médecines traditionnelles du monde

Les médecines traditionnelles du monde.


 

La médecine traditionnelle chinoise classe les plantes en fonction de leurs saveurs, de leurs goûts.


                                                

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De même pour la médecine populaire en Indonésie où il y a une classification en fonction de la propriété énergétique de la plante médicinale.

Dans l'étude de Friedberg C. (1990), Méthodologie d'enquête sur les plantes médicinales dans le cadre de l'ethnoscience (exemples indonésiens); on lit que : la classification des maladies se résume à une opposition chaud-froid.

Cette étude montre aussi que comme dans toutes les médecines traditionnelles, le corps est lié au cosmos, à l'espace.

Le centre y est associé aux reins, à l'Est le coeur; à l'ouest, l'intestin; au sud, le foie et au nord, la bile.

Il y a même une association entre organes et directions du monde assez précise avec le nord-ouest associé à la rate; le nord-est à la fontanelle, le sommet du crâne; au sud-est les poumons et au sud-ouest, le ventre.

                                                              

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Chez les Navajos, le cosmos et le corps sont également associés.

Dans l'étude de M.A. Schwarz (1997), Molded in the image of changing woman; l'Est est associé au système digestif; le sud au système osseux; l'ouest au système nerveux et le nord au système respiratoire.

 

                                                  
 

 

                                                  
 


 


 

Dans The Opata: An island tribe of sonora (J.B. Johnson; 1950) est décrit les quatre directions et leurs rapports avec le corps: Est (blanc), coeur; Sud, bleu ou vert, mont taylor, foie, turquoise; Ouest (jaune et orange), saint francisco peak, coquillage, vessie; et le nord était associé au Noir.


 

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Dans les Andes, il y a aussi une correspondance entre le corps et l'univers.

Le document: La chakana y los saberes ancestrales del pueblo Kayambi; de G.F. Rengifo (2018) explique que la croix andine est reliée aux saisons et aux organes du corps: la fête de l'Inti Raymi est associée au Feu et au coeur; septembre est lié à l'estomac; l'Air est lié aux poumons; décembre est associé aux reins et le mois de mars au foie.

Chez les Kallawayas de Bolivie, les guérisseurs classent les plantes selon leur puissance énergétique. Il y a ainsi les plantes froides et les plantes chaudes ainsi que les plantes mâles et les plantes femelles.

Dans le livre : Kallawayas, guérisseurs itinérants des Andes; on lit que si la plante a une saveur très amère elle est classée en calientes (chaudes)....

Et si elle est plutôt douce, dans les frescas (fraîches)....

De plus, les qualités de température des plantes machos sont les suivantes: lorsqu'elles sont considérées comme frias cette qualité est atténuée; assez douce, mais si elles sont calientes, elles sont très fortes, violentes.

Lorsqu'elles sont hembras (femelles), les qualités de température sont les suivantes: frias, elles sont fortes; mais si elles sont calientes, elles sont atténuées, plutôt douces.

...

Les plantes mâles ont d'autres propriétés que les plantes femelles. Ces dernières seraient également double d'un pouvoir médicinal plus important que les mâles...


 

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Il est surprenant de retrouver cette classification des plantes dans le Béarn, dans le Sud-Ouest de la France.

Dans la revue Régionaliste des Pyrénées (Juillet à Décembre 1968), au chapitre 5 nommé La santé dans le Béarn Ancien; de J.J. Cazaurany, à la page 204:

A une première distinction simple et assez logique entre les herbes de chemin c'est-à-dire sans doutes sauvages et les herbes de jardin, c'est-à-dire cultivées; s'ajoutaient deux grandes catégories d'herbesdont nous n'aperçevons plus clairement le critère de regroupement: les herbes dites froides et celles qu'on appellait chaudes, nous livrons leur classification telle qu'elle nous a été donnée (témoignage unique qu'il n'a pas été possible de recouper): parmi les premières se trouvaient le poireau, le chiendent, le pissenlit, la rave, le trèfle blanc, le plantain, la campanule.

Dans les secondes étaient le frêne, la bourrache, le liseron des haies, l'avoine.

Il semble à la réflexion que les herbes froides avaient des qualités dominantes adoucissantes et rafraîchissantes tandis que les herbes chaudes paraissent avoir des effets plutôt échauffants et congestifs.


 

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Pierre Lieutaghi a lui aussi observé une classification froid-chaud dans la Provence.

Son étude : Les plantes dépuratives de la pharmacopée populaire Haut-Provençale (1984); les amers froids et les amers chauds sont mentionnés.


 

 

                                      
 

                                                     


 

                                                   

Dans le livre nommé, l'herbe qui renouvelle , P. Lieutaghi mentionne ceci  :

« L'arrapa-peou (bardane), ... on fait bouillir la racine...

- vous m'avez dit, quand je suis venue vous voir, que c'était pour purger le sang que vous faisiez des cures de cette plante.

- ça, ma soeur en faisait beaucoup à mon beau-frère.

- au printemps?

- oui, eh oui ! C'est à la belle saison, c'est maintenant que ce serait bon toutes ces plantes !

- pourquoi au printemps ?

- C'est le moment où le sang a le plus de force, parce que l'hiver, c'est la

saison morte. C'est maintenant, on fait comme les plantes. Ah, on revit ! Le

sang se rajeunit. Ça fait du bien, ça aide le sang à se purifier. Pardi, c'est

maintenant la saison !

- des gens disent qu'on peut faire aussi des cures en automne. Vous en avez déjà entendu parler ?

- Moi, je sais que c'est au printemps, au moment

où on sort de l'hiver, que c'est très bon. Vous voyez en hiver, je

m'enlourdis, et maintenant en travaillant avec la saison, je reprends plus de

forces. Je maigris plutôt, voyez ? C'est le renouvellement du sang qui fait

ça. Surtout à mon âge, c'est bon quand on a plus ses règles. C'est là qu'il

paraît que c'est bon pour purifier le sang avec les plantes. Mais, il paraît que

ça travaille, faut faire gaffe, faut pas non plus en abuser de ces choses-là

[...]. Oh, ça purifie [...], ça purge »

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Les méridiens, ces canaux énergétiques qui circulent dans le corps ne se limitent pas à la médecine traditionnelle chinoise.

Dans les Andes, les Nasa ont constatés que le corps est traversé par ce qu'ils appellent les Senas.

Une explication plus détaillée se trouve dans l'étude de H. P. Guarin (2006): El itinario de los saberes y practicas curativas y su eficacia simbolica.


 

                                          


 

                                        

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Le livre: Wind in the Blood de H. Garcia, A. Sierra et G. Balam (1999) compare les points d'acupuncture de la medecine chinoise ancienne avec les zones que les guérisseurs mexicains utilisent traditionnellement pour soigner en plantant non pas des aiguilles mais par exemple des dents de serpents.


 

                                             


 

                                             


 


 


 

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Dans Mayan Medicine rituals and plant use by mayan Ah-men (K. Doemel; 2013), on lit que les mayas utilisaient la couleur des fleurs, des fruits, des plantes comme une voie de connaissance médicale.

Les plantes rouges sont utilisées pour les désordres sanguins et les brûlures car celles-ci sont rouges elles aussi.

Les plantes bleues sont sédatives et calment le système nerveux.

Les plantes jaunes furent utilisées pour les infections et les maladies du foie et de la rate car le jaune est la couleur de la bile et du pus.

Les plantes qui évoquent la mort sont toujours des poisons.

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Dans Classificacion por categorias termicas de las plantas medicinales en el sistema tradicional de salud de la comunidad afrodescendiiente de Palenque; on découvre que les plantes de saveurs amères ou picantes sont associées aux zones sèches et ensoleillées.

Les zones très exposées au vent et au soleil donc des zones de hautes altitudes servent à enlever le froid du corps.

Ces deux types de climats oùpoussent les plantes médicinales donnent des plantes de type chaud.

Les plantes qui poussent dans des zones tempérées et humides sont de saveurs acides. Ce sont des plantes perçuent comme étant de type froid.

Les plantes des zones peu ensoleillées sont bonnes pour les reins. Elles sont considérées comme des plantes froides.

L'association avec l'espace et le pouvoir thérapeutique se trouve dans les médecines traditionnelles du monde entier.


 


 


 

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Les guérisseurs du vénuzuela, classent les plantes en fonction des sept jours de la semaine qui sont eux-mêmes associés aux planètes.

Don Claudio Guevara (1991) est cité par A. Eltz dans Medecina tradicional Venezolana.

Ce guérisseur de Santa Lucia (Miranda) classaient les plantes comme suit:

  • Lundi, jour de la Lune, astre froid. Plantes utilisées contre les inflammations se situant sur la partie enflammée du corps (pour enlever la douleur);

  • Mardi, jour de Mars, un astre moyennement froid. Les plantes amères sont associées à cet astre soignant les maladies de peau et des os.

  • Mercredi, jour de Mercure, un astre chaud relié au système électrique. Les plantes acides sont associées à cet astre. Tous les plantes citronées ou avec épines servent contre les infections et les maladies virulentes comme les fièvres, le paludisme, la diarrhée, la gastro-entérite, les hépatites.

  • Jeudi, pour Jupiter, un astre très actif, moyennement chaud. Ces plantes calment le système nerveux.

  • Vendredi et vénus, lié au dieu de l'amour est doux et frais. Les plantes bien vertes et fraîches sont classées dans cette catégorie. Utilisées contre la nervosité, l'hystérie, la neurasthénie, le stress.

  • Samedi, jour de Saturne contient les plantesqui soignent les indigestions et pour purger le foie et les reins.

  • Dimanche est le jour du Soleil, brillant etchaud. Ces plantes associées à cet astre sont riches en vitamines et utiles pour la peau.

Le livre cite ensuite les jours propices pour la récolte des plantes médicinales: la Saint jean ; l'Ascension ; jeudi et vendredi Saints ...

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Les émotions aussi sont associées au corps, de l'Asie à l'Amazonie on retrouve des analogies  .

L'article de Sébastien Baud (2008)  : L’ingestion d’ayahuasca parmi les populations indigènes et métisses de l’actuel Pérou. Une définition du chamanisme amazonien  ;

nous apprends que  :


 

«  Pour don Walter, la plante travaille quand la personne est endormie. Elle règle ce qui ne va pas, au niveau de la poitrine si la personne est triste, au niveau du ventre si elle est nerveuse et angoissée... De là son rôle prophylactique. En effet, bue, l’ayahuasca aide la personne à se détacher de l’emprise de ses émotions. Elle fortifie son estomac, siège de ces dernières, rendant le mental vif et éveillé. Elle prépare le corps  . »


 


 


 


 

 

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