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plantes G

 

 

 

LE GENÊT À BALAIS

 

De la cohorte épineuse des genêts, je vous conseille

d'utiliser le genêt à balais, ou sarothamne, de préférence à tous les

autres (genêt d'Espagne, genêt ailé, genêt des teinturiers, etc.); c'est

en effet celui qui, pour un minimum de toxicité, donne le meilleur

 rendement santé.

c'est l'hôte étrange des terrains siliceux et des landes mangées de

bruyères, où courent les nuées noires de la tempête, et où semblent

toujours passer des cortèges rapides de lutins grimaçants... vous le

trouverez dans les lieux incultes et désolés, à proximité des bois reti-

rés, ou dans les clairières qu'on croirait vouées à des sabbats éternels...

Il se reconnaît aisément à sa taille médiocre (rarement plus de 1,50 m),

à ses rameaux à 5 angles bardés d'aiguillons acérés, à ses feuilles un

peu semblables à celles du trèfle, et à ses fleurs papilionacées typiques.

L'épanouissement jaune intervient normalement de mai à juillet, mais

1'espèce refleurit souvent en automne, et lance parfois très tôt au prin-

temps quelques flammèches d'or.

 

Le genêt reste pour moi indissolublement associé au cas de ce vieil

hydropisique tout à fait incapable d'uriner, qui vint un jour me trou-

ver, et qui fut guéri en deux mois, après une cure intensive de bains

dorés aux fleurs de cette plante. Mais outre son pouvoir diurétique

(précieux dans tous les cas d'albuminurie, de calculs urinaires, d'oedè-

mes, de goutte, de rhumatismes, etc.), I'espèce est active contre I'hypo-

tension, contre les infections pulmonaires, contre les hémorragies uté-

rines et contre l'insuffisance des glandes endocrines (notamment de la

thyroïde).

 

RÉCOLTE :

 

Veillez bien à ce que le genêt dont vous allez user soit

un sarothamne (localement appelé gneste, brande, spartier commun,

spartier à balais, juniesse, genettier, etc.); le caractère essentiel est

ici représenté par les rameaux à 5 angles. Cueillez quelques jeunes

pousses au printemps, pour I'emploi immédiat. Récoltez les fleurs

juste avant l'épanouissement, et faites-les sécher rapidement au four

pour leur conserver leur admirable couleur d'or.

Vous pouvez cultiver le genêt au jardin. Une seule terre lui est hostile :

le calcaire. Semez en été, à la volée, et repiquez les plus beaux pieds

lorsqu'ils sont suffisamment vigoureux.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI

En usage externe seulement.

 

INFUSION ET DÉCOCTION

de fleurs séchées : jetez 10 à 15 pincées de fleurs dans un

litre d'eau. (En compresses, lotions, etc.)

 

DÉCOCTION

 

de jeunes pousses et de fleurs fraîches : jetez au maximum

15 pincées de mélange dans un litre d'eau. (En compresses, lotions,

applications locales, etc. )

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

comptez une poignée de fleurs séchées par litre d'eau.

(Un bain par jour.)

 

CATAPLASMES

de fleurs fraîches ou de fleurs sèches humectées : à applï-

quer sur les enflures, Ies ædèmes, ou sur Ia vessie en cqs de rétention

d'urine. (Renouvelez le cataplasme toutes les 2 heures.)

 

 

 

LAGENTIANE

 

Elles doivent leur nom, ces fleurs merveilleuses que l'on

appelle gentianes, à Gentius, ancien roi d'lllyrie (dans I'actuelle you-

goslavie), qui découvrit le premier leurs vertus médicinales. Il en existe

22 espèces en France, de la superbe gentiane acaule couleur de saphir

à Ia gentiane germanique teintée d'améthyste, en passant par la gen-

tiane pourprée et la gentiane ponctuée. C'est de la jaune, la plus grande,

la plus fière, la plus majestueuse, que je veux vous entretenir.

Elle ne pousse qu'en montagne, cette superbe créature, haute souvent

de plus d'un mètre, avec de grandes feuilles ovales opposées qui recueil-

lent la rosée comme des vasques, et des fleurs en étoiles d'or à 5 bran-

ches, groupées en gros amas à l'aisselle des feuilles supérieures. Ne la

confondez surtout pas avec son voisin ordinaire des alpages, le véra-

tre mortel, qui a le même port orgueilleux qu'elle, mais qui s'en distin-

gue par ses feuilles alternes, de plus velues à la face inférieure.

 

La racine de gentiane, chacun le sait, sert à fabriquer de délectables

liqueurs (bien qu'un imprudent ait pu dire qu'elle préserve de I'ivro-

gnerie!), et pour cette raison, certains récolteurs en font un véritable

pillage. Ne les imitez pas ! Une racine grosse comme le poing vous suffit

largement pour l'année, et il faut savoir que la plante ne fleurit qu'après

l0 ou 15 ans d'existence... Ne tuez pas l'espèce qui guérira vos en-

fants !

 

Car elle les guérira... Déjà les Anciens utilisaient la gentiane contre les

morsures de serpents (je n'y crois guère), contre les maux de foie et

d'intestin (j'y crois beaucoup), contre les parasites de toutes sortes

(c'est sûr), comme stimulant général des fonctions digestives (je l'ai

vérifié), comme fébrifuge et comme diurétique (je puis vous I'assurer).

Les modernes ont ajouté à cette liste de vertus celle d'augmenter les

sécrétions salivaires (ce qui en fait un excellent apéritif), celle de toni-

lier l'ensemble de I'organisme (comme toutes les plantes amères), et

celle de faire se multiplier le nombre des globules blancs - les défen-

seurs de notre corps contre tous les germes infectieux.

 

RECOLTE :

Si vous n'habitez pas la montagne, achetez votre racine

de gentiane dans une bonne herboristerie. Dans le cas contraire, arra-

chez-la en automne (munissez-vous d'une pioche : elle est très profon-

dément enterrée); laissez-la exposée deux semaines aux intempéries

après I'avoir soigneusement lavée; puis faites-la sécher dans un hangar

ou un grenier; une belle racine de gentiane atteint aisément 1 m de

longueur... Si vous vous trouvez à la montagne en juillet-août, n'ou-

bliez pas de récolter aussi quelques fleurs de I'espèce, que vous ferez

sécher à I'ombre ou au jour.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION OU DÉCOCTION

 

de fleurs (sudorffique, anti-infectieuse) : jetez 10 pincées

de fleurs sèches dans un litre d'eau. (Tasse par tasse, toutes les 3 heures,

uniquement au cours d'accès de fièvre.)

 

DÉCOCTION

de racine : faites bouillir 5 minutes la valeur d'une noix

de racine par tasse d'eau. (Une tasse, le matin à jeun.)

 

MACÉRATION

de racine : comptez 15 à 20 g de racine par litre d'eau ou

de vin blanc;laissez reposer une nuit. (Une tasse le matin, à jeun.)

 

POUDRE

de racine : 1 à 3 pincées par jour, dans du miel, pendant

une semaine (comme tonique). 10 pincées, toujours dans du miel, à

prendre en deux fois) en cas d'accès de fèvre.

 

DÉCOCTION CONCENTRÉE

(en usage externe, comme tonique du système digestif

dans son ensentble) : comptez 100 g de racine par litre d'eau; appliquez

ce liquide en compresses abdominales.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

la valeur de deux noix de racine hachée par litre d'eau.

 

NOTA :

si vous prenez la gentiane en usage interne, n'en abusez

pas malgré ses propriétés intéressantes, car à fortes doses elle peut

entraver la digestion et provoquer des vomissements.

 

 

 

LE GROSEILLIER

 

Quoi de plus joli que cet arbrisseau des haies vives, que

l'été enguirlande de grappes de petits fruits rouges vifs délicieusement

acidulés ? Les groseilliers sont originaires de la Scandinavie. Les Sué-

dois les appelaient rips et les Danois rubs, d'où leur nom scientifique

de Ribes et le nom de la famille à laquelle ils appartiennent : celle des

ribésiacées.

 

Hormis le cassis, ou groseillier noir, auquel j'ai déjà consacré quel-

ques pages dans le présent ouvrage, il existe deux espèces principales

de groseilliers : le groseillier à maquereau (ou groseillier épineux, ou

groseillier des haies, ou groseillier vert, ou groseillier à pointes, ou

groseillier baie crépue, ou encore agrassol), et le groseillier à grappes

(ou groseillier rouge, ou groseillier commun, ou raisin de mars, ou

gadelier, ou castillier, ou groiselier, ou encore groiselle).

Le groseillier à maquereau a reçu ce curieux nom de baptême parce

qu'on avait coutume, au Moyen Age, d'utiliser ses fruits pour assai-

sonner certains poissons, et notamment le maquereau. I1 s'agit d'un

arbuste très épineux de I m à 1,50 m de hauteur, à petites fleurs vert

pâle et à fruits en forme de ballon de rugby, jaunâtres et gros comme

des pois dans la race sauvage (plus gros que les cerises dans les races

cultivées). L'espèce pousse naturellement dans la plus grande partie

de l'Europe, de l'Asie septentrionale et de I'Afrique du Nord. Elle

fleurit entre mars et mai, et ses baies mûrissent deux ou trois mois

plus tard.

 

Le groseillier à grappes, aux adorables fruits rouges, parfois rose clair,

jaunâtres ou blancs, dérive probablement, sous sa forme actuelle, de

plusieurs variantes croisées d'une race sauvage commune en Grande-

Bretagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en France du Nord. Il fleurit

en avril ou en mai, et ses fruits mûrissent, selon les régions, en juillet

ou en août.

 

Les groseilles, qu'elles soient à maquereau ou en grappes, sont admi-

rablement rafraîchissantes et laxatives. Je me souviens d'une femme

affiigée d'une constipation rebelle à tous les remèdes, et qu'une cure de

ces fruits guérit en quelques jours. Qu'on en boive le jus, qu'on la

mange fraîche, en gelée ou en sirop, la groseille décongestionne l'intes-

tin et le foie, stimule les estomacs paresseux, calme les affections cuta-

nées dues à un mauvais fonctionnement de l'appareil digestif, et rend

les meilleurs services chaque fois qu'il s'agit d'épurer le corps de ses

toxines - rhumatismes, goutte, jaunisse, inflammations des voies uri-

naires, maladies infectieuses (rougeole, scarlatine, etc.). La racine du

groseillier a les meilleurs effets contre l'excès d'albumine. Ses fruits

écrasés, en applications externes, soignent fort bien les traumatismes,

les coupures et les brûlures.

 

RÉCOLTE :

 

Mangez à volonté des groseilles fraîches ! Pour les

conserver faites-en des sirops et de la gelée : vous en trouverez la

recette dans tous les livres de cuisine (et il m'étonnerait que la maî-

tresse de maison n'ait pas sa recette à elle - délicieuse !). Si vous voulez

utiliser la racine de l'arbrisseau,tftez-la en automne; point n'est besoin,

pour cela, de tuer le pied que vous avez choisi : quelques ramifications

suffisent (séchez-les à 1'ombre).

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

DÉCOCTION

 

de racines (éventuellement de feuilles fraîches) : jetez

une bonne poignée de racines coupées en petits fragments ou de feuilles

dans un litre d'eau. (3 tasses par jour, en cas d'albuminurie.)

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

 

(laxatifs, dépuratifs) : écrasez une bonne poignée de

groseilles fraîches, ayec une feuille et un morceau de racine, par litre

d'eau utilisée. (Un à deux bains par jour.)

 

 

 

LE GUI

 

Au gui 1'an neuf ! Peu de plantes ont été chargées d'au-

tant de vertus et de valeur symbolique que celle-là. Les druides la

cueillaient avec une serpe d'or sur les chênes, et lui attribuaient mille

propriétés divines. Énée en choisit un ( rameau d'or ) pour ouvrir la

porte des Enfers. Hippocrate et Pline, parmi les anciens médecins,

en faisaient la panacée des vertiges, de l'épilepsie et des tumeurs. Au

Moyen Age, sainte Hildegarde la recommandait contre la goutte et les

maladies de la poitrine. Un peu plus tard, I'abbé Kneipp, phytothéra-

peute de renom, la donnait contre les hémorragies et les troubles de

I'appareil circulatoire. Je rappellerai seulement pour mémoire que,

selon MM. Goscinny et Uderzo, le gui est un ingrédient essentiel de la

potion magique chère au célèbre petit Gaulois Astérix, et que prépare

le druide Panoramix... Or, cette potion rend invincible!

 

Il est vrai que le gui est étrange; il reste vert quand tous les arbres sont

dépouillés; il a, sur les branches qu'il colonise, la perfection de la

sphère; ses feuilles ovales en oreilles de lapin, ses baies blanches,

I'indéfinissable teinte pastel de ses rameaux mêmes, tout concourt à

étonner l'æil. Mais surtout, c'est un parasite - un semi-parasite,

pour être précis; il envoie des suçoirs dans les troncs dont il pille la

sève, mais il est partiellement capable, grâce à sa propre chlorophylle,

de subvenir à ses besoins alimentaires à partir du gaz carbonique, de

l'eau et de la lumière du soleil... Il lui arrive, dans quelques cas limi-

tes, de se parasiter lui-même ! Cependant, ce sont les arbres fruitiers

(pommiers et poiriers en tête) qu'il préfère; dans certaines régions,

il est abondant sur les peupliers, voire les pins et les sapins; le gui du

chêne, le seul que cueillaient les druides, et qui est selon la tradition

le plus efficace du point de vue médicinal, reste rarissime. L'espèce

nourrit deux sortes de fleurs, mâles et femelles, que les abeilles visi-

tent quelquefois à la fin de I'hiver pour leur pollen ou leur nectar.

 

Des fleurs femelles fécondées naissent ces baies blanches et un peu

transparentes que nous avons évoquées plus haut. Les oiseaux s'en

régalent - surtout les grives et les merles, mais aussi les mésanges et

les fauvettes; ils en rendent les graines par le bec; celles-ci sont munies

d'une sorte de bandelette collante qui se txe sur les troncs oir l'animal

régurgite; ainsi le gui colonise-t-il en quelques saisons un verger...

 

Le gui, à trop fortes doses, est toxique; il produit une perte générale

de la sensibilité, une paralysie progressive, une congestion abdomi-

nale, enfin il atteint le bulbe et l'ensemble du système nerveux, bloque

les muscles respiratoires et arrête le coeur. Ce sont surtout ses baies qui

se révèlent dangereuses : aussi vous conseillerai-je vivement de n'uti-

liser que les parties vertes (rameaux et feuilles) de la plante.

 

Sous cette réserve, l'espèce me paraît être le plus précieux des régula-

teurs de la tension artérielle - et I'on sait que I'hypertension constitue

I'une des plaies de notre civilisation de pollution, de manque d'exer-

cice et de gros repas. Tous ceux qui souffrent de maux de tête persis-

tants, de crampes, de vertiges, d'oppression, d'angoisse, de gêne car-

diaque, de crises d'angine de poitrine, d'essouffiement, de palpitations,

etc., auront intérêt à y avoir recours. Le pronostic de I'artériosclérose

s'améliore nettement sous son action. Il est en outre diurétique, c'est-à-

dire capable de rendre les meilleurs services (par voie interne ou

externe) dans les cas de rétention d'urine, de goutte, de rhumatisme,

de calculs urinaires, de coliques néphrétiques, etc. Son ancien usage

antispasmodique, notamment contre l'épilepsie, I'asthme et l’hystérie,

est parfaitement justifié, de même qu'a été confirmée son efficacité

contre les saignements de toutes sortes, les hémorragies internes et les

crachements de sang.

 

RECOLTE :

Cueillez les rameaux feuillus du gui à la fin de l’automne,

avant l'apparition des baies blanches; si quelques-unes d’entre elles

se sont déjà formées, retirez-les soigneusement; faites sécher votre

récolte à I'ombre, brisez-la en menus morceaux, et conservez-la dans

un flacon de verre opaque ou une terrine.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

Uniquement en usage externe.

 

INFUSION ET DÉCOCTTON

de feuilles et de rameaux (rhumatismes, névrites, sciati-

ques): jetez une petite demi-poignée de plante sèche par litre d’eau.

( Compresses, Iotions, pansements... )

 

MACÉRATION :

laissez reposer une nuit une tasse d'eau froide dans laquelle

vous aurez jeté une cuillerée à café de gui réduit en poudre. (Usage

externe. )

 

VIN

 

de gui : laissez macérer pendant 24 à 48 heures une demi_

poignée de gui sec dans un litre de vin rouge. (Usage externe.)

 

POUDRE :

 

une pincée pour les enfants, en cas de convulsions. (Usage

externe : en application sur la colonne vertébrale, dans un peu d’eau

sucrée.) 2 pincées pour les adultes (usage externe : en applications sur

la poitrine, dans un peu d'eau sucrée, contre I'hypertension).

 

EXTRAIT :

 

faites.infuser une poignée de gui en poudre dans un litre

d'eau, pendant 6 heures ; faites évaporer l'eau superflue jusqu,à obtenir

un liquide sirupeux. (En applications externes, une petite pincée dans

un sirop, )

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

comptez une poignée de plante sèche par litre d'eau. (Un

bain par jour.)

 

DOUCHES VAGINALES

(contre les hémorragies locales et les pertes blanches) :

comptez une demi-poignée de plante sèche par litre d'eau.

 

TEINTURE :

dans 5 parties d'alcool, mettez une partie de gui, sec;

laissez reposer une semaine ;filtrez (10 gouttes par iour, dans une tisane

de mélisse, de prêle ou de bourse à pasleur, le tout en applications exter-

nes, sur les régions douloureuses de l'organisme).

 

 

 

LAGUIMAUVE

 

Avec sa commère la mauve, c'est la plus douce de toutes

les plantes, et il est intéressant de noter en outre que son nom latin

d'Althaea vient du grec althaïnô, qui signifie < guérir >..' La grande

et superbe rose trémière de nos jardins est aussi une guimauve; mais

c'est de l'espèce officinale que je veux essentiellement vous entretenir.

On I'appelle encore guimauve sauvage, mauve blanche ou bourdon

de saint Jacques, et c'est une grande personne végétale de plus de

1 m de hauteur, tout argentée d'un velours de petits poils mous, avec

des feuilles en coeurs et de grandes fleurs rosées munies d'un buisson

d'étamines et d'un pistil d'oir naît un fruit cylindrique aplati qui res-

semble à un fromage. L'espèce, dit-on, nous vient des steppes de I'Asie

centrale. Elle se complaît particulièrement dans les terrains salés, et

fleurit d'août à septembre,

 

Les Anciens I'utilisaient déjà, comme adoucissant et comme émol-

lient, c'est-à-dire comme plante capable de ramollir les chairs tumé-

fiées ou durcies par I'infection. Au Moyen Age, on I'employait sous

les noms de bismalva et mismalva. Sainte Hildegarde et Albert le Grand

la donnaient contre les fi.èvres, la toux, les rhumes, l'encombrement

respiratoire et les maux de tête.

 

De la guimauve, toutes les parties sont bonnes : fleurs, feuilles et raci-

nes. Les fleurs et les feuilles, en usage interne ou externe, sont émol-

lientes et pectorales. Les maux de gorge, les angines, les bronchites

cèdent à leur action, mais aussi les conjonctivites, les phlegmons, les

abcès, les panaris et les furoncles.

 

Les racines paraissent plus actives encore dans I'adoucissement - si

je puis m'exprimer de la sorte. Elles sont émollientes, calmantes, pro-

tectrices, et modèrent toutes les irritations. Je ne manque jamais de

les utiliser contre les inflammations internes ou externes, contre la

toux, les embarras du nez et des bronches, les maladies de la gorge et

des poumons, les affections intestinales (coliques, diarrhées, constipa-

tion, etc.), les ulcères de I'estomac, les irritations de la vessie et des

reins (notamment dans les cas de calculs). Je recommande tout parti-

culièrement les gargarismes à la guimauve contre les abcès des genci-

ves et les aphtes (ma grand-mère Sophie donnait, selon la tradition

paysanne, les racines de la plante à mâcher aux enfants afin de facili-

ter la pousse de leurs dents).

 

 

RÉCOLTE :

 

La guimauve sauvage, quoiqu'elle pousse çà et là un

peu  partout, reste relativement rare; cueillez-en les fleurs juste avant

l'épanouissement (en été), les feuilles vers la même époque, et les raci-

nes en automne. Faites sécher les fleurs à l'ombre, sans les entasser,

et après avoir bien veillé à les ramasser par temps clair (humides, elles

noircissent et se gâtent). Les feuilles se déshydratent mieux. Les raci-

nes doivent être nettoyées à sec (à la brosse), et non pas lavées;

remuez-les souvent pendant qu'elles sèchent, de façon qu'elles

conservent une jolie teinte gris-vert. Mais il est beaucoup plus simple,

pour toutes ces manipulations, de cultiver la guimauve au jardin.

 

L'espèce préfère les sols profonds et frais, riches en ammoniaque.

Ssmez les graines en mars-avril ou en juillet-août, ou plantez des

boutures aux mêmes époques. Dans le premier cas, vous ne pourrez

récolter fleurs, feuilles et racines que la seconde année. Dans le

deuxième cas, vous aurez ces substances médicinales dès le premier

automne.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION OU DÉCOCTION

de fleurs : jetez une petite poignée de fleurs sèches dans

un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.)

 

DÉCOCTION

de feuilles : comptez une demi-poignée de feuilles sèches

par litre d'eau. (2 tasses par jour.)

de racines : comptez une petite poignée de racines écor'

cées par litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

MACÉRATION

de feuilles et de racines (affections respiratoires) : lais-

sez reposer une heure l0 pincées defeuilles sèches et lavaleur d'unenoix

de racine écorcée dans 1/2 litre d'eau, à une température comprise entre

20 et 30 o C. ; filtrez. (Prenez le tout dans la.journée.)

 

SIROP

de racines : faites macérer une petite poignée de racines

émiettées dans un verre d'alcool à 90 o et 1/ 2 litre d'eau, pendant 6 heures ;

faites bouillir le tout pendant 5 minutes avec 150 g de sucre.

 

 

POUDRE

 

de racines (constipation evec irritation) : 2 pincées par

jour, Ie matin, avec une pincée de poudre de réglisse et une pincée de

sucre directement assimilable (glucose, fructose, lactose).

 

LOTION

 

pour les yeux (contre la conjonctivite) : préparez une

décoction d'une cuillerée à café de fleurs dans une tasse d'eau. (En

compresses. )

 

TISANE

 

de racines et de feuilles (usage externe : bains de siège,

douches vaginales, gargarismes, lavements ) : comptez une bonne poignée

de mélange par litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

 

mêmes proportions que pour Ia préparation précédente,

evec en plus une pincée de fleurs par litre d'eau. (2 bains par jour.)

 

GARGARISME SPÉCIAL

 

contre Ia toux, Ies angines, les bronchites : préparez

une décoction avec gros comme une noix de racine de guimauve, 5 pin-

cées de fleurs de sauge et 5 pincées de fleurs de coquelicot pour 1/4 de

Iitre d'eau.

 

 

 

LA LAITUE

 

Nous voici au chapitre des salades; convient-il de brou-

ter ou de ne pas brouter? Grave question... Les uns disent qu'il faut à

I'estomac du solide, et que l'on ne gagne rien à s'encombrer de cellu-

lose. Les autres rétorquent, à juste raison, que les salades sont riches

en vitamines, et que même leurs parties indigestes sont indispensables

pour le bon glissement du bol alimentaire dans l'intestin. pour moi

salade signifie santé - grâce à ce qui est apporté à l'organisme, aussi

bien que grâce à ce qui lui est évité (la constipation, l'une des plaies

de notre temps, au dire des plus chevronnés des médecins)... Mais avec

la verdure, il convient d'observer quelques précautions élémentaires :

toutes les salades peuvent être contaminées par les eaux d'épandage,

le fumier, etc., et devenir le véhicule de nombreux germes infectieux

(typhoïde, choléra, hépatite virale, dysenterie amibienne). ll faut les

laver soigneusement, au besoin avec un peu de permanganate, ou

après les avoir fait tremper une heure dans une eau additionnée d'un

peu de vinaigre ou de jus de citron.

Toutes les laitues sont bourrées d'un suc laiteux (latex) qui permet

de les distinguer aisément de la plupart des autres plantes de leur

famille (composées). On en connaît de nombreuses espèces, depuis

la laitue cultivée jusqu'à la laitue des murailles, en passant par la

laitue vivace, la laitue brit d'osier, la laitue vireuse et la laitue scarole.

 

Je ne parlerai que de la première et de la dernière mentionnées ici.

La laitue cultivée n'a pas besoin d'être longuement décrite. Son ori-

gine reste fort obscure : certains y voient une forme améliorée de la

scarole, d'autres un dérivé de la laitue sauvage de Sibérie. Elle était

déià connue des anciens Grecs et Latins. Elle aurait guéri l'empereur

Auguste d'une redoutable maladie de foie. Les naturalistes de l'épo-

que se sont attachés à décrire ses vertus < dormitives > - ils la

disaient efficace contre les insomnies. on la sait aujourd'hui calmante

et émolliente. J'aime à l'appeler l'< herbe des sages >. On est à peu

près sûr, aussi, qu'elle affaiblit un tant soit peu I'ardeur amoureuse

(elle est anaphrodisiaque). Mais si votre état général est bon, vous

n'avez rien à craindre d'une bonne salade... Et puis, si vous avez

des insomnies, sachez que j'ai guéri une richissime Américaine,

venue me trouver à bout de nerfs, simplement en lui ordonnant chaque

soir trois laitues braisées. Elle est repartie outre-Atlantique en empor-

tant des graines de ma plante miracle , car, disait-elle. < on n’en

trouve pas aux États-Unis > !!!

 

La laitue scarole, ou laitue sauvage, ou scariole, ou escarole, frappe

non seulement le regard par sa haute taille et son feuillage bleuâtre

très segmenté, mais encore par le curieux fait qu'il s'agit d'une plante-

boussole. Ses feuilles ont toujours la tranche orientée nord-sud,

une face tournée vers I'est, l'autre vers I'ouest... Elle arbore de juin

à septembre un système fourni de têtes florales jaune pâle, et donne

à l'automne une nuée de graines noires à bec blanc. On la rencontre

en terrain calcaire, sur les talus, les décombres, le bord des chemins,

mais rarement en altitude et rarement au nord de la Seine.

 

La scarole possède grosso modo les mêmes propriétés thérapeutiques

que la laitue cultivée; elle se montre adoucissante, calmante, émolliente,

apte à rendre le sommeil aux grands nerveux et aux insomniaques

chroniques, et par suite légèrement anaphrodisiaque. Mais elle est

en outre diurétique et purgative : je me souviens d'un homme qui

souffrait d'une grave jaunisse, et que je guéris radicalement par une

cure de jus et de bains de scarole... Je me rappelle aussi un pauvre

gosse affligé d'une intolérable toux spasmodique, à qui j'ordonnai

alternativement des cataplasmes et des bains de pieds de laitue, et

qui recouvra en trois jours les bronches et la gorge les plus libres...

Les laitues font merveille contre toutes les affections qui se manifes-

tent par des spasmes : asthme, coqueluche, anxiété chronique, pal-

pitations, hystérie, etc.

 

RÉCOTTE :

 

Je n'ai.surement pas besoin de vous apprendre comment

on cultive la laitue ! Toute la plante, mais surtout les tiges, les feuilles

et les semences sont actives : la salade montée détient le maximum

de vertus. N'utilisez les tiges et les feuilles que fraîches. Ramassez

les semences en automne, et faites-les sécher à l'ombre. J'indiquerai

ci-dessous la façon de procéder pour la récolte du suc de laitue,

lorsqu'on veut préparer le < lactucarium > et la < thridace >

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

SUC

frais de scarole : exprimez dans un récipient le latex

des tiges et des feuilles de la plante.Une demi-cuillerëe à cafë le premier

.iour, une Ie second, une et demie le troisième et ainside suite jusqu'à

5 avant de revenir progressivement à une demie.

 

INFUSION OU DÉCOCTION

de feuilles et de tiges fraîches : comptez une bonne

poignée de plante par litre d'eau. (3 à 5 tasses par jour.)

 

TEINTURE :

laissez macérer 2 heures une partie de feuilles fraîches

pour 2 parties d'alcool dilué (à 30 ou 40 o). Même mode d'adminis-

tration que pour Ie suc frais.

 

POUDRE

de semences : 2 pincées par jour, surtout contre l'asthme.

 

LACTUCARIUM :

on appelle ainsi le suc desséché de la plante ; il est effi-

cace contre les rhumatismes, la goutte, la toux, l'asthme et tous les

troubles nerveux. En.juillet-août, coupez le sommet des tiges de la lai-

tue, ou incisez celles-ci obliquement, à la manière des gemmeurs de

pins des Landes; recueillez les perles de suc qui s'écoulent des plaies

dans un récipient de bois; Iorsque la coagulation a fait son oeuvre,'

cassez le suc durci en petits morceaux, et mettez-les à sécher au soleil.

(Vous commencerez par en prendre gros comme un petit pois Ie pre-

mier jour, si possible dans du miel, puis vous augmentez progressivement

jusqu'à la valeur de << dix petits pois >> le dixième jour. La cure doit

être alors absolument interrompue pendant plusieurs semaines.)

 

THRIDACE :

on se sert de ce mot grec thridax :  laitue  pour

désigner l'extrait de tiges fraîches de la plante. La thridace est à recom-

mander dans les mêmes affections que Ie lactucarium, mais elle est

moins active. Cueillez quelques beaux plants de laitue en juillet-août ;

exprimez-en Ie suc dans un récipient de verre, que vous mettrez au

bain-marie jusqu'à obtenir un résidu de consistance ferme. (1 g par

jour, pendant 6 jours, avec du miel ou dans une tisane calmante.)

 

CATAPLASMES

de feuilles de scarole : à appliquer alternativement

sur la poitrine et sur Ie dos, contre la toux.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

comptez 3 poignées de feuilles et de tiges .fraîches par

litre d'eau. (2 à 3 bains par jour.)

 

 

 

LE LAMIER

 

C'est I'espèce type de cette grande famille des labiées,

ou labiacées, qui est si précieuse à tous ceux qui veulent se soigner

par les plantes, et dans laquelle on trouve encore la lavande, la sar-

riette, la menthe, la sauge, le romarin, le thym et la mélisse...

Les lamiers (il faut parler d'eux au pluriel) ressemblent à première

vue à I'ortie : ils ont les mêmes feuilles ovales, terminées en pointes

et dentées. Mais ils s'en distinguent par le fait qu'ils ne possèdent

pas de poils urticants - non, ils ne piquent pas, ils n,ont pas de

poison! Leurs tiges carrées portent des feuilles opposées, à I'aisselle

desquelles naissent des groupes de fleurs dont chacune rappelle un

peu une gueule entrouverte (un gosier, en grec : laimos, d'où le

nom de ces plantes). Les lamiers poussent un peu partout, dans les

bois, les terrains vagues, le long des chemins, etc.; la proximité des

habitations ne les gêne en rien, et c'est sans la moindre difficulté

que I'amateur de simples peut s'en procurer. on en connaît quatre

espèces principales, qui ont à peu de chose près les mêmes propriétés :

le lamier jaune (ou ortie jaune, ou lamier galeobdolon, ou ortie morte

des bois), le lamier tacheté (ou ortie tachée), le lamier pourpre (ou

pied de poulet), et le lamier blanc (ou ortie blanche, ou ortie morte,

cu lamion. ou pied de poule, ou marachemin, ou fausse ortie).

Du lamier. j'utilise d'abord les fleurs et les sommités fleuries; elles

sont diurétiques, dépuratives, toniques, rafraîchissantes et capables

d'arrêter le sang; elles font le plus grand bien aux anémiques; elles

guérissent les diarrhées, les hémorragies, les crachements de sang,

les maladies de la rate, certaines irritations des voies respiratoires et

la rétention d'urine. Les femmes qui souffrent de règles irrégulières

ou douloureuses, avec. écoulement ianglant trop abondant ou pertes

blanches, auront tout intérêt à y avoir recours. A l’extérieur, j’utilise

le lamier pour soigner les plaies (en poudre), pour réduire les enflures

(en applications, plante entière), pour guérii les varices (en décoc-

tion), contre les urcères et la goutte (bains de mains et de pieds),

et contre tous les maux d'oreilles (vapeur chaude de la décoction).

contre les brûrures,- je conseille d'appliquer le dépôt gélatineux

qui se forme lorsqu'on raisse la ptantè bouiilir tonguerient puis

macérer pendant quelques heures.

 

RÉCOLTE :

 

cueillez les feuilles et les sommités fleuries des lamiers

sauvages en mai-juin, juste avant l'épanouissement complet. Faites-les

sécher à l'ombre. vous pouvez aussi planter des lamiers au jardin :

mais je parie cinq contre un que vous en avez déjà sans le savoir!

Il vous suffira de ne pas les arracher comme de mauvaises herbes...

 

PREPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION ET DECOCTION :

 

comptez une demi-poignée de plante par litre d’eau.

(2 à 4 tasses par jour.)

 

POUDRE

 

de fleurs sèches : une pincée par jour, dans du miel

ou de la confiture. En usage externe contre les plaies.

 

DECOCTION CONCENTREE

 

(usage externe ) : comptez une bonne poignée de plante

par litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

 

comptez une petite poignée de plante par lilre d,eau.

(2 bains par .iour.)

 

 

LA LAVANDE

 

C'est la merveille du Midi en habit bleu; je ne connais

pas de parfum plus suave que celui de ce don que le Bon Dieu fit

à la Provence... Il y avait peu de lavande autour de Gavarret, mais

mon père en connaissait les moindres pieds. L'armoire à linge de

ma mère embaumait cette fleur, et quand on dépliait les grands

draps de toile rude qui s'y étageaient, c'était un peu de Paradis sur

la terre...

 

Il existe trois espèces de lavandes en France, très proches par la

forme comme par les propriétés; la lavande stoechas, la lavande

officinale et la lavande aspic. La première, dite encore lavande sté-

chade, stéchas, stéchas d'Arabie ou lavande des îles d'Hyères, toute

garnie de feuilles blanches veloutées, étale sur les garrigues sèches

des terrains siliceux ses admirables fleurs pourpre violacé; elle est

strictement limitée à la contrée méditerranéenne. La seconde, parfois

baptisée lavande commune, lavande vraie, lavânde femelle, nard

d'Italie, faux nard ou garde-robe, vient par tapis entiers non seulement

dans la région méditerranéenne, mais encore dans les Cévennes,

en Dauphiné, dans les Pyrénées et jusque dans les monts du Lyonnais;

la variété d'altitude, dite petite lavande ou fine lavande, est plus

estimée que celle de plaine, nommée lavande bâtarde, grosse lavande,

spigoure ou lavandin... La lavande aspic (lavande branchue, spic,

aspic, espider ou lavande mâle), atteint I m de hauteur, possède des

feuilles très larges, et ne pousse pas au nord des Hautes-Alpes.

 

De la lavande, j'ai toujours vu faire les usages les plus divers. Outre

qu'elle parfume divinement le linge, elle éloigne les mites. En petits

bouquets, aux quatre coins d'une pièce d'habitation, elle fait fuir

mouches et moustiques. Je me souviens aussi d'uns journée de mon

enfance qui me parut tragique : notre chienne Miss fut mordue par

une vipère; mon père s'en alla aussitôt dans les collines quérir une

touffe de lavande, et en frotta longuement la blessure de la pauvre

Miss; le lendemain, cette dernière allait déjà mieux; le surlendemain,

elle était sauvée. (J'ai aujourd'hui compris pourquoi une espèce

de lavande est appelée aspic : c'est parce qu'elle constitue un bon

antidote contre le venin des reptiles.)

 

En phytothérapie, il convient d'utiliser la lavande comme bien d'au-

tres espèces aromatiques de la même famille (labiées); elle se révèle

au plus haut point amie de I'estomac, diurétique, apte à provoquer

la sueur, vermifuge et stimulante. L'un de mes patients, qui se plai-

gnait de vertiges, de maux de tête, de nausées et de < bouffées de

chaleur > perpétuelles, dut à la lavande de retrouver promptement

son équilibre. Un autre, manquant d'appétit, souffrant de gonfle-

ments d'estomac et d'intestin et de coliques diffuses, dut à la même

plante un retour en forme remarquable. Un troisième, nerveux,

neurasthénique par moments, sujet aux palpitations et atteint de

tremblements insurmontables, se sentit tout revigoré après une bonne

cure aux fleurs bleues de la Provence. La lavande est encore efficace

contre l'asthme, la faiblesse générale, la grippe, les troubles du foie

et de la rate, la jaunisse, les congestions, les pertes blanches des femmes

et 1a faiblesse des yeux.

On peut en user à volonté, notamment en frictions, en lotions, en bains,

contre les traumatismes, les contusions, les enflures, les entorses, les

foulures et, chez les athlètes, contre les < claquages >. Elle fait mer-

veille contre la goutte et les rhumatismes. Des bains entiers de lavande

devraient être administrés régulièrement aux enfants pour les main-

tenir en bonne santé. La plante mérite encore d'être vantée pour

son action contre les maladies de la peau (eczéma, acné, etc), contre

les brûlures, contre les maladies vénériennes (où, certes, elle ne suffit

pas, mais où elle apporte sa contribution à la guérison), enfin contre

les ulcères, les inflammations superficielles et l'infection des plaies.

En inhalations, elle accélère le traitement des rhumes, de la grippe,

des angines et des bronchites. En gargarismes, elle nettoie les petites

plaies de la bouche, et vient même à bout de la paralysie de la langue

et du bégaiement, car elle détend les nerfs et les muscles contractés.

En compresses sur le foie, elle aide cet organe à assumer son difficile

travail d’< usine chimique > du corps. En frictions, sur la poitrine,

elle tonifie les poumons, et contribue à la guérison rapide des pneu-

monies, des pleurésies et des congestions pulmonaires.

 

RÉCOLTE  :

Allez donc vous promener en juin-juillet, sous le chaud

soleil des matins clairs du Midi, et cueillez la lavande dans les garrigues

et les rocailles; faites-la sécher à I'ombre, en petits bouquets..Vous pou-

vez aussi cultiver la plante au jardin : choisissez I'espèce officinale, sur-

tout si vous n'habitez pas les contrées méditerranéennes. Achetez-en

quelques pieds chez votre horticulteur (elle sera déjà acclimatée);

plantez-les sans précaution spéciale, en terrain sec et calcaire; après la

récolte, talllez sévèrement vos petits buissons en dôme : c'est ainsi

que vous assurerez le mieux votre cueillette de l'année prochaine.

 

PREPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION :

jetez une petite poignée de brins de lavande dans un litre

d'eau, (3 à 4 tasses par iour.)

pour l'usage externe (compresses, frictions) : comptez

une poignée de plante par litre d'eau.

pour douches vaginales : comptez seulement une demi-

poignée de plante par litre d'eau.

 

GARGARISMES :

 

mêmes proportions que pour Ia préparation précédente ;

vous pouvez aussi, plus simplement, laisser tomber 3 ou 4 gouttes

d'essence de lavande dans un verre d'eau.

 

INHALATIONS :

 

respirez sous une serviette Ia vapeur d’une infusion très

chaude (à la dose d'une poignée de plante par litre), à laquelle vous

aurez ajouté 3 gouttes d'essence de lavande. (Grippe, angine, bron-

chite, etc.)

 

DÉCOCTION

 

pour I'usage externe (contre les plaies, Ies ulcères, les

brûlures, etc.) : Iaissez bouillir 10 minutes une poignée de lavande

dans un litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS, BAINS COMPLETS :

comptez une demi-poignée de plante par litre d,eau

pour les premiers ; jetez un beau bouquet de lavande dans votre baignoire

pour les seconds.

 

EAU DE TOILETTE

 

(pour tous les soins de beauté) : mélangez 3 cuillerées

à soupe d'essence de lavande à 1/2 litre d'alcool à 70 o et à 1/4 de litre

d'eau de Cologne.

 

VINAIGRE

 

de lavande (pour tous les soins de beauté) : faites macé-

rer pendant 15 jours deux poignées de plante dans un litre de vin blanc,

à I'air ; filtrez.

 

INFUSION COMPOSÉE

contre les colites intestinales : jetez 2 pincées de lavande

et 2 pincées de marjolaine dans un litre d'eau. (Infusion à prendre bien

chaude, 1 tasse matin et soir.)

 

ESSENCE DE LAVANDE :

il vous faudra l'acheter dans une bonne herboristerie

ou chez un bon parfumeur, car je ne pense pas que vous ayez la possi-

bilité de la distiller vous-même ! La meilleure est celle dite de << lavande

fine >>, puis celle de lavandin, enfn celle de < lavande anglaise >.

 

 

LE LIERRE GRIMPANT

 

 Je meurs où je m'attache ;  telle pourrait être la devise

du lierre, si les plantes avaient une devise. Le lierre commun, lors-

qu'il part à la conquête des grands arbres, recherche surtout la lumière :

la nature ayant oublié de lui donner un tronc puissant pour monter

vers le ciel, il utilise la tige des autres... Certains I'appellent lierre des

poètes, parce qu'il est le symbole de I'amour fidèle; d'autres lui don-

nent des noms moins jolis (lierre en arbre, lierre à cautère, herbe de

saint Jean) ou même très méchante (bourreau des arbres). Pourtant,

le végétal ne vit pas en parasite : s'il s'accroche à l'écorce des troncs

qu'il escalade par de solides crampons, il ne suce pas la sève de ses

hôtes. Chacun connaît ses feuilles caractéristiques, à 5 lobes, luisantes

et vert sombre. Mais les rameaux fleuris des pieds âgés portent des

feuilles ovales, un peu semblables à celles du poirier. Le lierre fleurit

en automne, ce qui est extrêmement rare (il a de petites fleurs ver-

dâtres groupées en ombelles), et ses fruits, gros comme des petits

pois, mûrissent et deviennent noirs en hiver.

Le lierre, chez les anciens Grecs, était un attribut de Dionysos, le

dieu du vin, de la joie de vivre et de la vitalité. c'était aussi le symbole

de I'immortalité. Les médecins de l'époque, tel Dioscoride, l'em-

ployaient contre toutes sortes de maladies, notamment la dysenterie,

les affections de la rate, les ulcères, les otites et les rages de dents.

Au Moyen Age, la liste des indications s'accroît : la jaunisse, I'insom-

nie, la surdité, les troubles de la vue, les maux de tête, les irrégularités

du cycle des femmes, etc. J'aime à dire que le lierre peut être à

la fois la meilleure et la pire des choses. La pire, parce qu'il est toxique

lorsqu'on le prend à fortes doses par voie interne : I'empoisonnement

par les fruits et les feuilles de I'espèce commence par des vomissements,

des diarrhées, des irritations de l'estomac et de l'intestin, et ûnit

par de redoutables troubles nerveux, et notamment par une conges-

tion des méninges. Les animaux y sont plus ou moins sensibles :

il arrive, lorsqu'elles sont particulièrement affamées, que les grives

et les mésanges mangent les baies du végétal; mais je me souviens

d'un ami qui avait posé la cage de son canari sur une fenêtre où grim-

pait un lierre : l'oiseau picora les fruits, et en mourut

Employé à l'extérieur, et uniquement à l'extérieur, le lierre peut

devenir I'un de vos meilleurs remèdes. Il est légèrement excitant,

il fait tomber la fièvre et active la production de sueur. Il régularise

le cycle des femmes. Il est résolutif, c'est-à-dire qu'il a la propriété

de ramener les tissus lésés à leur état normal (en cas d'ulcères, de

gonflements, de tuméfactions, etc.). Je I'ai employé avec succès contre

des brûlures assez graves. Le lierre est en outre un bon antirhuma-

tismal, et le meilleur calmant de la douleur que l'on puisse trouver à

deux pas de sa maison - voire sur son balcon... A I'heure où I'on

dénonce les dangers des médicaments chimiques contre la douleur

(analgésiques), il est bon de songer à nouveau aux analgésiques que

la nature nous offre gratuitement : utilisez les emplâtres, les cata-

plasmes, les gargarismes, les bains de lierre chaque fois qu'il s'agit

de soigner la douleur, depuis les maux de dents et d'oreilles jusqu'aux

crises de goutte...

 

Outre les diverses propriétés déjà énoncées, le lierre en possède trois

que je tiens à signaler. Tout d'abord, comme les plantes amères

en général, c'est un ami de l'estomac et du système digestif. Ensuite,

c'est un honnête diurétique. Enfin et surtout, c'est un remarquable

végétal de beauté : en cataplasmes notamment, il fait fondre la graisse

superflue et élimine la cellulite. S'il est le symbole des coeurs fidèles,

il rend les femmes belles. Après tout, les deux propositions ne vont-elles

pas ensemble ?

 

RECOLTE :

N'utilisez que les feuilles du lierre, à la rigueur ses fleurs :

ses fruits sont trop dangereux, surtout pour les enfants. L'homme

est un animal faible, car les moutons et les chèvres se régalent de

la plante : on dit même que, pour ces dernières, elle accroît la pro-

duction de lait... Cueillez les feuilles en toutes saisons : n'en prenez

à chaque fois que ce qu'il vous faut, car vous devrez toujours les

employer fraîches. Choisissez un lierre qui pousse en forêt, loin des

pollutions. Vous pouvez aussi planter un lierre le long du mur de

votre maison : il y grimpera, et vous en aurez sous la main en per-

manence; mais attention : le pied risque de devenir très gros, envahis-

sant, et il vous sera pratiquement impossible d'en arracher tous les

crampons si vous voulez vous en défaire.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

DÉCOCTION POUR L'USAGE EXTERNE

(en lotions, en compresses, etc., contre la dauleur) :

jetez une poignée de feuilles fraîches par litre d'eau.

 

CATAPLASMES

contre Ia douleur, les rhumatismes, etc. : appliquez direc-

tement une bouillie de feuilles fraîches sur la zone à traiter ; ou bien

mélangez 1/4 de feuilles de lierre hachëes à de la farine de lin.

 

COMPRESSES

contre la cellulite : préparez une décoction de feuilles

fraîches, et imbibez-en un linge que vous placerez sur Ia partie du corps

à << réduire >>.

 

GARGARISMES

contre les rages de dents et la carie dentaire : préparez

une infusion de feuilles fraîches à 4 ou 5 pincées par litre : salez abon-

dantment. Bien évidenlment, n'avalez pas...

 

 

Vous pouvez aussi trouver en pharmacie des gouttes de lierre très effi-

caces contre les trachéites rebelles de vos enfants.

 

NOTA :

 

La gale, maladie due à un minuscule parasite du groupe

des acariens (c'est-à-dire proche des araignées), fait d'après tous

les journaux sa réapparition, en particulier dans les écoles. Or, je

me souviens fort bien que mon père avait une recette pour la traiter :

il s'agissait d'une macération de lierre. La voici : mettez à tremper

pendant 24 heures une poignée de feuilles de lierre dans un litre de

vinaigre de vin. Filtrez à travers un linge. Appliquez le liquide légère-

ment étendu d'eau sur les régions lésées, en compresses, matin et soir

pendant une semaine.

 

 

 

LE LIERRE TERRESTRE

 

 

Si le lierre grimpant est amoureux de la verticale, le

lierre terrestre l'est de l'horizontale; le premier escalade tous les

supports qu'il rencontre, le second rampe et conquiert l'espace

à l'étage des fourmis... Pourtant, les deux espèces ont à peu près les

mêmes propriétés. Si elles n'appartiennent pas à la même famille

botanique (le lierre terrestre est un voisin de la sauge, de la menthe

et de la lavande, c'est-à-dire une labiée), elles se ressemblent un peu

par la forme des feuilles, et davantage par I'action thérapeutique.

Le lierre terrestre a pour lui l'incontestable atout de n'être jamais

toxique, et c'est pourquoi je le recommande de préférence à I'autre.

Il s'agit d'une plante à longues tiges rampantes et à feuilles arrondies

opposées deux à deux. Ses fleurs violet clair ou rose lilas s'épanouis-

sent en mai-juin au pied des haies vives, dans les prés, les vergers, etc.

On I'appelle scientifiquement gléchome hédéracé ou gléchome faux-

lierre, mais les paysans préfèrent le baptiser rondette, rondelette,

rondelle, rondote, courroie de saint Jean, herbe de saint Jean, couronne

de terre, terrette, lierret ou drienne...

 

Le lierre terrestre flgurait déjà à l'époque carolingienne dans un recueil

de recettes médicinales intitulé Contre toutes lesfièvres. On I'employait

aussi bien contre les affections des bronches et des poumons en général,

que contre les maux de tête, les douleurs du ventre, les crachements

de sang, les plaies ouvertes et les hémorragies internes. Mon père

le considérait comme I'un des simples les plus utiles.

Utilisez le lierre terrestre comme tonique : vous vous en trouverez

fort bien, notamment si votre faiblesse organique est due à un défaut

de vitamines (la plante est antiscorbutique, c'est-à-dire riche en vita-

mine C), ou si votre manque d'énergie est imputable à une maladie

de I'appareil respiratoire. La rondette calme la toux, libère les pou-

mons des encombrements muqueux qui gênent la respiration, et

résout très correctement les crises d'asthme. C'est une herbe à donner

en priorité aux enfants. Outre cela, et ce n'est pas négligeable,

elle est diurétique et elle aide au bon fonctionnement de I'estomac

et de l'intestin. Comme le lierre grimpant, on peut I'employer avec

succès contre les brûlures, les abcès, les coupures, les plaies ouvertes,

les ulcères. Elle calme la douleur des rhumatisants et des goutteux.

Et elle exerce une action tonique sur la peau, ce qui en fait une herbe

de beauté : avec elle, les femmes pourront soigner la vilaine ( peau

d'orange > qui accompagne la cellulite. Il leur suffi.ra pour cela d'uti-

liser le lierre terrestre simultanément par voie interne (comme

diurétique, pour favoriser l'élimination), et par voie externe (cata-

plasmes, lotions, etc.).

 

RÉCOLTE, :

Cueillez, au début de l'été, soit la plante entière, soit

ses feuilles, soit ses fleurs. Débarrassez les parties végétales choisies

de leur terre, et faites-les sécher rapidement, étalées au soleil ou sus-

pendues à I'ombre dans un endroit sec. Il convient de conserver

au maximum I'odeur très aromatique de la plante : pour cela, évitez-

lui absolument l'humidité (faute de quoi elle se mettrait à noircir,

et perdrait ses vertus).

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

INFUSION ET DÉCOCTION :

jetez 10 à 20 pincées de fleurs ou de feuilles dans un

litre d'eau. (2 à 3 lasses par jour.)

 

LAIT

de rondette : jetez une petite poignée de plante fraîche

dans un litre de lait frais, et Taites bouillir. (Contre les embarras pul-

monaires : àprendre le soir, au coucher, et très chaud. Pour les enfants,

réduire Ia dose de lierre à une demi-poignée.)

 

SUC FRAIS :

exprimez le jus de la plante entière fraîche à travers

wt linge, et prenez-en un demi-verre (un quart de verre pour les enfants)

dans une tisane de bourrache, de guimauve, de menthe ou de violette.

 

POUDRE

de feuilles sèches : 2 pincées par jour, dans une tisane.

 

SIROP :

confectionnez un sirop de sucre normal, et ajoutez-y

un volume égal de suc de plante fraîche. (Un verre à liqueur par jour,

dans une tisane.)

 

TISANE

(usage externe : compresses, bains locaux, etc.)

comptez deux poignées de plante sèche ou fraîche par litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

comptez une à deux poignées de plante par litre d'eau.

 

CATAPLASMES

(contre la douleur et contre la cellulite) : utilisez les

feuilles et les fleurs écrasées, soit directement sur Ia peau, soit en mélange

avec de la farine de lin.

 

 

 

LE LILAS

 

Le lilas embaume les charmants villages aux toits

rouges ou gris dès le premier printemps : c'est à I'heure de la sève

montante et des rayons d'or du soleil neuf qu'il a le plus de vertus.

 

Ses grosses grappes tendues de fleurs mauve clair ou blanc pur, entre

ses feuilles coupées net, charment les regards et plongent l'âme dans

un ravissement indicible. L'arbuste, qu'il est inutile de décrire plus

longuement, atteint jusqu'à 10 m de hauteur. Il est originaire de

l'Europe balkanique et du Moyen-Orient. Son nom lui vient de I'arabo-

persan likâk.il a été introduit en Espagne dès le Xe siècle par les Maures,

mais il n'a fait son apparition dans les autres pays d'Europe occidentale

qu'au XVIe siècle.

 

Le lilas est extrêmement amer dans toutes ses parties : aussi les ani-

maux de ferme le respectent-ils - même les plus voraces d'entre eux,

les chèvres. Mais cette amertume fait aussi sa valeur médicinale :

d'une part, il est très propre à faire baisser la fièvre; d'autre part,

il se comporte comme un excellent tonique, notamment du système

digestif dans son ensemble. Je le recommande contre les digestions

difficiles, l'aérophagie, les gonflements du ventre et les diarrhées.

Je suis en outre persuadé de sa valeur comme fébrifuge, et je le donne

aux goutteux et aux rhumatisants.

 

 

RÉCOLTE :

Plantez donc, si cela vous est possible, un lilas devant

votre porte : c'est un régal pour les yeux comme pour le nez!

A notre époque, rien ne vaut le parfum subtil qu'il dégage :

vous aurez l'impression d'être purifié, pour un moment, de toutes

les puanteurs de la civilisation industrielle... Récoltez au printemps

l'écorce des jeunes rameaux, les feuilles les plus fraîches et les fleurs

odorantes de l'arbuste, que vous ferez sécher à l'ombre. Cueillez aussi,

un peu plus tard, les fruits (capsules) du végétal.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION ET DÉCOCTION

de fleurs : jetez une demi-poignée de fleurs sèches dans

un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour, comme tonique du système digestif. )

 

de feuilles : jetez une demïpoignée de feuilles sèches

dans un litre d'equ. (2 à 3 tasses par iour, pour faire tomber la fièvre.)

 

DÉCOCTION CONCENTRÉE

d'ëcorce : jetez une demi-poignée d'écorce pilée dans un

litre d'eau. (2 tasses par jour, pour faire tomber la fièvre.)

 

DECOCTION LEGERE

de fruits : jetez 10 pincées de capsules fraîches ou sèches

dans un litre d'eau. (2 tasses par jour.)

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

jetez une demi-poignée de fleurs, une demi-poignée de

feuilles et une demi-poignée d'écorce pilée dans une cuvette d'eau.

(2 bains par jour, notamment contre les douleurs digestives, les crises

de goutte et les rhumatismes.)

 

MACÉRATION

de feurs (usage externe) : faites macérer une grosse

poignée de fleurs sèches dans un litre de bonne huile d'olive, el exposez

le tout au soleil pendant quinze jours ; filtrez, et utilisez la préparation

en frictions, sur le ventre (troubles de I'appareil digestif) ou sur les

parties douloureuses ( rhumatismes ) .

 

 

MAÏS

 

Chacun connaît cette grande céréale, parfois haute de

2,50 m, avec ses immenses feuilles aiguës comme des poignards et

ses gros épis cylindriques oùr l'on mord avec délectation-. Le

mais, bien qu'on l'appelle parfois blé de Turquie, nous vient à coup

sûr d'Amérique : il est probablement originaire du Mexique ou du

Guatemala. et il était sacré chez tous les Indiens du Nouveau Monde

(aussi bien chez les Incas que chez les Aztèques ou que chez les Peaux-

Rouges d'Amérique du Nord : ces derniers prétendaient qu'il avait

été amené du ciel sur la terre par leur héros légendaire, Hiawatha)

 

C'est en 1520 que I'espèce a été introduite en Europe, et, depuis lors,

on en a sélectionné des dizaines de races - à grains de toutes les

couleurs jaunes, bruns, rouges, bleus, noirs, blancs, etc.).

 

Du point de vue alimentaire, le maïs ne se distingue guère des autres

céréales (blé, riz, seigle, orge, millet, sorgho, avoine, etc.), sinon

par des variations de proportions. i1 contient de I'amidon, des pro-

téines, des graisses, des sucres divers. On le donne au bétail, ou on

le consomme de trente-six façons différentes (bouilli, grillé, ou sous

forme de polenta, comme les Italiens et les Savoyards). Les Mexicains

en tirent des boissons alcoolisées (la chicha, notamment).

 

Mais le maïs me plaît, quant à moi, pour d'autres raisons. Ses épis

sont entourés d'un réseau confus de filaments, qu'on appelle barbe

ou cheveux de maïs, ou encore stigmates, et qui sont en réalité les

longs styles résiduels des fleurs (une partie de leur appareil reproduc-

teur femelle). Or, ces < cheveux > me paraissent à la fois I'un des

meilleurs calmants et I'un des meilleurs diurétiques que nous offre

la nature. Je les emploie sans restriction aucune, car ils ne sont jamais

irritants, ni pour l'estomac, ni pour I'intestin, ni pour l'appareil

urinaire. Ils sont capables de calmer les douleurs les plus violentes

des coliques néphrétiques, des calculs de la vessie, des cystites, des

rhumatismes et de la goutte. Et ils agissent en profondeur contre

les désordres qui sont à I'origine de telles souffrances. En stimulant

la production d'urine, ils nettoient l'organisme, l'aident à se purger

de ses toxines, soulagent le travail du foie et du coeur, et accroissent

le rendement de I'ensemble des organes (cerveau compris). Ce sont

des alliés précieux du médecin non seulement contre les maladies

du système urinaire (calculs, oedèmes, etc.), mais encore contre I'en-

semble des affections génératrices de poisons (notamment les maladies

infectieuses). Je n'hésite pas à en recommander une bonne cure pério-

dique à tous, même aux bien-portants.

 

RECOLTE :

 

N'allez pas utiliser, dans vos préparations médicinales,

n'importe quelle barbe de maïs - il suffit que vous mangiez les épis

du commerce; en ce qui conçerne les pesticides et les polluants, ce

n'est un secret pour personne, vous êtes servi! Vos infusions et vos

décoctions devront être au contraire confectionnées avec le maïs

le plus pur, le plus < biologique >, celui que vous aurez vous-même

semé au jardin, ou que vous aurez acheté à un agriculteur parfaitement

sûr-

 

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

de barbes : jetez une bonne poignée de plante dans

un litre d'eau. (5 à 6 tasses par iour.)

 

DÉCOCTION

de barbes pour l'usage externe (compresses sur les

endroits douloureux ) : comptez une poignée et demie de plante par

litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

ntêntes proportions que pour la recette précédente.

 

LA MARJOLAINE

 

« Puisque le fils du roi m'aime,

Avec mes sabots,

m'a donné pour étrennes...

Un bouquet de marjolaine. »

 

Je l'ai chantée mille fois, cette chanson, lorsque j'étais

enfant, moi-même affublé de sabots. Et je me demandais pourquoi

la marjolaine est un cadeau de prince. Pour son parfum? Pour le

charme de ses fleurettes? Pour ia rime? Mon père me répondait avec

un sourire que la marjolaine enlève tous les chagrins, même d'amour...

C'est I'un des plus puissants calmants que je connaisse : insomnies

dues à la vie trépidante de notre siècle... ou à la passion amoureuse,

nerfs en pelote, excitation fébrile, sensation qu'on est prêt à

exploser, etc., elle se charge fort élégamment de ce genre de symp-

tômes !

 

Il faut se garder de confondre deux espèces voisines de marjolaines :

I'une, sauvage, est l'origan vulgaire; I'autre, toujours cultivée sous

nos climats (elle est originaire d'une contrée qui s'étend de la Libye

à I'Inde), est la marjolaine vraie. C'est à tort qu'on l'appelle parfois

aussi origan, notamment les Italiens, qui ne manquent jamais d'en

ajouter une pincée sur leurs pizzas. C'est elle qu'il faut employer :

I'autre est trop rapidement stupéfiante.

 

La marjolaine vraie, encore baptisée marjolaine des jardins ou mar-

jolaine à coquilles, a plus d'un titre de noblesse. Cette cousine de la

sauge, de la menthe et du thym (famille des labiées), aux minuscules

fleurs blanches ou rosées cachées dans de petites pelotes sphériques

vert tendre, était dédiée au dieu Osiris dans I'ancienne Égypte. Elle

servait notamment à la confection des couronnes destinées aux céré-

monies religieuses. Les naturalistes grecs et latins en faisaient déjà

la meilleure amie des nerfs, ainsi qu'un médicament fort utile contre

les règles douloureuses des femmes, la rétention d'urine, I'encom-

brement des voies respiratoires, les maux des yeux (conjonctivites),

les traumatismes (chocs, bleus) et les accidents concernant 1es arti-

culations (foulures, entorses, luxations). Au Moyen Age, Albert

le Grand ajoute à cette liste tous les cas de paresse des organes :

des reins, des poumons, du foie, de la rate, de l'utérus, etc.

 

Je considère comme une faute impardonnable de ne pas cultiver la

marjolaine au jardin. Je la recommande évidemment d'abord comme

calmant des nerfs : elle convient parfaitement contre les inconvénients

de la vie trépidante des grandes cités modernes; mais la nervosité,

I'insomnie, les palpitations, les angoisses, les sentiments d'opppres-

sion sont de tous les âges et de toutes les contrées... Én second lieu,

la marjolaine, toute parfumée, aide l'estomac et l’ intestin à accomplit

leur travail. Elle est tonique, diurétique, et provoque une sueur salu-

taire lorsque l'organisme est encombré de toxines. Elle nettoie les

voies respiratoires bouchées par toutes sortes de mucosités : prise

en fumigations, ou en inhalations sous un linge, elle constitue le

meilleur rsmède que je connaisse contre les rhumes, les refroidisse-

ments, les angines, les bronchites et I'asthme. Elle exerce encore ses

vertus, comme l'avait parfaitement noté Albert le Grand, dans

tous les cas de paresse des organes internes (foie, rate, etc.). En usage

externe, elle se révèle efficace contre les maladies de la bouche :

les aphtes, les infections de la langue et les autres < bobos > simi-

laires peuvent être traités par des gargarismes à base de marjolaine.

Elle est également souveraine contre les embarras et les affections

du nez : un bon tampon imbibé d'infusion de marjolaine guérit le

rhume des foins. Enfin elle agit contre la migraine (suc frais aspiré

par le nez), contre les enflures de toutes sortes (dues par exemple à

des foulures, des luxations, des entorses : à appliquer en lotions),

et elle sert à préparer d'excellents dentifrices.

 

 

RÉCOLTE :

Ne vous donnez pas la peine de rechercher dans la cam-

pagne de l'origan sauvage : ménagez-vous plutôt un petit carré de

marjolaine cultivée au potager. Au Moyen Age, toutes les maîtresses

de maison avaient I'habitude d'en planter quelques pieds dans un

bac à fleurs, sur leur fenêtre : je ne saurais trop recommander d'en

revenir à cette pratique salutaire. La marjolaine est extrêmement

fragile au froid : elle ne supporte pas les hivers rigoureux du nord

de la France, mais elle vient fort bien si on la rentre à temps : d'où

I'avantage de ,la cultiver en pots ou en bacs. Choisissez, au jardin,

le coin le plus sec et le plus ensoleillé que vous pourrez trouver : la

terre doit y être légère. Plantez les graines à l'automne : à la saison

suivante, l'espèce se reproduira d'elle-même végétativement, en

rejetant de nouvelles pousses. Récoltez la plante entière sans ses racines,

à la floraison, c'est-à-dire en août-septembre, par temps très sec et

après la rosée du matin. Faites-la sécher en petites touffes, pendues à

une corde, dans un endroit très bien aéré.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

A .fortes doses, mais moins que l'origan sauvage, Ia

marjolaine se révèle dangereuse : elle se comporte alors comme une

drogue. Aussi ne faut-il jamais en abuser, et s'en tenir strictement

aux proportions indiquées dans les recettes.

 

INFUSION

calmante : jetez 5 à 10 pincées de plante séchée dans un

lilre d'eau. (Une tasse, le soir au coucher, vous procurera une nuit

calme.)

tonique : jetez 3 pincées de plante séchée dans un litre

d'eau. (2 Tasses, le matin, au réveil, ou après les repas, pour stimuler la

digestion et I'excrétion, ou encore avant les repas pour exciter l'appétit.)

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

comptez une demi-poignée à une poignée de marjolaine

par litre d'eau. (Une demi-poignée pour calmer. une poignée comme

tonique. )

 

HUILE

de marjolaine (usage externe, contre les traumatismes,

les foulures, etc.) : jetez deux poignées de plante séchée dans 1/2 litre de

bonne huile d'olive; faites bouillir le tout pendant 1/2 heure au bain-

marie; passez dans un linge fin. (En massages.)

 

GARGARISMES

 

(contre les maladies de la bouche) : servez-vous d’une

infusion à une poignée par litre d'eau.

 

SUC FRAIS :

 

passez le jus  de Ia marjolaine fraîche écrasée à travers

un linge fin. Usage interne : une cuilierëe à café, comme tonique des

organes et pour les chanteurs aphones, le matin, dans un sirop ou avec

du miel. Usage externe : aspirez Ie suc par le nez et rejetez-le par Ia

bouche ; c'est le meilleur moyen de faire cesser les rhumes et les

migraines les plus rebelles.

 

DENTIFRICE :

 

Si vous vouliez conserver à la fois vos dents et vos gencives

en bonne santé, préparez-vous un dentifrice très simple, composé de

feuilles de marjolaine séchées et réduites en poudre.

 

INFUSION SPÉCIALE

 

contre l'artériosclérose : chaque soir, une pincée de

marjolaine dans un bol d'eau bouillante.

contre la sciatique : comptez, pour un litre d’eau ,

2 pincées de marjolaine, 2 pincées d'anis vert, 2 pincées de menthe

et 2 pincées de romarin.

Enfin, n'oubliez pas la façon la plus agréable de prendre la marjolaine,

dans la cuisine, pour saupoudrer Ia pizza, relever un poulet, une char-

cuterie, un pâté...

 

 

 

LA MAUVE

 

Il est des fleurs d'une douceur infinie, comme il en est

d'autres cruelles ou amères. Si l'absinthe est le symbole de I'amertume,

si les herbes vénéneuses (le colchique, la ciguë, l'aconit, etc.) sont

cruelles, la mauve est la douceur incarnée. Rien, chez elle, d'éclatant,

de clinquant : elle est modeste, toute en demi-teintes. Mais ces demi-

teintes ne sont pas tristes : aux chauds rayons du soleil printanier,

elles portent au contraire tous les espoirs de la saison nouvelle.

On allait autrefois aux mauves pour faire de la soupe : on en rap-

portait de grands paniers, et I'on bouillait des marmites entières avec

les jolies feuilles de l'espèce. Le breuvage ainsi préparé était parti-

culièrement recommandé aux enfants et aux vieillards. Les feuilles

de mauve étaient en outre utilisées en cuisine autour des viandes,

comme de la salade cuite ou des épinards.

 

Les mauves (car il en existe de nombreuses espèces, depuis la mauve

alcée jusqu'à la mauve à feuilles rondes, en passant par la mauve

royale, la mauve crépue, la mauve musquée, etc.), sont de charmantes

petites plantes, aux fleurs mauves, roses ou violettes, à 5 pétales échan-

crés en ailes de papillons. On les appelle encore fromages, fromageons,

petits fromages ou herbes à fromages, à cause de la forme caractéris-

tique de leurs fruits. Les anciens Grecs et Latins en faisaient le plus

grand cas, à la fois comme légume et comme herbe à guérir. Les dis-

ciples du grand philosophe Pythagore les disaient sacrées, parce que

leurs fleurs s'orientent toujours vers le soleil : elles représentaient

pour eux le symbole de la modération des passions, modération indis-

pensable à qui veut atteindre à la fois la sagesse, la liberté et la santé

 

Le grand poète Hésiode, auteur d'un célèbre ouvrage intitulé.Les Saisons

et les jours, se moquait des sots qui ne savent pas quelles richesses

se trouvent dans la mauve. Horace, un autre poète de I'Antiquité,

proclamait à qui voulait I'entendre qu'il ne se nourrissait que d'olives,

de chicorée et de mauve. Cicéron, entre deux interventions politiques,

se donnait de véritables indigestions de la plante... Charlemagne en

imposait la culture dans tous les jardins impériaux. Sainte Hildegarde,

au XIIe siècle, la recommandait contre d'innombrables maladies, depuis

la somnolence et les maux de tête persistants, jusqu'aux affections

des reins, aux hémorragies, au blocage de I'appareil urinaire et aux

empoisonnements. Quant aux médecins du XVIe siècle, ils avaient une

telle conf,ance dans les vertus de I'espèce que I'un d'eux déclarait :

Quiconque boit chaque jour une potion de mauve est garanti contre

toute attaque de maladie pour la journée!

Certes, cette dernière opinion paraît un tantinet exagérée. Mais il

est vrai que la mauve exerce une action inégalable dans toutes les mala-

dies qui comportent une inflammation. Elle est adoucissante comme

aucune autre, et émolliente, c'est-à-dire qu'elle ramollit les chairs

tuméfiées et les prépare à la guérison. En infusions, en décoctions,

en bains, en lotions, en compresses, en lavements, en cataplasmes ou

en collyres, à l'intérieur comme à l'extérieur, elle calme et elle évacue

les toxines de toutes sortes. Je la conseille, parfois avec d'autres espè-

ces, contre des maladies aussi diverses que les irritaticins dn système

digestif, les encombrements de l'appareil respiratoire (toux, rhume,

angines, bronchites, pleurésies, etc.), les mauvais fonctionnements du

système urinaire (calculs, rétention d'urine...), les inflammations des

muqueuses, les crachements de sang, la rougeole, la scarlatine, etc.

Je sais aussi la mauve souveraine contre la constipation et contre les

irritations des délicats organes féminins. Il faut donner de la racine

de mauve à mâcher aux enfants pour les garantir contre les maladies

infectieuses, et également pour fortifier leurs gencives; cette même

racine constitue un excellent dentifrice pour les adultes, et les prému-

nit contre les infections de la bouche telles que les aphtes. On peut

utiliser en particulier la mauve à l'extérieur pour calmer les démangeai-

sons de la peau, pour faire disparaître les furoncles et les phlegmons,

pour hâter la fin des crises douloureuses de goutte et de rhumatismes,

etc.- Rien ne vaut la mauve pour laver la peau, pour la débarrasser de

ses impuretés, pour mettre fin aux poussées d'acné, pour guérir la

disgracieuse couperose, et pour effacer les taches brunes qui apparais-

sent sur la peau des personnes âgées.

La mauve, bien évidemment, comme je I'ai déjà évoqué, est aussi une

espèce pectorale majeure : elle guérit les affections des bronches et de

l'appareil respiratoire. Elle entre dans la composition de la célèbre

< tisane des quatre fleurs > (avec le coquelicot, le tussilage et le pied-

de-chat), et dans celle de la non moins célèbre < tisane des sept espè-

ces > (mauve, coquelicot, tussilage, pied-de-chat, violette, bouillon-

blanc et guimauve).

 

RÉCOLTE :

 

Vous pouvez rechercher dans les bois, les haies, les

broussailles et les terrains vagues différentes espèces de mauves sau-

vages : toutes ont les mêmes vertus. Récoltez les feuilles et les fleurs

juste avant l'épanouissement complet, entre juin et août, et déterrez

les racines en automne. Faites sécher les premières rapidement, à

I'ombre et dans un endroit bien aéré; les fleurs bleuissent très joli-

ment en séchant : conservez-les à l'abri de la lumière, qui leur ferait

perdre leur belle couleur, et à I'abri de l'humidité, qui les ferait pour-

rir. Quant aux racines, contentez-vous de les brosser : si vous les

laviez, elles abandonneraient dans l'eau le principe même de leur excep-

tionnelle douceur : leur mucilage.

Vous pouvez également cultiver la mauve au jardin : récoltez-en les

graines dans la nature (un seul fruit - en forme de petit fromage -

en contient des dizaines)- Plantez-les dans un sol moyennement humide,

bien exposé aux chauds rayons du soleil, et riche en nitrates. si vous

voulez deux récoltes de feuilles et de fleurs, faites la première en juin-

juillet, puis coupez la plante au ras du sol, et arrosez : vous pourrez

procéder à la seconde à la fin septembre. Mais mieux vaut se conten-

ter d'une seule récolte la première année, afln de pouvoir, la seconde,

extraire de grosses racines bien pleines de vertus médicinales

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION :

Jetez soit 15 pincées de fleurs, soit 20 de feuilles, soit

30 de racines pilées, soit 20 de mélange, dans un litre d'eau. (3 ou 4 tas-

ses par jour, pour apaiser la toux, le rhume, la bronchite )

 

DECOCTION :

comptez les mêmes proportions de fleurs, de feuilles ou

de racines que précédemment; mais c'est surtout avec les racines que

la décoction est bonne. (3 ou 4 tasses par jour, notamment pour calmer

les inflammations des voies digestives.)

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

Comptez une poignée de fleurs et de feuilles, ou de feuilles

et de racines, ou de fleurs et de racines, ou mieux de plante entière, par

litre d' eau (entérite, coliques néphrétiques, vertiges )

 

DÉCOCTION CONCENTRÉE

pour tous les usages externes (compresses, Iotions, dou'

ches vaginales, Iavements, gargarismes, désinfection et nettoiement de

la peau, etc.) : jetez une bonne poignée de plante entière dans un litre

d’eau. (Contre les brûlures, les piqûres d'insectes, l'acné, I'urticaire,

les dartres, les piaryngites, les vaginites.)

 

POUDRE

De racines: à utiliser comme dentifrice et comme désin-

fectant de Ia bouche.

 

 

LA MELISSE

 

Elle porte, cette charmante cousine de la sauge et de

la lavande, le même nom grec que I'insecte vrombissant qui -la visite

pour son nectar et qui la pollinise : I'abeille, la melissa. Rien n’est

joli comme ses fleurettes blanches à odeur de citron frais, avec leur

délicate piste d'atterrissage à trois lobes réservée aux butineuses

occupées... L'espèce pousse en grosses touffes de 40 à 80 cm de hau-

teur, et épanouit ses corolles dans la première moitié de l'été. Elle

est originaire des rivages orientaux de la Méditerranée, mais après

avoir été cultivée dans les jardins, elle a repris sa liberté, et on la trouve

dans toutes les campagnes riantes de I'Europe occidentale. Elle peuple

le plus souvent les vieux murs, le bord des chemins, les haies, les

vignes et les décombres.

On ne sait trop si les Anciens ont d'abord cultivé la mélisse pour ses

vertus médicinàles ou pour les grosses larmes de nectar qu'elle offre

aux abeilles. Quoi qu'il en soit, ils n'ont pas manqué d'en relever

bien vite les propriétés. Mais ce sont surtout les médecins arabes

qui ont compris de quelles merveilles elle est capable; les premiers,

ils l'ont dite << cordiale >>, en d'autres termes < amie du coeur > (propre

à le soutenir, à calmer les palpitations, à dissiper l'anxiété); ils l'ont

déclarée également réjouissante et apte à fortifler toutes les facultés

vitales - apte également à chasser les < nuages noirs > de la neu-

rasthénie, des angoisses, des idées fixes, des maux de tête d'origine

nerveuse et des pertes de mémoire. Plus tard, après que les béné-

dictins eurent appris des Arabes la culture de la mélisse, ce sont les

moines qui s’y sont spécialisés : l'eau de mélisse, et surtout I'eau de

mélisse des carmes, est devenue un remède célèbre dans le monde

entier.

 

La mélisse a toujours été I'une des herbes favorites de mon père,

qui l'appelait citronnelle à cause de son parfum très caractéristique

(d’autres la nomment citronnade, herbe au citron, céline, thé de France,

piment des abeilles, piment des mouches ou piment des ruches). C'est

à mes yeux la reine des herbes stimulantes : aux amoureux transis,

aux pèies de familles inquiets, aux femmes tourmentées par leurs

probièmes... de budget ou de femmes, aux désespérés, aux éternels

vaincus de I'existence, je conseille cette herbe magique qui requinque,

qui rend leur tonus et leur joie de vivre aux plus mélancoliques...

J'ai traité plus d'une dépression nerveuse avec la mélisse - et c'est

logique, pour peu qu'on y réfléchisse un peu. L'espèce combat pré-

cisément les troubles qui engendrent l'effondrement psychologique,

ou qui sont causés par lui : dans les deux cas, l'amélioration s'ensuit

inévitablement. La mélisse est antispasmodique : en d'autres termes

elle met fin aux crispations douloureuses ou angoissantes des organes,

qu'il s'agisse du coeur palpitations,  coeur qui s'affole,  coeur qui

se serre..., de I'appareil circulatoire en général (bourdonnements

d'oreilles, vertiges...), de I'appareil digestif (crampes d'estomac,

crampes d'intestin, etc.), du système nerveux (insomnies, syncopes,

fatigue intellectuelle, migraines, angoisses, < nerfs en pelote >),

du système respiratoire (crises d'asthme, toux inextinguible, etc.),

ou de tous les autres organes. Ainsi une bonne infusion de mélisse

cst-elle à même de guérir la plupart des maux de ventre diffus, la

plupart des maux de dents et d'oreilles, I'irrégularité des règles chez

les femmes et quantité de symptômes analogues. En usage externe,

la plante, écrasée ou en lotions, est souveraine contre les névralgies,

les douleurs rhumatismales, les contusions et les plaies (qu'elle aide

à cicatriser).

 

RÉCOLTE  :

 

Récoltez la mélisse sauvage à la Saint-Jean, le 24 juin,

après la rosée et par temps sec - faute de quoi la plante prendrait

une odeur désagréable et deviendrait impropre à toute utilisation.

Faites-la sécher entière, étalée moitié à I'ombre et moitié au soleil,

et dans un endroit bien aéré. Conservez-la en petits bouquets sus-

pendus au grenier, ou n'en gardez que les feuilles, dans lesquelles

se concentrent I'essentiel des vertus de I'espèce.

Si vous voulez cultiver la mélisse dans votre jardin, ce que je vous

recommande, sachez que n'importe quel sol lui convient (mais choi-

sissez-le, de préférence, frais et profond). Semez les graines en place

en avril, ou sous châssis en mai pour les repiquer en septembre. L'es-

pèce se reproduit fort bien végétativement, par éclatement des touffes.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION

 

(notamment contre les règles douloureuses ) : jetez

20 pincées de plante sèche par litre d'eau. (2 à 4 tasses par jour.)

 

DECOCTION :

 

comptez une petite poignée de plante sèche par litre

d'eau. (2 tasses par jour, contre les migraines, les crises de nerfs, les

vertiges... )

 

VIN

 

de mélisse : dans un litre de bon vin blanc,.faites macérer

une bonne poignée de plante à tempërature douce (30 à 40 o C) pen-

dant 24 heures. (2 petits yerres par jour.)

 

BAJNS DE MAINS ET DE PIEDS :

 

comptez une poignée de plante par litre d'eau. (Contre

les migraines) en accompagnement de compresses glacées.)

 

DECOCTION CONCENTREE

 

pour l'usage externe (lotions, lavements, douches vagi-

nales, etc.) : comptez une poignée à une poignée et demie de plante

par litre d'eau.

 

CATAPLASMES

De feuilles fraîches:ils se révèlent fort utiles contre

les plaies, les contusions et les piqûres d'insectes (abeilles, guêpes).

 

EAU DE MÉLISSE

(indigestions, anémie, pertes de mémoire, hyperémo-

tivité, etc.) : utilisez-la soit à l'extérieur (compresses, lotions, etc)

soit à l’intérieur; dans ce dernier cas, respectez les doses suivantes :

pour les adultes, une cuillerée à café avec de I'eau, du lait ou du miel

deux fois par jour ; pour les enfants, 15 gouttes sur du sucre, une seule

fois par jour. vous pouvez acheter votre eau de mélisse dans une bonne

herboristerie, mais en voici deux recettes, inspirées de la célèbre eau

de mélisse des Carmes

 

RECETTE NO 1 :

Dans un litre d'eau-de-vie, jetez une poignée de mélisse

à demi sèche, un zeste de citron, 10 pincées de muscade, 10 pincées

de coriandre, 10 clous de girofle et 10 pincées de cannelle ; laissez reposer

à l'ombre pendant une semaine; filtrez; conservez la préparation en

bouteille de verre hermétiquement fermée

 

RECETTE NO 2 :

Dans un litre d'alcool à 45 o , jetez trois poignées de mélisse

sèche, un zeste de citron et 5 pincées d'angélique; laissez reposer à

l'ombre pendant une semaine et demie ; filtrez ; ajoutez à la préparation

une poignée de coriandre, 10 pincées de muscade, 10 pincées de cannelle

et trois clous de girofle; filtrez à nouveau après 48 heures, et conservez

de la même façon que précédemment'

 

LA MENTHE

 

Les Arabes vouent à la menthe un véritable culte, et

sur ce point précis je me sens tout prêt à embrasser leur religion...

Des souks aux admirables palais rehaussés de mosaiques, on ne res-

pire que I'odeur entêtante et subtile de cette herbe magique. Le moindre

fellah, comme l'émir le plus puissant, ne manque jamais d'en empor-

ter un petit bouquet sur lui : au premier, elle sert d'antiseptique,

elle éloigne les mouches porteuses de germes infectieux, et elle tient

à l'écart les microbes dangereux grâce à l'essence dont elle est impré-

gnée : le menthol. Au second, elle sert en quelque sorte de messager

d'amitié ... ou d'amour! Les vertus aphrodisiaques de l'espèce ont

été trop souvent chantées pour qu'il n'y ait pas là un fonds de vérité.

La belle Shéhérazade, en plus des merveilleuses histoires des Mille

et Une Nuils qu'elle a dites à son sultan bien-aimé, a probablement

eu la vie sauve grâce à quelques tasses délicieuses de thé à la menthe,

servies à point, avant .le jour, comme pour ponctuer les aventures

prodigieuses de Sindbad le Marin et d'Aladin...

 

La menthe peut s'utiliser de toutes les manières possibles - bien

évidemment dans le thé ou en tisanes, par exemple mélangée au til-

leul, mais également dans les sauces (comme le font les Anglais, qu'on

a très injustement critiqués pour cette < manie >), dans les cocktails

(à la manière des Nord-Américains) et dans les salades. Rien n'est

plus rafraîchissant que les < rouleaux printaniers > des Viêtnamiens,

ou que les salades à la menthe des Chinois.

Je ne m'étendrai pas sur les caractères botaniques des menthes :

leur parfum unique les fait reconnaître entre mille. Ce sont des cou-

sines de la sauge, du thym, du serpolet, de la mélisse et de tant d'autres

trésors de la nature qui sont classés dans la famille des labiées. Il

en existe différentes espèces, qui possèdent toutes les mêmes propriétés,

à des degrés divers.

 

La menthe pouliot, encore nommée pouliot royal, péliot, herbe de

saint Laurent, petit baume, dictamne de Virginie et frétillet, a éga-

lement été baptisée herbe aux puces et chasse-puces parce qu'elle

éloigne ces insectes indésirables. On la trouve surtout dans les endroits

humides, notamment dans les prairies inondées en hiver. Les anciens

Grecs et Latins la connaissaient fort bien : ils en faisaient des cou-

ronnes pour toutes leurs cérémonies; ils l'employaient contre les

morsures de serpents, les piqûres d'insectes et de scorpions, les coliques,

la toux, les vomissements, les troubles urinaires de toutes sortes,

les vertiges, les maux de tête, les défaillances sexuelles et les douleurs

des règles chez les femmes. Au Moyen Age, les médecins ont commencé

à lui découvrir de nouvelles propriétés remarquables, notamment

de soigner les fièvres, de stimuler I'estomac et I'intestin, de calmer

l'hystérie et les troubles de la vision, de réduire les enflures, de guérir

la jaunisse et les maladies de poitrine, de soulager toutes les douleurs.

La menthe verte désigne en réalité plusieurs espèces sauvages très

proches, notamment la menthe en épis et la menthe des forêts. D'autres

espèces encore, ainsi que de nombreux hybrides, sont cultivés à travers

le monde : menthe crépue (ou frisée), menthe des champs, menthe

aquatique, menthe à feuilles rondes, menthe rouge, etc.

La menthe poivrée, que l'on appelle encore menthe anglaise, est

probablement le résultat d'un croisement entre la menthe aquatique

et la menthe verte. C'est celle qu'on utilise essentiellement aujourd'hui.

On la cultive dans le monde entier, car c'est vraisemblablement la

plante aromatique la plus demandée. Malheureusement pour elle et

pour nous ! Car pour obtenir une menthe belle et abondante, les

producteurs la traitent 10 à 12 fois dans I'année. Elle devient dès lors

un véritable poison.

Ne vous inquiétez pas trop devant la complexité de cette énuméra-

tion : toutes les menthes sont utiles, et quelle que soit celle que vous

trouverez dans la nature ou que vous planterez au jardin, vous y

trouverez votre content de vertus médicinales. Les menthes sont

toniques : elles redonnent de l'énergie à tous les organes sans exception,

ce qui les fait particulièrement conseiller aux enfants, aux vieillards

et aux convalescents. Mais, plus particulièrement, ce sont des amies

du coeur et des nerfs (qu'elles soutiennent et qu'elles calment grâce

à leurs propriétés antispasmodiques). Ce sont aussi des alliées fidèles

du système digestif : en tant que stomachiques, elles aident l'estomac

dans son travail; elles combattent aussi bien ses crampes que les

mauvaises digestions, I'aérophagie, les gonflements, les lourdeurs,

les nausées et les ulcères qui commencent; elles aident à la libération

des gaz intestinaux et soulagent l'ensemble de I'appareil digestif;

enfin, elles soutiennent I'action du foie et du pancréas.

L'action antispasmodique des menthes se révèle également précieuse

Si vous ne pouvez la faire venir vous-même, faites très artention au moment où vous I'ache-

tez, Et dans tous les cas, sachez que le Laboratoire des Herbes Sauvages à Fleurance peut vous

fournir, outre la menthe, toutes les plantes (non traitées) de ses propres plantations.

dans tous les cas de toux, d'affections respiratoires (asthme, bron-

chites), de névralgies, de nervosité, d'insomnie, de tremblements,

d'angoisses, etc. Leurs propriétés diurétiques et leurs capacités à

faire tomber la fièvre les font recommander contre l'ensemble des

maladies d'origine infectieuse, d'autant plus que ces vertus se doublent

d'une incontestable efficacité bactéricide et antiseptique. Les menthes

sont encore anesthésiques (la sensation de fraîcheur que l'on éprouve

lorsqu'on les mâche est due à I'engourdissement des muqueuses

de la bouche) : d'où leur intérêt, en usage externe, pour soigner les

contusions, les plaies, les infections, les inflammations, les points

douloureux des rhumatismes et de la goutte, etc. Les gargarismes

à la menthe font merveille contre les douleurs des gencives et les

rages de dents; en outre, ils donnent I'haleine la plus pure...

 

RECOLTE :

 

Cueillez les feuilles de menthe, et éventuellement les

fleurs, juste avant l'épanouissement, qui peut intervenir à des époques

assez différentes de I'année selon l'espèce concernée et la région de

la récolte; surveillez attentivement les pieds sauvagos que vous des-

tinez à votre petite pharmacie naturelle. Faites sécher les feuilles

à l'ombre : elles se conservent sans problème.

Le plus simple, pour être sûr d'effectuer le ramassage au bon moment,

est évidemment de cultiver de la menthe au jardin. Elle préfère les

sols meubles, fertiles, et relativement humides : la tête à l'ombre,

les pieds au frais, c'est ainsi qu'elle pousse la plus belle. Il suffit, pour

I'acclimater, d'en planter quelques souches éclatées au printemps

ou en automne; un bon arrosage est nécessaire à la reprise; mais

ensuite votre chère menthe ira toute seule : elle aura même tendance

à tout envahir...

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION ET DÉCOCTION :

jetez 4 ou 5 pincées de feuilles et de fleurs sèches ou

traîches dans un litre d'eau. (Une tasse le matin, menthe pure ; une

tasse le soir, menthe et tilleul.)

 

DÉCOCTION

pour gargarismes (contre la mauvaise haleine, les maux

de gencives et de dents ) , pour lotions, compresses, etc. : comptez l0 pin-

cées de feuilles par litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

mêmes proporlions que pour la décoction précédente.

 

POUDRE

 

de feuilles (usage interne, çomme tonique des organes,

en cas d'urgence) : une pincée après le repas principal, dans du lait,

du miel, ou mêlée au dessert.

 

VIN

 

de menthe (usage externe, contre les spasmes internes) :

faites bouillir un litre de vin rouge ou blanc, dans lequel vous aurez

jeté une poignée de feuilles de menthe sèches ; frottez doucement le

ventre ou la poitrine ayec une compresse imbibée du liquide filtrë.

 

ALCOOL DE MENTHE :

 

achetez-le dans une bonne herboristerie, et n'oubtiez

pas que c'est votre meilleure arme d'intervention immédiate contre

les vertiges, les nausées, les migraines et le mal des voyages (automo-

bile, avion, bateau).

 

BONBONS À LA. MENTHE :

 

bien que le sucre qui sert à la confection des bonbons

ne soit pas particulièrement sain (ni pour les dents, ni pour I'estomac,

ni pour l'appareil circulatoire - sens parler des diabétiques), un bon-

bon à la menthe sucé à temps peut prémunir contre les petits malaises

de tous les jours (maux de tête, etc.).

 

NOTA :

 

En infusion légère, la menthe calme et endort Ia douleur.

A fortes doses ( 10 pincées par litre ), utilisez-la au contraire comme

un tonique neryeux et un stimulant digestif. Elle apaise les maux d'es-

tomac, les crises de vomissement ou d'aérophagie.

* Pour maintenir votre forme physique, je vous recommande l'infusion

que j'avais prescrite aux champions du Tour de France cycliste : 6 pin-

cées de menthe et 2 pincées de romarin par litre d'eau.

* Pour lutter contre l'impuissance, la frigidité, et favoriser I'harmonie

du couple, composez I'infusion suivante : 2 pincées de menthe et 1 pincée

de sarriette pour une tasse d'eau bouillante.

 

 

LA MOUTARDE

 

C'est la cousine longiligne, élégante et acide du gros

chou ventru : les abeilles aiment à la voir paraître dans les champs,

les décombres et au bord des chemins, car c'est une plante riche en

nectar de première qualité. Ses fleurs jaunês à quatre pétales, qui déga-

gent soit une odeur de vanille (moutarde blanche), soit une odeur de

coumarine (moutarde noire), enchantent les sols calcaires et argileux

de la majeure partie de l'Europe.

Il existe au moins trois espèces distinctes de moutardes, que l'on dis-

tingue essentiellement par leurs graines. La moutarde branche

(appelée aussi sénevé blanc, beurret, burlu, hurlu, herbe au beurre),

fabrique de grosses semences de couleur crème. La moutarde sauvage

(ou sanve, ou sénève, ou sénevé, ou encore moutarde des champs,

moutarde bâtarde, jotte, javotte, ravenelle, raveluche, ruche, guélot,

etc.), produit de minuscules'graines noires. Enfin la moutarde noire

(autrement baptisée moutarde officinale, sénevé noir ou sénevé gris),

élabore de grosses graines brunes. Il est assez important de savoir

identifier les trois espèces, car si les deux premières ont des vertus

médicinales tout à fait semblables, la troisième fait bande à part.

 

Je ne m'étendrai pas sur le cas de la moutarde sauvage, la moins inté-

ressante de toutes. La moutarde blanche, elle, compte assurément

parmi les premières espèces végétales que l'homme ait jamais domes-

tiquées. En Grèce antique, on la mêlait fréquemment aux aliments

pour en relever le goût, et au Moyen Age, selon sainte Hildegarde,

on la mangeait carrément comme légume (ce qui suppose un estomac

blindé!). On en tire depuis longtemps une huile, mais aujourd'hui elle

ne sert plus guère qu'à la confection de la moutarde de table (mélange

d'extraits de graines en pâte ou en poudre, de vinaigre, de poivre,

d'acide tartrique et d'épices). Les moutardes de table, qu'elles soient

de Dijon ou de Meaux, si elles exaltent agréablement le goût des vian-

des et le parfum des sauces, doivent être prises avec beaucoup de modé-

ration : ce sont de véritables explosifs pour les muqueuses de I'esto-

mac; les sujets atteints d'aigreurs, de ballonnements, d'aérophagie,

et évidemment d'ulcères, doivent s'en abstenir totalement.

 

Du point de vue médicinal, la moutarde blanche est essentiellement

utile dans les cas de constipation chronique; elle donne alors de bons

résultats, mais à condition d'être employée à petites doses, et à condi-

tion qu'on ne relève pas la moindre irritation de l'appareil digestif.

Elle exerce en outre une action diurétique incontestable, et, en garga-

rismes, elle guérit assez bien des inflammations des amygdales, de la

toux et des angines.

 

La moutarde noire - en latin sinapis - est évidemment le constituant

de base des sinapismes, ou cataplasmes. En Inde, elle passait pour

le symbole de la fécondité. En Grèce et à Rome, elle était surtout

utilisée comme légume et comme condiment : mais à ce titre, on s'en

méfiait beaucoup, car les graines, ingérées en grosses quantités, sont

fortement toxiques.

On peut utiliser la moutarde noire de la rnême façon que la blanche,

contre les constipations chroniques (graines entières), comme diuré-

tique et en gargarismes (angines, etc.). Mais l'espèce possède bien

d'autres propriétés. Elle est stimulante. Elle fait baisser la fièvre. Elle

est antiscorbutique. Elle est capable, en cas de besoin, de provoquer

des vomissements salutaires. Et c'est une amie de I'estomac. sa farine,

délayée dans de I'eau, chasse en outre remarquablement les mauvaises

odeurs : si ce n'est pas là à proprement parler une vertu médicinales

on me permettrâ de faire remarquer que la vie est beaucoup plus agréa,

ble, par conséquent plus saine, dans une maison qui sent bon que dan-

un taudis perpétuellement empuanti...

 

Mais bien sûr, tout cela n'est rien en comparaison du fait que la mou:

tarde noire reste le plus populaire des révulsifs. on en use sous forme

de sinapismes purs (farine de moutarde seule), de semi-sinapismes

(farine de moutarde + farine de lin), de compresses, de bains locaux,

de lotions, etc., contre des affections aussi diverses que les inflamma-

tions des organes internes (poumons, bronches, plèvre, péricarde,

méninges...), la toux, le rhume, les angines, la coqueluche, etc. Les

douleurs névralgiques et rhumatismales cèdent bien aux cataplasmes

locaux. Les syncopes peuvent être évitées par application de moutarde

sur la région du coeur. Les congestions pulmonaires ou cérébrales évo-

luent de façon beaucoup plus favorable si l'on recourt immédiatement

à des bains de mains et de pieds de moutarde. Les vertiges, les faibles-

ses du coeur, I'asthme, les douleurs du dos, les lumbagos, les sciatiques,

les points de côté, les rages de dents, et, chez les femmes, les douleurs

des règles, toutes ces affections sont également fort bien combattues

par la plante.

 

RECOLTE :

 

De la moutarde, on n'utilise guère que les graines.

Ramassez celles de la moutarde blanche (ou de la moutarde sauvage)

dans la campagne : vous n'aurez aucune peine à en trouver. Quant à

la moutarde noire, vous pouvez très bien la cultiver au jardin (ou dans

un petit bout de champ). Elle se sème à la volée au printemps, et donne

une abondante récolte à I'automne, à condition que le sol choisi pour

elle soit riche en humus et très profond, à condition aussi que les

abeilles soient abondantes dans la région (car ce sont elles qui se

chargent pour I'essentiel de la pollinisation des fleurs). Le meilleur

moment pour la récolte des graines se situe à la rosée du matin.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

GARGARISMES

de farine de moutarde blanche : réduisez les graines en

farine; délayez-en 2 à 3 pincëes dans un litre d'infusion de fleurs de

sureau à 20 pincëes par litre.

 

GRAINES

de moutarde noire (contre la constipation, etc.) : faites

macérer les graines entières pendant une heure dans un peu d'eau; pre-

nez-les telles quelles, à la dose d'une cuillerée à café le matin, à jeun

(demï dose pour les enfants), pendant 2 jours.

 

POUDRE

de graines de moutarde noire (vomitive, en cas d'empoi-

sonnement) : procédez comme précédemment, avec les mêmes doses,

mais au lieu d'avaler les graines entières, pilez-les.

 

DÉCOCTION

de graines de moutarde noire (diurétique, stimulante,

amie du système digestif) : jetez 20 pincées de graines entières dans

un litre d'eau. (3 tasses par jour.)

 

BAINS DE PIEDS ET DE MAINS :

délayez une poignée de farine de moutarde noire par

litre d'eau; allez largement jusqu'à deux poignées en cas d'urgence

(congestions cérébrales et pulmonaires, en attendant le médecin).

 

BAINS COMPLETS :

comptez I kg de farine de moutarde noire pour une bai-

gnoire moyenne. Les personnes anémiques devront s'abstenir absolu-

ment du bain complet, qui pourrait être dangereux pour elles.

 

SINAPISMES :

il existe des sinapismes tout préparés dans le commerce ;

mais je ne saurais trop vous engager à les fabriquer vous-même. Votre

farine de graines de moutarde noire doit être très pure (conservée au

sec, dans un récipient hermétiquement clos). Elle ne doit, point capital,

jamais être chauffée àplus de40-45 o C. : c'est une erreur très répandue

de croire que plus un cataplasme est chaud, plus il est efficace ; au

contraire : passé le cap fatidique des 50 o C., la moutarde perd toutes

ses propriëtés révulsives. Pour la confection même du cataplasme, deux

méthodes s'offrent à vous. La première consiste à faire chauffer à 40 o C

un emplâtre de farine de lin humectée, puis de saupoudrer abondam-

ment la galette ainsi obtenue avec de Ia .farine de moutarde, avant de

l'appliquer sur la région du corps à traiter. La seconde, bien meilleure

quant aux résultats, exige que I'on malaxe longuement Ia farine de lin

et la farine de moutarde, afin de les mélanger intimement, avant d'humec-

ter et de chauffer le tout à 40 o C. Il faut compter, pour une efficacité

maximale, 100 à 150 g de farine de moutarde par sinapisme.

 

 

 

LA MYRTILLE

 

J'aime à voir les enfants manger des myrtilles : ils s'en

barbouillent joliment les mains et les lèvres, heureux du régal que leur

offre la montagne en fête... et heureux de se tirer mutuellement une

langue que le jus de ces fruits sombres a teintée en violet... Je sais alors

qu'en plus du plaisir qu'ils ont pris à déguster les baies délicieuses

du petit arbrisseau, ils ont fait provision d'énergie pour de longues

semaines. Pourquoi. les adultes ne sont-ils pas parfois plus enfants ?

Pourquoi ne quittent-ils jamais leur masque de respectabilité et de

bonnes manières? Je dirais volontiers qu'on n'a que l'âge de son

sourire... et le sourire des mangeurs de myrtilles est toujours celui de la

jeunesse et de la santé.

Les myrtilles, que I'on appelle encore raisins des bois, airelles myr-

tilles, myrtilles noires, brimbelles, raisins de bruyères, maurettes,

pouriots, morets, ambroches, aires, loutrets, etc., sont des cousines

de 1a bruyère. Elles croissent en immenses colonies enchevêtrées dans

les forêts de montagnes et dans le Nord, sur les terrains riches en silice.

Leurs rameaux anguleux et leurs feuilles ovales les font aussi sûrement

reconnaître que leurs fruits arrondis, d'abord verts, puis rouges, enfin

violets noirâtres et recouverts d'une fine poussière blanche à maturité.

De ces baies, que l'on récolte soit à la main soit au < peigne > entre

juillet et septembre, on fait de savoureux desserts (au sucre, au vin),

des tartes, des conttures, de la gelée, du sirop, des marmelades, de la

limonade, et même du vin...

Je vous recommande d'utiliser non seulement les fruits de l'espèce,

- mais encore ses feuilles et ses racines. Les feuilles sont toniques, diuré-

tiques, antiseptiques et antidiabétiques. Elles contribuent au bon fonc-

tionnement de tous les organes, et se montrent particulièrement effi-

caces contre la toux, les vomissements, les douleurs d'estomac, la

paresse intestinale, les diarrhées, le mauvais fonctionnement de la

vessie et le < pipi au lit > des enfants. Elles désinfectent les voies diges-

tives et urinaires. Elles font baisser les taux de sucres dans le sang, ce

qui les rend précieuses pour les diabétiques. A l'extérieur, elles sont

utiles contre les infections de la bouche et de l'arrière-bouche (en gar-

garismes), contre les inflammations des yeux (en collyres), contre les

maladies de la peau, les ulcères et les brûlures (en lotions, compresses

et bains locaux). Les racines servent surtout à désinfecter les plaies et

à hâter leur cicatrisation.

 

Les fruits ont d'autres propriétés encore. Leur jus violet, riche en

carotène (la provitamine A, la vitamine des yeux), améliore la vision :

ce n'est pas pour rien que les aviateurs dégustent force tartelettes

aux myrtilles; les myopes et les presbytes auraient intérêt à en faire

autant. Les myrtilles sont en outre rafraîchissantes. Comme les feuilles

de la plante, elles se révèlent toniques et diurétiques. Leurs vertus anti-

diabétiques sont extrêmement précieuses. Leurs qualités antiseptiques

et digestives les font particulièrement recommander dans tous les

cas d'infections de I'intestin, et notamment contre la colibacillose

chez les enfants. Je les conseille en outre comme diurétiques et comme

désinfectants du système urinaire. A I'extérieur, elles servent à prépa-

rer d'excellents bains de bouche, des gargarismes (utiles contre les

aphtes, les gingivites, les angines), des compresses (contre les hémor-

roides), des lotions (contre les maladies de la peau), des douches vagi-

nales (contre les pertes blanches), des lavements (contre les désordres

;ntestinaux : diarrhées, etc.), des bains de pieds et de mains (contre

I'eczéma), etc. La décoction de baies, aspirée par le nez, est souveraine

contre le rhume de cerveau.

 

RECOLTE :

 

Ramassez les baies de la myrtille lorsqu'elles sont bien

mûres, en été; les racines doivent être extraites en automne, et les

feuilles cueillies au printemps, à la montée de la sève. Si vous fréquen-

tez la montagne ou les forêts du Nord, vous n'aurez aucune peine à

découvrir des champs entiers de I'espèce au hasard de vos promenades

en forêt.

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

INFUSION ET DÉCOCTION

de feuilles fraîches ou sèches : jetez une poignée de feuilles

dans un litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour.) Contre le diabète, mélangez

une poignée de feuilles de myrtille et une poignée de feuilles de fraisier,

toujours pour un litre d'eau. (2 tasses par .jour. )

 

DÉCOCTION

de feuilles pour l'usage extertne : jetez 2 poignées de

feuilles fraîches ou sèches dans un litre d'eau. (Gargarismes, lotions,

lavements, etc. )

de racines (usage externe) : jetez une poignée de racines

dans un litre d'eau.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS

de feuilles : mêmes proportions que pour la décoction précédente.

 

TISANE

 

de fruits (usage interne) : comptez quatre poignées de

fruits frais par litre d'eau. (2 à 3 tasses par jour, jusqu'à 6 tasses en cas

d' infection intestinale. )

 

MIXTURE

de fruits (usage externe : dysenterie, hémorroîdes) :

comptez un petit bol de fruits frais par litre d'eau.

 

SUC FRAIS

de fruits : n'hésitez pas à en boire 3 ou 4 verres par jour,

en saison.

 

VIN DE MYRTILLES :

utilisez des fruits desséchés à l'air ; faites-en cuire deux

poignées dans un peu d'eau; ajoutez l/2 litre de vin rouge après

1/4 d'heure, et laissez encore à feu doux pendant 5 minutes, (2 à 3

petits verres par jour.)

 

POUDRE

de fruits secs : prenez-en 4 pincées toutes les 3 heures,

pendant 2 jours, avec un peu de miel ou de lait.

 

 

LE NAVET

 

On dit couramment d'un mauvais film que c’est un

navet : grave injure pour le navet ! Grave injustice, surtout, car ce

légume n'est pas un < vaut-rien >. Il est au contraire pétri de toutes

les qualités : goût délectable (n'en déplaise à certaines bouches plus

dédaigneuses que fines : je les défie de trouver meilleur accompagne-

ment pour le canard rôti - pour ne citer que ce plat); propriétés nutri-

tives remarquables; et vertus médicinales non négligeables.

Le navet n'est jamais qu'un chou un peu bizarre, qui pousse tout en

racine ou tout en graines, selon les cas, au lieu de croître tout en feuil-

les. on en distingue quantité de formes, que I'on peut ramener à cinq :

trois races à racines enflées (navet proprement dit, chou-navet et ruta-

baga); et deux races à racines grêles (colza et navette). Les trois pre-

mières sont évidemment cultivées pour leur gros pivot souterrain,

rempli de matières de réserve, c'est-à-dire d'aliments; les deux suivan-

tes servent à produire des graines - que l'on donne aux animaux ou

que I'on presse pour en extraire une huile. La rave (et son cousin ger-

main le chou-rave) appartiennent à une espèce différente.

Vous avez certainement suivi la polémique qui s'est ouverte entre les

partisans et les adversaires de I'huile de colza : ces derniers I'accusent,

sur la foi d'expériences menées sur des rats (notamment), de provoquer

de sérieux accidents cardiaques - de détruire littéralement notre mus-

cle vital. Je crois qu'ils ont raison, et que l'absorption de I'huile de

colza à fortes doses (comme huile alimentaire ordinaire) est néfaste.

Cependant, je ne veux pas passer sous silence les vertus de ce même

corps gras à doses médicinales. L'huile de colza, prise en petites quan-

tités, et de temps à autre, se comporte comme un bon lubrifiant de la

machine organique; elle est adoucissante et laxative; on dit même,

chez moi, qu'elle aide à surmonter le choc des morsures de serpents.

Employée à I'extérieur, elle n'offre plus aucun danger, et je vous la

recommande vivement en pansements, pour guérir les plaies et les

coupures.

Les feuilles du navet pourraient être employées dans les mêmes cas

que celles du chou. Mais elles sont moins actives, et je ne pense pas

que, par manque de chou, vous en soyez un jour réduit à les récupérer...

La racine de la plante, enfin, qu'on mange dans la soupe, dans le

pot-au-feu ou avec le traditionnel canard, se montre extrêmement

riche en vitamines, en sucres et en sels minéraux. Si vos enfants

I'aiment, donnez-leur-en à volonté : c'est à coup sûr le plus sain des

légumes. Le navet calme la douleur et possède des vertus pectorales.

Râpé et macéré dans du lait, puis sucré au miel, il constitue un excel-

lent remède contre la toux, la bronchite, les angines, la pleurésie,

la pneumonie, l'asthme et la coqueluche. En décoction, en sirop, etc.,

il donne également des résultats excellents. A l'extérieur, cuit et écrasé,

puis appliqué comme un cataplasme, il soulage les articulations dou-

loureuses des rhumatisants et des goutteux, il soigne les furoncles

et les abcès, et il guérit remarquablement les engelures.

 

RÉCOLTE :

 

Il me paraît je crois, inutile de vous exposer la façon

de cultiver le navet. Je me contenterai de vous recommander chaude-

ment de le faire - faute de quoi, il vous faudra vous contenter des

produits du marché, engraissés chimiquement et aspergés de pes-

ticides... Puisque j'ai parlé du colza plus haut, je ne puis m'empêcher

de vous rapporter cette petite anecdote: un paysan se plaignait de ce

que 10 % environ de sa récolte de colza était chaque année la proie

des insectes < nuisibles >; il décida de recourir massivement aux insec-

ticides. savez-vous quel pourcentage il perdit de sa récolte I'année

suivante ? 100 %. car les fleurs de colza ne sont pas autofécondes :

pour qu'elles donnent des graines, il faut qu'elles échangent leur

pollen. or, ce sont les abeilles butineuses qui se chargent de ce tra-

vail minutieux. En inondant son champ d'insecticide pour gagner

l0 %,le paysan avait tout perdu...

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

HUILE DE COLZA :

à l'intérieur comme laxatif et adoucissant (une cuillerée

à soupe en cas de besoin) ; à I'extérieur pour cicatriser les plaies.

 

INFUSION

 

de navet : jetez un gros navet haché menu dans un litre

d'eau; sucrez au miel. (A volonté.)

 

LAIT

 

pectoral de navet : râpez deux navets dans un demi-litre

de lait;laissez macérer 6 heures; sucrez aumier. (2 ou 3 grands yerres

par jour.)

 

SIROP

 

de navet : creusez un beau navet assez profondément ,.

remplissez la cavité ainsi ménagée avec du sucre candi ou du miel;

et disposez votre navet au-dessus d'un verre : Ie sirop traversera Ia

pulpe lentement. (Un demi-verre par jour.)

 

DECOCTION

 

de navet (pour l'usage externe : compresses, Iotions

calmantes) : râpez trois ou quatre novets dans un litre d,eau.

 

CATAPLASMES

 

de navet : cuisez longuement vos navets ; passez-les

au press 'purée; et appliquez la bouillie obtenue sur les endroits à

traiter.

 

 

 

LE NOYER

 

C'est un arbre au superbe bois luisant couleur d'encre

noire : je me souviens des lits profonds, des plateaux de tables et

des grands bahuts de noyer qui ornaient les maisons les plus pauvres,

au temps où la folie du < rustique > et l'inflation galopante de notre

civilisation n'avaient pas encore fait flamber les prix de ce bois...

Il y avait alors, dans chaque foyer, cette sorte de chaleur et de chaude

intimité qui naît du terroir, du travail artisanal et du contact avec la

nature. Le noyer est véritablement un arbre royal : c'est d'ailleurs

ainsi que les anciens Grecs 1'appelaient. Chez les Latins, il était consa-

cré au plus puissant des dieux, à Jupiter lui-même (le nom de Juglans,

que les botanistes lui donnent encore, est la contraction de Jovis

glans, < gland de Jupiter >.

 

Il est inutile de revenir sur la description de cet arbre admirable,

haut parfois de 25 m, tout couvert de vastes feuilles composées, qui

fleurit en avril-mai et dont les fruits mûrissent en automne. On sait

que les noix sont entourées, à leur chute, d'une épaisse enveloppe

verte et brune, qui tache les mains et qu'on appelle brou de noix.

 

Mais, comme chante Charles Trenet, « qu'y a-t-il à I'intérieur d’une

noix, qu'est-ce qu'on y voit? » On y voit une amande formée de

quatre parties à la surface toute ridée... Cette amande est fort riche

en substances nutritives. On la consomme soit encore verte, en la

cernant au couteau (d'où son nom de cerneau), soit juste mûre : elle

a alors la même valeur alimentaire qu'un bon fromage; elle contient

beaucoup de vitamine B, des protéines, des matières grasses et des

sucres assimilables, peu dangereux pour les diabétiques. La noix

sèche est beaucoup moins digeste, car sa concentration en matières

grasses s'accroît avec le temps; vieille, elle devient irritante pour le

tube digestif. L'huile qu'on en tire, malheureusement devenue très

chère aujourd'hui, est excellente pour la cuisine. Mangez des noix!

Mettez-en dans vos salades, dans vos gâteaux. Mais mangez-les

fraîches : c'est alors qu'elles ont le plus de parfum et qu'elles agressent

le moins les estomacs délicats.

 

On appelle encore le noyer goguier, noguier, écalonnier ou calottier.

Mais quel que soit le nom qu'on lui donne, il est utile au phytothé-

rapeute. Ses feuilles, son écorce, ses chatons, sa sève, ses bourgeons

et son brou sont utiles. Sa sève, très sucrée, peut s'employer comme

dépuratif. Ses bourgeons servent à préparer un onguent efficace contre

la chute des cheveux et les pellicules. Ses chatons resserrent les vais-

seaux sanguins capillaires : ils sont particulièrement actifs contre

les saignements, les coupures, les hémorragies, les règles trop abon-

dantes, les hémorroïdes, les diarrhées et les dysenteries. L'écorce

est vermifuge. Les feuilles et le brou (l'enveloppe de la noix) possèdent,

quant à eux, un très large éventail de vertus. Leur amertume et leurs

propriétés astringentes les font recommander dans les mêmes cas

que les chatons (hémorragies, diarrhées, etc.). A I'extérieur, ils net-

toient les plaies, évitent les infections et hâtent la cicatrisation. Les

feuilles, fraîches ou en infusion, chassent les insectes parasites ou

indésirables (puces, punaises, mites, poux, fourmis, etc.). Elles sont

toniques. Elles combattent les ulcères, les eczémas, les infections des

yeux, les aphtes, les suppurations, les abcès. Elles comptent parmi

les meilleurs remèdes que je connaisse contre les pertes blanches.

Elles sont merveilleusement vermifuges. Elles aident à la guérison

de la tuberculose. Et elles abaissent le taux de glucose dans le sang

(cette action antidiabétique a été maintes fois vérifiée).

 

RÉCOLTE :

 

Détachez l'écorce des rameaux du noyer et recueillez

leur sève au printemps, lorsque la nature paraît renaître. C'est éga-

lement l'époque à laquelle vous pouvez détachet les chatons et faire

sécher les bourgeons. Pour les feuilles, attendez le mois de juillet :

ouvertes au grand soleil, elles ont alors mille vertus. Le brou doit

être ramassé à la chute des fruits, nettoyé et mis à sécher à I'ombre

(il noircit en vieillissant).

 

PRÉPARATION ET EMPLOI :

 

DECOCTION

d'écorce : jetez deux poignées d'écorce fraîche ou sèche

dans un litre d'eau. (2 tasses par jour, comme vermfuge.)

de feuilles sèches (usage interne : rachitisme, diabète,

lymphatisme) : jetez huit à dix feuilles par litre d'eau (2 tasses par

jour.) Usage externe (bains, lotions, compresses) : comptez une bonne

quinzaine de feuilles par litre d'eau.

 

TISANE

de chatons : jetez une poignée de chatons dans un litre

d'eau (usage interne : contre les diarrhées, les dysenteries, etc.). Deux

poignées pour l'usage externe (lotions, compresses contre les saigne'

ments, les hémorroïdes; douches vaginales, Iavements, etc.)'

 

SEVE

fraîche : une cuillerée à cafe par jour, le matin, à jeun,

comme dépuratif.

 

ONGUENT

contre la chute des cheveux et les pellicules : dans une

livre de saindoux, faites cuire une poignée de bourgeons frais pendant

1/2 heure; conservez l'onguent dans des pots de terre ou de porcelaine.

(En applications directes sur Ie cuir chevelu.)

 

INFUSION

de feuilles fraîches ou sèches (usage interne) : jetez

quatre grandes feuilles de noyer dans un litre d'eau. (2 tasses par jour,

4 comme vermifuge.)

 

 

DECOCTION DE BROU

(usage interne) : jetez une poignée de brou concassë

par litre d'eau. (2 tasses par jour.) usage externe : comptez deux

poignées par litre.

 

BAINS DE MAINS ET DE PIEDS :

jetez deux à trois poignées de feuittes fraîches ou sèches,

ou de brou, ou de mélange, par litre d,eau.

 

POUDRE

 

de brou (tonique, désinfectante, cicatrisante) : 2 cuil-

lerées à café à prendre dans une tisane. (2 tasses par jour.) usage

externe : 4 cuillerées à cafe, en lotions ou en compresses, dans une

décoction d'achillée millefeuille ou d’ arnica.

 

SIROP

 

de feuilles fraîches : laissez macérer un poids égal de

feuilles fraîches et d'alcool pendant 48 heures ; ajoutez du sucre jusqu’à

obtenir un sirop épais. (Une cuillerée à soupe avant les repas.)

 

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