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Guérisseurs Pyrénées

Les Guérisseurs béarnais ...

                                                    
 

 

                                                           

 

 

                                                              

 

- Première source d'informations: Pasteurs et paysans béarnais; Corps humain, santé de J.J. Cazaurang.


 

Le béarnais considère que la santé est l'état normal.

On dit d'un bien portant, même adulte, qu'il est beth (beau).

Force des béarnais, a gardé un sens très concret de vigueur et d'action vigoureuse.

Le paysan béarnais toujours éleveur, acquiert à la fréquentation de ses bêtes, une connaissance de la vie animale, de son évolution, de l'anatomie.

L'abattage lui permet d'effectuer une dissection rudimentaire.

Il y apprend l'emplacement des organes...

Le coeur, le foie, l'estomac, le squelette, les muscles, sont des images précises.

Il ne lui est pas difficile de procéder par assimilation et de reporter ses observations sur le corps humain.

Une grande partie de la résistance à la maladie reposait sur la vigueur physique, cette dernière découlant, d'un côté de qualités héréditaires, et de l'autre de la nourriture.

L'estomac et les organes voisins sont au centre du bien-être, et de la sécurité.

L'état de l'esprit de l'homme repu est différent de celui qui a faim.

Le premier devient optimiste, l'affamé est triste et s'abandonne facilement aux mauvaises pensées, y compris celle de la malhonneteté.


 

Dès qu'une mauvaise nouvelle parvient à l'homme, son estomac se serre, ses fonctions digestives peuvent être perturbées quand l'émotion est grande.

Les inquiétudes les tensions d'esprit, les rancoeurs se répercutent dans la région abdominale et y provoquent des troubles et des souffrance.

Le ventre était le siège de maladies les plus douloureuses et les moins connues même des médecins.

Appendicite, péritonite, typhoide, entérite, ulcères et cancers ...


 


 

Le béarnais distingue 5 sortes de maladies:

* mau beyt, fait par blessure

* mau cargat, mal chargé ou pris, venu par contaminations;

* mau badut, né dans l'organisme;

* mau naturau, naturel, venu par évolution naturelle;

* mau dat, donné, par maléfice.


 


 

Mau badut, le mal né de l'organisme était celui qui se traduisait par des éruptions: furoncles; anthrax; urticaire.

On incriminait la qualité du sang et on considérait que le mal finissait par être un bien qui permettait à l'organisme de se purger en expulsant par ce moyen les mauvaises humeurs.


 

Mau naturau: maux de tête, migraines passagères, mal aux dents, les rhumes, les rhumatismes, les troubles circulatoires, varices.
Il venait par une évolution naturelle de l'organisme.

Mau det ou maladies (ulcères, cancers) qui venaient par maléfices.

Le sort pouvait être jeté à distance mais il pouvait être confié à un intermédiaire, un animal, objet qui produisait la blessure fatale par où s'introduisait le mal.


 

A une première distinction simple, et assez logique, entre les herbes de chemin (herbe de cami) c'est-à-dire sans doutes sauvages; et les herbes de jardin (erbe de casou), cultivées; s'ajoutaient 2 grandes catégories d'herbes dites froides et celles dites chaudes.

Parmi les premières se trouvaient le poireau, le chiendent, le pissenlit, la rave, le trèfle blanc, le plantain, la campanule.

Parmi les chaudes, la bourrache, le frêne, le liseron des haies, l'avoine.


 

Les herbes froides avaient des qualités dominantes adoucissantes et rafraichissantes tandis que les herbes chaudes paraissent avoir des effets plutôt échauffants et congestifs.

                                                 
 

 

                   

 

* * *


 

- Deuxième source d'informations: Medecines populaires en aquitaine (1987)


 

La mort était une présence familière.

Non seulement comme terme de la vie, mais comme compagne de tous les âges et particulièrement du jeune âge.

On ne faisait pas venir un médecin pour un enfant considéré comme trop jeune (3 à6 mois).

Vis à vis de la communauté , l'individu qui n'est pas malade est l'élément vital de base.

Il participe aux travaux, il contribue à la prospérité générale.

La santé, la force, entrainent même l'admiration.

Il plane sur l'infirme, sur sa situation hors du commun le préjugé défavorable de la malédiction.

C'est un être inférieur.

Faire venir le médecin à tout bout de champ c'est que le malade a le sang pourri.

On refuse le mal et rejette la maladie.


 

théorie des signatures: le semblablesoigne le semblable.

exemple: le bleuet (bleu) et sainte Claire, Sainte Lucie conviennent aux yeux,; le millepertuis (fleurs jaunes, huile rouge) , pour les brûlures.


 

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                                                                                                quelques images du Dictionnaire de sorcellerie des Pyrénées

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Propos de madame S.G. , guérisseuse en Dordogne.

Comment je guéris?

C'est difficile à expliquer.
En fait, il faut aimer les hommes pour les guérir mais il est évident qu'il faut tout d'abord savoir d'où vient le mal, en connaître la cause.

Et pour cela on prends le pouls, je demande le prénom et la date de naissance, parce que l'astrologie m'aide beaucoup pour établir un diagnostic en montant un thème qui permet de trouver la faiblesse du corps, de déterminer les blocages.
Mon premier travail est d'éliminer toutes les toxines en pratiquant à l'aide de plantes (lavements) une décongestion des organes qui en ont besoin, surtout les intestins.

Ensuite, c'est le déblocage par des manipulations notamment au niveau des vertèbres et de la colonne vertébrale, car c'est elle qui commande tout, qui est la charpente.

Il faut croire en ce que l'on fait et être honnête avec ce que l'on fait.

Tous nous avons du magnétisme et souvent il suffit de le développer pour pouvoir soulager autrui.

Par exemple, par l'imposition des mains.

L'homme est ainsi fait que par la force de sa pensée il est capable de faire ce que la chimie et laphysique ne peuvent réaliser.

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Le bouche à oreille, la renommée basée sur des faits touchant l'irrationnel, exercent l'imagination et permettent le relachement des facultés critiques.

La suggestion intense, le caractère exceptionnel du rituel, brisant la frontière entre le normal et l'anormal, donnent aux guérisseurs des statures de protecteurs pouvant s'étendre à la famille et même au village.

Le saint apparaît surtout comme un protecteur, notamment de la communauté, invoqué lors de troubles collectifs (accidents climatiques, épizooties, épidémies).

les pélerinages correspondent à des voeux faites à l'occasion de ces calamités.

Le mal des saints, maladies envoyée par le saint lui-même à titre de réprimande.

Au Pays Basque , bon nombre de saints sont invoqués pour des retards de la marche des enfants.


 

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- Trosième source: Médecine traditionnelle et populaire en Périguord.


 

Les sorciers ...


 

Ils se cachent en des forêts profondes, ou parmi les rocs abruptes; un sorcier que l'on verrait vivre comme tous les autres paysans perdrait vite son auréole de mystère.

Les atteindre est assez difficile, méfiants comme tous les paysans du pays, ils craignent les visites des gens instruits, et surtout celle d'un médecin, leur ennemi héréditaire.


 

Ils se sont entourés d'une conjuration du silence, qui empêche à peu prés l'étranger d'aller les inquiéter.

Un sorcier recommande à ceux qu'il a guéris de ne rien dire de ce qu'ils ont vu ou entendu, et dans le pays où les langues marchent vite on peut être certain que toute indiscrétion parviendrait rapidement aux oreilles du sorcier.

La colère de ce dernier pourrait faire revenir la maladie qu'il avait extirpée ou frapper d'autres maux encore plus effrayants: ceux qui n'auront pas pu se taire.

On se tait donc, par crainte des représailles.
Le seul moyen de faire une enquête sur eux, c'est d'aller les voir soi-même.

Pour cela il faut se faire conduire par un ancien client du sorcier ou aller à certains jours dans une auberge désignée, et là on trouve généralement un enfant qui à travers le dédale de la forêt vous mène vers la demeure mystérieuse.


 

Quand à les faire parler d'eux-mêmes c'est une chose à peu près impossible.

On se heurte à une volonté bien arrêtée de ne pas dévoiler leur personnalité d'hommes.


 

Pierre C.... , 55 ans, exerce depuis 20 ans la profession de sorcier dans les bois de Jumilac.

Ses parents lui ont légué un lourd passé pathologique.

Sa grand-mère était épileptique. Sa mère hystérique et atteinte de tics nerveux avait des crises très fréquentes. Elle mourut à 42 ans, épuisée par le rude travail des champs.

Son père, cultivateur, était alcoolique. Il mouru à 54 ans.

Voyait paraît-il des bêtes noires qui le poursuivaient.

Il a eu 4 soeurs et 2 frères, tous en mauvaise santé.

Plusieurs sont morts de tuberculose.
Lui-même est venu le septième.

Rachitique, dans son enfance, il lui en reste les deux jambes arquées, et une démarche en canard qui complète fort bien l'aspect fantastique qu'il se donne.

Se présente comme un paysan dont il a le costume, et les manières, mais il s'en differencie par un regard lumineux, brillant, extatique.

Il exerce son métier de sorcier parce que c'est un don qu'il a reçu du ciel et dont il doit faire profiter l'humanité.


 


 

Les sorcières ...


 

Elles sont nombreuses en Dordogne.

Tous les dimanches va à la messe.

Il est hors de doute que les sorciers obtiennent un certain nombre de guérisons.

Vouloir les nier serait mettre en doute la bonne foi de toutes les générations qui nous en ont parlé, leur vogue, la réputation de certains d'entre eux prouvent qu'ils peuvent faire du bien.

Les guérisseurs excellent à faire de la suggestion.

Névrosés eux-mêmes, hystériques, beaucoup d'entre eux jouissent de la faculté de lire dans la pensée d'autrui.
Ceux qui ont cette faculté en usent largement et le paysan est tout tremblant de voir que le sorcier qu'il ne connait pas , connait jusqu'à ses pensées les plus intimes.

Le sorcier met tout en oeuvre pour s'entourer d'une atmosphère de mystère qui prépare l'esprit du malade et le rend propre à recevoir les suggestions qu'il lui imposera.

Sa chaumière est toujours seule dans les bois ou à une grande distance des autres maisons, on doit marcher pendant quelques temps dans une solitude absolue, déprimante pour le système nerveux, avant d'y arriver.


 

Toutes les congestions pulmonaires, les rhumes, les grippes, les coryzas, sont dus à l'encontre d'air tandis que les rhumatismes, la goutte, les lumbago, sont des encontres de terre, c'est-à-dire des maladies que l'on a attrapé par contact avec le sol et non comme les autres, en respirant de l'air.

Pour les guérir, il faut aller trouver la défaiseuse d'encontres.

C'est une sorcière de deuxième catégorie, et que l'on paie moins chers que les véritables sorciers.

On leur apporte généralement deux bouteilles de vin dont l'une doit servir de paiement.

Dans l'autre, la guérisseuse jette des brindilles enflammées, elles s'éteignent au contact du vin en produisant des sifflements, après quelques incantations, les signes de croix, le liquide est devenu un remède magique et le malade n'aura qu'à la boire pour être guéri.

Certains sorciers de la Dordogne ont la réputation de guérir même à distance pourvu qu'on leur apporte un objet ayant appartenu au malade.

...

Le rôle de la suggestion:

Tout homme y est plus ou moins sensible. L'homme même lettré et cultivé est suggestible, car la vie même n'est qu'une longue suite de suggestions, suggestions qui lui viennent de ses ancêtres, de ses parents, de tous ceux qui l'entourent.

C'est donc une arme, la plus employée par les sorciers.

Les sorrciers emploient souvent les plantes.

Ce qui importe dans leur esprit c'est la façon dont la plante a été cueillie.

Plus l'homme progresse dans la conquête de ce qu'il faut bien appeler ses pouvoirs seconds, qui sont d'espèce mécanique, plus il recule dans la possession de ses pouvoirs qui sont d'espèce intuitive, et qu'il va sans cesse déperdant.


 

Rebouteux, guérisseur, madame S.G. Est aussi très psychologue et si elle soigne les corps, elle soigne aussi à l'occasion, les âmes.

Il faut savoir s'oublier, écouter les gens, non avec la tête, mais avec son coeur, avec amour.

L'amour ce n'est pas l'acte, c'est tout ce que l'on fait, même les taches les plus humbles, les plus courantes.

Il faut faire du bien, essayer de rendre les autres heureux, mais pour cela il faut qu'autour de soi tout le monde soit heureux.

La plus grande maladie c'est l'égoisme.

On ne sait plus rendre service. On ne sait plus donner et les gens ont tendance toujours à ramener tout à eux.

Quand on veut aider les hommes on peut toujours le faire !


 

Le qualificatif le plus ancien connu pour désigner le sorcier ou la sorcière est celui de posoer ou posoere.

On le trouve bien dans un acte des notaires de Lucq-de-béarn en 1393.

A la fin du XVII ème siècle, le mot était employé sous la forme de pousouère.

Ce terme est aujourd'hui inconnu sauf dans l'Armagnac et dans le Coubardon.

Il est évident que le mot dérive de pousou (poison).

Le pousouè est celui qui connaît l'art de composer les poisons ou de conjurer les mauvais effets d'un poison, d'un sortilège.


 

Actuellement ce sont les mots de sorciè, sourcière qui sont employés en Béarn et en Chalosse.

Le dialecte gascon de Bayonne dit sourcièy.

En même temps que sourciè on appelle aussi bien brouch (féminin brouche) celui qui jette les sorts ou qui guérit les maléfices.

Un chanone de l'église de Pampelune, martin d'Arles, qui écrivait au commencement du XVI ème siècle, parle des sorcières très nombreuses sur le versant français des Pyrénées et dit qu'elles sont connues sous le nom vulgaire de bruxce.


 

Le maléfice, sort, charme, c'est-à-dire tout mal naturel ou mystérieux qu'on prétend pouvoir être donné par le sorcier s'appelait et s'appelle encore mau dat (mal donné), mal d'encontre et en béarnais  : encountre.


 

Par opposition au mau dat, mal mystérieux et produit par des causes extra-naturelles, on appelle une maladie contractée normalement  : û mau qui bié de diu (un mal qui vient de dieu)  ; ou û mau de nature (mal naturel), une maladie contractée par contact ou par épidémie et dénommée û mau acoumanat ou ahirat.


 

Le mau dat se communique par le regard, l'oeil des sorcières est mauvais et sinistre.

Pour guérir les enfants plus réceptifs que les autres au mauvais œil, il faut leur faire porter au cou un petit portrait du membre viril fait de cire et souvent d'une pièce de drat écarlate.


 

La psychanalyse pourrait nous rendre compréhensible cette étrange pratique.

De nombreux névrosés ont une peur de laisser exprimer leur féminité intérieure.

Il y a une sorte de peur de ce qui est féminin en soi , ce qui vient égratigner l'estime de soi.

Dans une société où l'homme est un mâle fort et vigoureux, respecté pour sa force physique, les traits féminins sont perçus comme des marques d'infériorité.

Il y a une division stricte entre l'homme et la femme, séparation qui n'est pas toujours très adaptée.

Un jeune homme machiste aura bien du mal à accueillir ses aspects féminins...

Il y a un manque d'humilité et une fermeture à accepter ses faiblesses.

Le membre viril, représente la force, la puissance et s'accompagne ainsi de courage et de traits typiquement masculins.

Porter une amulette en forme de phallus c'est être en permanence revêtu d'un objet qui représente et rends fort.

L'amulette protège ou rends puissant.

Car elle représente un organe qui donne du pouvoir à celui qui le possède.

Parce qu'un être humain possède un sexe masculin, il accepte de devenir un mâle.

Il s'identifie à l'organe que le corps possède.

Cette identification s'accompagne de tout ce que la culture et l'autre sexe attribue à ce genre, à cette masculinité.

Dans une société valorisant le sexe masculin, il y a fierté à être un homme.

Car cette masculinité donne des droits supérieurs.

Le membre viril est ainsi un objet qui donne des avantages.

La psychanalyse a bien compris que le pénis s'entoure de multiples représentations et de droits qui sont fantasmés, c'est ce que Lacan nommera phallus imaginaire.

L'amulette en forme de sexe masculin est ainsi un instrument qui renforce l'énergie de celui qui souvent inconsciemment attribue à cet organe une valeur.


 


 


 

Ou alors une petite boulette de cire bénite collée aux cheveux de l'enfant.

Le mau dat se transmet aussi par attouchement par un simple souhait  ; par un objet quelconque  ; un fruit (une pomme).


 

Pour éviter toutes mauvaise influence que pourrait occasionner un fruit nouveau qu'on offre, il faut dire mentalement, la formule  :

frut nou  ; nou-m hasier mau  ; sinous miengrèches  ; atou, que-m lèches (fruit nouveau, ne me cause pas de mal  ; si tu ne m'engraisses pas, laisse-moi du moins tel que je suis)


 

Le maléfice peut venir du boire aussi bien que du manger.

Les poudres étaient fabriquées d'ordinaire au sabbat  ; parmi les ingrédients qui rentraient dans leur composition, on trouve de la chair et du venin de crapaud.


 

Cette substance peut parfois intoxiquée et provoquer des hallucinations...


 

Les sorcières peuvent aussi envoyer aux hommes le bisatgle , étourdissement qui aux uns procure un grand mal de tête, celui à qui on jette ce sort (en lui touchant la main) perd le sens de la direction et erre des nuits entières sans pouvoir retrouver sa demeure.

Pouvoir se préserver de leurs sortilèges  :


 

parmi les signes, le plus fameux et le plus ancien consiste à faire la figue (ha la higue).

Quand on voit une sorcière on ferme la main droite en plaçant le pouce entre l'index et le majeur, cela s'accompagne de formules qu'on répète à voix basse.

Dans la vallée d'Ossau, on se signe en disant  : higue la ligue (figue la fige) ou encore  : si on veux pour moi le mal – qu'il se retrouve sur toi.


 


 

On dit encore  : harri  ! Harri  ! Que t'y pounchi  ! (en avant, en avant, je t'y pique).

Dans les Landes en faisant le geste préservateur, on murmure  : s'ès sourcière, au diable que-t dau (si tu es sorcière, je te donne au diable)


 

le geste de faire la figue devait être considéré en gascogne comme un signe de moquerie ou de défi.

La figue était regardée comme un talisman, amulette.

Faire la figue, action indigne de la pudeur d'une honneste femme  ; et encore plus d'une vierge, d'en faire le geste et d'en porter au col.


 

A Sauveterne de Béarn quand on voit une sorcière on dit mentalement  : l'atéfu, bayse-me lou cu, que nou m'ayes (Latéfou, baise-moi le cul, que tu ne m'atteignes).

Que saint simon te pousse, charogne au diable, je te donne, si tu me fais pas du bien  ; que tu me fasses pas du mal.

Que le diable te souffle au cul.

Les bigourdans possèdent des imprécations terribles contre les sorcières.

A leur approche on dit  : qu'un mauvais feu te brûle, sorcière, qu'un mauvais four te consume.


 


 

Pour se préserver, différentes plantes ont des propriétés reconnues  : le fenouil par exemple.


 

Le fenouil est aussi un galactogène, signe de maternité et il chasse les gazs intestinaux sources de coliques venteuses.

Tout ce qui rends l'air aromatisé est censé purifié le souffle et donc agir sur la préservation de la santé.


 

On cueille des branches de cette plante la veille de saint-jean et on les met sur le seuil des portes, en diasant  : si passa peu haurat, a noeyt, na souurciè bou, ha-t plaa senti, fenouilh, e d'entra qu'aura pou (si passer par le trou cette nuit, quelque sorcier veut  ; fais-toi bien sentir fenouil et d'entrer il aura peur).

Si les branches ont été bénites dans le feu de saint-jean, leur efficacité n'en est que plus grande.


 

Le feu purifie et détruit les bactéries...


 

Les plantes aromatiques ont le pouvoir d'éloigner les esprits malfaisants.


 

Leurs parfums protègent des mauvaises odeurs signent de contagions, de putréfactions...

Le souffle des animaux morts peut transmettre la peur car les animaux en décompositions sont sources d'épidémies parfois ou de pollutions des cours d'eau.


 

L'armoise (artémise ou eschén) preservait de la mauvaise influence des sortilèges.

Pline l'ancien citait l'armoise parmi les herbes servant contre tous charmes.
Le Béarn était de l'avis de Pline.

Pour garder sa virginité une jeune fille doit cueillir cette plante à la veille de la saint-jean, la placer sur une haie et l'y laisser pendant la nuit, ensuite elle doit placer le bouquet chaque soir sous son traversin.

 

Les plantes comme l'armoise, la rue, l'absinthe, etc... sont protectrices mais elles sont aussi des amères.

Ce sont des plantes qui peuvent provoquer des avortements.

Ainsi ces plantes ont peut-être étaient utilisées pour empêcher l'enfantement. Or une femme sans enfants était souvent considérée comme une vierge, comme une sainte...

Les plantes amères sont ainsi associées à tout ce qui éloigne du péché, du mal, du serpent  !

Ce sont souvent justement des insecticides naturels en plus  !

L'absinthe est insecticide, elle préserve des puces, des insectes …

Cette propriété a probablement était imprimée dans l'inconscient collectif, elle traverse le temps, les époques et les cultures.


 


 

Le millepertuis perforé, le Bas Limousin l'appelle chasse-diable.


 

Cette plante calme certaines dépressions, ce qui peut expliquer sa vertu magique de préserver du diable  !


 

Le sel est un antidote souverain contre les puissances infernales  : en sabbat, on ne mange rien de salé.


 

Le cri de la chouette n'est pas mortel, si tu jettes au feu une poignée de sel.
Le sel jeté au feu est un préservatif contre l'orage.

Pour éloigner les sorcières on trace une croix avec du sel aux croisements des routes.


 

En Bigorre quand on veille un enfant nouveau-né qui n'a pas encore reçu le baptème, pour éviter tout mauvais sort on place du pain de l'ail et du sel sur une table.


 

Le coq était par excellence l'ennemi du démon, des sorcières et des maléfices.


 

Le coq chante au lever du soleil, il est donc le symbole du jour, du retour de l'ordre, ce qui rassure les enfants terrorisés par l'obscurité car très souvent signe du contact avec nos aspects les plus secrets, les plus imprévisibles...


 

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Le cindre est une variété d'herpès.

Le moyen pour traiter cette affection est a peu près le même partout, ce moyen consiste à se faire porter sur le dos d'un individu qui a déjà été guéri du même mal.

Parfois le septième enfant mâle d'une famille possède le don de guérir.

L'opération doit être faite le soir après le coucher du soleil, à l'entrecroisement des quatre chemins (carrefour de routes ou d'allées d'un jardin), sans témoins …  !

Le guérisseur porte le malade sur le dos, on fait 9 pas, on s'arrête en disant  :

・ qu'est-ce que je porte  ?

・ Le patient répond  : lou cindre (le zona).

L'opérateur ajoute  : comme je n'ai pas beaucoup de vigueur ici je dépose et fais disparaître le cindre.

Encore 9 pas, arrêt, nouveau dialogue, et ainsi à 9 reprises.

Après quoi le malade se met à genoux et récite 5 Pater et 5 Ave.


 

On guérit aussi le cindre au moyen d'une plante  : la pulmonaire à feuilles étroites.
Les taches blanches qu'on voit sur les feuilles sont des gouttes de lait de la sainte Vierge, d'où le nom d'erbe de la sente Bierge.


 

L'opérateur prend 9 paquets composées chacun de 3 feuilles de cette plante cueillies dans les branches les plus hautes avant le coucher du soleil puis après son coucher on frotte chaque paquet sur la partie malade pendant 9 jours. On prononce une formule.


 

Après avoir eu une dent arrachée il faut mettre un peu de sel dans le bandeau dont on se couvre la bouche ou dans sa poche.

Car si on a l'imprudence de traverser un cours d'eau on court le risque d'être atteint de cette fluxion  : la marèye.


 

Pour la combattre, le moyen est identique à peu près partout  : on fait bouillir 9 cailloux dans un pot et on expose le membre enflé à la vapeur de cette singulière infusion.
A Masiacq, on ramasse 9 petits cailloux dans un carrefour et on les fait bouillir dans un pot avec du sel et des fleurs de sureau.


 

Pour l'orgelet (loriou)  ; faire 9 attouchements en forme de croix sur l'oeil malade avec l'anneau nuptial d'une femme.


 

Pour le muguet, on ouvre la porte de la volière et on fait passer 9 fois l'enfant par la petite trappe qui sert de passage aux poules en disant  : passe, passe, muguet, par le trou de la poule.


 


 

Pour le braguen ou coulubres  ; la formule  :

Dégoutant braguen, qui es si malin  ; soit guéri demain matin, je n'aime guère le voisin  ; je suis à jeun de pain et de vin.

Si tu as mal donné, 2 mauvais yeux te sont donné, et 3 te l'ôteront.
S'il plait à Dieu  ; Dieu le Père et le Fils et le saint esprit.


 

Affreux furoncle si envenimé  ; mauvais endroit tu t'es choisi, pourtant plutôt que de te replacer  ; fait le service de crever.

Pour les verrues on les frotte avec le suc jaune de chélidoine ou grande éclaire.


 

Pour la fièvre  : se rendre le matin avant le lever du soleil devant un pied de menthe sauvage et offrir à cette plante du pain, du sel...

En récitant une formule spéciale  .


 


 

Adieu je te salue menthe  ; j'ai la fièvre tu ne l'as pas  ; ici je te porte du pain et du sel pour que tu guérisses mon mal.


 


 


 

Lorsqu'un enfant à une attaque de vers on l'étend sur une table, autour de laquelle on allume 9 bougies.

Le guérisseur se place aux pieds du malade et dit en faisant de grands geste  :

9 vers à Job avec 9 il en as trop,de 9 ils viennent à 8.

On éteint une bougie puis on redit la même formule en rétrogradant d'une unité, jusqu'à ce que job n'ai plus qu'un vers.


 

La sciatique ou cranc en vieux béarnais  : celui qui a éprouvé le mal peut guérir le cranc  ; il fait coucher le malade à plat ventre sur le sol et s'appuyant sur un baton pour rendre sa pression moins forte, il passe 9 fois sur lui en posant le pied aussi légèrement que possible sur la zone douloureuse.

Chaque fois le malade doit dire  :

Nau dit notre chat  ; surtout depuis que je me suis courbé mais je voudrais me redresser passe sur moi pour me guérir.


 


 

Les formules magiques sont souvent agressives et permettent ainsi d'exprimer une haine qui est généralement condamnée et refusée.

Au nom du bien, de l'ordre moral, on refuse de reconnaître nos instincts grossiers et violents.

Chez les névrosés, cette colère intérieure est ignorée, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont violents et pourtant leur attitude l'est pourtant très fortement.

Le névrosé nie, n'a pas conscience de son égoisme, de ses défauts, de ses manies.

Il juge mal les gens agressifs et pourtant il explose de rage facilement lui-même.

Les formules magiques sont haineuses et contraignent ainsi le possédé à accepter sa colère inconsciente.

Le possédé, celui qui nie sa violence intérieure va pouvoir décharger sa colère sur un dérivatif.

La haine est alors orientée et déchargée sur un substitue  : une poupée, un animal, etc...

nous avons tendance naturellement à nous croire plus serviable, plus généreux que ce que nous sommes réellement, nous nous envoyons des fleurs, nous sommes bien moins jugeurs avec nous-mêmes qu'avec les autres  !

Se regarder dans un miroir est parfois frustrant car on se voit bien moins beau que ce que nous aimerions apparaître.

Les formules mentionnent parfois de façon masquée le nombre 666 ou 999.

En effet le malade est incapable d'accepter, de tolérer le mal, le diable.

Pour lui c'est un monstre cruel et destructeur qu'il faut condamner.

Tout ce qui est «  mauvais  » est donc quelque chose d'inacceptable et de condamnable.

Un névrosé ne peut accepter d'être jugé mauvais ou égoiste.

Il refuse que son image, l'idée qu'il se fait de lui-même, puisse être entâchée d'une quelconque forme de péché.

Le nombre infernal sert de référence car il permet de décharger les crispations, les violences.


 


 


 

* * *

- Quatrième source, l'ouvrage : Recettes médicales alchimiques et astrologiques du XV ème siècle en langue vulgaire des pyrénées. 1956. Clovis Brunel.


 

                                  
 

Le livre source date certainement de 1441 et est rédigé en langue romane du Midi de la France.


 

Il est frappant de constater que le principal usage des plantes médicinales y est proche de celui de la phytothérapie moderne.


 

Quelques plantes médicinales :

L'aneth (anet) est décrit comme chaud et sec et soigne les douleurs de ventre et des intestins. il stimule aussi la sécrétion lactée.


 

La laitue (lachuga) est froide et humide; calme les coliques et fait bien dormir.

La moutarde est chaude et sèche au quatrième degré et fait uriner.

Celui qui s'en sert comme aliment fait ainsi sortir toutes les mauvaises humeurs.

Soigne les morsures de serpent, les piqures de scorpion ...

Calme la fièvre tierce et quarte.

Le pavot fait dormir et traite la toux.

La rue (ruta) calme la libido masculine et soulage les douleurs de ventre.

La rue soigne aussi la fièvre et lutte contre les vers.

L'achillée (miahfuelh) est chaude et sèche.

Le fenouil soigne les reins.

L'oignon (seba) sous forme de suc soigne les douleurs de dents.

La sarriette est chaude et sèche et fait uriner.

La mélisse y est également mentionnée, comme la camomille.

Le céleri calme la toux et est diurétique.

L'ortie fait uriner et soigne les douleurs des reins.

L'hysope est bonne pour les rhumes.

La gentiane sert contre le démon.

Elle purge les mauvaises humeurs.

Le serpolet est chaud et sec, il purge le foie.

La menthe pour l'estomac.

 

  

                                    

 

                                          

 

 

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