

 

végétal, frottées sur la plaie, calment en outre merveilleusement le

 

feu des piqûres d'insectes.

 

 

 

RECOLTE, :

 

 

 

Une fois de plus, j'insiste sur la nécessité de prévoir,

 

dans votre jardin, une petite place pour le cassis. De la plante, vous

 

cueillerez évidemment les fruits, avec lesquels vous préparerez de

 

délicieux sirops et d'adorables gelées que vous mangerez frais,

 

avec un peu de sucre ou de miel, etc.

 

outre leur action contre tous les troubles énumérés ci-dessus, ces

 

baies ont encore l'avantage de pourvoir largement l’organisme en

 

vitamines, et d'abord en vitamine C. N'attendez pas la maladie pour

 

en faire de grosses cures. Mais le cassis est également précieux pour

 

ses feuilles et ses fleurs : récoltez ces parties végétales au printemps,

 

juste avant l'épanouissement, et faites-les sécher à I'ombre.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI ,.

 

 

 

Je ne reviens pas sur les sirops, Ies gelées et les liqueurs

 

de cassis, dont vous trouverez d'excellentes recettes dans maints livres

 

de cuisine - et dont, d'ailleurs, chaque ménagère a le secret. Je pré-

 

fère. en de rcls cas,faire confiance au goût, à I'habileté, je dirais même

 

au génie culinaire de la maîtresse de maison. Mais préparez également :

 

 

 

SUC

 

 

 

de fruits ou de fruits et de feuilles fraîches (diurétique

 

et antirhumatismal) : pour une journée, à prendre en 3 fois, exprimez

 

le jus de 400 g de baies et de 4 belles .feuilles.

 

 

 

INFUSION

 

diurétique de feuilles et de fleurs : jetez une poignée de

 

plante par litre d'eau. (3 tasses par iour, dont une à jeun le matin et

 

une le soir au coucher.)

 

 

 

DÉCOCTION

 

de feuilles : jetez une demi-poignée de feuilles fraîches

 

ou une poignëe de feuilles sèches par litre d'eau. (2 tasses par jour,

 

pour régulariser I'action des organes du système digestif')

 

 

 

DÉCOCTION CONCENTRÉE

 

de feuilles (usage externe, contre les ulcères et les

 

plaies, en pansements ) : comptez deux poignées de feuilles sèches

 

par litre d'eau.

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

(diurétiques, antirhumatismaux, contre les migraines) :

 

mêmes proportions que pour la décoction concentrée. (2 bains par jour.)

 

 

 

GARGARISMES

 

Contre toutes les afiections de la bouche et de l’arrière-

 

bouche : préparez une décoction légère de fleurs ou de fruits de cassis

 

secs, à la proportion d'une poignée par litre (de la gelée diluée dans de

 

I'eau chaude fait également effet); plusieurs gargarismes par jour

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CÉLERI

 

 

 

Les vieux dictons ne mentent guère : j'en connais

 

deux sur le céleri qui sont fort véridiques. Le premier suggère que < si

 

femme savait ce que le céleri fait à l'homme, elle irait en chercher

 

de paris à Rome >. Le second s'énonce ainsi : < Si I'homme savait

 

I'effet du céleri, il en remplirait un courtil >.

 

oui! le céleri est l'ami

 

de la virilité. Oui! il est aphrodisiaque. Le philtre d'amour de Tristan

 

en contenait (avec bien d'autres ingrédients, d'ailleurs, dont un

 

testicule de coq blanc, du vin, des écrevisses, des fleurs de mandra-

 

gore, des truffes, du piment. du poivre, du thym et du laurier)

 

A l'état sauvage, c'est I'ache, ou éprault, ou céleri odorant, ou persil

 

des marais, qui pousse dans les lieux humides, et que les abeilles recher-

 

chent tout particulièrement (d'où le premier nom latin de la plante:

 

Apium). Il s'agit d'une herbe de la même famille que la carotte, à

 

feuilles composées de petites dentelures triangulaires, à fleurs blanches

 

ou verdâtres, à grandes tiges creuses (l m) fortement cannelées,

 

à saveur âcre et à odeur assez repoussante... Elle ne croît guère que

 

dans les sols riches en sel, tels les marais littoraux ou les sources salées,

 

et elle est par conséquent très difficile à découvrir. Les Anciens la

 

connaissaient parfaitement : dans l'Iliade d'Homère, il est rapporté

 

qu'Achille s'en servit pour guérir ses superbes chevaux malades.

 

Les médecins grecs, et plus tard, au Moyen Age, la savante sainte

 

Hildegarde, la regardaient comme un remède universel. On en usait

 

comme diurétique, comme fébrifuge, comme amie de I'estomac,

 

comme antiscorbutique, comme stimulant - et évidemment déjà

 

comme aphrodisiaque. Il y a vingt-cinq siècles, le grand Hippocrate,

 

père de la médecine, proclamait ceci, que je tiens pour parfaitement

 

raisonnable : < Pour les nerfs bouleversés, que le céleri soit votre ali-

 

ment et votre remède. > La culture du céleri n'a guère commencé

 

qu'au XVIe siècle; on est d'abord passé de I'ache au céleri creux,

 

qui n'a plus l'odeur repoussante de la variété sauvage, puis on a

 

.inventé le céleri-ravé, avant d'aboutir au céleri à côtes ou céleri

 

en branches.

 

Le céleri domestique a conservé la plupart des vertus de son ancêtre

 

naturel : il aide à la fabrication des urines, et par conséquent je le

 

recommande contre toutes les affections rénales, la goutte,les rhuma-

 

tismes. Il combat les fièvres. Il aide au travail de l'estomac. Il est

 

puissamment apéritif. Il contient des vitamines, et par conséquent

 

requinque les mal-portants, les souffreteux, les perpétuels détraqués,

 

les victimes de notre siècle de pollution galopante... comme stimu-

 

lant général, rien n'est meilleur qu'un jus de céleri mélangé de jus

 

de carotte et de jus de tomate. Le céleri fait également maigrir : à

 

mes clientes coquettes, soucieuses de garder la ligne je conseille de

 

croquer des queues de céleri entre les repas

 

J'en signale encore un usage étonnant que je tiens de ma grand-

 

mère Sophie : l’eau de cuisson du céleri constitue un excellent sham-

 

pooing anti-Pelliculaire...

 

 

 

RÉCOLTE :

 

Ne vous fatiguez pas à chercher I'ache sauvage dans

 

la campagne : elle est trop rare; et même si vous parveniez à en iden-

 

tifier quelques plants, ce serait trop peu pour vos préparations médi-

 

cinales. Achetez-la dans une bonne herboristerie, ou contentez-vous

 

du céleri cultivé (céleri en branches ou céleri-rave), pourvu que vous

 

sachiez d’où il vient (insecticides, pesticides, fongicides : danger!)

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

SUC

 

de feuilles (ache ou céleri en branches) comme diuré-

 

tique : un verre à liqueur par jour ; contre Ia fièvre : un verre ordinaire

 

 

 

INFUSION

 

De feuilles (ache ou céleri en branches) pour l'estomac:

 

Jetez une grosse poignée de feuilles fraîches ou une petite poignée de

 

feuille.s sèches par  litrc d'eau. (2 tasses par jour, après les repas)

 

 

 

DÉCOICTION

 

 

 

de racine (ache ou céleri-rave), comme stimulant

 

jetez une poignée de racine pilée dans un litre d'eau. (2 tasses par.jour.)

 

 

 

BAINS DE MAINS OU DE PIEDS

 

stimulants : comptez 50 g de céleri en branches et de

 

racine de céleri rave (ou d'ache) par litre d'eau. (Une.fois par jour,

 

pendant une semaine.)

 

 

 

SHAMPOOING

 

 

 

au céleri : recueillez l'eau de cuisson du céleri en branches ;

 

laissez-le tiédir ; appliquez-la telle quelle, en prusieurs fois, et rincez

 

soigneusement vos cheveux à la fin du lavage. Le résultat est bien meil-

 

leur si vous mélangez à ce shampooing une décoction de feuilles de

 

bardane et de bouleau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CERFEUIL

 

 

 

On appelle < cerfeuil > plusieurs espèces de plantes

 

de la même famille que la carotte et le persil, dont certaines, parmi

 

les sauvages, sont très toxiques; c'est pourquoi je vous conseille de

 

n'utiliser, dans vos préparations, que le cerfeuil cultivé, ou cerfeuil

 

des jardins, ou cerfeuil officinal. Il s'agit d'une herbe annuelle de

 

25 à 60 cm de hauteur, à feuilles claires très découpées, à petites fleurs

 

blanches, à fruits grêles (noirs à maturité), qui dégage une bonne

 

odeur caractéristique, et qui est désormais plantée dans le monde

 

entier. Elle ressemble beaucoup au persil.

 

 

 

Les vertus médicinales du cerfeuil résident essentiellement dans son

 

principe odorant, qui est rapidement détruit par la chaleur : c'est

 

donc une plante à ne pas faire cuire, ni même bouillir. Les Anciens

 

l'utilisaient contre les maladies des yeux, et j'ai pu vérifrer sur ce point

 

leur science. Mais ils pensaient également que ses feuilles guérissaient

 

le cancer. et c'est évidemment faux. Mon père en faisait la base d’une

 

espèce de < cure de printemps > destinée à purger I'organisme des

 

toxines accumulées pendant la mauvaise saison : il recommandait

 

cette cure à tout le monde. il la préconisait surtout à ces gros fabri-

 

cants de toxines que sont les constipés, les rhumatisants, les goutteux,

 

les hydropisiques, les malades du foie et les malades de la peau.

 

 

 

RÉCOLTE :

 

 

 

Le cerfeuil constitue I'essentiel de ce que l'on vend

 

pour la cuisine sous le nom de fines herbes :vous n'aurez donc

 

aucune peine à vous en procurer sur les marchés, au printemps (mai-

 

juin), lorsque l'espèce fleurit. Achetez-le dans une bonne herboris-

 

terie si vous n'avez pas confiance dans la pureté < biologique > de ce

 

que vous livre votre marchand. Mais, je vous le répète, n'essayez

 

pas de récolter dans la nature les espèces sauvages du genre; à moins

 

que vous ne soyez botaniste vous-même, vous risquez de vous trom-

 

per et d'empoisonner votre famille.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

JUS FRAIS

 

 

 

pour cure de printemps : un verre par jour, dans du

 

lait ,çi vous supportez ce liquide.

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

pour cure de printemps  : jetez une poignée de cerfeuil

 

frais dans un lirre d'eau à peine chaude.

 

 

 

 

 

INFUSION :

 

 

 

jetez une poignée de feuilles fraîches. ou une demi-

 

poignée de feuilles sèches, dans un litre d'eau; ne laissez surtout pas

 

bouillir. (2 à 3 tasses par.jour comme dépuratif, diurétique, pour soi-

 

gner le foie et régulariser les règles.)

 

 

 

DÉCOCTION :

 

 

 

mêmes proportions ; à la première ébullition, retirez

 

du feu. (2 à 3 tasses par jour.) Cette décoction peut également avoir

 

les meilleurs effets, en applications externes, contre les maladies de

 

la peau.

 

 

 

PRÉPARATION COMPOSÉE

 

 

 

contre les coliques hépatiques : mélangez en proportions

 

égales du jus de cerfeuil, du jus de chicorée sauvage, du jus de laitue

 

et du jus de pissenlit. Buvez-en un petit verre chaque matin.

 

 

 

 

 

 

 

LE CERISIER

 

 

 

Si le premier arbre de votre verger est un pommier

 

que le second soit un cerisier. Vous ferez au printemps une merveilleuse

 

cure de cerises fraîches : que vous soyez malade ou en bonne santé

 

ce sera pour votre plus grand bien.

 

Pour les botanistes, les cerisiers aux grappes vermeilles, les merveilleux

 

cerisiers porteurs de fruits pareils aux lèvres des jeunes filles, sont tout

 

simplement des pruniers : ils appartiennent au genre Prunus!... Triste

 

sort pour un arbre qui donne à Flore ses pendants d'oreilles, et à

 

I'automne la plus rouge des parures...

 

Un peu de rigueur, pourtant, est nécessaire lorsqu'il s'agit des plantes

 

qui guérissent. Je diviserai la tribu des cerisiers en deux grands groupes

 

I'un caractérisé par ses fleurs et ses fruits en longues grappes (merisier

 

à grappes ou putiet, laurier-cerise), I'autre bien caractéristique à cause

 

de ses fleurs et de ses fruits disposés en éventails (cerisier des oiseaux,

 

griottier). Des deux premiers arbres, je ne discuterai pas ici, bien qu'il

 

s'agisse d'espèces médicinales, car ils sont (tout entiers ou dans

 

certaines de leurs parties) éminemment toxiques. Du cerisier des

 

oiseaux et du griottier, par contre, on peut espérer sans risque tous les

 

bénéfices.

 

 

 

Le cerisier des oiseaux, c'est-à-dire le merisier vrai dans sa forme sau-

 

vage, a donné en culture des variétés aussi délicieuses que la guigne

 

et le bigarreau. c'est probablement en Asie Mineure que les premières

 

sélections ont été faites; le célèbre gastronome Lucullus en a introduit

 

la mode dans le monde latin; aujourd'hui I'univers s'en régale.

 

Du point de vue alimentaire, la cerise est riche en sucres bien assimi-

 

lables (lévulose), sans danger pour les diabétiques; elle contient aussi

 

du carotène, c'est-à-dire le précurseur de la vitamine A, l'ami des yeux,

 

qui donne au fruit sa belle couleur vermillon. Du point de vue médi-

 

cinal, la cerise est avant tout diurétique - et plus encore sa queue

 

(qui ne connaît pas, au moins de réputation, la tisane de queues

 

de cerises?).

 

 

 

Le griottier, encore dit cerise aigre, gobet, amarelle ou cerisier de

 

Montmorency, se distingue du précédent par sa taille plus petite

 

et surtout par ses fruits acides, plus charnus, rouge clair, à queues

 

assez courtes. Il est originaire de la Perse et du Kurdistan, et natu-

 

ralisé aujourd'hui dans toutes les contrées tempérées de l'hémi-

 

sphère Nord. on l'utilise en médecine naturelle contre les fièvres

 

(écorce), contre les bronchites, et comme diurétique (les < queues >

 

de ses fruits sont plus actives encore que celles du cerisier des oiseaux).

 

 

 

RECOLTE  :

 

Les cerises mûrissent de mai à juillet, les merises sau-

 

vages jusqu'en août en montagne. Pour vos préparations médicinales,

 

n'utilisez que des fruits dont vous êtes sûr qu'ils n'ont subi aucune

 

aspersion de produits insecticides - sinon ce sont ces produits-là

 

que vous buvez dans vos tisanes.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

TISANE DE QUEUES DE CERISES :

 

lorsque les queues ont été bien séchées à l'ombre (elles

 

se conserrent plusieurs mois ), elles sont prêtes ; faites-les ramollir

 

une journée dans de l'eau; hachez-les au besoin; comptez-en une petite

 

poignée par litre d'eau. (3 à 4 tasses par jour.)

 

 

 

AUTRE RECETTE :

 

lorsque votre décoction de queues de cerises est préparée,

 

au lieu de la boire telle quelle, versez-la sur des cerises fraîches ou

 

séchées ; laissez reposer 1/2 heure ; passez. (Mêmes doses.)

 

 

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS

 

de queues de cerises : comptez-en une petite poignée

 

par litre d'eau. Deux fois par .jour).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CHARDON

 

 

 

C'est aux ânes que les ânes réservent le chardon : ils

 

feraient mieux, pour leur santé, de l'utiliser plus souvent. On pourrait

 

dire la même chose d'une autre façon : les ânes, qui aiment le chardon,

 

manifestent plus de bon seps que les humains qui le dédaignent.

 

La morale de I'histoire est la suivante : qui fait conliance aux plantes

 

pour se conserver en forme, a tout intérêt à écouter les leçons des

 

plus humbles bêtes !

 

En vérité. on appelle < chardons > des dizaines d'espèces différentes

 

de composées. et même d'autres familles botaniques (ainsi le chardon

 

bleu et le chardon roland sont des panicauts, c'est-à-dire des cousins

 

de la carotte et de la berce). Dans la famille des composées, le chardon

 

étoilé (ou chardon chausse-trape) est une centaurée, le chardon à

 

foulon une cardère, et le chardon aux ânes un onopordon. Les char-

 

dons proprement dits groupent encore deux genres, et au total

 

plus d'une quarantaine d'espèces (chardon crépu, chardon penché,

 

cirse des champs, cirse très épineux, cirse féroce, cirse laineux, etc.).

 

Ces chardons-là sont tous fébrifuges, diurétiques et apéritifs.

 

Mais les deux trésors végétaux dont j'ai I'intention de vous entre-

 

tenir ici appartiennent encore à deux autres genres : il s'agit d'un

 

cnicaut, le chardon bénit (ou béni), et d'un silybe, le chardon-Marie.

 

Le premier, encore baptisé cnicaut bénit, safran sauvage, centaurée

 

bénie ou centaurée sudorifique, était regardé au xvre siècle comme

 

une véritable panacée, comme un remède universel. C'est une plante

 

désormais naturalisée sur la majeure partie du globe, que I'on cultive

 

à des fins ornementales, et qui pousse spontanément dans tous les

 

terrains secs ou sablonneux des contrées méditerranéennes. L'espèce

 

se distingue par ses feuilles presque molles et à peine piquantes, très

 

larges, irrégulièrement dentées, et faisant irrésistiblement songer à

 

quelque pièce de tissu déchirée. Ses petits capitules de fleurs jaunes se

 

perdent dans un fouillis de feuillage en candélabre. Le chardon bénit

 

n'atteint guère plus de 40 à 50 cm de hauteur; il est annuel et fleurit

 

entre avril et août.

 

 

 

C'est, comme tous les chardons, un excellent remède contre la fièvre,

 

un diurétique efficace et un ami du système digestif (apéritif et propre

 

à soigner les troubles de l'estomac). Mais il ajoute à ces vertus celle

 

d'être vermifuge et d'arrêter les hémorragies. On le recommande

 

souvent, en bains de siège, contre les hémorroïdes, et j'ai vérifié

 

plus d'une fois la justesse de ce conseil. A l'extérieut, encore, il se

 

révèle un bon nettoyant des plaies (coupures, ulcères, etc.), et un

 

cicatrisant précieux. A I'intérieur, outre les propriétés déjà citées,

 

il se comporte comme un puissant tonique - encore convient-il

 

de n'en pas abuser, car à fortes doses il provoque des vomissements

 

(on le recommandera, pour cette action, dans tous les cas d'empoi-

 

sonnements, afin de vider l'estomac du malheureux intoxiqué).

 

 

 

 

 

CHARDON MARIE

 

 

 

Le chardon-Marie, ou silybe, ou épine blanche, ou chardon argenté,

 

ou chardon marbré, ou artichaut sauvage, ou encore chardon de

 

Notre-Dame. possède des feuilles caractéristiques, marbrées de

 

blanc (on disait jadis de ces marbrures que c'étaient des gouttes de

 

lait de la vierge...). Ses épines très acérées sont jaunâtres, et ses capitules

 

de fleurs rouges. L'espèce, bisannuelle, atteint 1,50 m de hauteur,

 

et fleurit de juin à août. Elle est assez fréquente dans les rocailles

 

et les terrains incultes de la région méditerranéenne, maiç elle a été

 

naturalisée jusqu'en Angleterre et en Amérique.

 

 

 

Toute la plante (racines, feuilles et fleurs), se révèle merveilleusement

 

tonique, apéritive et fébrifuge; elle est surtout efficace dâns les cas

 

de constipation chronique et de maladie de foie (jaunisse, calculs

 

biliaires, hépatites, etc.). Cependant, elle a plus de vertus encore

 

lorsqu'il s'agit de soigner les affections de I'appareil circulatoire :

 

elle est hémostatique (utilisez-la contre les saignements de nez, les

 

coupures, les règles trop abondantes) et tonifie les vaisseaux. La

 

plupart des troubles dus à des déficiences passagères du système

 

circulatoire et du cceur en sont justiciables : migraines, vertiges,

 

hypotension, manque de ressort... Enfin, le chardon-Marie,

 

comme j'ai eu l'occasion de l'expérimenter mille fois, a les meilleurs

 

effets contre les allergies de toutes sortes; le mal de mer, d'avion

 

ou de voiture, le rhume des foins, les crises d'urticaire et d'asthme ne

 

lui résistent pas longtemps.

 

 

 

RÉCOLTE :

 

 

 

Du chardon bénit, récoltez les feuilles en mai, et les

 

graines en août-septembre. Du chardon-Marie, cueillez les feuilles

 

ou les capitules en juin, anachez les racines et ramassez les graines

 

au début de l'automne.

 

 

 

PREPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

1)      CHARDON BENIT

 

 

 

INFUSION OU DÉCOCTION

 

de feuilles (tonique, apéritive, diurétique et contre les

 

fièvres ) : comptez une poignée de feuilles fraîches - une demi-poignée

 

de feuilles sèches - par litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour, avant les

 

repus. )

 

 

 

TEINTURE

 

(mêmes indications ) : mélangez une partie de feuilles

 

sèches pilées à une partie d'alcool et 8 parTies d'eau. ((In verre à liqueur

 

avant Ie déjeuner.)

 

 

 

DÉCOCTION

 

de feuilles (usage externe, contre les hémorragies,

 

pour nettoyer les plaies, etc.) : comptez une grosse poignée de feuilles

 

fraîches ou sèches par litre d'eau.

 

 

 

BAINS DE SIÈGE

 

contre les hémorroîdes : mêmes proportions. ( Deux

 

bains par jour.)

 

 

 

2)      CHARDON-MARTE :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

de feuilles. de racines pilées ou de fruits (tonique, apéri-

 

tive, contre les fièvres, Ies maladies de foie et les troubles circula-

 

toires) : jetez une feuille, une petite racine ou 3 pincées de fruits dans

 

un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)

 

 

 

DÉCOCTION

 

de feuilles (usage externe, contre les infections, pour

 

hâter Ia cicatrisation des plaies, des ulcères, etc.) : comptez 10 à 20

 

pincées de feuilles fraîches ou sèches par litre d'eau.

 

de semences (anti-allergique) : jetez 2 à 3 pincées de

 

semences dans un litre d'eau. (Une cuillerée à soupe toutes les heures,

 

pendant 5 ou 6 heures.)

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

contre les migraines, les vertiges, les tensions trop basses :

 

jetez 10 pincées de feuilles sèches ou de graines par litre d'eau.

 

 

 

TISANE

 

contre le mal de mer et le mal des voyages en général :

 

faites infuser une feuille, une pincée de graines et un petit fragment

 

de racine dans un litre d'eau; ajoutez-y du miel. (Une tasse avant le

 

voyage. )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CHATAIGNIER

 

 

 

ll est des régions entières oir les paysans, il n'y a pas

 

si longtemps, vivaient pendant des mois de châtaignes : ils allaient

 

les ramasser à l'automne, dans de grands paniers d'osier, et ils les

 

faisaient cuire sous la cendre chaude. C'était un délice... et un aliment

 

relativement riche. Aujourd'hui, hélas! on semble oublier de plus

 

en plus tous ces aliments naturels : j'aimerais simplement contribuer

 

à les remettre à la mode.

 

 

 

Inutile de présenter longuement le châtaignier, ce superbe cousin

 

du chêne et du hêtre, qui honore toutes les forêts des régions siliceuses

 

de ses grandes feuilles- dentées, et qui parsème les sentiers fauves

 

en,automne de ses bogues piquantes, au coeur desquelles se cachent

 

une ou deux châtaignes couleur d'acajou... Les marrons du châ-

 

taignier, qu'il faut se garder de confondre avec ceux, toxiques, du

 

marronnier d'Inde de nos villes, sont riches en amidon, en graisses,

 

et surtout en vitamines B et C, qui se conservent parfaitement à la

 

cuisson grâce à l' écorce épaisse dont les fruits sont munis. Ils

 

conviennent admirablement à tous les organismes affaiblis, aux enfants,

 

aux convalescents, aux vieillards. Et c'estun véritable régal que de les

 

cuire sous la cheminée...

 

 

 

On peut encore, en phytothérapie, utiliser du châtaignier ses chatons,

 

son bois et son écorce. Les premiers sont efficaces contre les diarrhées

 

(celles de I'homme comme celles du bétail). Le bois pilé et l'écorce

 

du tronc ou des rameaux manifestent d'indéniables propriétés astrin-

 

gentes : ils resserrent les vaisseaux sanguins superficiels, arrêtent les

 

hémorragies, et hâtent la cicatrisation des plaies.

 

 

 

RECOLTE :

 

Cueillez les chatons de I'arbre au printemps, lorsqu'ils

 

viennent juste de débourrer; faites-les sécher à I'ombre. Le bois et

 

l'écorce peuvent être avantageusement tirés des rameaux - récoltés

 

au printerirps, à la montée de la sève. Les bogues (parties vertes et

 

épineuses des fruits) les remplacent parfaitement à I'automne.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

BAINS DE SIÈCE

 

 

 

de chatons (contre Ia diarrhée) : comptez deux poi-

 

gnées de chatons frais ou secs par litre d'eau. (2 bains par jour.)

 

 

 

DÉC0CTION

 

 

 

de chatons (conte la diarrhée) : jetez une petite poignée

 

de chatons secs dans un litre d'eau froide; faites bouillir 2 minutes.

 

(2 à 3 tasses par jour.)

 

de bois et d'écorce (astringente) : jetez une poignée

 

de mélange pilé dans un litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

de bois et d'écorce astringente (usage externe, sur les

 

plaies, les contusions, etc., ou. en bains de mains et de pieds) : comptez

 

deux poignées de matière par litre d'eau.

 

 

 

NOTA :

 

 

 

Dans certaines régions, on emploie les feuilles du châ-

 

taignier contre la coqueluche et la toux. J'ai vérifié le bien-fondé de

 

cette pratique. Comptez une poignée de feuilles fraîches (cueillies en

 

été ou une denti-poignée de feuilles sèches par litre d'eau ; faites infuser

 

doucement; administrez Ia tisane soit oralement (3 tasses par jour),

 

soit en gargarismes. soit encore en bains de gorge très chauds.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CHELIDOINE

 

 

 

Plante-fée pour mon père, la chélidoine est devenue

 

depuis lors mon herbe fétiche.

 

Elle fait, si I'on en croit la légende, pleurer l'homme qui va mourir

 

et chanter celui qui va guérir. Certes, elle n'est pas très belle; certes,

 

elle ne paie guère de mine. On peut lui trouver un petit air maladif,

 

et la croire impuissante...

 

Mais regardez-la, cette fausse faible, coloniser activement les murs

 

et le bord des chemins : elle résiste où les autres meurent. C'est de

 

la véritable dynamite végétale. Elle vient au pied même des maisons

 

des villages étaler ses feuilles lobées qu'on jurerait volées au grand

 

chêne, et épanouir de mai à juillet ses fleurs jaunes à 4 pétales. Dirait-on,

 

à la voir si familière, qu'elle recèle autant de vertus? Est-ce au lait

 

jaune orange, qui pleure de sa tige lorsqu'on la casse, qu'elle doit

 

tant d'énergie? Attention, c'est une traîtresse, et il ne faut surtout

 

pas en manger; regardez les animaux de la ferme : jamais ils n'y

 

touchent, et ils détournent la tête quand ils l'aperçoivent. Il s'agit

 

en tout cas d'une cousine du redoutable pavot faiseur d'opium -

 

et du gentil coquelicot (famille des papavéracées). On I'a baptisée

 

de mille noms poétiques : éclaire, grande éclaire, sologne, felougne,

 

felonque, herbe aux verrues, herbe aux boucs, herbe de sainte Claire,

 

ou herbe aux hirondelles. Les alchimistes l'utilisaient dans leur

 

recherche de la pierre philosophale, et la nommaient coeli donum,

 

< don du ciel >. Parmi eux, Paracelse y voyait, conformément à sa

 

médecine des signatures, une plante < saigneuse >, c'est-à-dire

 

propre à soigner les troubles circulatoires, et une herbe < jaune >,

 

c'est-à-dire capable de guérir la jaunisse et les maladies du foie.

 

Albert le Grand disait que si quelqu'un la porte avec le coeur d'une

 

taupe, il sera au-dessus de ses ennemis et se tirera de ses procès !

 

C'est dire jusqu'où allait le culte de la chélidoine!

 

C'est mon père qui me I'a fait découvrir; il disait que c'était la meilleure

 

ou la plus cruelle de toutes les herbes; il ne la nommait qu'herbe

 

aux hirondelles, et il m'a montré un jour comment ces oiseaux en

 

apportent une goutte de suc à leurs petits au nid, pour les prémunir

 

contre la cécité. Plus tard seulement, j'ai appris qlue khélidôn, en grec,

 

signifie justement hirondelle ; et j'ai jugé, dans une espèce de

 

ravissement, comment I'expérience d'une vie d'un paysan du Gers

 

peut rejoindre le savoir millénaire d'un peuple de très haute civilisa-

 

tion...

 

 

 

Comme les meilleures amies végétales de l'homme, la chélidoine,

 

à fortes doses, peut devenir dangereusement toxique. Bien qu'on

 

puisse boire la tisane de cette plante à doses homéopathiques, c'est-à-

 

dire très faibles, je la préconise uniquement en usage externe, pour

 

lequel ses propriétés sont déjà innombrables.

 

La chélidoine est diurétique et purgative : à recommander donc

 

aux rhumatisants, aux goutteux, aux victimes de coliques néphré-

 

tiques. Elle est spécifique du foie : la jaunisse, les inflammations de

 

cet organe capital (l'< usine chimique du corps >), les engorgements

 

de la vésicule biliaire en sont justiciables. Elle est calmante, elle fait

 

dormir et elle lutte contre les spasmes des organes : je la conseille

 

à tous ceux qui dorment mal, aux angoissés, aux asthmatiques, aux

 

hypernerveux, aux bronchiteux chroniques, à ceux qui souffrent

 

d'allergies graves, aux malheureux que l'artériosclérose menace,

 

enfin aux candidats à I'angine de poitrine. Le Russe Dénissenko

 

a même prétendu qu'elle guérit certains cancers : personnellement,

 

je ne le crois pas; mais, du moins atténue-t-elle les lancinantes dou-

 

leurs que le mal occasionne... L'action de la chélidoine apparaît

 

tout aussi spectaculaire dans d'autres domaines; elle soigne les ophtal-

 

mies chroniques, et de façon générale les affections des yeux (souvenez-

 

vous des hirondelles); elle efface des dartres, combat la teigne, fait

 

littéralement fondre les verrues, les durillons et les cors, et hâte la

 

cicatrisation des ulcères. En compresses sur I'estomac ou le ventre,

 

c'est le meilleur des vermifuges. En bains de pieds, elle régularise

 

le cycle des femmes, et fait réapparaître les règles anormalement

 

interrompues... J'en mets en outre dans beaucoup de mes préparations,

 

dans lesquelles elle se comporte comme un merveilleux < faire-valoir >

 

des autres plantes.

 

 

 

RECOLTE :

 

 

 

J'ai planté quelques pieds de chélidoine chez moi,

 

près d'un hangar, dans la pierraille qu'elle aime : je vous engage à

 

en faire autant. C'est le meilleur des < placements-santé >... et il ne

 

vous coûte rien.

 

 

 

Vous pouvez cueillir la chélidoine pendant une bonne partie de la

 

belle saison : choisissez de préférence des plants qui sont juste au

 

début de leur floraison. Tout est actif, dans cette herbe : tige, fleurs,

 

feuilles. fruits. et surtout racines : déterrez le végétal avec précaution,

 

de façon qu'il ne se brise pas, ce qui entraînerait l'écoulement

 

du précieux jus orangé. où se concentrent la majeure partie des vertus

 

de l'espèce. Les racines doivent être tendres à l'ongle, et jamais

 

totalement cassantes, les fleurs ne doivent pas avoir perdu leur par-

 

fum. Faites sécher votre récolte à I'ombre. N'utilisez, de la chéli-

 

doine fraîche, que son suc, que vous pouvez très facilement exprimer

 

à la main; ledit suc se conserve en outre fort bien :mis à l'abri de

 

l'humidité dans un flacon de verte, il se solidifie, devient brunâtre,

 

et se redissout, quoique avec difficulté. dans 1'eau tiède.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

La chélidoine étant un poison violent, je vous recommande

 

de ne l'utiliser qu'à l'extérieur. Mais même dans ce cas, il faut absolu-

 

ment respecter les doses prescrites.

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

de feuilles (pour l'usage externe, en compresses, lotions,

 

jetez une demi-poignée de feuilles sèches dans un litre d'eau.

 

etc. )

 

 

 

DECOCTION

 

de racines sèches : comptez 3 racines par litre d'eau.

 

(Usage externe : bains locaux, frictions...)

 

 

 

SUC FRAIS :

 

c'est le << lait >> jaune de la plante ; ajoutez-en 1 cuillerée

 

à café à une infusion de tilleul ou de bourrache. (Usage externe : en appli-

 

cations, 3 ou 4 fois par jour, sur les verrues, les cors, les durillons, en pre-

 

nant le précaution de protéger les parties de peau saine voisines.)

 

 

 

MÉLANGE

 

dépuratif et vermifuge : dans un jaune d'oeuf, avec un

 

peu d'eau et de sucre, mettez 1 cuillerée à café de suc frais, et brassez

 

jusqu'à obtenir un liquide homogène. (Usage externe : en onguent,

 

sur le ventre, matin et soir.)

 

 

 

VIN

 

de chélidoine, dépuratif et calmant : faites macérer

 

pendant 12 heures 3 racines sèches dans un litre de bon vin blanc doux.

 

(Usage externe : en massages et en frictions.)

 

 

 

DOUCHES VAGINALES

 

contre les irrégularités du cycle menstruel, la stérilité,

 

la frigidité, les métriles : mêmes doses que pour la préparation précédente.

 

 

 

 

 

COLLYRE

 

contre les affections des yeux : comptez 2 cuillerées

 

à café de suc frais ou 1 cuillerée à café de suc desséché pour un verre

 

d'eau ou d'eau de rose.

 

 

 

MIXTURE

 

 

 

contre les verrues et les cors : badigeonnez ces disgra-

 

cieuses ou douloureuses expensions cutanées avec un verre d'eau,

 

où vous aurez fait baigner une petite feuille de chélidoine (ainsi que

 

deux feuilles de bourdaine et quelques fleurs d'épervière, de fumeterre,

 

de plantain et d'eupatoire).

 

 

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS :

 

 

 

jetez une petite poignée de feuilles et de tiges sèches

 

par litre d'eau. (Deux fois par jour.)

 

 

 

Je fais, en bains de pieds et de mains, intervenir la chélidoine (feuilles

 

et tiges) dans le traitement des allergies, de l'arthrite, de l’artério-

 

sclérose, de l'infarctus, de la cellulite, de l'urticaire, des douleurs d'es-

 

tomac, des affections du foie, et enfin des rhumatismes. En ce qui con-

 

cerne le traitement de l'acné, des dartres, de l'eczéma, de l’herpès,

 

de l'hypertension, des migraines, des névralgies faciales, de la sciatique,

 

de l'urémie ou des maladies de Ia prostate,je n'utilise que res feuilles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CHENE

 

 

 

< Auprès de mon chêne, je vivais heureux... >

 

 

 

J’aime plus qu'aucune autre cette chanson de Brassens. Elle exprime pour

 

moi toute la nostalgie du monde, le regret des temps bénis où I'homme

 

et les plantes savaient vivre ensemble - où les arbres étaient aux yeux

 

de tous des êtres vivants, un peu magiques, fréquentés par les lutins

 

et les fées... Ils ne sont plus désormais que du bois que I'on vend.

 

< Mais qui donc vous a dit qu'y a pas de chêne au paradis? >

 

Le roi de la forêt. le chêne des druides, l'arbre sacré de nos ancêtres

 

les Gaulois. sous lequel Saint Louis rendait la justice à vincennes et

 

que La Fontaine eut la malencontreuse idée de ridiculiser dans une

 

fable, ne pouvait pas manquer de posséder les meilleures vertus médi-

 

cinales. En vérité. chacun sait qu'il existe plusieurs espèces de ce végé-

 

tal, les unes à feuilles caduques. comme le chêne rouvre et les types

 

proches (chêne chevelu, chêne pédonculé, chêne à fleurs sessiles, chêne

 

pubescent, chêne tauzin), et les autres à feuilles persistantes, comme le

 

chêne vert ou yeuse (l'arbre type des garrigues odorantes), le chêne-liège

 

et le chêne-kermès. Je renonce à donner tous les noms vulgaires dont

 

on a affublé chacun de ces porteurs de glands : ils se comptent par

 

dizaines. Je renonce aussi à en indiquer la distribution géographique

 

exacte. il suffit de savoir que tous les chênes ont grosso modo le même

 

éventail de propriétés thérapeutiques, et que le lecteur, où qu'il se

 

trouve, peut aller en cueillir les différentes parties médicinales dans

 

la forêt proche...

 

 

 

Les chênes, par leur richesse en tanins, sont essentiellement aptes à

 

arrêter le sang et à resserrer les tissus trop agressés par les traumatismes

 

ou les infections : je les recommande, par voie interne (avec plus de

 

prudence) ou externe (avec plus de libéralité dans les doses), dans tous

 

les cas d'hémorragies (saignements de nez, coupures, etc.), d'ulcères,

 

de crachements de sang, d'urines teintées de rouge, de pertes blan-

 

ches, de règles surabondantes, d'hémorroïdes, d'incontinence d'urine,

 

de diarrhées, de varices, d'eczémas, de saignements de gencives, etc.

 

Fiez-vous au chêne! Fiez-vous à sa puissance! Un peu de chêne, et

 

voilà un pansement remarquable. Quelques feuilles de cet arbre, et

 

mille ennuis disparaissent. Je me souviens d'un homme âgé, que son

 

incontinence d'urine affligeait particulièrement car il avait encore une

 

vie sociale très active : le chêne I'a délivré de ses ennuis. Mais ce sont

 

surtout les femmes qul y trouveront I'antidote à beaucoup de leurs

 

petits malheurs.

 

 

 

RÉCOLTE :

 

 

 

Du chêne, vous utiliserez premièrement les feuilles, que

 

vous ramasserez en été, et que vous ferez sécher à I'ombre pour la

 

mauvaise saison. Vous emploierez deuxièmement l’écorce, que vous

 

arracherez du tronc en automne ou des jeunes rameaux au printemps.

 

vous vous servirez troisièmement des glands, que vous cueillerez bien

 

mûrs sur l'arbre, et qui ont probablement constitué I'une des princi-

 

pales nourritures dc nos ancêtres préhistoriques.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

 

 

de feuilles ( contre les saignements, l' incontinence d’urine,

 

les diarrhées, Ies varices, etc.). Usage interne : comptez 5 feuilles frai

 

ches ou sèches par litre d'eau, avec une petite poignée de mélisse, d'ortie

 

blanche et d'eucalyptus- (2 à 3 tasses par.jour.) Usage externe (en

 

compresses, gargarismes, bains de pieds et de mains) : jetez l0 feuilles

 

fraîches ou sèches par litre d'eau.

 

 

 

d'écorce (usage interne) : comptez 5 pincées d'écorce

 

hachée par litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

 

 

POUDRE

 

d'écorce antihémorragique : absorbez-en 2 cuillerées à

 

café par 24 heures, avec du miel.

 

 

 

DÉCOCTION

 

d'écorce (usage externe, en compresses, contre les hémor-

 

roides, les gerçures, les dermatoses, en gargarismes, contre les angines

 

et les pharyngites, en lotions, en lavements, en bains de pieds et de

 

mains ) : comptez une poignée d'écorce pilée par litre d'eau.

 

 

 

GLANDS

 

râpés ( contre les coliques ) : une poignées de glands par jour.

 

 

 

CAFÉ DE GLANDS

 

torréfés et pulvérisés : 2 tasses par jour, contre les ennuis

 

digestifs, et pour toutes Ies indications ordinaires du chêne (astringent,

 

hémostatique, etc.).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CHICOREE

 

 

 

Il existe, certes, des orchidées exotiques ravissantes.

 

Mais à qui sait regarder, la nature offre chez nous des merveilles. Je

 

n'ai pas besoin d'aller chercher mes plus belles prantes au fond des

 

forêts tropicales. Il n'existe, à mes yeux, aucune fleur dont le bleu soit

 

plus étrange et plus beau que celui de la chicorée : elle a la luminosité

 

inquiétante et divine à la fois des ciels des peintres du Nord - d'un

 

Vermeer de Delft, par exemple...

 

 

 

Au reste, si toutes les chicorées sont amères comme la défaite, il faut

 

se garder de confondre l'espèce des jardins et l'espèce sauvage. La

 

première dérive d'un type méditerranéen, et a donné, par sélections

 

successives, toutes les endives vraies, les chicorées frisées et les scaro-

 

les. Inutile d'insister sur la diversité étonnante et la valeur culinaire de

 

ces salades : elle stimulent les fonctions digestives; et, quoiqu’elles ne

 

soient pas très riches en vitamines (les endives blanchies à I'obscurité

 

en sont particulièrement dépourvues), je les recommande comme toni-

 

ques comme diurétiques et comme amies de I'estomac (mais atten-

 

tion à la < force > de vos sauces : ne gâchez pas I'effet des plantes par

 

une surabondance de vinaigre et de moutarde !).

 

La chicorée sauvage, dite encore chicorée des champs, chicorée com-

 

mune chicorée amère, écoubette ou cheveux de paysan, se reconnaît à

 

sa grosse racine principale, à ses tiges dures et peu ramifiées, à ses

 

longues feuilles découpées, et à ses capitules de fleurs du plus beau

 

bleu vif. L'espèce, vivace, fleurit de juillet à septembre et aiteint 1 m

 

de hauteur. Les Anciens la disaient amie du foie; on la connaissait

 

dans l'Égypte pharaonique; le médecin grec Dioscoride y voyait un

 

fortifiant des voies digestives; son collègue Galien en usait contre les

 

maux d'yeux et les empoisonnements.

 

 

 

on rencontre la chicorée sauvage dans tous les lieux assez secs, au

 

bord des chemins, dans les terrains vagues et les remblais... Elle est

 

cultivée quelquefois pour ses feuilles, sous le nom de barbe de capu-

 

cin, d'endive de Bruxelles ou witloof, et pour sa racine, que I'on torré-

 

fie, et qui donne soit un succédané, soit un ingrédient annexe du café

 

(lequel prend alors, dans la tasse, une couleur très sombre).

 

Je vois essentiellement dans la chicorée I'antidote des affections du

 

foie : jaunisse, coliques hépatiques, paresse biliaire et accidents infec-

 

tieux liés au mauvais fonctionnement de <l’usine chimique > du corps

 

(anthrax, furoncles, eczémas...).

 

 

 

La plante, outre cela, nettoie I'ensemble des voies digestives et du sys-

 

tème urinaire (elle est stomachique, laxative et diurétique); elle peut

 

faire merveille dans de nombreux cas de constipation, de rétention

 

d'urine et d'oedème. Elle soigne assez bien diverses affections de la

 

peau. Elle fait tomber la fièvre, elle est tonique et vermifuge : le bon

 

Olivier de Serres ne disait-il pas, en l'an 1600, que < le syrop de cico-

 

rée avec rubarbe est bon contre la vermine > ?

 

 

 

RÉCOLTE :

 

 

 

Je ne m'étendrai pas ici sur la chicorée cultivée (sous

 

ses différentes formes), sinon pour vous rappeler que vous avez tout

 

intérêt à la cultiver vous-même, en excluant radicalement les engrais

 

chimiques et les pesticides. De la chicorée sauvage, vous utiliserez

 

l'ensemble de la plante, la racine que vous déterrerez en automne,

 

les feuilles et les fleurs que vous cueillerez juste avant l'épanouissement

 

(début juillet), et les graines que vous ferez tomber dans un petit sac

 

de papier à la fin septembre. Vous ferez sécher la racine au soleil ou

 

à l'étuve, après I'avoir fendue sur toute sa longueur. Vous conserverez

 

les feuilles et les fleurs étalées à I'ombre. Quant aux graines, vous pour-

 

rez les utiliser presque immédiatement; mais je vous recommande d'en

 

réserver une partie afin de vous constituer vous-même votre petite

 

plantation de chicorée sauvage : ces semences conservent leur pouvoir

 

germinatif pendant des années, et n'exigent qu'un sol sec et profond

 

pour venir; l'époque de la mise en terre importe peu.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

 

 

de feuilles (fraîches ou sèches) : jetez 5 ou 6 feuilles

 

entières dans un litre d'esu. (2 tasses par jour.)

 

de fleurs : jetez une petite poignée de fleurs sèches dans

 

un litre d'eau. (2 tasses par jour, à jeun.)

 

de graines : jetez 10 pincées de graines dans un litre d'eau.

 

( Une tasse par jour. le matin. )

 

de racine sèche : jetez une moitié de grosse racine hachée

 

dans un litre d'eau. (Une tasse par jour, avant le repas de midi.)

 

 

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS

 

contre toutes les affections du foie et contre la constipa-

 

tion : comptez une demi-poignée de mélange feuilles, fleurs, graines et

 

racines par litre d'eau. (2 bains par .iour. )

 

 

 

COMPRESSES

 

 

 

de chicorée contre les affections de la peau, les furoncles,

 

les anthrax, etc, : préparez une décoction de racines et de.fleurs à la

 

dose d'une poignée par litre d'eau.

 

 

 

SIROP

 

 

 

vermifuge et < anti-constipation > pour les enfants :

 

exprimez un verre de suc de chicorée fraîche; faites-y dissoudre 250 g

 

de sucre; laissez réduire à feu doux pendant 5 à l0 minutes. (2 cuille-

 

rées à cafe par jour.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CHIENDENT

 

 

 

Il est de très humbles, de simples < herbes >, des grami-

 

nées, aux vertus étonnantes. Les paysans seront fort aises que vous

 

alliez leur voler du chiendent dans leurs champs : ils considèrent cet

 

envahisseur tenace comme une peste. Mais cette ténacité même n’est-

 

elle pas une preuve de la vitalité de la plante ?

 

 

 

Deux < herbes > au moins ont reçu le nom très canin de chiendents :

 

le gros chiendent, ou chiendent pied-de-poule, ou encore chiendent

 

d'Italie, et le petit chiendent, ou chiendent officinal, ou blé rampant,

 

ou laitue de chien, ou vagon, ou sainte-neige. L'un et l'autre ont des

 

propriétés semblables; I'ancienne herboristerie les confondait sous

 

le vocable de < Rhizoma Graminis >. La première espèce fréquente les

 

terrains siliceux; c'est une plante de 20 à 50 cm de hauteur, à tige sou-

 

terraine émettant de nombreux rejets, à petites feuilles grisâtres, et à

 

tête fleurie discrète, constituée d'une sorte de parapluie ramifié de

 

très petites fleurs un peu violacées. La seconde espèce, la plus enva-

 

hissante et la plus têtue, n'est que trop connue de ceux qui cultivent

 

leur jardin; on la trouve d'ailleurs aussi bien dans les lieux incultes,

 

où elle nourrit de courtes racines à rejets jaunes, des tiges longuement

 

rampantes et soudain redressées, des feuilles molles un peu bleuâtres,

 

et de petits épis de fleurs aplatis formés de deux rangs d'épillets paral-

 

lèles. Il est avéré que les chiens (et même les chats) se purgent au chien-

 

dent :je les ai vus faire; I'instinct ne trompe guère; je faillirais moi-

 

même aux leçons de mon père, si je ne vous répétais pas après lui qu'il

 

faut suivre les enseignements que Dame Nature nous donne par l'in-

 

termédiaire de ses humbles représentants à quatre pattes...

 

Du chiendent, on utilise essentiellement les parties souterraines et les

 

jeunes pousses, mais les feuilles, les tiges et les épis mûrs ne sont pas

 

dénués de vertus. Toute la plante est diurétique et dépurative, elle

 

provoque la sueur et elle rafraîchit. Je la conseille dans tous les cas

 

de maladies infectieuses avec fièvre, dans tous les cas d'embarras

 

urinaires (inflammations des reins et de la vessie, rhumatismes, goutte,

 

coliques néphrétiques...), ainsi que lorsqu'il s'agit de combattre une

 

jaunisse. une cellulite, des coliques hépatiques ou des calculs biliaires

 

rebelles à toute autre forme de médication. Ses longues racines fibreu-

 

ses sont souvent utilisées comme poils à balais : mais c'est dans votre

 

intestin qu'elles donneront le plus efficace des coups de balai! Pour le

 

grand nettoyage de printemps, faites-leur confiance...

 

 

 

RÉCOLTE :

 

Les chiendents étant des plantes vivaces, c'est en automne

 

qu'il vaut mieux récolter leurs parties souterraines. Mais il convient,

 

en ce cas, d'avoir bien repéré, à l'époque de la floraison, les pieds

 

que I'on extrait - sous peine d'erreur. Les parties aériennes du végétal

 

se cueillent pendant toute la belle saison. Il faut renouveler souvent

 

vos réserves de racines, car elles se détériorent rapidement.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

DÉCOCTION

 

 

 

de plantes entières : jetez en tout une petite poignée de

 

feuilles, d'épillets et de racines lavées et pilées dans un litre d'eau. (2

 

tasse par jour. 4 tasses pendant 3 ou 4 jours en cure de printemps pour

 

se prémunir contre les maladies du foie.)

 

 

 

INFUSION

 

 

 

rafraîchissante et dépurative : mettez une petite poignée

 

de parties souterraines de chiendent (de préférence fraîches) à bouillir

 

une minute dans un litre d'eau ; jetez ce premier liquide; écorcez soi-

 

gneusement la racine ; refaites-la bouillir quelque 10 minutes dans un

 

litre d'eau bouillante ; aioutez-y une pincée de réglisse, une pincée de

 

menthe et un zeste de citron. (2 tasses par jour. Je recommande tout

 

particulièrement cette tisane dans tous les cas de maladie du foie et de

 

la vessie : jaunisse, calculs biliaires, coliques néphrétiques, cystites,

 

etc. Je Ia conseille aussi contre la cellulite, la rétention d'eau et la goutte.

 

C'est parce que la racine du chiendent est très dure qu'il est nécessaire

 

de la faire bouillir deux fois, afin de mieux en tirer les principes actifs.)

 

 

 

SUC

 

frais de plante entière : pilez le chiendent juste cueilli;

 

exprimez-en le jus à travers un linge ; prenez-en 5 cuillerées à soupe par

 

jour, avec un peu de miel. (Contre les maladie de foie.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LECHOU

 

 

 

J'ai fait sourire plus d'un malade par mes talents de

 

repasseur de choux : imaginez un rhumatisant, un goutteux, un

 

pauvre homme affiigé d'un lumbago ou d'une sciatique, qui verrait

 

son médecin dérouler le fil de son fer à repasser, puis, après avoir ôté

 

la grosse côte centrale d'une belle feuille de chou, la lisser jusqu'à la

 

rendre pareille à du velours... Quelle médecine! dirait-il. Et pourtant,

 

elle est efficace, et combien...

 

 

 

Le chou! Regardez-le bien, ce gros père en habit vert ou rouge dans

 

les potagers couverts de neige des hivers précoces ! Il paraît avoir la

 

rondeur même de la Terre, ou les bajoues d'un gros bébé... on jure-

 

rait que c'est une plante médicinale de première grandeur? Mais le

 

chou, le roi des jardins, a la générosité même des souverains. Par grands

 

froids, la bonne soupe qu'on en fait réveillerait un mort! Les paysans

 

en mangent au petit déjeuner. En Gascogne, il est de coutume qu'on se

 

salue, le matin par un : Adichats, as déjunat? , ce qui signifie litté-

 

ralement : < As-tu pris une bonne soupe pour déjeuner ? > Pour se

 

donner un peu plus de coeur au ventre, on fait aussi < chabrot >,

 

c'est-à-dire qu'on ajoute aux dernières cuillerées du breuvage un

 

verre de vin rouge...

 

 

 

La race sauvage de la plante, c'est sur les falaises battues par la mer,

 

avec pour parfum celui de l'iode et pour fond sonore le piaillement

 

des mouettes, qu'on a le plus de chances de la rencontrer. Il s'agit d'un

 

puissant végétal en habit glauque, aux larges feuilles courbes, avec un

 

grand lobe terminal onduleux comme une vague de septembre. La

 

tige, forte et dure, porte l'indélébile cicatrice d'anciennes feuilles

 

tombées, et la grappe terminale est formée de fleurs à 4 sépales et

 

4 pétales jaunes.

 

Le chou sauvage des falaises, océaniques est I'ancêtre de la majorité

 

des choux cultivés; les croisements, les sélections, les manipulations

 

génétiques, ont différencié l'espèce en d'innombrables variétés - chou

 

blanc, chou rouge, chou de Milan, chou-fleur, chou-rave, chou de

 

Bruxelles, etc. Consommez-les sous toutes leurs formes, et de toutes

 

les manières possibles : vous vous en trouverez le mieux du monde.

 

 

 

Les Anciens n'utilisaient guère le chou que comme plante à guérir.

 

Le Grec Chrysippe, I'un des moins connus des médecins de l'époque,

 

lui a consacré tout un ouvrage; le philosophe et savant Pythagore a

 

loué ses vertus; le célèbre Hippocrate I'a recommandé contre les coli-

 

ques et la dysenterie. A Rome, Caton I'Ancien aimait à répéter que

 

les Latins lui devaient tout simplement de s'être passés de médecins

 

pendant des siècles; l'écrivain Floridius Moecer, dans son poème De

 

herbarum virtutibus, a vanté les propriétés vermifuges du végétal, etc.

 

On appelle souvent le chou < le médecin du pauvre >. J'ai retrouvé,

 

pour ma part, quelques-unes de ses vertus connues depuis les époques

 

les plus reculées - et quelques autres. L'espèce me paraît d'abord

 

constituer un excellent vermifuge. C'est, en compresses externes, un

 

désinfectant et un cicatrisant des brûlures, des ulcères et des vilaines

 

plaies, ainsi qu'un excellent remède contre les piqûres d'insectes (guê-

 

pes, abeilles) ou d'araignées, ainsi encore qu'un bon calmant des

 

rhumatismes, de la goutte, des points de côté et de la sciatique (appli-

 

quez-le sur la partie douloureuse après en avoir amolli la feuille avec

 

un fer à repasser). C'est aussi un bon < nettoyant > des voies respira-

 

toires, soit en gargarismes (angines, extinctions de voix), soit par voie

 

interne (bronchites, pleurésies...). Une dame d'une cinquantaine d'an-

 

nées, affligée de bronchite chronique, vint un jour me trouver; je lui

 

prescrivis une grande quantité de chou, en soupe et en salade; elle

 

guérit en deux mois. C'est encore un antiscorbutique (riche en vita-

 

mine C), un antidote efïicace à la dysenterie, et il apporte à l'organisme

 

un élément indispensable : le soufre. La décoction, surtout, me paraît

 

le meilleur des dépuratifs : grâce à elle, chaque printemps, je me fais

 

subir, et je conseille aux autres, une véritable cure de désintoxication.

 

Le chou, enfin, forme l'un des plus puissants remèdes que je connaisse

 

contre l'excitation nerveuse et l'insomnie : les angoissés, les candidats

 

aux examens, les personnes sujettes aux dépressions, les neurasthéni-

 

ques, les perpétuels fatigués , auront intérêt à en faire le plus large

 

usage.

 

 

 

RÉCOLTE, :

 

Toutes les variétés de choux sont efficaces; on en trouve

 

pratiquement toute I'année - du chou-fleur de printemps et d'été au

 

chou pommé et au chou rouge qui passent l'hiver sous la neige.

 

 

 

PREPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

SUC

 

vermifuge : exprimez le suc du chou à travers un linge

 

fin. (Enfants : 3 cuillerées à soupe par jour. Adultes : doublez la dose.)

 

 

 

SIROP

 

contre les angines (en gargarismes), les extinctions de

 

voix (à boire chaud avec du miel ) , et les embarras des voies respiratoi-

 

res : exprimez le suc du chou comme ci-dessus ; faites-le cuire avec un

 

poids égal de miel ou de sucre; laissez refroidir. (6 à 8 cuillerées à

 

soupe par jour.)

 

 

 

DECOCTION

 

de chou vert (cirrhose du foie, dysenterie, maladies intes-

 

tinales) : jetez deux grandes feuilles fraîches dans un litre d'eau. (2 à 3

 

tasses par jour, comme dëpuratif. En cure de printemps, augmenter la

 

dose jusqu'à 5 tasses, pendant une semaine. Prenez-en également une

 

tasse le soir, en guise de tisane, si vous faites des cauchemars.)

 

pour I'usage externe (en applications sur Ie ventre contre

 

les maux de foie et d'intestin, sur le bas-ventre contre les douleurs de

 

l'appareil génital, sur la poitrine contre la toux et Ia bronchite, sur les

 

tempes contre la migraine) : comptez 4 feuilles fraîches par litre d'eau.

 

 

 

COMPRESSES

 

de feuilles de chou : recouvrez entièrement la plaie, la

 

brûlure ou I'ulcère de feuilles très fraîches, très lisses, et très propres ;

 

renouvelez deur fois par jour. Vous pouvez aussi amollir votre panse-

 

ment en le laissant macérer une heure dans de l'huile d'olive : il aura

 

toute la douceur voulue.

 

 

 

CATAPLASMES

 

contre la goutte, les rhumatismes, la sciatique, les dou-

 

leurs musculaires, les varices, les ulcères, les hémorroïdes : chauffez

 

légèrement les feuilles de chou (au fer à repasser ) avant d'en appliquer

 

plusieurs épaisseurs sur la région concernée; renouvelez deux fois par

 

'jour. Je prescris également les feuilles de chou chaudes sur le foie en

 

cas de crise, sur le ventre (douleurs intestinales, diarrhées, dysenterie,

 

règles douloureuses ), sur le front ( migraines ) , sur la poitrine et Ia gorge

 

(rhume, astltme).

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

 

comptez 100 g de belles feuilles par litre d'eau'

 

 

 

COMME LÉGUME

 

mangez tout le chou que vous voudrez ; il est plus digeste

 

qu'on ne dit : c'est vrai, en particulier, pour la choucroute' qui contient

 

des ferments lactiques et aseptise I'intestin; le moins digeste, dans cette

 

même choucroute, est assurément constitué par la charcuterie grasse qui

 

l'accompagne..,

 

 

 

 

 

 

 

LE CITRONNIER

 

 

 

Il est acide. Son nom seul fait cligner des yeux ou faire

 

La grimace . Il est frais aussi. Il est léger comme l'air vif du printemps

 

il sent bon la santé. Il pique la langue. J'aime à respirer son parfum

 

agaçant et tonique a la fois. C'est l'un des végétaux que je sais le mieux

 

imaginer par la langue : essayez d' <.imaginer par la langue >; c'est

 

ainsi qu’on entre le mieux dans I'intimité des simples

 

Je ne présenterai pas davantage cet arbre aux jolis fruits d'or vert (on

 

Croirait, pour la forme, des seins de jeunes filles) sinon pour dire qu'il

 

En existe diverse sespèces -  citronnier vulgaire, citronnier de Médie,

 

limettier, cédrat, limonier, etc. -, et que toutes ont à peu près les

 

mêmes vertus médicinales

 

Les feuilles de l'arbre sont calmantes, toniques et vermifuges. Elles

 

provoquent la sueur et luttent contre les spasmes (la toux, l'asthme,

 

la nervosité, I'insomnie, les palpitations, et mille malaises du même

 

ordre). Ces propriétés s'appliquent d'ailleurs également aux feuilles

 

d'oranger : dans le commerce, les deux sont souvent mélangées. ce

 

ne serait pas grave, si toutes deux n'étaient également aspergées plus

 

que de raison à coups d'insecticides et de pesticides hautement toxi-

 

ques.

 

 

 

Avec les fruits entiers, on confectionne des limonades diurétiques et

 

rafraîchissantes, qui conviennent particulièrement bien à ceux qui

 

souffrent de l'estomac, de I'intestin et du foie.

 

Le jus de citron est justement réputé pour sa richesse en vitamines

 

(A, B, B2, et surtout C) : il se montre rafraîchissant, diurétique et

 

vermifuge. c'est un tonique et un reconstituant. Tous les troubles

 

digestifs, et d'abord ceux des enfants, en sont justiciables. c'est un

 

antipoison efficace, lorsque le poison est un alcali (soude, potasse,

 

eau de Javel) : mères de famille, ne I'oubliez jamais en cas d’urgence!

 

En gargarismes ou en badigeonnages, il guérit les maux de gorge (je

 

me rappelle une sévère angine, que ma grand-mère sophie traita de la

 

sorte en trois jours).

 

 

 

L'écorce (le zeste) du citron est tonique; elle stimule I'ensemble des

 

organes, provoque la sueur (excellente action contre l'accumulation

 

des toxines), et aide puissamment au travail de I'estomac.

 

 

 

RECOLTE :

 

 

 

Les citronniers ne poussent que dans certains lieux bénis

 

de la région méditerranéenne : rares sont, à coup sûr, ceux de mes lec-

 

teurs qui en ont au verger. Les autres devraient donc se contenter des

 

feuilles qu'on trouve en herboristerie, et des fruits qu'on achète au

 

marché. Pour les fruits passe encore. Pour le reste, je ne puis me taire.

 

Tous les agrumes sont aujourd'hui hyper-traités, d'abord à coups

 

d'insecticides, ensuite à coups de conservateurs (et notamment au

 

diphényle). Mieux vaut s'abstenir de tout remède au citron que d'uti-

 

liser des feuilles et des fruits ainsi < traflqués > dans les préparations

 

médicinales. Si vous n'êtes pas absolument sûr de la provenance et

 

de la pureté biologique de vos produits, renoncez.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

 

 

de feuilles : jetez 10 pincëes de feuilles sèches dans un

 

litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)

 

 

 

LIMONADE MEDICINALE

 

 

 

de citron entier, Première recette : laissez tremper une

 

heure deux citrons coupés en tranches fines dans un litre d'eau; sucrez,

 

si possible au miel. (3 à 4 grands verres par jour.) Deuxième recette :

 

pelez votre citron;exprimez l'essence de I'écorce dans un verue d'eau

 

chaude, et le jus de la pulpe sur quelques cuillerées de miel ; mélangez

 

le tout, et allongez d'eau. (3 à 4 grands verues dans la matinëe.) Troi-

 

sième recette : faites bouillir deux citrons coupés en tranches dans un

 

litre d'eau; sucrez au miel ; remplacez éventuellement l'eau par du

 

petitJait. (2 à 3 verres par jour.)

 

 

 

JUS DE CITRON :

 

 

 

ne vous contentez pas de couper le fruit en deux pour le

 

presser; débarrassez-le d'abord soigneusement de son ëcorce (< fla-

 

vedo >), de son < blanc > (< albedo >) et de ses pépins. Le jus peut être

 

pris avec du miel, ou étendu (un citron pour 2 litres d'eau, contre les

 

aigreurs d'estomac), ou accompagné d'eau de Vichy et de bicarbonate

 

de soude (contre les troubles digestifs et la tristement célèbre gueule

 

de bois ), ou encore additionné d'huile de ricin (vermifuge). A l'exté-

 

rieur, je vous le recommande en badigeonnages ou en gargarismes contre

 

les maux de gorge, ainsi qu'en bains de mains, de pieds ou complets

 

contre les migraines, les hémorragies naseles, et pour la beauté de la

 

peau (un citron pressé par litre d'eau utilisée).

 

 

 

POUDRE D’ECORCE

 

séchée : Ie zeste du fruit, pilé se conserve fort bien.

 

(3 cuillerées à café par jour, avec du miel, comme tonique, comme stï-

 

mulant de I'estomac, et pour activer ra production d'urine et de sueur)

 

 

 

ALCOOLATURE

 

 

 

(mêmes indications que précédemment) : coupez fine-

 

ment une poignëe de zestes frais dans un verre d'alcool à 90 o (une cuil-

 

lerée à café par jour.)

 

 

 

CONTRE-INDICATIONS :

 

 

 

Ie citronnier est un précieux allié, mais, du fait de son

 

acidité (fruits) et de I'activité de son essence (contenue dans le zeste

 

de ses fruits ), il est à déconseiller - feuilles exceptées - aux goutteux,

 

aux rhumatisants et à ceux qui souffrent des reins (coliques-néphréti-

 

ques, calculs ).

 

 

 

 

 

 

 

LE COQUELICOT

 

 

 

Gentil coquelicot, mesdames ! Lorsque vous descendrez

 

dans votre jardin, n'oubliez pas de cueillir ce chàrmant sourire ver-

 

millon que la nature en fête adresse aux hommes... c'est le rouge éten-

 

dard des étés inondés de soleil; c'est la tache de sang clair des moissons

 

d'or.. Il est pour moi le symbole de la vie, de la joie, de la plénitude,

 

du bonheur. Regardez-le : il est fier comme un coq (on en jurerait la

 

crête !). Il peuple non seulement les blés mûrs, mais tous les terrains

 

vagues, toutes les cultures, et rien n'est joli comme lorsqu'il pousse

 

en gros massifs frémissants sur la croupe des collines... c'est le cousin

 

en habit éclatant du pavot oriental; mais s'il contient bien comme lui

 

une < vertu dormitive >, ce n'est pas la dangereuse morphine, qui fait

 

tant de ravages en notre siècle de drogues et de mal de vivre. Son prin-

 

cipe actif à lui, c'est la rhæadine : elle calme, elle adoucit, mais elle

 

ne tue pas, et elle n'entraîne aucune accoutumance.

 

Le coquelicot, encore appelé ponceau, gravesolle, pavot rouge, pavot

 

des champs, cog, pavot-coq, mahon ou chaudière du diable ; a suivi

 

I'homme dans sa conquête du monde, en mêlant ses semences à celles

 

des céréales.

 

Il semble être originaire de la Bulgarie ou de la Turquie. mais on

 

en trouve déjà des fleurs dans les tombeaux égyptiens. Les Grecs

 

en mangeaient les jeunes feuilles en salade, et cette coutume

 

s'est maintenue jusqu'au XVIe siècle en Italie. De nos jours, les belles

 

fleurs à quatre pétales rouge vif et les graines légères que la plante

 

élabore dans une capsule savamment construite, sont considérées

 

comme légèrement narcotiques, comme propres à provoquer la sueur,

 

Comme expectorantes, comme pectorales, comme calmantes et comme

 

adoucissantes. On a pu dire que < c'est l'opium inoffensif de la pharma-

 

cie familiale >. Les fleurs du coquelicot constituent I'un des ingrédients

 

de la célèbre < tisane aux quatre fleurs >, avec le pied-de-chat, la mauve

 

et le tussilage. Je ne saurais trop recommander ce breuvage à tous ceux

 

qui souffrent de la poitrine, des bronches, du pharynx et de l'arrière-

 

bouche (angines, bronchites, toux rebelle, coqueluche, asthme, pleu-

 

résie, pnéumonie, etc.). Si de quatre vous préférez passer à sept, chiffre

 

que l'on dit bénéfrque, alors choisissez la < tisane aux sept fleurs > :

 

vous ajoutez aux précédentes la guimauve, le bouillon-blanc et la

 

violette. Vous recourrez également au coquelicot pour soigner toutes

 

les insomnies (celles des adultes, mais plus particulièrement des enfants

 

et des vieillards), pour combattre la nervosité, I'anxiété, I'angoisse,

 

les spasmes de l'estomac ou de I'intestin, et toutes les douleurs d'ori-

 

gine nerveuse (névralgies de la face, des membres, etc)

 

 

 

RECOLTE :

 

 

 

Cueillez les pétales du coquelicot avant qu'ils ne se

 

fanent : ils sont excessivement fragiles; aussi convient-il de les manier

 

avec précaution; faites-les sécher rapidement à l'air (mais à l'abri du

 

vent), sur un grand papier ou sur une toile. Ils doivent prendre une

 

teinte rouge foncé, et non pas virer au noir et se décolorer : ce serait

 

le signe qu’ils ont été exposés à I'humidité, et qu'ils se sont gâtés.

 

Lorsqu'ils sont bien secs, conservez-les dans des bocaux hermétiques.

 

En ce qui concerne les capsules de la plante, qui contiennent les grai-

 

nes, récoltez-les juste après la chute des pétales, lorsqu'elles sont

 

encore vertes. Sinon, vous vous exposeriez à ne ramasser que des

 

enveloppes vides : les graines mûres s'échappent par de petites fentes

 

du fruit que le vent balance au sommet de la tige.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION

 

 

 

( calmante, légèrement narcotique ) de fleurs : jetez une pin-

 

cée de pétales secs jans une tasse d'eau lrè,s chaude. (Avant le coucher.)

 

 

 

DECOCTION

 

 

 

de capsules (contre les insomnies) : jetez 7 ou 8 capsules

 

dans un litre d'eau. (2 cuitlerées à soupe avant le coucher pour les en-

 

fants, 4 pour les adultes.) cette décoction peut ëgalemeni s’utiliser à

 

l'extérieur, en gargarismes, contre les angines, la toux, etc.

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

de fleurs : comptez une poignée de pétales de coquelicots

 

par litre d'eau. (Bronchites, trachéites, douleurs d'estomac, coliques

 

hépatiques, acné, herpès. )

 

 

 

LAVEMENTS

 

 

 

(efficaces contre les diarrhées) : préparez une infusion

 

de pétales, une décoction de capsules, et mélangez-les en ajoutant au

 

tout un verre d'huile d'olive.

 

 

 

CATAPLASMES

 

 

 

de pétales : contre les maladies des yeux (en alternant

 

avec les collyres au bleuet) et contre les maux de dents.

 

 

 

NOTA :

 

 

 

si l'infusion et la décoction de coquelicot pures sont trop

 

fortes pour vous ou si vous avez peur de les utiliser telles quelles, conten-

 

tez-vous d'ajouter 2 ou 3 pétales séchés de la fleur à une tisane de tilleul

 

- ou n'employez que la << tisane des quatre fleurs >> citée plus haut. ces

 

tisanes calmantes sont précieuses dans les cas d'angine, de bronchite,

 

de coqueluche, d'asthme et d'insomnie.

 

 

 

 

 

 

 

LE CRESSON

 

 

 

ll est fort aisé de reconnaître le cresson lorsqu'il se

 

trouve servi en salade ou en garniture de viande: mais dans la nature,

 

il en va tout autrement : nombre de plantes de la même famille (cru-

 

cifères) ont une allure comparable. pourtant le cresson vrai, le cresson

 

d'eau ou santé du corps (quel nom ! qu'il est doux à I'oreille du phy-

 

tothérapeute !), se distingue assez facilement à ses racines en fouillis,

 

à ses feuilles vert foncé (divisées en prusieurs parties à rebords à peine

 

ondulés, la partie terminale étant nettement plus grande que les autres),

 

à sa grappe de petites fleurs blanches à 4 pétales, enlin à son parfum

 

un peu piquant. Le cresson, herbe vivace, recherche les eaux les plus

 

pures; il fleurit tout l'été; on le trouve de la plaine à la montagne, et il

 

a conquis le monde...

 

 

 

Santé du corps... Ce seul nom vulgaire est tout un programme! Les

 

Anciens tenaient la plante en haute estime. Chez moi, on I'appelait

 

ail d'eau; et quoique les deux espèces soient botaniquement très

 

différentes, il est de fait que sur le plan médicinal elles se rapprochent

 

beaucoup. Le cresson est dépuratif (un verre de jus le matin, et les

 

toxines accumulées s'en vont), diurétique, stimulant, apéritif et capa-

 

ble de faire tomber la fièvre. Son action contre les parasites intesti-

 

naux à été reconnue. Je le recommande encore contre les bronchites

 

chroniques, la phtisie, le scorbut (il est extrêmement riche en vitamine

 

C), le diabète (il abaisse le taux des sucres dans le sang), les névralgies,

 

les maux de dents et la chute des cheveux! Crest dire qu'il s'agit là,

 

à mes yeux, d'un simple de première importance... En applications

 

externes, je I'emploie comme le chou, en cataplasmes et en compres-

 

ses, contre la goutte, les rhumatismes et les douleurs musculaires. Le

 

jus de la plante, étalé sur la peau, soigne admirablement les dermatoses

 

et I'acné : si vous voulez avoir le teint des lis et des roses, mettez-vous

 

au vert... cresson!

 

 

 

RÉCOLTE :

 

Vous pouvez, certes, acheter votre cresson au marché:

 

on le cultive dans de nombreuses régions (celui de Chantilly, baptisé

 

cresson de Monseigneur, était jadis le plus réputé). Mais le cresson

 

naturel a beaucoup plus de vertus - et il n'est pas traité. Où que vous

 

habitiez, vous trouverez certainement une petite cressonnière qui vous

 

fournira sinon votre salade, du moins votre herbe médicinale. Cueillez-

 

le par petites quantités à la fois, d'avril à septembre;ne tentez pas de

 

le faire sécher : il jaunirait et deviendrait toxique; I'espèce ne s'utilise

 

que fraîche. Lavez-le très soigneusement, faute de quoi vous vous expo-

 

seriez à avâler avec lui de dangereuses larves de vers parasites (grande

 

douve du foie); enfin, abstenez-vous de tout cresson (cultivé ou naturel)

 

en cas d'épidémie de fièvre typhoïde ou de choléra, maladies qui se

 

transmettent par I'eau. (Le cresson cuit perd pratiquement toutes ses

 

vertus médicinales).

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

SALADES :

 

recourez-y souvent ; avec le pissenlit, c'est I'une des

 

meilleures plantes que je connaisse pour cet usage. On a constaté qu'une

 

cure de salade rétablit le sens de l'équilibre en cas de vertiges persis-

 

tants.

 

 

 

SUC FRAIS :

 

pressez fortement les feuilles er les tiges du cresson à

 

travers un linge fin. ( Un verre par jour , dans un liquide froid : lait, petil-

 

lait,eau miellée, etc., comme tonifant et excitant.) En application ex-

 

terne, contre les maladies de la peau (acné, taches de rousseur, dermato-

 

ses diverses ) .

 

 

 

INFUSION :

 

elle est assez peu active, et de toute façon doit être pré-

 

parée avec une eau juste chaude, et en vase clos. (2 à 4 tasses par.jour.)

 

 

 

SIROP :

 

mêlez une partie de jus de cresson à une partie et demie de

 

sucre. (Un demi-verre par .jour, soit pur, .soit avec un liquide.froid. )

 

 

 

 

 

COMPRESSES OU CATAPLASMES

 

de feuilles : ils sont efficaces contre les maux de dents,

 

les rhumatismes, Ia goutte et les douleurs musculaires.

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

 

faites-les à peine tièdes ; comptez une bonne poignée de

 

cresson par litre d'eau.

 

 

 

LOTION

 

 

 

contre la chute des cheveux : mélangez 100 g de suc de

 

cresson et 100 g d'alcool à 90 o (si possible, ajoutez-y 20 g de suc de

 

bouleau : le résultat sera meilleur). Une friction quotidiennç.

 

 

 

NOTA :

 

 

 

Ie cresson, comme je m'en étais aperçu empiriquement,

 

et comme cela a été prouvé par plusieurs pharmacologues, constitue un

 

excellent antidote de la nicotine. Les gros fumeurs, plus que les autres,

 

auront donc intérêt à en manger d'importantes quantités. Les bains de

 

bouche au suc de la plante renforcenl les gencives que le tabac menace,

 

et purifient l'haleine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CYPRES

 

 

 

O Vincent Van Gogh ! qui peindra comme toi la flamme

 

verte des cyprès sous le bleu du ciel de Provence? Qui, mieux que toi,

 

dira le mystère de ces arbres endeuillés dans le mistral qui les plie ?

 

 

 

Le cyprès a toujours passé pour un arbre magique. Platon le disait

 

plus dur que le bronze des statues, et faisait de ses feuilles toujours

 

vertes le symbole même de I'immortalité de l'âme. Horace y voyait

 

I'expression végétale de la tristesse. Les anciens Perses le croyaient

 

l'arbre primitif de leur paradis...

 

 

 

ll existe plusieurs espèces de cyprès, et plusieurs variétés de I'espèce

 

commune, dite cyprès toujours vert (cyprès mâle, cyprès femelle,

 

cyprès d'Italie, cyprès pyramidal, etc.). il s'agit d'un conifère qui

 

atteint une vingtaine de mètres de hauteur, avec des ràmeaux courts,

 

couverts de petites feuilles en écailles. Les fleurs mâles, toutes menues,

 

voisinent avec des fleurs femelles en jolis globules gris verdâtre (à

 

reflets roses ou violacés). A maturité. ces fleurs femelles se transfor-

 

ment en cônes ovoides de 2 à 3 cm de hauteur, et munis d'une dizaine

 

d'écailles en forme d'hexagones.

 

Les anciens Grecs avaient l'habitude d'envoyer les poitrinaires res-

 

pirer l’air embaumé des bois de cyprès. Le grand médecin de l'époque,

 

Hippocrate, utilisait les fibres de I'arbre contre les maladies de l'uté-

 

rus et du rectum. Son confrère Galien conseillait les fleurs femelles

 

du cyprès contre la diarrhée. Au Moyen Age, les rameaux du végétal

 

étaient réputés guérir les hémorroïdes.

 

on utilise généralement du cyprès son bois, ses rameaux et ses fruits

 

(connus sous le nom de noix de cyprès ou galbules )

 

J'ai retrouvé à toutes ses parties non seulement les propriétés que

 

I'Antiquité attribuait au végétal, mais je les sais encore aptes à provo-

 

quer la sueur, diurétiques et antihémorragiques' Je me rappelle aussi

 

avoir traité avec le seul cyprès un enfant affigé d'énurésie - en d'au-

 

tres termes, de pipi au lit ...

 

 

 

RECOLTE :

 

Cueillez les jeunes rameaux du cyprès au printemps à la

 

montée de la sève. c'est en mai-juin, juste après la fécondation, que

 

vous ramasserez les fruits tendres, encore verts et charnus, du végétal

 

(n'attendez pas qu'il se soient durcis : ils auraient alors perdu la

 

majeure partie de leurs vertus médicinales). L'époque de récolte du

 

bois est indifférente.

 

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

 

 

INFUSION ET DÉCOCTION

 

De bois (contre les affections utérines et rectales):pilez

 

la grosseur d’une boîte d'allumettes de bois frais ou demï-sec par litre

 

d'eau. (2 à 3 tasses par .iour. )

 

de rameaux (contre les hémorroïdes) : hachez un petit

 

rameau vert par litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

 

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

De bois(mêmes indications):comptez le double de bois

 

pilé par litre d'eau.

 

 

 

BAINS DE SIÈGE

 

de rameaux (contre les hémorroïdes) : comptez un ou

 

deux rameaux de plante par litre d'eau. (2 bains par.jour, l'un au réveil,

 

I'autre au coucher. )

 

 

 

DECOCTION

 

de noix de cyprès : concassez 3 ou 4 noix pour un litre

 

d'eau. (Usage interne : 3 tasses par jour, avant les repas.)

 

de noix de cyprès (usage externe : en compresse, Iave-

 

ments, pansements...) : comptez 7 ou 8 noix concassées par litre d,eau.

 

 

 

 

 

 

 

LA BARDANE

 

 

Voilà bien des années que j'ai joué, comme tous les

enfants des campagnes, avec les têtes florales griffues de la bardane :

c'était un plaisir rare de les voir s'accrocher aux vêtements ou aux

cheveux des jeunes fous qui accompagnaient mes rires...

La bardane a reçu une bonne dizaine de surnoms populaires, et, où

que vous habitiez, vous en reconnaîtrez sûrement un parmi ceux que

voici : bardane officinale, gratte-chat, gratteron, grippe-cheveux; glou-

teron, gratteau, herbe aux teigneux, peignerolle, dogue, grippe-copeau,

oreille d'âne, chou d'âne, oreille de géant, etc. Il s'agit d'une grande

composée bisannuelle, parfois haute de 1,50 à 2 m, avec d'immenses

feuilles vert sombre et des têtes florales brunâtres, plus ou moins tachées

de violet vif à leur extrémité. L'espèce est coutumière des décombres

et des bords de routes, avec une préférence marquée pour les endroits

riches en ammoniaque - c'est-à-dire essentiellement la proximité des

chemins de passage du bétail et des tas de fumier...

Il faut se défier, lorsqu'on veut se soigner par les plantes, d'une cer-

taine littérature à sensation, et plus encore de quelques traditions viva-

ces que rien ne vient étayer. Ainsi les feuilles de bardane étaient répu-

tées guérir les morsures de vipères : je ne recommande à personne

d'essayer. De même, au XVIIIe siècle, I'Anglais J. Hill indiquait la

plante contre la goutte; et il est mort... de la goutte!

Un jour, en revanche, un paysan tout couvert de furoncles vint trouver

mon père; il souffrait affreusement. Mon père le traita pour ainsi dire

entièrement à la bardane, à l’ intérieur à force de décoctions, et à I'exté-

rieur à coups de teintures et de bains; en huit jours, la furonculose était

vaincue... C'est que la bardane constitue le plus merveilleux des dépu-

ratifs: elle se double d'un bon diurétique et d'un sudorifrque efficace.

Les affections de la peau, surtout, lui cèdent parfaitement. qu'il s'agisse

de la disgracieuse acné juvénile, des dartres, de la teigne. des ulcères

ou des brûlures ; elle aide à la guérison des maladies infectieuses à érup-

tions (variole, rougeole, scarlatine, etc.), et peut accélérer la guérison

de la syphilis dans ses phases secondaire et tertiaire; enfin elle agit

efficacement contre la séborrhée, donc contre la chute prématurée des

cheveux.

 

RECOLTE :

 

Si l'on a fait un produit de remplacement du café avec

les grosses racines torréfiées de la bardane; si l'on a parfois fumé ses

feuilles en guise de tabac; et si I'on a préparé des succédanés de bettes

avec ses côtes, on ne cultive plus guère la plante. Aussi est-ce dans la

nature qu'il faut aller la chercher : ce n'est pas difficile, on en trouve

partout. Il suffit de la choisir vigoureuse, et le plus loin possible des

endroits habités. On utilise en général ses racines et ses feuilles fraî-

ches, mais ses racines séchées, quoique moins actives, rendent de grands

services. L'arrachage ou la cueillette peuvent intervenir en toute sai-

son, mais j'ai une préférence pour le printemps de la deuxième année

d'existence de la plante. Si l'on veut conserver les racines, il faut les

exposer longuement au soleil, après les avoir nettoyées soigneusement

(la durée de conservation ne saurait excéder quelques mois).

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION ET DÉCOCTION

de plante fraîche (usage interne, contre la furonculose,

l'acné, les éruptions cutanées, les vilaines peaux) : jetez une poignée

de racines coupées en tranches et de feuilles juste cueillies dans un litre

d'eau. (2 à 3 tasses par jour. Il est préférable de combiner ce traitement

avec les applications externes, c'est-à-dire les bains de peau décrits cï

dessous. )

 

SIROP

de racines fraîches : dans un mélange de 800 g d'eau et de

800 g de sucre, pilez deux poignées de racines. ( Un verre par jour, notam-

ment contre les eczémas.)

 

TEINTURE

 

de racines (usage externe) : comptez 10 g de racines

pour 50 g d'alcool.

 

BAINS DE PEAU :

 

jetez une poignée et demie de racines (fraîches ou séchées )

et de feuilles par litre d'equ chaude. Recommencez deux ou trois fois

par jour.

 

LOTION SPÉCIALE

contre la chute des cheveux: dans 1/2 litre de rhum,

pilez deux poignées de racines Jraîches de bardane et une poignée de

racines d'ortie; massez longuement le cuir chevelu avec ce mélange,

 

 

 

 

 

 

LE BASILIC

 

 

Vous le connaissez probablement sous le nom de pis-

tou : c'est en effet l'ingrédient de base de la fameuse soupe provençale

qu'on a baptisée de la sorte. D'aucuns préfèrent I'appeler oranger des

savetiers ou herbe royale, mais ce sont des poètes...

Il est originaire de l'Inde, ce joli cousin de la menthe, de la sarriette

et du thym, et c'est sans doute Alexandre le Grand qui nous I'a ramené

de ce lointain terroir. Le basilic était cultivé dans les jardins de la

Rome des Césars, et dans le Midi de la France dès le XIIe siècle.

Rarement végétal a eu plus d'odeur! Il s'agit d'un tout petit buisson

de 15 à 50 cm de hauteur, à feuilles finement dentées et à fleurs blan-

châtres ou rosées, dont chacune présente une corolle à lèvre inférieure

délicatement arrondie et à lèvre supérieure partagée en 4 lobes égaux.

Ce sont les feuilles de la plante que l'on utilise en cuisine, comme

aromate. Pour moi, j'emploie en outre ses fleurs, notamment pour

leurs qualités digestives. Je ne manque jamais également d'indiquer le

basilic aux grands nerveux, aux enfants qui dorment mal. comme aux

adultes qui souffrent de vertiges, de coliques, de toux, d'angine ou de

coqueluche. Les migraines d'origine nerveuse ou gastrique ne lui

résistent pas. Pour une bonne nuit de sommeil, une bonne soupe au

pistou ou une bonne tisane au basilic! J'ai encore découvert deux

autres vertus de I'espèce : celle de stimuler la production de lait chez

les femmes qui en manquent; et celle de guérir les aphtes, lorsqu'on

I'administre en bains de bouche.

 

RECOLTE :

 

Si vous avez la chance d'habiter le Midi, je vous invite

vivement à cultiver le basilic au jardin. Semez-le en février-mars pour

le repiquer en mai. Cueillez les feuilles et les fleurs de la plante immé-

diatement avant l'épanouissement (au début de l'été). Sinon, achetez-

les dans une bonne herboristerie; mais assurez-vous de leur fraîcheur

et de leur provenance. Les feuilles pilées destinées à la cuisine, et que

I'on trouve dans les épiceries, sont souvent douteuses, car elles pro-

viennent pour la plupart de cultures intensives, à grands renforts

d'engrais et d'insecticides...

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

contre la nervosité, Ies angoisses, les migraines, la toux,

Ies angines : jetez 20 à 40 pincées de feuilles et de fleurs sèches dans

un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)

 

DÉCOCTION

stimulante (et propre à acuoître la sécrétion des glandes

mammaires chez les femmes qui allaitent ) : comptez une petite poignée

de plante par litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

DÉCOCTION CONCENTRÉE

contre les aphtes (en bains de bouche) : comptez deux

poignées de plante par litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

toniques : comptez une à deux poignées de plante fraî-

che ou semi-fraîche par litre d'eau. (Une fois par semaine.)

 

 

 

 

LA BERCE

 

 

 

 

 

Cassez-en les tiges; faites-les sécher au soleil : vous y

verrez apparaître de petites gouttelettes de sucre figé. C'était l'un de

mes délices, lorsque j'étais enfant, dans la campagne qui entoure

Gavarret.

 

La berce est une gigantesque cousine de la carotte, haute comme un

homme, avec de grosses tiges sillonnées, creuses, hérissées de poils,

portant de vastes feuilles composées, et de larges ombelles faites

de fleurs minuscules, immaculées. Elle me fait irrésistiblement songer

à l'une de ces plantes monstrueuses des forêts des premiers âges de

la planète, où les insectes géants allaient se perdre... Elle fréquente

les prairies lourdes et les clairières, et elle colonise en une saison

le champ que le paysan laisse en jachère. On la voit s'épanouir

du printemps à I'automne; elle donne des fruits arrondis et aplatis

comme des lentilles, dont les petits oiseaux raffolent et s'empiffrent.

Elle est soit bisannuelle soit vivace (selon les conditions climatiques),

et on la baptise joliment, dans nos campagnes, branche ursine,

branc d'ours, fausse acanthe, acanthe d'Allemagne, herbe du diable,

patte de loup, patte d'ours, panais sauvage ou corne de chèvre...

Son premier nom latin (Heracleum) prouve qu'elle était jadis dédiée

à Hercule, en partie à cause de sa propre puissance, et en partie à

cause de ses vertus toniques.

Je dois reconnaître que les Slaves et les Nordiques connaissent bien

mieux la berce que moi, qui suis un pur Méridional : ils font avec ses

feuilles le bortsch (sorte de soupe acide et reconstituante), et avec la

moelle de ses tiges de délicieuses sucreries. Les suédois estiment

la racine de l'espèce active contre 1'hystérie et l'épilepsie. Les Russes

en tirent un remède contre tous les embarras digestifs (estomacs

paresseux, diarrhées, dysenteries...), et l'utilisent en outre contre les

vers parasites.

 

C'est pour d'autres raisons que j'insiste pour que vous appreniez

à la connaître. J'ai noté premièrement qu'elle combat énergiquement,

en applications extérieures (feuilles et racines écrasées), les furoncles,

les anthrax, les ulcères, les vilains abcès et les piqûres d'insectes.

 

J'ai surtout appris de mon père que l’espèce, qu’il appelait patte

d'ours, constitue le meilleur des aphrodisiaques; plus d’un homme

impuissant, plus d'une .femme frigide, a pu (et peut encore grâce à

elle) recouvrer la santé sexuelle - l'indispensable santé sexuelle

sans laquelle le corps et I'esprit tout entiers sont malades…

 

RECOLTE :

 

Il vaut mieux cueillir les feuilles de la berce en été,

lorsqu'elles sont bien formées mais n'ont pas encore été trop atta-

quées par les insectes. La période d'arrachage des racines est indif-

férente : j'ai une légère préféqence pour l'automne, car elles contien-

nent alors davantage de principes actifs.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

DECOCTION :

 

de racines (contre les troubles digestifs) : jetez une petite

poignée de racines fraîches dans un litre d’eau. (2 à 4 tasses par jour)

 

CATAPLASMES

 

de feuilles et de racines écrasées (contre les furoncles,

etc.) : renouvelez-les toutes les 10 minutes.

 

 

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS

pour combattre la frigidité et l’impuissance sexuelle :

jetez deux poignées de feuilles fraîches et de racines coupées en lamelles

par litre d'eau. (2 fois par jour.)

 

JUS

de berce entière contre l’impuissance et la frigidité :

une cuillerée à café par jour.

 

 

 

 

 

LE BLEUET

 

 

Rien n'est joli comme cette sentinelle d'azur dans les

blés d'or. Cérès, la déesse grecque des moissons, en avait une fleur

piquée dans la chevelure... Le bleuet vient probablement du Moyen-

Orient; il a suivi I'homme dans le monde entier, en mêlant astucieu-

sement ses semences à celles de céréales : ainsi s'est-il fait planter

et replanter par nos grands-pères - du geste auguste du semeur.

Hélas ! les herbicides et le triage perfectionné des grains le font dis-

paraître progressivement de nos champs...

On l'appelle encore aubifoin, albifoin, bluet, barbeau, blavelle,

blavéole, herbe saint Zacharie, cornailles, chevalot ou casse-lunettes.

C'est une plante à tige mince, à feuilles étroites et élégantes, et dont

la < fleur > (une fausse fleur, à la vérité, comme celle de la margue-

rite), est formée de minuscules fleurs noirâtres au centre, tandis

qu'elle s'orne à la périphérie de superbes < pétales > (fleurs stériles)

à grandes dents pointues.

Outre que I'on peut mêler les fleurs de bleuet à d'autres tisanes pour

leur donner une agréable couleur de ciel pur (l'aspect < psychologique >

du traitement par les plantes n'est pas à dédaigner), l'espèce est en

soi active contre la toux, les bronchites et les maladies de foie; elle

active la sécrétion d'urine en cas d'ædèmes et de paresse des reins;

mais surtout, elle sert à préparer d'excellents collyres contre les inflam-

mations des yeux. Une tradition, qu'il faut probablement rattacher

au vieux courant de pensée moyenâgeux de la < médecine des signa-

tures ), veut que le bleuet ne guérisse que les yeux bleus - les yeux

noirs relevant plutôt du plantain, qui possède des graines du plus bel

anthracite. Tout cela est faux. J'ai vu mon père soigner les yeux les

plus sombres des plus sombres des Méridionaux avec les seules décoc-

tions de I'espèce...

 

RECOLTE :

 

Cueillez les bleuets en été, lorsqu'ils viennent juste

d'ouvrir leurs fleurs couleur de ciel; faites-les sécher à I'ombre.

Veillez à ce que le champ dans lequel vous allez les ramasser ne soit

pas de < culture industrielle >, c'est-à-dire régulièrement aspergé

d'insecticides et de fongicides. Les blés, les orges et les seigles < bio-

logiques >, hélas, sont devenus de plus en plus rares... à moins qu'on

n'assiste, à I'heure actuelle, à un renversement complet de la tendance.

J'ose à peine y croire.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

contre la toux, Ies bronchites et les maradies de foie :

ietez une petite poignée de fleurs sèches dans un litre d,eau. (Une tasse

avant les repas.)

 

BAINS DE PIEDS

 

contre les oedèmes ; jetez une poignée et demie de fleurs

par litre d'eau. (Deux fois par jour.)

 

DÉCOCTION

 

à utiliser comme collyre contre les inflammations des

yeux : jetez une petite poignée de fleurs dans un litre d'eau, laissez

bouillir 5 minutes et reposer une demi-heure.

 

BAINS COMPLETS :

mêmes proportions que pour les bains de pieds.

 

 

 

 

 

 

 

LE BOUILLON-BLANC

 

Chacun connaît cette espèce de cierge gigantesque,

bardé de fleurs d'or, qui se dresse au détour des chemins, sur les

talus inondés de soleil : le bouillon-branc dépasse en hauteur la

taille d'un homme, et c’est un joli spectacle que d’y voir venir se

percher les oiseaux de l'été, ivres de lumière et de chansons…

on appelle encore le bouillon-blanc molène thapsus (c'est son nom

scientifique), bouillon mâle, bouillon ailé, blanc de mai, bonhomme,

herbe à bonhomme, herbe de saint Fiacre ou cierge de Notre-Dame.

Sa taille même en fait un étonnant personnage botanique; mais il

a plus d'une vertu : les médecins grecs, d'Hippocrate à Dioscoride,

avaient déjà découvert ses extraordinaires propriétés adoucissantes.

Les fleurs d'or, et à un moindre degré les vastes feuilles gaufrées de la

plante, ramollissent les tissus et les préparent à la guérison. Les fleurs,

surtout font merveille contre toutes les irritations des voies respira-

toires : elles font partie des fameuses  sept fleurs pectorales, avec

la mauve, la guimauve, le pied-de-chat, Îe tussilage, la violette et

le coquelicot. C'est avec raison qu'on les recommande contre les

coups de froid , les angines, les bronchites, les pneumonies, les

congestions pulmonaires et les pleurésies. Mais les vertus adoucis-

santes du bouillon-blanc, qui se doublent d'une action antispasmo-

dique, font encore conseiller I'espèce contre l'asthme, les difficultés

respiratoires, la nervosité, les angoisses, les palpitations, les troubles

du rythme cardiaque, les coliques, les crampes d'estomac et les

névralgies. La décoction de fleurs est utile comme diurétique, aussi

bien que pour provoquer la sueur. on peut aussi user du bouillon-

blanc à l'extérieur, en lavements contre les diarrhées et les infections

de l'intestin, en compresses sur les articulations douloureuses (rhu-

matismes), en pansements sur les ulcères, les plaies, les brûlures et

les hémorroides. La poudre de fleurs et de feuilles séchées exerce

une action favorable sur l'évolution des maladies de la peau; prisée

comme du tabac, elle dégage admirablement les narines en cas de

rhume.

 

RÉCOLTE :

Les fleurs du bouillon-blanc s'ouvrent les unes après

les autres sur la haute tige qui les porte : il convient de les détacher

au fur et à mesure de leur épanouissement (elles viennent très facile-

ment dans la main), puis de les faire sécher rapidement, enfin de les

conserver à l'abri de la lumière et de l'humidité. Les feuilles doivent

être récoltées en automne, et étalées. Leur action est infiniment

moindre que celle des fleurs.

 

PRÉ.PARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

de fleurs : jetez une demi-poignée de fleurs fraîches ou

sèches dans un litre d'eau. Filtrez pour retenir les étamines qui risque-

raient d'irriter les muqueuses. (3 ou 4 tasses par jour,)

 

DÉCOCTION

de fleurs (et éventuellement de feuilles) pour l'usage

externe (lavements, compresses, pqnsements, etc.) : jetez une bonne

poignée de plante (trois poignées de feuilles) dans un litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

de fleurs : comptez une poignée et demie de plante par

litre d'eau.

 

POUDRE

 

de fleurs et de feuilles séchées : à étaler sur les zones

de peau malade, ou à «  priser »  (rhumes).

 

TEINTURE

 

de fleurs : dans 1/2 litre d'alcool, faites macérer pendant

une semaine deux poignées de fleurs sèches. (Usage exlerne : contre

Ies rhumatismes ; en frictions sur la poitrine contre les maladies de

l' appareil respiratoire. )

 

HUILE

 

de fleurs : dans 1/2 litre d'huile d’olive ou d’amandes

douces, faites macérer pendant une semaine deux poignées de fleurs

sèches. (Mêmes indications que pour la teinture.)

 

 

 

 

 

LE BOULEAU

 

Arbre magique en Inde, arbre magique en Sibérie,

arbre magique encore pour les Indiens d'Amérique, le svelte bouleau

au tronc de satin blanc et à la cime échevelée forme la parure secrète

des forêts humides et des tourbières où le brouillard s'effiloche à

l'aurore... c'est I'arbre de la sagesse (parce que les instituteurs du

Moyen Age en avaient toujours une branche pour punir les cancres),

le boulard, le brel, la biole, le bois à balais, selon la région où vous

habitez. on le reconnaît aisément à son écorce immaculée, parfois

délicieusement teintée de rose ou de vert pâle, et qui se détache en

lanières, laissant voir par places de superbes couronnes couleur

d'anthracite. Ses feuilles ovales et dentées virent à l'or pur en automne.

 

Au printemps, ses chatons les plus courts (d'abord dressés) portent

des fleurs femelles; ses chatons mâles, jaunâtres et pendants, abandon-

nent au vent follet de véritables nuages de pollen.

Dès le XIe siècle, la grande dame de la médecine par les plantes,

sainte Hildegarde, recommandait les fleurs de bouleau contre les

ulcères et les plaies qui n'en finissent pas de guérir. Le médecin

italien Matthiole, au XVIe siècle, fut le premier à reconnaître les

étonnantes propriétés de I'espèce contre les calculs des reins et de

la vessie : il baptisa le bouleau < arbre néphrétique de l’Europe >.

Mon père n'avait certes pas lu Matthiole lorsqu'il utilisait ce végétal

comme diurétique, exactement dans les mêmes cas de calculs, de

coliques néphrétiques, de rhumatismes, de goutte, d'albuminurie

et de cellulite; les feuilles, les bourgeons, l'écorce, la sève de I'arbre

sont actives, tant absorbées sous forme de tisanes qu'en applications

externes (bains, lotions, compresses). Elles stimulent par ailleurs

la digestion, combattent la grippe, font tomber la f,èvre, désinfectent

les plaies, guérissent la plupart des affections de la peau, protègent

le cuir chevelu (donc ralentissent la chute des cheveux), et donnent

au teint des jeunes filles la couleur de la rose...

 

RECOLTE :

 

C'est au printemps, lorsque toute l'énergie du monde

se reconcentre après le sommeil hivernal, qu'il faut demander au

bouleau ses bourgeons, ses feuilles, sa sève, ses chatons et son écorce.

choisissez des bourgeons bien dodus; cueillez les feuilles les plus

tendres; incisez le tronc pour lui faire pleurer des larmes de sève mon-

tante; arrachez les chatons le plus tôt possible, avant que les fleurs

mâles n'aient lâché leur pollen, et avant que les femelles n'aient été

fécondées; détachez l'écorce comme elle se détache naturellement :

par lanières circulaires. on récolte la sève du bouleau en sciant au

printemps une branche de l'arbre. Si elle est de bonne taille, elle peut

fournir 4 à 5 litres de sève par jour.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

 

diurétique de feuilles : jetez une petite poignée de feuilles

Jraîches dans un litre d'eau. (3 tasses par jour.)

 

DÉCOCTION

concentrée de bourgeons (diurétique) : jetez quatre

poignées de bourgeons dans un litre d'eau, et faites réduire de moitié.

(2 ou 3 tasses par jour.)

 

de feuilles et de bourgeons contre la cellulite : jetez

une poignée de mélange dans un litre d'eau. (3 tasses par jour.)

d'écorce contre la fièvre :.jetez une demi-poignée

d'écorce dans un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour. cette préparation

est également active dans les cas de digestions dfficiles.)

 

BAINS COMPLETS

de bouleau pour maigrir

 

comptez une demi-poignée de feuilles fraîches par litre d’eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

contre les rhumatismes, la goutte , etc. : jetez 4 à 6 poi-

gnées d'écorce coupée en morceaux dans une cuvette d’eau ; laissez

reposer 1/2 heure; chauffez. (2 fois par jour)

 

 

TISANE SPÉCIALE

 

contre la grippe : jetez 15 pincées de feuilles de bou_

leau et 10 pincées d'un mélange de fleurs de pensée sauvage et de til-

leul dans un litre d'eau. (3 ou 4 tasses par jour.)

 

COMPRESSES

 

de feuilles fraîches contre les affections de la peau et

les plaies : à renouveler plusieurs fois par jour.

 

LOTION

 

contre Ia chute des cheveux : préparez une décoction

d'écorce; ajoutez-y quelques gouttes de sève fraîche; massez longue-

ment le cuir chevelu.

 

 

 

 

LABOURDAINE

 

 

 

On n'en finit pas d'apprendre. J'avais déjà derrière moi

des années de pratique phytothérapique, lorsque je reçus un jour la

visite d'un homme affligé d'une constipation tenace; il en était réelle-

ment malade, car depuis des jours il s’ < auto-intoxiquait > dangereu-

sement. Je me préparais à la soigner selon mes méthodes habituelles,

et notamment au fenouil, lorsqu'il me dit avoir entendu, par son grand-

père, que la bourdaine est fort capable de < lâcher le ventre >. Je savais

que cet arbrisseau est précieux pour son écorce; je lui proposai d'essayer

un double traitement, interne et externe, avec des infusions et des bains

de la plante. Il accepta... et il m'écrit encore, après des années, en ne

manquant jamais de me rappeler, sur le mode de la plaisanterie, sa

constipation envolée en deux jours...

La bourdaine, que les botanistes appellent nerprun bourdaine et que

d'autres nomment frangule, bourgène, rhubarbe des paysans, bois

à poudre, bois noir, aune noir, puène ou punajer, est un arbuste fort

commun dans les taillis et les clairières, aux grandes feuilles ovales

qu'on croirait cirées à la face inférieure, et aux petites fleurs jaunâtres

à 5 pétales, qui donnent à I'automne de petites baies rondes' d'abord

rouges puis noirâtres. C'est surtout le célèbre médecin italien Matthiole

qui, au XVIe siècle, en a découvert les vertus.

L'écorce seule du végétal est véritablement active (les baies ne le sont

que très peu) - et encore, pas n'importe quelle écorce : la seconde

écorce, la plus brillante, la plus humide, celle que l'on découvre en

faisant sauter au couteau la première couche brunâtre de tissus végé-

taux. Il faut l'utiliser séchée, car fraîche elle est légèrement toxique'

 

Je la recommande évidemment en premier lieu contre la constipation,

de quelque nature qu'elle soit (due à des excès alimentaires, à une trop

grosse et trop constante nourriture carnée, ou à un dérèglement géné-

ral de l'appareil digestif). Mais c'est I'ensemble de I'estomac et de

I'intestin que la bourdaine débloque, régularise et remet à neuf; en

cas d'empoisonnement, elle est capable de provoquer des vomisse-

ments salutaires; en cas de paresse digestive, elle stimule les muscles

qui poussent en avant la bouillie alimentaire; elle n'a en outre aucune

action irritante. ce qui permet de la donner même à ceux qui souffrent

d'aigreurs, de ballonnements, d'aérophagie ou d'infections chroniques.

C'est la meilleure plante à indiquer aux femmes enceintes constipées,

car elle les 1ibère sans menacer si peu que ce soit leur santé... et celle

de l'enfant qu'elles portent. A cera, il faut ajouter que la bourdaine

est fort honnêtement vermifuge, qu'elle aide le foie dans son travail,

qu'elle stimule la rate, qu'elle combat les hémorroides et qu'elle fait

disparaître les troubles circulatoires légers. A I'extérieur, elle peut

être utile contre les maladies parasitaires de la peau (abcès, infections,

teigne, gale).

 

RÉCOLTE :

 

Allez ramasser votre provision d'écorce de bourdaine

au plein moment de la floraison de l'espèce, de la fin du printemps au

mois d'août. choisissez, pour vos prélèvements, des rameaux de 3 ou

4 ans : ce sont les plus riches en principes actifs. coupez-en de longues

lanières, que vous ferez sécher à I'ombre et dans un courant d’air.

L'écorce que l'on trouve en herboristerie est hélas! souvent falsifiée,

mélangée à de l'écorce de merisier, d'aulne ou de cornouiller.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION :

 

jetez 5 ou 6 pincées d'écorce hachée dans un litre d’eau.

(2 à 3 tasses par jour, éventuellement dans une tisane composée de

menthe, de fenouil, de sauge ou de guimauve.)

 

DECOCTION :

 

jetez 5 ou 6 pincëes d'écorce hachée dans un litre d’eau,

et faites bouillir 1/2 heure; la préparation est plus efficace encore si

vous laissez macérer la plante, après ébullition, pendant une demi-jour-

née. (1 ou 2 tasses le soir.)

 

pour l'usage externe (compresses, lavements, bains de

siège, etc.) : comptez une demi-poignée d’écorce par litre d,eau.

 

POUDRE

 

d'écorce : prenez-en une pincée par jour, dnns du miel,

du lait, etc.

 

 

 

 

 

LA BOURRACHE

 

< La bourrache peut dire, et c'est la vérité :

Je soulage le coeur, j'enfante la gaieté >.

 

Ces deux vers de l'École de Salerne résument I'usage que les Anciens

faisaient de la plante : ils la disaient propre à chasser la mélancolie.

Mais quelle est-elle, cette gaie luronne?

Des fleurs d'un superbe bleu céleste, au sommet de grosses tiges héris-

sées de poils raides : la bourrache tire son nom du latin burra,  étoffe

grossière ; d'aucuns ont cru voir dans < bourrache > une transcrip-

tion de I'arabe abou rash,littéralement  « père la sueur » ; cette étymo-

logie est fantaisiste, mais elle a le mérite de faire ressortir les vertus

sudorifiques de la plante.

L'espèce nous vient probablement d'Afrique du Nord, et elle a gagné

toute l'Europe et l'Amérique, tantôt cultivée et tantôt échappée des

jardins. Ses feuilles épaisses et velues la font aussi sûrement reconnaître

que ses fleurs à 5 pétales en étoile d'azùr, et à grosses étamines brun

noir rassemblées en bec d'oiseau.

 

Au Moyen Age déjà, le Grand Albert la disait génératrice de bon

sang ; dans I'Italie du XVIe siècle, Matthiole la recommandait contre

les défaillances du coeur, pour rafraîchir les fiévreux et pour calmer

leur délire. Mon père, quant à lui, l'appelait  la toute-douce , et

c'est bien une délicieuse sensation de douceur qu'elle procure aux

malades frappés de bronchite, de catarrhe, d'infection des membranes

internes (plèvre, péritoine...), de congestion des organes ou de rhuma-

tismes. Je I'ai, pour ma part, utilisée avec le plus de succès en bains de

pieds contre le rhume, et en cataplasmes contre les brûlures et les

crises de goutte.

 

RECOLTE :

 

Il est très facile de cultiver la bourrache au jardin - il

lui faut une terre épaisse, bien fumée et bien exposée au soleil. Mettez

les graines en terre en les semant à 1a volée, en automne ou en avril;

éclaircissez quinze jours plus tard : vous aurez rapidement les plus

beaux plants du monde (les besogneuses fourmis, les années suivantes,

se chargeront de propager I'espèce alentour). Cueillez, juste avant

l'épanouissement, soit la plante entière, soit les sommités fleuries, soit

les seules fleurs. Dans les deux premiers cas, faites sécher en petits

bouquets suspendus à un fil. Pour les fleurs seules, si vous voulez en

conserver I'admirable teinte azurée, je vous conseille de les faire sécher

rapidement dans un endroit sec et aéré.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

Dans certoines rëgions, on monge les feuilles de la bourra-

che exaclenrent cotnrne des épinards, et on utilise ses fleurs pour agré-

nlenter les salades. C'est une coulunle qui a toutes mes faveurs.

 

INFUSION

 

de plante ou defleurs séckées (sudorifique et calmante) :

jetez une petite poignée de substance dans un litre d'eau; ne laissez

infuser qu'à peine, faute de quoi la tisane perdrait sa belle couleur bleue.

(3 à 4 tasses par jour. )

 

DECOCTION

adoucissante : mêmes praportions, mêmes doses.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

jetez une demi-poignée de plante fraîche ou sèche par

litre d'eau. ( Deux bains par jour. )

 

CATAPLASMES :

appliquez, sur les brûlures, un hachis de plante fraîche;

sur les articulations douloureuses des goutteux, qui sont hypersensibles,

ne posez qu'un linge léger, imbibé d'une décoction très concentrée de

fleurs et defeuilles (à la dose de deux poignées par litre d'eau).

 

SUC

diurétique : exprimez à travers un linge le suc de la plante

soigneusement nettoyée. (Buvez-en un demi-verre par jour, en deux

fois, par exemple dans du lait.)

 

 

 

 

 

LA BOURSE A PASTEUR

 

C'est un nom bizarre que celui de cette modeste cousine

du chou et du colza, que I'on baptise aussi capselle, boursette, bourse

de berger, bourse de capucin, malette ou bourse de Judas... On I'a

compris : le pasteur dont il est ici question n'a rien à voir avec le père

de la microbiologie et du vaccin contre la rage; c'est du simple berger

qu'il s'agit, de celui qui conduit ses ouailles au pré... Mais pourquoi

< bourse > ? A cause de ses fruits, en forme de petits coeurs renversés,

qui font irrésistiblement songer à de petits sacs où précisément à des

bourses, aussi plates que celles des bergers et des moines...

Au Moyen Age, on appelait la bourse à pasteur sanguinaria, parce

qu'on savait déjà qu'elle arrête les saignements comme aucune autre.

Ses capacités antihémorragiques ont été expérimentalement vérifiées

depuis par les pharmaciens. On peut I'employer contre les blessures,

les plaies ouvertes et les crachements de sang; elle est précieuse comme

pansement de première urgence, et les hémophiles ont tout intérêt à

en avoir en permanence sous la main. Mon père, qui n'a certes jamais

lu le moindre manuel de phytothérapie, la donnait contre toutes les

hémorragies, notamment nasales ou utérines. Je la considère comme

souveraine contre les règles trop longues ou trop abondantes. Je la

réserve en particulier aux jeunes filles affiigées de pertes de sang bruta-

les à l'âge de la puberté, et à leurs mères (à la ménopause). Plus d'une

femme me doit ainsi d'avoir recouvré un cycle régulier, c'est-à-dire

l'équilibre, ou d'avoir franchi sans encombre le cap difficile de l'arrêt

déflnitif des règles.

 

RECOLTE :

 

La bourse à pasteur, originaire des contrées méditerra-

néennes, a suivi I'homme dans sa conquête du monde; elle aime en

effet les champs cultivés et bien fumés; on la trouve aujourd'hui du

niveau de la mer à plus de 3 000 m d'altitude, sur tous les continents

(seule la Polynésie en manque encore). Il convient de la récolter en

été ou en automne, de préférence lorsqu'une bonne partie des fruits

sont déjà formés, mais qu'il subsiste, au sommet de ia tige, un petit

panache de fleurs non encore fécondées.

 

PRÉPARATION ET EMPI,OI :

 

INFUSION

 

contre toutes les hémorragies : jetez deux poignées de

plante fraîche, ou une poignée de plante sèche, par litre d'eau; laissez

infuser une heure et demie. (4 à 5 tasses par jour : traitement d’attaque

contre les saignements utérins et les règles trop obondantes.)

 

DÉCOCTION

 

contre les saignemenîs de nez rëpétës : jetez une petite

poignëe de plante sèche dens un litre d'eau. (3 à 4 tasses par.jour. Une

seule tasse pour les enfants. Il est plus simple, encore,- d'imbiber un

tampon avec la dëcoction, et de le mettre dans le nez.)

 

SUC

 

de plante fraîche : exprimez-en un verre, que vous boirez

par toutes petites quantités, d'heure en heure, avec un peu de miel. (Trai-

tement d'attaque contre les hémorragies.) contre les saignements de

nez, vous pouvez également meftre dans les narines quelques gouttes de

SUC.

 

BAINS DE SIÈGE

 

pour les femmes qui souffrent de règles trop abondantes :

comptez une poignée de plante sèche ou une poignée et demie de plante

fraîche par litre d'eau.

 

 

 

 

 

 

LA BRUYERE

 

La bruyère, symbole du souvenir, a été mille fois chan-

tée par les poètes. Victor Hugo a mis sur la tombe de sa fille chérie

< Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur >;

Guillaume Apollinaire a tristement écrit à I'amie disparue :

< Odeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t'attends >...

Fort heureusement, la bruyère est moins triste quand il s'agit de guérir

les corps plus que les âmes...

Il existe en Europe plus d'une dizaine d'espèces de bruyères, depuis la

très rare bruyère incarnate des Alpes jusqu'à la bruyère arborescente

des contrées méditerranéennes, en passant par la charmante bruyère

cendrée, la mystérieure bruyère des marais, etc. Celle dont je me sers

appartient bien à la même famille des éricacées, mais pas au même

genre : c'est, pour être précis, une callune, la callune vulgaire, dont

les fleurs présentent une toute petite corolle divisée en 4 parties, et

cachée par un grand calice mauve violacé en clochette, lui-même pro-

tégé par un charmant faux calice vert. N'ayez crainte : il s'agit là de

I'espèce la plus abondante; c'est celle qui tapisse amoureusement les

landes granitiques à l'automne.

J'ai reçu un jour la visite d'un homme perclus de rhumatismes, que

rien ne soulageait plus; je I'ai littéralement livré à la bruyère; il en a

pris deux bains par jour pendant trois semaines; et il a guéri... La plante

est en réalité le meilleur des remèdes lorsqu'il s'agit d'éliminer les

excès d'acide urique, soit qu'il y ait mauvais fonctionnement des reins,

soit qu'il y ait calculs, soit même que les articulations se trouvent déjà

prises. Mais outre son action diurétique et dépurative, la bruyère est

efficace dans tous les cas d'infection des voies urinaires (urines lou-

ches, cystites, blennorragies, douleurs, écoulements suspects...).

 

RÉCOLTE :

 

Vous trouverez toute la bruyère que vous voudrez au

bord des chemins, à I'orée dès forêts, et dans les étendues sans fin des

landes à I'automne finissant. Cueillez-en les extrémités fleuries lors-

qu'elles ne sont encore qu'en boutons : elles se conservent parfaite-

ment pendant des mois, en petits bouquets pendus au grenier. Vous

pouvez aussi semer les graines de la plante au jardin, dans un terreau

additionné de sable et riche en débris végétaux, qui soit cependant très

léger (mettez les graines en terre au printemps).

 

 

PRÉ,PARATION ET EMPLOI :

 

DECOCTION

contre toutes les infections des voies urinaires, et notam-

ment la cystite : jetez une bonne poignée defleurs dans un litre d'eau;

faites bouillir 5 minutes. (3 tasses par jour.)

 

INFUSION

diurétique et contre les calculs rénaux : comptez une petite

poignée de bruyère par litre d'eau. ( 2 tasses par jour. )

 

BAINS

de bruyère contre les rhumatismes : jetez une petite bras-

sée de bruyère dans votre baignoire. (2 fois par jour.)

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS

contre les rhumatismes : comptez deux poignées de plante

pour une cuvetle d'eau. (3 fois par jour.)

 

DÉCOCTION

pour la peau (pour faire pâlir les taches de rousseur,

guérir les dartres, calmer les rougeurs) : comptez 5 pincées de fleurs

pour 1/2 litre d'eau douce.

 

INFUSION COMPLEXE

pour prëvenir les maladies des voies urinaires et génitales,

et notamment de la prostate : jetez 3 pincëes de fleurs de bruyère, 2 pin-

cées d'écorce de tilleul et 2 pincées de thym dans un grand bol d'eau

bouillente. (Tous les soirs, pendant une semaine.)

 

 

 

 

 

LE BUIS

 

Ce sont des branches de buis que l'on fait bénir le

dimanche des Rameaux.

Tout le monde connaît cet arbuste aux feuilles toujours vertes, qui peu-

ple en vastes colonies enchevêtrées les coteaux secs et les sous-bois

clairs: chaque pied peut atteindre 5 à 6 m de hauteur, et vivre six ou

sept cents ans. Le buis, dont on se sert pour faire de grosses haies

vives, possède un bois très dur, une écorce lisse et grise, des feuilles

ovales, brillantes et coriaces, et de petites fleurs verdâtres. Ses fruits,

en capsules ovoïdes à trois cornes, sont caractéristiques.

 

 

C'est un précieux compagnon pour le phytothérapeute, mais c'est

aussi un redoutable individu végétal : une substance (buxine), qu'il

contient dans toutes ses parties, constitue un poison assez dangereux.

N'usez jamais du buis qu'en respectant strictement les doses. Cela dit,

le bois, l'écorce et les feuilles du végétal étaient déjà utilisées au

XIIe siècle, comme elles le sont aujourd'hui, en tant que dépuratifs, pour

activer la sueur et faire tomber la fièvre; je les recommande contre les

accès de paludisme lorsque la quinine n'agit pas bien, et contre toutes

les fièvres rebelles : non seulement ce remède fait disparaître les symp-

tômes (la fièvre elle-même), mais le buis, en épurant le sang, s'attaque

vigoureusement aux causes profondes de la maladie. Il redonne du

tonus au malade, et lui permet de résister victorieusement à I'attaque

des germes infectieux.

 

RÉCOLTE, :

Coupez le bois, prenez l'écorce et cueillez les feuilles du

buis juste avant la floraison, c'est-à-dire en mars-avril, selon les régions.

Utilisezles immédiatement, ou faites-les sécher à 1'ombre. Ne choi-

sissez, pour votre récolte, que des arbustes ayant poussé loin des villes,

c'est-à-dire loin des sources de pollution de notre univers de fumées

et de poisons en tous genres.

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

 

d'écorce, de feuilles et de bois (dépurative) : jetez 5 pin-

cées de plante dans un litre d'eau. (Une tasse par jour, pendànt 3 joirs.)

 

 

DECOCTION

 

(sudorifique et contre les fièvres) d’écorce et de feuilles :

mêmes proportions, mêmes doses.

 

POUDRE

 

de feuilles séchées (en cas de très fort accès de fièvre

seulement ) : une petite pincée, avec un peu de miel.

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS

de râpure de bois ou de feuilles (dépuratif, sudorifique,

contre Ia fièvre) : comptez une petite poignëe de plante par litre d’eau.

(Je vous recommande tout particulièrement cette recette, parce que ses

effets sont prompts, et parce qu’il n’y a pratiquement pas de danger à se

tromper de doses. )

 

NOTA :

 

Si les bains de pieds et de mains n'offrent que des avanta-

ges par contre, les trois préparations précédentes sont dfficilement

supportables par l'estomac. Je vous conseille de n'y avoir recours qu'avec

Ia plus grande prudence, à moins d'être suivi par quelqu'un de compétent.

 

 

 

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